1. Gesoluoshuidong - Perte de la Gesohe
(fig. 10) - Code : Pa0010 - Village : Baoji
Lat. : 25°54’30” N - Long. : 104°56’55” E - Alt. : 1 230 m
Dév. : 164 m - Dén. : 4 m (- 2 m ; + 2 m) - Vol. ± 367 393 m3
La perte de la Gesohe est actuellement l’une des plus grandes pertes de rivière de Chine. Elle est située 7 km à l’est du village de Baoji (fig. 8, zone I.A, point 10). L’entrée, pourtant très spectaculaire, est dissimulée au fond de la vallée en cul de sac car la rivière pénètre sous terre en opérant une boucle complète à 180° sur sa gauche. L’immense porche en losange mesure 140 m de haut, 50 m de large au sommet et 30 m à la base. Il n’est visible pleinement que lorsque l’on pénètre à l’intérieur. Cette localisation originale est en relation avec la géologie locale. La rivière de surface disparaît à l’extrémité d’une grande vallée aveugle à 1 230 m d’altitude dominée par un col située 200 m plus haut, à 1 439 m. La perte est placée précisément dans l’axe S-N de l’anticlinal de Guniuhe qui est jalonné par une grande faille, au contact des calcaires permiens en rive droite et des calcaires carbonifères (C2) en rive gauche. La carte géologique indique un triangle faillé au niveau de la perte.
La galerie d’entrée se dirige d’abord plein sud sur 70 m, puis tourne à 90° à l’est. La rivière, d’un débit de 70 m3/s lors de l’exploration, s’écoule en rive gauche dans un canyon de surcreusement de 5 à 6 m de large balayé par un courant violent dont les puissants remous remontent sous les bordures en encorbellement. Dans la première partie se dirigeant au sud, la rive droite est caractérisée par une large banquette, avec des marmites perchées qui surplombent la rivière de 15 à 20 m. Puis la galerie se rétrécit à 10-15 m de large en formant un canyon haut de 100 m qui se dirige à l’est en se perdant dans l’obscurité. La banquette disparaît et il faut alors installer des mains courantes. Une première descente permet de prendre pied sur une puissante coulée stalagmitique agrémentée par une cascade de gours géants que l’on remonte sur 15 m. On la contourne pour reprendre une progression en paroi, sur mains courantes, 20 m au-dessus du torrent tumultueux.
En raison du manque de temps et de la nécessité de placer des mains courantes en paroi, la cavité est explorée sur moins de 200 m de développement, dont 100 m sur des cordes installées en paroi. Nous nous arrêtons sur une banquette basse perforée par l’action des eaux courantes. Lors des crues importantes, la cavité ne peut absorber la totalité du débit. Le niveau de crue maximum est visible 70 m environ au-dessus du niveau de la rivière en basses eaux, soit sensiblement à mi-hauteur du porche. Durant ces phases de crue, la vallée en amont de la perte se transforme en lac, apportant une couche de limon dans les champs en terrasses. A l’aval de notre terminus, on voit le canyon se poursuivre sur une centaine de mètres vers l’est avec un plafond qui tend à s’abaisser. Compte tenu de la direction de la rivière souterraine et de la position de la vallée de la Geso, le réseau souterrain doit ensuite opérer une nouvelle boucle à 180° vers l’ouest ou à 270° vers le nord, sinon il ressortirait à l’air libre.
Le débit moyen est de 24,6 m3/s pour un bassin-versant de 1 187 km2, soit un débit spécifique de 20,7 l/s/km2.Le débit minimum en hiver est de 2,7 m3/s. Lors de l’exploration, entre le 16 et le 18 avril 2000, le débit est de 50 à 70 m3/s à cause d’une petite crue. En été, durant la saison des pluies, le débit de crue dépasse souvent plusieurs centaines de m3/s, avec des pointes colossales à 1 770 m3/s (enregistement au niveau du barrage situé 1 km en amont de la perte). D’après la population locale, le refoulement de l’eau à l’entrée ne se produit pas chaque année. Cette mise en charge a deux origine probables : rétrécissement de la galerie ou barrage d’éboulis dans une grande salle. Au niveau des grands gours étagés, la section du canyon souterrain est estimé à 1 000 m2 au moins et le courant d’air soufflant est de 1 m/s, ce qui suggère un débit d’air considérable (1 000 m3/s environ).
Une galerie fossile supérieure, perchée de 100 m, se situe en rive droite en aval des gours étagés. Cet étage supérieur a été escaladé autrefois par les paysans chinois pour l’exploitation du nitrate, en utilisant des échafaudages de bambous qui devaient être fort impressionnants. Mais les remplissages terreux, qui avaient tendance à tomber sur la grande banquette du porche, se sont avérés pauvres en nitrate. En face, en rive gauche, une autre galerie fossile perchée, de 5 à 6 m de large, a été observée à 30 à 40 m au-dessus de la rivière.
En très basses eaux, des paysans auraient atteint une terrasse boueuse à 400 m de l’entrée. [R. Maire, J.-P. Barbary]
"BARBARY, Jean-Pierre; FAURE, Nicolas; MAIRE, Richard; MANGEL, Laurent; MATRICON, Sylvain; VANARA, Nathalie; ZHANG, Shouyue"
Karstologia Mémoires, n° 9 : Voyages en terre chinoise : Chapitre 1
Analyse :
A l'est du Guizhou (Chine), en bordure du Yunnan, le district de Panxian présente de forts dénivelés, le karst occupe 59 % de la surface et les couvertures basaltiques offrent des surfaces de drainage importantes. Un mois d'exploration lors de l'année 2000 a permi de topographier 32 km dans 66 cavités réparties sur quatre zones. La plus impressionante inclut le système perte-résurgence de la Gesohe capable de drainer 1700 m3/s avec de spectaculaires systèmes perte-résurgence sur son cours aval. La perte de Biyundong, 2 km, avait été explorée en 1638 par Xu Xiake. Le petit massif de Dabashan présente des karstifications dans les conglomérats. (BJ).
4997 caractères - Lu 450 Fois
BARBARY, Jean-Pierre
Spelunca, no 91 (3ème trimestre 2003) : 2-5. 2 topographies, 5 photos coul.
Expédition nationale en février-mars 2003 dans les districts de Panxian, Pu’an, Suiyang, Zheng’an, Xishui et Shuicheng (province de Guizhou, Chine). 35 cavités ont livré 52314 m de topographie. Le réseau de Shuanghe passe à 54.4 km. Gouffre de la Pluie Blanche (Prof.: –506 m, avec une verticale absolue de 424 m). Collaboration avec le Guizhou Institute of Mountainous Resources de Guiyang et l’Institute of Geology of Academia Sinica de Pékin. (FB).
Source : BBS
"MAIRE, Richard; BARBARY, Jean-Pierre; ZHANG, Shouyue; VANARA, Nathalie; BOTTAZZI, Jean"
Karstologia Mémoires, n° 9 : 562 p.
"Cet ouvrage synthétise les travaux des six expéditions organisées par le P.S.C.J.A. dans les provinces chinoises du Yunan, Guizhou et Liaoning entre 1997 et 2001. Il est organisé en trois livres traitant de : 1) les résultats des explorations, contenant inventaires, descriptions, cartes et topographies des 144 cavités explorées ; 2) l'environnement karstique, études approfondies sur des thèmes scientifiques ciblés ; 3) la spéléologie en Chine, sous l'angle historique et avec le récit des dernières expéditions. Les karsts sont ainsi numérisés depuis l'échelle géographique à microscopique selon des critères d'analyses aussi diversifiés que la géomorphologie, les indicateurs du milieu, le fonctionnement hydrochimique, l'écologie, le développement local et l'histoire de la spéléologie. (BJ)."
Source :
"BARBARY, Jean-Pierre; FAURE, Nicolas; MAIRE, Richard; MANGEL, Laurent; MATRICON, Sylvain; VANARA, Nathalie; ZHANG, Shouyue"
Karstologia Mémoires, n° 9 : Voyages en terre chinoise : Chapitre 1
A l'est du Guizhou (Chine), en bordure du Yunnan, le district de Panxian présente de forts dénivelés, le karst occupe 59 % de la surface et les couvertures basaltiques offrent des surfaces de drainage importantes. Un mois d'exploration lors de l'année 2000 a permi de topographier 32 km dans 66 cavités réparties sur quatre zones. La plus impressionante inclut le système perte-résurgence de la Gesohe capable de drainer 1700 m3/s avec de spectaculaires systèmes perte-résurgence sur son cours aval. La perte de Biyundong, 2 km, avait été explorée en 1638 par Xu Xiake. Le petit massif de Dabashan présente des karstifications dans les conglomérats. (BJ).
Source :
Cette grotte a été identifiée ou explorée au minimum par cette (ces) expédition (s) :