dong Dongwan - 洞弯

Détail


Nom de la grotte : Dongwan - 洞弯
Autres noms : Grotte du tournant
Province, Préfecture, District :
Guizhou 贵州省, Qiannan 黔南, Pingtang 平塘
Latitude Nord - Longitude Est :
25.616679 - 106.732519
Altitude (m) : 937
Développement (m) : 4 875
Profondeur (m) : 220
Profondeur - / + (m) : 220 /
Volume (m3) :
Géologie : Permien
1Entrée : Dongwan 洞弯,

Carte



Description 1



Malgré sa spéléométrie encore modeste de 4,8 km de développement pour une profondeur de -220 m et un agencement des conduits très conditionné par la fracturation, Dongwan peut déjà être annoncée comme une pièce majeure du puzzle.

En effet, une rivière importante y a été découverte. Les marques d’érosion et des galets sont visibles dès la cote -100 m. D’autre part, elle recèle une très étonnante rivière avec de la calcite flottant à sa surface.

L’ensemble du réseau est parcouru de courants d’airs complexes de températures forces et directions variés, souvent forts et difficile à interpréter car l’enchevêtrement de galeries et puits sur 3 niveaux et un dénivelé de 200 m est globalement soumis à une stratification thermique perturbé par une rivière et sans doute d’autres entrées aujourd’hui inconnues. Ces courants d’air sont parfois une bénédiction car ils sèchent les dépôts argileux, mais parfois au contraire provoquent une condensation qui rend certains passages particulièrement glissants.

Les circulations d’eau sont également trompeuses; aux petits actifs identifiés s’ajoute une circulation d’eau importante venant du nord et un ennoiement de plus de la moitié des galeries explorées.

Accès à l’entrée :

Depuis Tangbian, il faut prendre la voie rapide en direction de Luodian et la quitter avant un grand monument style bois pour un court tronçons sur l’ancienne route que l’on quitte en prenant sur la droite dans une lignée de maisons pour une piste bétonnée. On descend pour traverser un talweg puis on remonte en lacets. On laisse les pistes qui descendent et celles sur la gauche pour atteindre le hameau nommé 黄家坪 Huangjiaping, une ferme dans une épingle bien raide, où l’on remarque un peut avant, sur la gauche, une petite doline boisée percée d’un puits non exploré. On continue sur la piste à gauche jusqu’à la prochaine épingle où l’on gare la voiture, on est près de l’entrée.

Un sentier descend en pente douce, on contourne un piton par sa droite et on repère une doline sur la gauche, derrière le piton. C’est l’entrée de Dongwan.

Étages supérieurs de l’ouest :

Le puits d’entrée est une fissure de 5 à 10 m de large et 50 m de long. Sa profondeur est de 25 m si on l’équipe près de son extrémité nord, là où il est le moins profond. Le cône d’éboulis, que l’on descend par la droite en s’efforçant de ne pas prendre de vitesse, amène au bord d’une nouvelle fracture formant un P32.

À la base de cette descente, il y a un second cône d’éboulis. Si on descend vers le sud, on arrive rapidement et avec facilité à “l’étage fossile de l’est”

La descente de l’éboulis coté nord est plus délicate. Il faut équiper un P6, puis une vire descendante et un P15 pour arriver à une salle dans laquelle le cône d’éboulis se prolonge.

À droite dans la salle, vers l’est, un prolongement volumineux remontant n’a pas été même reconnu. Tout droit tendance nord-est, un fort courant d’air part vers un puits de 50 m dans un petit passage inférieur. Tout droit tendance nord-ouest arrive une galerie en haut d’un ressaut de 11 m. À gauche, la suite part vers l’ouest. Un gros rocher marque une bifurcation.

À droite du gros rocher, on monte un peu dans une fracture, la bifurcation suivante n’est qu’à 30 m. À droite, on monte par un chaos de bloc et on retrouve la galerie en haut du ressaut de 11 m. Elle se prolonge vers une trémie. Sur la droite de la trémie, un P6 n’a pas été descendu. Le chaos de blocs peut aussi se descendre vers la gauche. En serrant sur la droite, on s’immisce entre des blocs et on tourne en colimaçon sur la gauche dans une sorte de trémie. Il y a une suite possible, accessible par un ressaut sous un bloc branlant suivit d’un petit méandre arrêté sur un puits, mais c’est tout petit et il y a une solution moins scabreuse pour descendre d’un étage.

À la bifurcation du gros rocher, on peut descendre en désescaladant vers l’ouest. On arrive à un P10 sur une nouvelle fracture. Le bas du P10 est un palier au-dessus d’un P20, on peut aussi le traverser, il semble y avoir une suite. En bas du P20, à la cote -171 m, on est visiblement dans un lit de rivière temporaire, l’écoulement torrentiel provenant du sud-ouest et allant au nord-ouest.

Étages inférieurs de l’ouest :

L’aval est une petite galerie basse, elle mène à un P45 avec un lac au fond. Une lucarne à -34 m donne accès à une galerie qui semble fonctionner comme un amont. Elle bute sur une escalade de 4 m, mais une branche s’en détache un peut avant. C’est alors une galerie fort pourvue en marmites qui se dirige vers le nord, la direction idéale pour jonctionner avec Liangfengdong qui comporte des réseaux compatibles en altitude à seulement 100 m de là ! C’est dire que la trémie terminale de cette galerie a été soigneusement fouillée, mais en vain. Une fracture perpendiculaire à cette galerie part à l’est et semble avoir du courant d’air au début, mais nous ne lui avons trouvé pour prolongement pénétrable qu’un passage étroit, dans l’eau et sans courant d’air.

En bas du P20, l’amont n’est pas plus gros, mais en bas d’un R2, on arrive à un carrefour où s’accumulent les galets.

En face, la fracture remonte, l’escalade n’a pas été faite.

À droite, on a un R2 suivit d’un P28. Le courant d’air se divise. Une partie remonte en face, ça devient de plus en plus étroit mais ça continue. Une autre partie part au fond du puits dans une diaclase perpendiculaire orientée sud-ouest d’où arrive un actif d’eau cristalline avec de la calcite flottante. Une reconnaissance rapide a été faite, la progression est ingrate, en gratonnant en oppo étroite dans les choux-fleurs au-dessus d’une eau profonde.

Au carrefour des galets, la suite la plus volumineuse est à gauche. On passe une zone de débordement, au sol lessivé, puis on descend un peu vers l’amont dans une zone où l’argile décante. La bifurcation suivante est percée d’un P10.

La branche de gauche a été explorée sur un peu plus de 100 m. La fin remonte un peu vers une trémie franchissable, mais l’ambiance un peu sale et humide n’en fait pas un objectif attirant malgré le courant d’air. Il faut dire que dans l’étage du dessus, pratiquement à l’aplomb et dans la même direction, on a une galerie sèche de 15 m de large à explorer.

En reprenant à droite a la bifurcation du P10, la galerie s’évase en une salle avec un gros soutirage. Au fond de ce grand entonnoir argileux et glissant, l’exploration s’est arrêtée en haut d’un P15 avec une rivière à sa base, elle semble s’écouler vers le sud.

En passant en vire à gauche au-dessus de cet entonnoir, on trouve une seconde salle, avec sur sa droite un puits donnant également sur la rivière. Au-dessus, une galerie fossile pourra être atteinte en artif si l’actif s’avérait trop retord.

À gauche dans la salle, on peut monter vers une galerie bien ventilée qui rejoint “l’étage inférieur de l’est”.

L’étage fossile de l’est :

Près de l’entrée, à la base du P32, en bas de l’éboulis, la fracture est prolongée d’un puits non descendu, mais sur sa droite la galerie continue.

On laisse tout de suite à gauche un départ qui devrait rejoindre le puits, et à droite un méandre remontant. La galerie semble colmatée, mais en se baissant un peu, on passe une chicane et on remonte dans une petite salle avec un gros puits sur la droite. Sur la gauche, une galerie sur fracture mène à un autre puits qui est topographiquement en vis-à-vis du premier puits que nous avons laissé. Toujours d’après la topo, ce cran de descente pourrait arriver dans “la galerie de l’étage actif est” décrite plus loin, mais le dénivelé est de 100 m, il est probable que des étages intermédiaires soient recoupés.

Le puits sur la droite de la petite salle est très profond. Il a été descendu sur 20 m seulement, un palier permettant d’accéder à un prolongement horizontal. On a sur la droite des branches qui remontent dans des pièges à air chaud. On a aussi une petite perte avec un bon courant d’air, mais elle devient étroite et boueuse. La galerie est perforée de puits, remontant et descendants, puis on arrive à un carrefour. Sur la gauche, la galerie qui remonte se prolonge d’une fracture où la progression, en hauteur, est un peu dangereuse. Sur la droite, on a la salle des rochers suspendus.

Cette petite salle présente au sud un appendice qui finit sur une sorte de trémie. Mais en son centre, au point bas, on marche sur un large dallage d’énormes rochers qui semblent défier la gravité puisqu’au dessous tout est creux. C’est l’accès à l’étage intermédiaire.

La galerie continue. On laisse à nouveau des remontés sur le droite ainsi qu’un petit puits et on passe sous une arche après laquelle il y a deux départs, des descentes de petit gabarit, ventilées et arrêtées sur des verticales.

Après l’arche, la galerie tend à remonter. On franchit une escalade de 3 m en grimpant sur un remplissage instable à coté d’un puits, on laisse à gauche une fracture remontante percée de petites pertes. Sur les 150 m qui suivent, on compte 9 puits, 5 descendant en bord de galerie, 1 descendant au bout d’une petite perte fossile, 1  remontant au bout d’une fracture et 2 remontant en bord de galerie. On arrive alors à une petite salle présentant un lit de ruisseau, à sec lors de l’exploration.

L’aval a été suivit jusqu’à un P9 non descendu. L’amont consiste en une série de petites escalades et est stoppé par une montée d’une dizaine de mètres. Il provient sans doute d’une perte proche car une omoplate de boeuf a été trouvée dans les galets. Il peut s’agir du puits repéré en surface lorsqu’on accède à la cavité.

L’étage intermédiaire de l’est :

L’accès actuellement connu se fait depuis la salle des rochers suspendus. Descendre au-dessous demande de faire abstraction de ce que l’on voit et d’imaginer que ça ne va pas s’effondrer, ce qui jusque là s’est vérifié. La galerie située au-dessous n’est pas très longue, il faut descendre à travers une seconde trémie pour arriver à l’étage intermédiaire qui n’est pas moins ramifié que les autres.

La première branche latérale, à gauche, après l’escalade de 4 m d’un remplissage surmonté d’une croûte de calcite rouge, mène aboutit à un vaste puits de 30 m non descendu.

Un peu plus loin à droite, une fracture rectiligne d’une cinquantaine de mètres aboutit à une zone de décantation, sans suite pénétrable.

C’est dans cette même ambiance un peu grasse qu’on avance au nord de 50 m avant d’arriver par un ressaut dans une grande galerie où, en allant au nord-ouest, pendant 50 m, on peut marcher sans être distrait par des puits ou départs divers. On arrive alors à un large P45 avec vraisemblablement un prolongement en hauteur, toujours nord-ouest. Un peut avant ce P45, sur la droite, une galerie mène à un autre puits. La topographie montre une correspondance quasiment parfaite avec des puits remontants observés dans l’étage inférieur.

La grande galerie continue aussi au sud-est, mais là, c’est plus compliqué. Le premier départ observé, sur la gauche, mène à l’étage inférieur. Il débute par un petit seuil présentant les traces d’érosions caractéristiques d’une zone d’étranglement. Au sud de cette perte la galerie continue à descendre en pente douce. On a une première branche latérale, arrêtée sur un puits remontant, puis un petit méandre descendant sur la gauche.

Ce méandre se divise une première fois. La branche de gauche, après un P6, devient trop étroite. La branche de droite passe à la base d’un puits dont le haut a été atteint par ailleurs, puis recoupe une fracture, et plus loin arrive à une nouvelle bifurcation. La branche de gauche est une branche remontante. Elle arrive à la base d’un puits de 10 m qui a été escaladé. En haut, la galerie mène à un autre P10 qui rejoint plus bas une autre galerie atteinte par ailleurs. Encore plus loin, le méandre présente un point bas puis remonte et se dédouble dans le plan vertical. La partie qui remonte le plus va vers l’est et s’arrête sur des puits, il n’y a pas de courant d’air mais beaucoup de boue. La partie qui remonte le moins va vers l’ouest, est propre et ventilée. Elle est arrêtée en haut d’une escalade de 5 m immédiatement suivie d’un puits de 8 m.

Si on ne descend pas dans le méandre, on a bien vite à gauche une courte branche remontante qui passe en haut du puits vu depuis le méandre et an bas du puits atteint par sa seconde branche de gauche. On traverse ensuite en vire un gros P8 après lequel on peut dire adieu à la grande galerie et bonjour à la boue, en effet, le courant d’air sec ne circule pas au-delà. Au contraire, un courant d’air froid et humide arrive par des réseaux sales et de petite dimension, le plus confortable d’entre eux est aussi le plus ventilé, il part vers l’ouest et s’arrête sur un ressaut de 4 m trop glissant pour être descendu sans corde.

L’étage inférieur de l’est :

Il débute donc par ce qui ressemble bien à une perte de trop-plein. Un réseau de hautes fractures avance en descendant vers l’est. On a un puits de 8 m, un ressaut de 7 m et enfin un puits de 25 m. Le puits de 25 m marque l’arrivée dans l’étage inférieur, il semble d’autre part correspondre à un changement de contexte géologique, il est possible que l’on passe du Permien moyen au Permien inférieur.

En bas du P25, on a trois suites possible. La plus courte est à l’est. La galerie se fait laminoir et se divise. Au sud, on va vers un siphon, au nord vers une voûte basse à la base d’un puits. Nous somme à -198, le point bas de la partie est du réseau. La voûte basse ne présente pas de courant d’air et l’eau est profonde.

En vis-à-vis de ce départ, donc vers l’ouest, débute une galerie de 350 m qui rejoint le point bas atteint dans l’étage inférieur ouest. Cette galerie de transition est du type conduite forcée et présente par endroits un lit de galets. À 100 m depuis la base du P25, on a à droite une galerie qui passe à la base du P45 vu dans l’étage intermédiaire. Il serait possible assez facilement en fond de fracture de grimper et éventuellement atteindre la suite entrevue un niveau plus haut. Plus loin, on recoupe une fracture qui correspond en plan à la base des puits entrevus au début de l’étage supérieur est. Toutefois, on est 100 m plus bas et il ne semble pas que la transition soit une verticale.

L’amont principal de la cavité en terme de débit en crue semble être atteint en bas du P25 en allant au nord. Au début, on avance en remontant dans une fracture. Il faut même grimper 3 m en opposition. Puis on atteint un R3 incisé d’un trait de scie caractéristique des anciens siphons ayant érodé leur seuil. A partir de là le sol est généralement tailladé de micro marmites.

Sur la gauche, on a un laminoir à demi-noyé où des petits poissons blancs ont été vus. Il est probable qu’il donne accès, par un siphon, à un aval plus pérenne que la fracture venant du P25 où les traces d’écoulement sont moins évidentes. Le laminoir offre un voûte basse sur l’amont, mais en repartant depuis le R3, cet obstacle n’est plus qu’un lac peu profond.

Une centaine de mètres plus au nord, on arrive dans une zone fracturée sur un axe est-ouest, ce qui semble bien être en travers du sens d’écoulement et se traduit par des ramifications. La fracture coté est donne une escalade de 10 m dont rien n’indique qu’elle constitue un objectif intéressant. La rivière semble principalement venir du nord, mais un bassin d’eau profonde a interrompu l’exploration de ce coté là. Il faut dire que tout cet amont est parcouru d’un courant d’air particulièrement froid. C’est donc en allant à l’ouest que la suite est atteinte.

Après un passage entre des grosses dalles effondrées, on trouve un petit actif pérenne impénétrable en amont et descendant vers le sud. Il a été suivit jusqu’à un puits de 7 m suivit d’un puits de 4 m. Nous sommes à la cote -196, ce qui est très proche du niveau des siphons atteints en bas du P25.

Si on ne descend pas dans cet actif, on trouve une galerie fortement ventilée venant du sud, mais là encore, un plan d’eau profond a stoppé l’exploration.

Au nord, on avance dans une zone de trémies visiblement fréquemment noyée par une rivière de gros débit, ne laissant pas de sédiments mais coinçant quelques bouts de plastiques entres les rochers. Le courant d’air est toujours très fort, arrêt sur un P7 mais en fouillant un peu dans ce dédale de roches noires il n’est pas exclu de pouvoir le shunter.

Perspectives :

Le contexte hydrogéologique de l’entrée de la grotte, à proximité du poljé de Tangbian et proche de l’interface P1/P2 dans un bassin qui impose aux eaux souterraines un écoulement à contre-pendage, pouvait augurer de sa complexité.

Selon toute vraisemblance, nous avons rejoint l’aval de la perte de Fengdong dont l’extrêmes atteint par la grotte de Liangfengdong n’est qu’à 300 m en distance directe. Si une jonction, compte tenu de la propension de ces cavités à se ramifier, est très probable, il semble qu’on peut affirmer qu’elle ne sera pas rapide. En effet, les explorations de 2018 dans Dongwan montrent qu’on ne peut gère topographier plus de 1 km à chaque séance et que, compte tenu de la sinuosité et des ramifications, ce km ne représente jamais une avancée supérieure à 100 m.

L’aval nous intéresse bien sûr plus encore que l’amont. On peut de ce coté aussi être à la fois optimiste quand aux chances d’accéder par cette cavité à un des drains majeurs du système de Daxiaojing et néanmoins se préparer pour un travail laborieux et méticuleux. Il semble qu’il ne faille pas imaginer ce drain comme une méga galerie où coulerait une puissante rivière mais plutôt comme une vaste éponge traversée par un très grands nombre de vaisseaux entrecroisés effectuant de ci de là des sauts de strate.

Ce ne sont donc pas tant les difficultés techniques qui freineront les explorations, étant pré-supposé que l’on renoncera d’emblée à explorer tous les puits, mais bien la difficulté psychologique de l’acceptation de s’aventurer avec lenteur dans un long voyage. [Jean Bottazzi]



Analyse :

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Topographie 1



topographie Dongwan 洞弯
Source : Gkc

Expédition 2


Cette grotte a été identifiée ou explorée au minimum par cette (ces) expédition (s) :




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