Grottes et karsts de Chine
Sur les traces de Xu Xiake

龙恩洞 Lóngēndòng

Longendong est une résurgence pérenne d’eau très chargée en carbonates drainant un petit massif perdu au nord-est de Fengshan. Le potentiel maximum en dénivelé est de 350m et en extension de 2 km. Les gours, la pureté de l’eau et la forme toute particulière de galeries forant à contre-pendage des strates sub-verticales confèrent à cette grotte une esthétique tout à fait exceptionnelle.

Accès : Lóngēndòng s’ouvre à 22 km au nord-est de Fengshan, c’est à dire à un peu plus de 50 km de route. Il faut prendre au nord la route de Tian’e sur 13 km, puis bifurquer vers l’est pour 18 km jusqu’à Changzhou et enfin vers le nord en longeant la rivière direction de Zhaiya sur 14 km. Environ 1 km avant Zhaiya, on voit sur la rive opposé une petite résurgence. Il faut traverser le pont et se garer au hameau nommé Naen. La résurgence que l’on voit de la route n’a pas été explorée. La rivière provient d’une perte située un peu plus de 200 m à l’est. Longendong est la résurgence alimentant cette rivière et se trouve 400m en amont. Elle se repère de loin quand on traverse le poljé car la sortie d’eau est perchée une dizaine de mètres en hauteur, formant une ravissante cascade de tufs. Il faut anticiper un peu la montée par un sentier peu usité allant directement à l’entrée fossile située 10 m plus haut.

Description : L’eau sort d’un siphon. La galerie sèche, large de 12m et haute de 13m, accuse une brève descente vers un soutirage.

On peut rejoindre très rapidement la rivière souterraine en descendant à droite sur une coulée de calcite. Elle s’écoule de gours en gours entre des concrétions dans un laminoir. On peut avancer à demi-courbé mais, à l’amont comme à l’aval, on est stoppé par un siphon.

De l’autre coté du soutirage, on monte en direction de grosses colonnes stalagmitiques. Si on continue à monter, on arrive au point haut atteint dans la cavité soit 15m plus haut que l’entrée. On est dans une salle concrétionnée. Les seules continuations possibles sont des puits de plus en bas desquels on entend couler la rivière.

Il y a un itinéraire pour la rejoindre sans descendre ces puits. Au niveau des grosses colonnes, il faut descendre sur la droite et se laisser glisser dans un réseau de fissures un peu étroites. On atteint le niveau de l’eau, puis on grimpe au en opposition au-dessus d’une marmite profonde avant de retrouver un conduit de grandes dimensions, soit 12 m de largeur et 25 m de hauteur.

La progression n’est toutefois pas plus aisée car on est fasse à un ressaut dont la base est intégralement occupée par un lac d’eau profonde. Il faut donc avancer en vire, heureusement, il y a de bonnes prises et une bonne adhérence. Au bout du lac, il est plus pratique de poursuivre en vire que de descendre dans le fond du canyon. On ne prend finalement pied dans la rivière que plus loin, dans une salle où l’eau circule sur une somptueuse cascade de gours.

En amont, derrière de gros rochers, la galerie prend une forme et une direction régulière. Atteignant 15 m de diamètre, elle avance à contre-pendage. Le sol est plat, c’est un dépôt de petits galets calcifiés aux abords de l’eau qui forme un lit central avec quelques gours et bassins. On a quelques stalagmites, puis le berges forment un court canyon, obligeant à monter un peu avant de redescendre.

Plus loin, on a une bifurcation, mais les deux galeries se rejoignent très vite par un ressaut de 6 m. Il pourrait y avoir une continuation accessible en escalade en haut de ce ressaut, ainsi que plus loin en haut d’une coulée de calcite de 5m.

L’orientation générale de la galerie change pour passer de sud-est à nord-est. La progression se fait alors sur une vire confortable quelques mètres au- dessus de l’eau. Une grosse colonne stalagmitique semble obstruer la galerie. Elle se contourne aisément.

Derrière, la galerie est plus grande encore. La hauteur atteint 30m et la largeur 20m. On franchit une sorte de salle où il y a quelques lucarnes qui

semblent toute se diriger vers l’amont. L’exploration s’est arrêtée un peu plus loin, dans un bassin profond.

Perpectives : Cette cavité s’enfonce sous un petit massif qui prend de l’altitude, mais en prolongeant la direction de l’ultime tronçon de galerie topographiée, on trouve en surface, à une distance de moins de 1 m, la petite perte de poljé que l’on observe en contre-bas de la route d’accès à Ganyangdong. S’il est probable que cette perte alimente la rivière de Longendong, il y a toutefois peu de chance qu’il y ait un itinéraire de traversée praticable car le dénivelé est de l’ordre de 100 m, ce qui est suffisant pour provoquer un courant d’air, ce qui ne semble pas être les cas.

D’autre part, l’eau est cristalline et exempte de toute pollution visible, ce qui ne plaide pas pour une hypothèse de transfert aisé depuis une perte concentrée.

On notera aussi que géographiquement, Ganyangdong et Longendong sont deux résurgences du même massif et que toute deux présentent une position perchée par rapport au niveau de leurs poljés aval respectifs. C’est une configuration qui contraste beaucoup d’avec les autres résurgences de Fengshan. Il semble donc que la surrection de la zone nord-est du district de Fengshan soit plus tardive.