C'est une perte active débutant sur une zone fracturée.
Accès : il est désormais possible de se rendre en voiture depuis Shuanghe jusqu’au hameau de 湛教 Zhànjiào d’où la vue sur le massif est superbe. Derrière la première maison, un sentier en lisière de forêt part horizontalement à l'ouest, puis tourne au sud-est en direction de l'axe d'une grande combe. Il est de moins en moins bien marqué. Sur la fin, il faut tailler dans les hautes herbes pour avancer et monter un peu. La doline d'entrée occupe toute la largeur de l'amont de la combe.
L'entrée : elle se présente comme une doline d'effondrement avec un soutirage sur la gauche, une grotte sur la droite et une échancrure vers une deuxième doline alignée sur la même fracture.
La grotte de droite est une courte traversée débouchant dans une troisième doline, disposée parallèlement à a première. On peut y voir la perte : une cascade impressionnante en crue tombant dans un gros soutirage. Au pied de la cascade débute un petit réseau dont l’amont est un P7 remontant et l’aval un long boyau étroit.
La deuxième doline présente également un soutirage à gauche. L'éboulis inclue des troncs et des os, de vache, probablement. Il permet de retrouver la rivière et rejoindre la perte en amont. En aval, l'eau s'infiltre entre les blocs.
Dans la deuxième doline, une escalade permet d'atteindre une grosse lucarne dans laquelle puits remontant laisse apercevoir de la lumière. On peut avancer dans la fracture et descendre d'un niveau en opposition. Un petit réseau incomplètement exploré forme une boucle et passe au-dessus d'un P9. Entre des blocs en milieu de galerie, la descente d'un R4 permet d'atteindre un niveau inférieur. Vers l'amont, par un laminoir étroit, on peut retrouver la perte. Vers l'aval partent les branches du ruisselet et de la rivière.
Dans la première doline, le méandre sec qui constitue la suite principale débute au fond du soutirage, derrière un muret. Une lucarne dans une strate supérieur n'a pas été atteinte. Une autre lucarne, plus petite mais présentant un bon courant d'air a été explorée. Un P13 et un P11, accessible en descendant par une trémie, permettent d'atteindre un point bas de la cavité situé presque sous l'entrée. Le courant d'air dans ce secteur est important. Une lucarne vers le haut du P13 part dans des trémies. Une autre lucarne, à mi-hauteur du P13, permet de retrouver le méandre sec par des petites galeries, un regard sur la rivière par un P6 et un autre regard sur la rivière par un petit méandre.
La jonction avec Huotudong : la base du P11 cité plus haut présente un très fort courant d’air partant dans une trémie qui semble franchissable. C’est un amont. En haut du P11, une escalade traversante montre qu’un gros courant d’air amont remonte dans une trémie. En poursuivant la traversée en spirale, un méandre fossile aval a été atteint. Il est à l’origine de tous ces courants d’air et mène à un P30. En bas du P30, on est dans la salle de l’amont de la première rivière de Huotudong. Une lucarne en haut du P30 a permit de cerner un peu mieux les hauteurs de cette zone complexe qui présente des plages indurées de micro-galets verdâtres.
Le ruisselet : par un R3, on atteint la base du P9 observé depuis l'étage immédiatement supérieur. On progresse ensuite dans un méandre actif qui a tendance à devenir étroit et s'achève par un P12 en bas duquel on entend gronder la rivière.
La rivière : au-dessus du R3, on avance jusqu'à un P9 non descendu. Un peu avant le P9, un petit passage entre des blocs permet de retrouver le bas du soutirage de la deuxième doline. Le haut du P9 peut être traversé, on avance alors jusqu'à un R8 en bas duquel on retrouve la rivière qui en crue impressionne par son débit de l'ordre de 50 l/s. Elle peut être suivie à l'aval en opposition. Le méandre à tendance à prendre de la hauteur. L'actif s'enfonce dans le surcreusement. Le méandre a été parcouru dans sa partie haute jusqu'à une petite salle. Là, il faut descendre dans le surcreusement jusqu'au niveau de la rivière pour déboucher au pied du P12 précédemment cité par un petit ressaut. L'aval, pas très large à ce niveau, n'a pas été exploré faute de temps.
Le méandre sec : il n'est pas très volumineux dans les premiers 100 m. On débouche dans une petite salle carrefour où l'on trouve un amont et la petite galerie provenant de la lucarne à mi-hauteur du P13. Vers l'aval, un passage supérieur a été exploré qui rejoint singulièrement par un puits obstrué à son sommet la petite salle observée dans la branche de la rivière. Le méandre lui-même a été poursuivit sur 200 m. On trouve alors un P7 avec un petit affluent inexploré venant d'un puits. Une escalade en face de cette cascade a permis d’explorer un étage supérieur avec trois branches qui ont rejoint des parties sous-jacentes déjà connues.
A son aval, en bas d'un ressaut, sur une banquette de régression, les restes d'un squelette de panda a été découvert. Une escalade au-dessus du P7 n’a pas permis de trouver un accès proche depuis la surface pour en expliquer la présence. Les galeries de cet étage supérieur fossile présentent des amonts et avals qui finissent par rejoindre ou se superposer à des passages inférieurs connus.
Le ressaut suivant donne dans une salle surcreusée. La rivière principale, provenant d'une petite cascade, est retrouvée en descendant un P6. Elle a été suivie en aval et s'enfonce à nouveau dans le surcreusement. Le méandre qui continue en hauteur a été exploré jusqu'à un P15 et un P16. Il y a du courant d'air dans ce secteur. Dans la salle surcreusée, en traversant au-dessus du P6, un méandre fossile permet de rejoindre l'itinéraire précédent un peu après l'endroit où on perd la rivière. Un passage supérieur par contre va bien au-delà. Atteindre son terminus sans corde est possible : les escalades peuvent être shuntées par un méandre inférieur. Au fond, point bas de la cavité à -101 m de profondeur par rapport à l'entrée, le courant d'air ronfle dans une étroiture impénétrable. Par contre, les passages en hauteur présentent quelques caractéristiques (sécheresse et nombreux criquets non décolorés) qui laissent penser que la surface est toute proche.
En allant vers le fond, on note une augmentation brusque de la hauteur du méandre. Une escalade à ce niveau à permit d'explorer des méandres supérieurs qui rejoignent le passage inférieur. Une branche amont s’en écarte de 200 m et se rapproche de la surface : les trémies amont présentent des racines. Le courant d’air, soufflant par temps froid, a guidé l’exploration jusqu’à des petits puits descendants vers une rivière. L’exploration est donc à poursuivre.
Le faux amont : il débute dans la petite salle carrefour du méandre sec. Le filet d'eau passe par un méandre impénétrable. Au-dessus, un boyau a été exploré jusqu'à un puits de 10 m descendant et présentant un courant d'air d'aval. Le boyau lui-même est partiellement colmaté avec des micro-galets. La descente de se puits et l’exploration de ses lucarnes s’est avérée décevante : le courant d’air provient d’une étroiture infranchissable.
L'étage mudstone : cet étage est principalement creusé dans une strate roche tendre, friable et un peu collante quand on veut la forer pour placer un ancrage. On y trouve des concrétions récentes et très anciennes.
On l'atteint dans le porche de la première doline, par une vire étroite qui permet d'avancer à quatre pattes jusqu'à une lucarne. Une galerie sinueuse descend jusqu'à un premier embranchement : un boyau amont sur la gauche remonte jusque sous l'entrée. Il s'achève dans une trémie après une étroiture qui présente un courant d'air ronflant indiquant un prolongement en direction d'une entrée basse. La galerie continue en aval. On arrive à un P5. La branche en bas du P5 est trop étroite. Une petite galerie amont a été remontée jusqu'à une salle bloquée par des trémies. La suite, en aval, nécessite l'équipement d'une traversée. Plus loin, on passe en opposition au-dessus d'un P10 qui retombe sans doute dans la branche vue en bas du P5. La galerie continue à descendre doucement jusqu'à un P6. En bas, une courte galerie suivie d'un méandre et d'un P8 permet de rejoindre le méandre sec. Une vire sur la droite en haut du P6 permet d'atteindre une branche amont. On passe au sommet du P6 sur le coté de la rivière, puis on rejoint une branche atteinte par la grosse lucarne de la deuxième doline. Une autre branche débouche en lucarne dans le porche de la deuxième doline. L'aval de l'étage mudstone est accessible par une vire au-dessus du P6. Les deux puits suivants n'ont pas été descendus. Le premier se franchit en vire, le second en opposition aidée par des concrétions. On traverse ensuite une petite salle avec une trémie sur le coté. Le puits suivant est un P8. Jusqu'à ce point, le courant d'air avait tendance à toujours circuler en haut. Mais les deux lucarnes en haut du P8, accessibles par des vires encore plus exposées que celles précédemment citées, ne présentent pas de courant d'air. Celle de gauche est un amont qui devient étroit. Celle de droite donne sur une petite galerie concrétionnée, une trémie, plusieurs bouclage sur le P8 et un aval étroit qui pourrait être poursuivit. Une part importante du courant d'air (exploration estivale) descend le P8. Un ressaut de 3 m donne sur un méandre très étroit. Il est préférable de s'immiscer dans un méandre qui le surmonte pour atteindre le P8 final, bien ventilé.
L’amont double flux : l’escalade ayant permit la jonction avec Huotudong a aussi permit de constater un sérieux problème au niveau des courants d’air. Non seulement le méandre de jonction est bien plus ventilé que le reste, mais en plus, la trémie surplombant l’escalade apporte un courant d’air froid. La trémie en bas du P9 a donc été revue avec beaucoup plus d’attention, un pied de biche, de la prudence et de l’abnégation. Un passage, sale, arrosé et de stabilité douteuse a été ouvert. Un grand méandre fait suite. Il se détache de l’épouvantable sac de noeud que constitue le réseau de Zhanjiaodong et part, solitaire, vers l’ouest.
L’important courant d’air ne suffit pas à sécher la boue. Sur 200 à 300 m, il ne fait pas de doute que l’on est dans une zone épinoyée. Elle s’explique aisément par le franchissement d’une fracture correspondant au passage de la trémie et la rivière amont que l’on ne tarde pas à atteindre.
En suivant cet amont, on sort progressivement de la zone boueuse. On est dans une galerie creusée dans des schistes. Le plafond plat est par endroits surmonté d’une fracture. La rivière a formé des méandres, parfois encaissés et parfois simplement bordé de pentes schisteuses. On avance ainsi d’environ 1 km, puis on est arrêté par une cascade de 11 m qui semble tomber d’un méandre. Une branche latérale, parcourue par un affluent arrivant près de cette cascade, a permit d’aller un peu plus loin. Mais là encore, on est arrêté par des escalades. De nombreux squelettes de rongeurs ont été notés. Ce secteur semble donc disposer d’une connexion aisée avec la surface. Sur le retour, un peu avant ce terminus, une branche plus importante a été arrêtée sur une escalade de 7 m.
Tous les passages supérieurs ont été inspectés et topographiés. Ils soulignent le rôle important d’une fracture dans la genèse de cette branche. S’astreindre à ce travail systématique fastidieux a permit de découvrir, au début de la rivière, un passage qui mène à un second amont qui a été exploré jusqu’à des trémies et un puits remontant. Dans ce réseau relativement cutané, des squelettes de petits animaux sont fréquemment présents à la base des puits remontants.
Dans l'état actuel des explorations, si ce réseau persiste à ne pas s'enfoncer plus profondément dans les strates, la rivière pourrait déboucher en aval dans la même gorge que Dadongpiandong. [Jean Bottazzi]
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