dong Donghe - 洞河

Détail


Nom de la grotte : Donghe - 洞河
Autres noms : La Grotte Rivière
Province, Préfecture, District :
Hubei 湖北省, Enshi 恩施土家族苗族自治州, Hefeng 鹤峰县
Latitude Nord - Longitude Est :
29.933178 - 110.119279
Altitude (m) : 710
Développement (m) : 7 473
Profondeur (m) : 370
Profondeur - / + (m) : 132 / 238
Volume (m3) :
Géologie : Trias inférieur
2Entrée : Donghe 洞河, Donghe 洞河,

Carte



Description 1



I. DONGHE

«La grotte rivière» (He92/14)

Long. 110° 05,8' Lat. 29° 49,5’ Alt. 710 m

Dév. 6 692 m Dén. 366 m (- 128, + 238)

Donghe, c’est d’abord une formidable traversée, un canyon souterrain qui prolonge directement une vallée aveugle drainant un bassin-versant de 200 km2. Du côté aval, l’accès est possible par une bonne piste qui conduit à 500 m de l’entrée inférieure (village de Tangjiapu) située à 5 km au NE de Hefeng. La progression de type spéléo commence en fait bien avant la grotte, quand il faut escalader ou se glisser sous les énormes blocs arrondis qui encombrent le lit du canyon. Par l’amont, l’accès est plus délicat car la rivière qui alimente la perte a creusé un canyon étroit, entrecoupé de vasques d’eau profonde et de ressauts verticaux. Nous mettons une demi-journée à trouver un itinéraire d’accès direct au porche pour éviter le canyon. Ce chemin longe le flanc sud du canyon aveugle profond de 160 m, à partir d’une petite maison perchée au bord du vide. Le sentier est vertigineux et quelques passages un peu raides méritent une corde, mais les paysans passent en courant sans s’arrêter. Deux échelles de bois et une liane (et oui !) facilitent la progression. Et que font les paysans sur un sentier aussi scabreux ? Ils descendent tout simplement au fond pour fabriquer du charbon de bois. Mais pour atteindre le porche, en partie cachée par un coude, il reste à franchir quelques vasques profondes (tronc en travers et escalades).

- Le canyon souterrain : Il débute par un porche colossal de 100 m de haut et de 30 à 40 m de large qui distille de la lumière jusqu’à 400 m à l’intérieur. La grotte-tunnel proprement dite traverse la montagne sur 2 200 m de développement en rejoignant la vallée de la Loushuihe. Rigoureusement alignée sur une grande faille (N75E), la galerie s’apparente à un canyon : lits de galets, empilements de gros blocs polis ou marmites aux formes douces et arrondies. La similitude n’est pas fortuite : comme un canyon, cette rivière souterraine évacue de très grandes quantités de sédiments détritiques qui polissent les parois (sables et graviers siliceux, galets calcaires ou quartzitiques du Dévonien).

- Les grandes galeries fossiles : Après avoir parcouru 600 m en aval de la perte, c'est le "Carrefour des trois feux", avec une grosse galerie remontante en rive gauche. Elle est inactive et encombrée de blocs, de quelques gros massifs stalagmitiques en pleine croissance et de vieilles concrétions. Plus loin, à la "Confluence de la fourchette", elle se divise en plusieurs branches, toutes de très grande taille (avec des sections de 200 à 1 000 m2). Il s’agit vraisemblablement d’un ancien lit de la rivière, abandonné à la suite de l’enfoncement du réseau. La branche SW est la plus longue. On y remonte de plusieurs dizaines de mètres, en escaladant un peu péniblement les blocs hérissés de petites pointes de calcite. Les faibles suintements qui tombent du plafond creusent dans le sol rocheux ou sur les blocs, des cratères aux parois hérissées de centaines d’épines. Leur fond rouge et leur bord noir donnent une certaine image de l’enfer. C'est la galerie des ”mille bouches du diable” !

Au sommet de cette branche, le sol devient plat comme un terrain de tennis, à peine creusé par quelques petits cratères. La galerie a de très belles proportions (50 m de large sur 15 m de haut). Soudain, le sol se dérobe au regard et il reste un grand trou noir béant peu engageant. En fait, une petite rampe à main droite permet de descendre dans ce gouffre noir qui est en réalité une vaste salle (80 x 150 x 50 m) creusée au confluent de deux galeries, la salle du "Topo-Ropôt". On se rend compte que le sol de la galerie précédente n’était qu’un plancher de calcite de quelques décimètres, scellant plusieurs dizaines de mètres de sédiments (limons, sables, graviers). A main gauche, part la galerie qui mène à la rivière permanente (infra). Droit devant, on descend 50 m juste pour le plaisir de les remonter sur des sédiments sablonneux. 200 m plus loin, on bute sur un nouvel effondrement, un peu plus délicat à franchir. Il est possible de passer contre la paroi de gauche en désescalade, parmi des blocs instables et dangereux. La suite est un immense éboulis de blocs anguleux. Nous sommes arrêtés 120 m plus bas sur un fond de trémie apparemment impénétrable, mais la topographie de la cavité suggère qu’il existe bien une suite à cette galerie, droit devant ou à main droite. Reste à explorer systématiquement cette trémie, ce qui n’est guère passionnant, mais nos collègues méridionaux ont décidé que c’était de la vulgaire grottologie ! Ce n’est pas notre avis : de la première comme çà, en France, on en redemande.

Une galerie reste à faire, c’est celle de la "Trémie". Elle démarre au début des "Mille bouches du diable" et se développe plein E sur une grande fracture. La progression est rendue pénible pour deux raisons : il faut d’abord monter et descendre des blocs cyclopéens coincés dans une galerie large de 4 à 10 m et haute de plusieurs dizaines de mètres ; ensuite il faut faire des acrobaties avec quelques bouts de sangles ! Finalement, au bout de 400 m de progression, nous nous arrêtons devant un puits magnifique que nous regardons furieux en contemplant notre sac démuni : voici le puits des "Voleurs de Cordes" (cf. Li Rouli).

- La Rivière Sans Retour : S’il vous reste du courage, à partir de la salle du "Topo-Ropôt", prenez la peine de descendre au fond de la salle poussiéreuse. Une galerie descend fortement vers le sud. Son sol est partiellement recouvert par un plancher de calcite déposé par une petite source qui jaillit comme par miracle au milieu des sédiments secs de la salle. Après quelques dizaines de mètres de dénivelé, l’argile devient humide et on entre dans une zone qui doit subir de régulières mises en charge. Elle est d’ailleurs située pratiquement à la même altitude que l’entrée supérieure du réseau actif. Encore 40 m à descendre sur des talus d’argile avant de buter sur un suçoir infâme. Terminus ? Non. En face, un petit départ remontant serait passé inaperçu s’il n’était pas balayé part un fort courant d’air aspirant. Après 15 m à quatre pattes, on débouche dans un conduit aux proportions plus chinoises (5 m x 10 m) qui débouche dans une salle tellement brumeuse que nous n’avons pas vu ses dimensions (sa topo reste à faire). Bientôt le bruissement de la rivière se fait entendre. Et oui, ici, 120 m sous l’entrée inférieure de Donghe, coule une belle rivière permanente (200 l/s en décembre 92). Le sol de la salle porte encore les traces de crues récentes : cupules de corrosion, galets et roche recouverts d’une fine patine noire d’oxyde de fer et de manganèse. Par contre, l’absence totale de feuilles et de branchages suggère que cette rivière ne communique pas directement avec une perte concentrée.

Vers l’aval, on bute rapidement sur un premier siphon. On peut le shunter par le haut, mais c’est pour tomber sur un second que nous n’avons pas pu passer. Vers l’amont, même punition, même motif : siphon. Par contre, en longeant la paroi nord de la salle, on atteint un petit affluent remonté sur 200 m jusqu’à une salle encombrée d’argile. En haut, une galerie remontante est recouverte de vieilles coulées érodées. D’après la topo, nous saurons que le fameux puits des Voleurs de Cordes, non descendu (à cause des cordes séquestrées par La Rouille), débouche ici ! En bas, une autre galerie conduit vers un aval d’où remonte une rumeur intéressante ! Un beau puits de 30 m concrétionné est équipé fiévreusement sur amarrages naturels pendant que Bernard vaque à ses analyses d’eau. En bas, le grondement se fait plus net : encore deux ressauts déchiquetés que l’on passe en désescalade et nous voici dans la boue. 4 m au-dessus une lucarne permet d’accéder à une galerie sur diaclase. Le grondement devient de plus en plus envahissant, encore 10 m et nous rejoignons une galerie très inclinée parcourue par un torrent souterrain, avec de grandes cascades, dans le plus pur style vercorien !

C’est notre dernière sortie dans le trou et il ne faut pas traîner. L’eau n’est pas très froide (14°C), mais nous préférons enfiler les pontonnières. Pour éviter les vasques profondes, nous escaladons les parois en profitant des milles cupules creusées dans la roche par la dissolution. Comme les parois sont en fait des planches à clous verticales, toute chute est interdite tant la roche est coupante. Il nous faut 2 h pour avancer de 200 m. Une belle cascade de 7 m nous barre maintenant le passage et, bien sûr, il est l’heure de rentrer ! On ne peut pas laisser un si bel obstacle : en rive gauche, il y a de magnifiques lunules creusées dans la roche, puis une diaclase. Quelques sangles bien placées nous permettent de remonter de 3 ou 4 m le long de la veine d’eau : quelle ambiance ! Un rétablissement dans la fissure et nous voilà en haut. Devant nous, un grand bassin profond et la rivière qui continue : un coup de topofil et de boussole et nous nous arrêtons faute de temps, la mort dans l’âme, mais avec le secret espoir de revenir un jour dans cette cavité exceptionnelle ! (Bernard et Richard)

- Hydrogéologie : Donghe est creusée dans les calcaires du Trias. Deux faciès se rencontrent : des calcaires gris en gros bancs massifs et des brèches à ciment calcitique jaune mêlant ces mêmes calcaires à des calcaires noirs ou rouges. Ce dernier faciès se rencontre souvent en Chine, mais son interprétation est sujette à débat : certains y voient une formation diagénétique (affaissement des bancs carbonatés lors de la dissolution des bancs de gypse interstratifiés), d’autres une brèche de faille de grande extension, ce qui semble beaucoup moins probable. La cavité est située sur le flanc méridional du synclinal de Yanziping. Les pendages sont forts (40 à 70°) mais ne semblent pas avoir guidé de manière prépondérante le creusement de la grotte. Le conduit actif principal suit plutôt une grande faille (N55°E). Donghe est située au bout d’une vallée aveugle d’une dizaine de km de long et elle draine un bassin-versant de plus de 200 km2. Cela explique la taille énorme des conduits (1 000 m2 de section en moyenne) et la beauté des formes d’érosion, semblables à celles des grands canyons calcaires. La perte ne fonctionne que lors des crues. L’eau traverse alors toute la grotte pour jaillir dans un canyon affluent de la Loushuihe. Quand le débit est plus faible, l’eau passe par des conduits inférieurs de plus petites dimensions, pour ressortir à une autre émergence située plus qui est probablement Wanrendong. (Bernard)

BARBARY, Jean-Pierre; MAIRE, Richard; ZHANG, Shouyue; POMEL, Simon; COLLIGNON, Bernard; GEBAUER, Daniel; BENAVENTES, Jean; BOTTAZZI, Jean; CHEN, Shicai; FULCRAND, Serge; JIN, Yushang; MATRICON, Sylvain; ORSOLA, Jacques; REMY, Cyriaque; QI, Zhonglin; ZHANG, Dachang; SHI, Mengxiong (1995): Les cavités du comté de Hefeng (Hubei, Chine).-
Donghe 92, karsts de Chine Centrale, Karstologia Mémoires n°6, 1995: p.41-71 (28 figures, 1 tableau, 14 photos, résumé français, anglais, allemand, chinois).
Analyse : BBS
Description et topos de 24 cavités: système de Yanziping, Taiping, zone de Shuishanping dans le comté de Hefeng dont: Zhaidong (8403 m, -552 m); Donghe (6692 m, -128 m/ +238 m); Chushuidong (2940 m, -3/ +54 m). (FB).

11054 caractères - Lu 250 Fois

Bibliographie 4



The "Donghe 92" speleological team (1993): The karst of the Yanziping syncline, cave genesis and hydrogeology (Hefeng county, Hubei province, China).-
Proceedings XI Intern. Congress of Speleology, 2nd-8th August 1993, Beijing 1993: 34-35 (6 fig., 2 tab.) (rés. franç.) (chines. summ.).
Description of a large polje (15 x 50 km) in mainly triassic limestone; 10 caves with a total length of 23 km were explored during the Chinese - French Donghe '92 expedition: Zhaidong 8,40 km/ ±552 m; Donghe 6,69 km/ ±366 m; Chushuidong 2,94 km/ ±57 m; etc. (RB).
Source : BBS

BARBARY, Jean-Pierre; MAIRE, Richard; ZHANG, Shouyue; POMEL, Simon; COLLIGNON, Bernard; GEBAUER, Daniel; BENAVENTES, Jean; BOTTAZZI, Jean; CHEN, Shicai; FULCRAND, Serge; JIN, Yushang; MATRICON, Sylvain; ORSOLA, Jacques; REMY, Cyriaque; QI, Zhonglin; ZHANG, Dachang; SHI, Mengxiong (1995): Les cavités du comté de Hefeng (Hubei, Chine).-
Donghe 92, karsts de Chine Centrale, Karstologia Mémoires n°6, 1995: p.41-71 (28 figures, 1 tableau, 14 photos, résumé français, anglais, allemand, chinois).
Description et topos de 24 cavités: système de Yanziping, Taiping, zone de Shuishanping dans le comté de Hefeng dont: Zhaidong (8403 m, -552 m); Donghe (6692 m, -128 m/ +238 m); Chushuidong (2940 m, -3/ +54 m). (FB).
Source : BBS

Auct. var. (1995): Donghe 92, karsts de Chine centrale.-
Karstologia Mémoires n°6, 1995: 240 p. (16 tableaux, 100 figures, 17 photos, résumés français, anglais, allemand, chinois).
PLONGEE SPELEO CLUB JEUNES ANNEES DE VENISSIEUX; INSTITUTE OF GEOLOGY ACADEMIA SINICA; KARST & GROUNDWATER RESEARCH DIVISION; URA 1978 DU CNRS - DYMSET (TALENCE). Compte rendu de travaux spéléologiques et scientifiques en Chine centrale (Hunan et Hubei): contexte géologique et climatique, description et topographie des cavités, hydrogéochimie, géomorphologie, sédimentologie, pédologie, évolution morphologique des karsts de pays agraires, exploitation du karst, logistique. (FB).
Source : BBS

ZHANG, Shouyue (1993): Grand caves of China.-
Proceedings XI Intern. Congress of Speleology, 2nd-8th August 1993, Beijing 1993: 236-237 (3 tab.) (chines. summ.).
Lists 21 caves with more than 200 m in elevation (Zhaidong -552 m; Gebihe -445 m, Wuajidong -430 m etc.); and 19 caves with more than 4,8 km in length (Tenglongdong 33,52 km; Duobingdong 17,2 km; Baimodong 13,7 km etc.). (RB).
Source : BBS


Images 30



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Topographie 1



topographie Donghe 洞河
Source : Gkc

Expédition 1


Cette grotte a été identifiée ou explorée au minimum par cette (ces) expédition (s) :




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