A7
Gouffre de l’Ombre (Yin Keng Dong) 104°E 40,106 ; 31°N 54,103 : Z = 1435 m Dév. : 3445 m ; Dén. : -342 m
Historique
* Le gouffre de l’Ombre a été exploré durant l’expédition AKL 2006 au cours de quatre sorties (18 août au 21 août 2006). A la fin de l’expédition 2006, le gouffre développait 1921 m pour un dénivelé de -128 m.
L’exploration a été arrêtée par manque de temps sur des puits dans deux branches distinctes : la branche sud à - 64 m et la branche nord à - 140 m.
Cette année, nous avons poursuivi les explorations dans les deux branches, en commençant par la branche sud :
* Vendredi 19 août 2011, Jean-Marie, Claire et Frédo retrouvent le gouffre sans trop de difficultés. Jean-Marie, fort de ses souvenirs de l’époque, mène l’équipe au terminus du réseau sud. Ils équipent, en hors crue, plusieurs puits et descendent une quarantaine de mètres, s’arrêtant en bout de corde et de temps. Ils avancent en tout d’une centaine de mètres mais ne font pas la topo faute de boussole et de clinomètre.
* Samedi 20 août 2011, Fred Delègue, Frédo Poggia et Bernard Lips continuent l’exploration de la branche sud. Arrêt d’une part dans une grande galerie fossile... malheureusement colmatée en amont et en aval et, d’autre part, dans un petit actif qui serait peut-être explorable en période d’étiage. Déséquipement du réseau en remontant.
TPST : 8 h 30.
* Dimanche 21 août 2011, Jean-Marie et Anthony rééquipent la branche nord où Bernard et Filou se sont arrêtés au sommet d’un grand puits en 2006. Arrivés à l’extrémité de la grande galerie, ils cherchent longuement le départ du grand méandre. Après une petite désobstruction, ils découvrent une belle galerie fossile qu’ils topographient sur 150 m. Par acquis de conscience, déjà sur le chemin du retour, ils suivent des traces dans une bauge indescriptible. C’est de fait le bon passage. Après une belle désescalade et quelques petits puits, ils s’arrêtent au terminus de 2006. TPST : 8 h 30.
* Lundi 22 août, Anthony, Fred, Frédo et Josiane ont comme mission d’aller le plus loin possible dans la branche nord. Ils rejoignent en deux heures le terminus de 2006. Le puits, profond de 48 m, est difficile à équiper. Mais il aboutit dans une salle qui se poursuit par une galerie fossile. Ils explorent et topographient 860 m de galeries, s’arrêtant sur un ressaut remontant. Le courant d'air est toujours présent. Ils remontent en déséquipant et sortent vers minuit sous un ciel étoilé.
Retour à l’hôtel vers 1 h. TPST : 13 h
Description des réseaux 2011 Le réseau sud
Le terminus 2006 dans le réseau sud se situe au sommet d’un petit ressaut dans un méandre. Plusieurs ressauts de 4 à 10 m se suivent et aboutissent dans une belle galerie au sol plat. La morphologie change rapidement et la suite se présente sous forme de toboggans descendants avec une pente moyenne de 30°. Seul un petit ressaut nécessite un équipement. Peu après, une galerie, sur la gauche, remonte parallèlement à la galerie d’arrivée avec une pente similaire. Cette galerie, visitée au retour sur 100 à 150 m jusqu’à un ressaut remontant, n’a pas été topographiée. Le courant d’air semble indiquer qu’elle boucle avec le chemin principal.
La suite logique, toujours sous forme d’un toboggan descendant, aboutit dans une grande galerie fossile. Elle est très rapidement colmatée vers l’amont (topographie des quelques diverticules). Vers l’aval, elle s’arrête brutalement sur un colmatage après environ 150 m. Peu avant ce colmatage, le ruisseau s’enfile dans un minuscule méandre pénétrable. Un actif beaucoup plus important arrive en rive gauche et le passage devient rapidement très aquatique dans une galerie basse descendante. Frédo fait une reconnaissance sur 10 m en se mouillant copieusement. La moindre remontée des eaux serait dangereuse. Ce sera le terminus 2011.
Le réseau nord
L’arrêt 2006 correspond au sommet d’un ressaut de 10 m puis d’un grand puits, difficile à équiper du fait de la roche cassante. Profond de 46 m, presque circulaire avec un diamètre de 30 m, il aboutit dans une salle avec un énorme chaos. La rivière se perd entre les blocs. Après une remontée dans le chaos, un passage avec un courant d’air soufflant donne accès à une galerie fossile. La galerie de belle dimension (5 x 3 m en moyenne) suit un joint de strates. Le pendage est régulier et peu prononcé. La galerie est de plus en plus concrétionnée au fur et à mesure de la descente: coulées de calcite, draperies, fistuleuses, disques, excentriques.... L’équipe s’arrête dans une branche annexe au sommet d’un ressaut et préfère continuer dans la galerie principale. Les stalagmites et autres draperies laissent place à des concrétions de gypse (fleurs et aiguilles de gypse). Après quelques ressauts, ils recoupent une galerie fossile avec des concrétions dignes d'Orgnac. Cette galerie s’arrête sur un méandre actif, obstrué par une trémie instable. La galerie fossile semble se poursuivre à mi-hauteur du méandre mais l’escalade nécessite d’équiper et il est temps de faire demi-tour. Une rapide incursion dans une galerie annexe à proximité de la galerie principale les amène sur un ressaut qui semble court-circuiter la trémie. Un bruit d’eau se fait entendre au loin.
La petite galerie fossile
Un laminoir descendant débouche sur un fin ruisselet. On peut le suivre sur une dizaine de mètres puis le méandre se rétrécit. Au-dessus sur la gauche une grosse dalle, en partie cassée par la désobstruction, permet d’accéder à un étage supérieur : belle galerie fossile bien concrétionnée sans suite évidente.
[Bernard Lips]
Ouvrage collectif, Synthèse Bernard Lips avec la collaboration de Vincent Routhieau et les corrections de Françoise Poggia et de Josiane Lips
Spéléologie au pays de l'Homme Sauvage 9 ème EXPEDITION SPELEOLOGIQUE EN CHINE, Aventures Karstiques Lointaines 2011-n°9. 114 pages
Analyse :
5795 caractères - Lu 182 Fois
Exploration
* Vendredi 18 août 2006 un villageois, qui se souvient être descendu le premier puits dans sa jeunesse pour y rechercher une de ses vaches qui y était tombée, emmène Rémy Vulliez et Marc Beltrami en taillant le chemin à la machette. Marc équipe le puits et l’équipe s’arrête au bout de 150 m de topographie. TPST : 2 h 30.
* Samedi 19 août, deux équipes retournent dans la cavité :
- Patrick Schalk, Marc Beltrami et Gérald Legrand topographient les diverticules à partir de l’entrée, relevant environ 300 m de topo.
TPST : 5 h.
- Jean-Marie Briffon, Rémy Vulliez et Jean-Marc Verdet topographient la galerie principale et s’arrêtent faute de corde dans un grand méandre actif après avoir relevé environ 600 m de topographie. TPST : 6 h.
* Dimanche 20 août, Philippe Sénécal, Josiane Lips, Jean-Marc Verdet, Jean-Marie Briffon et Fred Delègue continuent l’exploration de la cavité. La séance permet de topographier 300 m. Découverte d’ossements et de dents de tigres. TPST : 7 h.
* Lundi 21 août, Philippe Sénécal, Rémy Vulliez, Bernard Lips et Jie font une dernière exploration. Rémy remonte assez rapidement avec Jie tandis que Philippe et Bernard explorent un méandre aval et s’arrêtent sur puits à 132 m de profondeur, relevant environ 300 m de topographie. TPST : 7 h.
Accès
Il faut compter une petite heure de marche sur un sentier qui se dirige vers le nord après avoir traversé la grande doline de la grotte du Rocher. Le gouffre s'ouvre en bordure d'une clairière, au pied du talus orienté nord-ouest.
Description
Un fort courrant d'air froid laisse présager une cavité importante. Un petit puits, un talus terreux puis un P10 amènent dans une salle spacieuse avec deux départs évidents.
* Un fort courant d’air provient de l’amont et, après la traversée d’un P10, la progression est facile. Cette galerie amont est d'abord sablonneuse puis, après un chaos de blocs et un passage concrétionné, les dépôts disparaissent et la galerie est propre jusqu'à une vasque profonde qui marque l’arrêt des explorations. Pour continuer il faudra envisager le passage en néoprène.
Peu avant la vasque, plusieurs méandres transversaux, rapidement impénétrables, coupent perpendiculairement le sol de la galerie.
* La descente en désescalade du P10, vers le début de la galerie, donne accès à un étage inférieur une vingtaine de mètres plus bas. Une galerie aval se développe sur environ 200 m avant de virer à droite à angle droit dans un magnifique méandre qui hélas se resserre pour devenir impénétrable à la cote –64 m.
Environ au milieu de cette galerie, un shunt en hauteur, la galerie des Ossements (présence d’ossements et d’un crâne d’herbivore), permet de boucler vers l'entrée à condition que le R6 soit équipé.
* A la base du puits d’entrée, un éboulis descendant amène rapidement au sommet de ce R6 et à une vaste galerie aval. Les ressauts se suivent et la progression devient pénible, bien que belle, à cause de l'extrême érosion du rocher qui, par endroit, n'est plus qu'une dentelle de calcaire ou plutôt une éponge de calcaire.
Une verticale d'une quinzaine de mètres mène au lit d'une rivière où reposent de nombreux ossements. C’est en cet endroit qu’ont été découvertes les dents de tigre.
La galerie bute sur une diaclase est-ouest à –73 m. La zone est ébouleuse et complexe.
Vers l’est, un petit passage donne accès à la salle du Disque, sans continuation.
Vers l’Ouest, il faut chercher le bon passage dans la diaclase et surtout choisir le bon endroit pour descendre un P13, suivi d’un P10 puis d’une très belle désescalade de 10 m. La galerie, haute et étroite, qui fait suite reprend l’axe habituel Sud-Ouest Nord-Est.
Deux ressauts (R8 et R9), descendus en désescalade lors de l’exploration mais qui nécessiteraient une corde font gagner un peu de dénivelé. L’exploration s’est arrêtée à –128 m, faute de matériel, au sommet d’une succession de deux puits de 10 m donnant dans un vaste volume. Le fort courant d’air aspirant est de bon augure pour la suite des explorations.
[Rémy Vulliez]
Ouvrage collectif, Synthèse Bernard Lips avec la collaboration de Xavier Robert et les corrections de Josiane Lips
Spéléologie au pays de l'Homme Sauvage 7ème EXPEDITION SPELEOLOGIQUE EN CHINE, Aventures Karstiques Lointaines 2006-n°7. 111 pages
Analyse :
4198 caractères - Lu 364 Fois
Ouvrage collectif, Synthèse Bernard Lips avec la collaboration de Vincent Routhieau et les corrections de Françoise Poggia et de Josiane Lips
Spéléologie au pays de l'Homme Sauvage 9 ème EXPEDITION SPELEOLOGIQUE EN CHINE, Aventures Karstiques Lointaines 2011-n°9. 114 pages
Source :
Ouvrage collectif, Synthèse Bernard Lips avec la collaboration de Xavier Robert et les corrections de Josiane Lips
Spéléologie au pays de l'Homme Sauvage 7ème EXPEDITION SPELEOLOGIQUE EN CHINE, Aventures Karstiques Lointaines 2006-n°7. 111 pages
Source :
Cette grotte a été identifiée ou explorée au minimum par cette (ces) expédition (s) :