a. Yanzidong (1)
L’entrée de Yanzidong est tout à fait exceptionnelle. Le porche fait 150m de hauteur et la galerie qui la prolonge, visiblement alignée sur une faille, mesure 130m de haut pour une largeur de 50m. Un chaos de blocs forme un lac de 300m que l’on peut longer par une haute vire en rive gauche. Un sentier a été aménagé pour les visiteurs, ses petits ouvrages en béton sont plutôt discrets mais facilitent et sécurisent grandement la visite. On peut alors sereinement admirer ce couloir géant baigné de lumière et s’étonner des restes de bambous accrochés aux parois vertigineuses, vestiges du temps où les chasseurs de nids d’hirondelles travaillaient encore en ces lieux. Les hirondelles nichent toujours dans les parois et leur guano rend le sol un peu glissant. Quelques coulées de calcite dégringolent sur plus de 100 m, soulignant la quasi verticalité de la paroi rive droite. Au bout de ce vaste balcon, on surplombe l’extrémité amont du lac. La rivière sort au pied d’une paroi d’une vingtaine de mètres sous une voûte basse. Il est possible de la suivre en bateau sur 50 m de plus avant d’atteindre le siphon final.
Au-dessus, on voit se prolonger l’énorme galerie fossile, mais un gouffre nous en sépare. Pour l’atteindre malgré tout, il faut monter par un chemin équipé d’escaliers et d’échelles de bois jusqu’à une petite salle où plusieurs départs bouclent entre eux. C’est alors à gauche, en haut d’un petit ressaut, qu’un laminoir franchissable à quatre pattes permet, après un élargissement, de rejoindre le seuil de la galerie convoitée. Ici, le guano s’est accumulé en grosses dunes, un ancien sentier monte une pente bien raide jusqu’à une stalagmite de 12m de diamètre et plus de 20m de haut. Le sol s’aplanit après quelques gros blocs et la lumière du jour s’estompe pas après pas. Par grand soleil, il est possible de la percevoir à 700m de l’entrée. La largeur de la galerie est en moyenne de 35 m pour une hauteur de 65 m, mais elle s’évase à plus de 100 m à l’occasion d’une bifurcation où les perles des cavernes sont si abondantes qu’il faut prendre garde de ne pas rouler dessus. Là, deux itinéraires sont possibles. À gauche, la galerie qui descend n’excède pas 20m de haut, mais la largeur est souvent de plus de 40m. Le sol est une succession de gours secs de moins d’un mètre. La galerie se dédouble à l’occasion d’un pilier rocheux puis remonte jusqu’au bord d’une grande salle, dont une grosse colonne stalagmitique semble défendre l’entrée. Un phénomène de piège à froid fait que ce parcours est souvent nimbé de brouillard.
Ce nouveau volume de 97 x 70 x 85 correspond à l’arrivée de la galerie laissée à droite précédemment. Celle-ci a le sol plus chaotique et conserve une hauteur de 70m. La salle elle-même est colonisée par des chauves-souris, un grand massif stalagmitique en occupe le centre, un autre semble barrer la suite au nord-est. Son sol est aussi une cascade de gours secs. Derrière la barrière stalagmitique, la galerie change de morphologie. Le plafond est plus arrondi et une grosse banquette longe le côté gauche. La largeur atteint 85m mais la hauteur ne dépasse pas 50m. Le sol est une croûte de choux-fleurs secs, quelques énormes rochers tranchent avec son aspect uniforme. Lorsque l’on retrouve un peu de pente montante, une forêt de stalagmites de moins d’un mètre se répartissent uniformément le terrain.
Au niveau de la rupture de pente, on remarque à droite en hauteur une grosse lucarne. On l’atteint par une escalade de 24m, il s’agit en fait d’une petite galerie basse au sol croûteux puis calcifié. Plus on avance et plus on découvre des débris végétaux divers, noix, glands, noisettes et surtout les feuilles de laurier qu’affectionnent les rats pour faire leurs nids. On trouve aussi un cadavre de rat, des myriapodes, des sauterelles non décolorées et des coquilles d’escargot, La proximité de la surface ne fait aucun doute mais aucun courant d’air ne laisse espérer un passage.
Dans la galerie principale, la pente s’accentue encore jusqu’à une trémie calcifiée. À droite, une petite galerie se poursuit, notable par ses belles concrétions dont une dizaine en forme de disque, 100 m plus loin environ, la galerie est complètement colmatée.
Toute cette zone terminale de Yanzidong chevauche les galeries aval de Wengdaxiadong et sont très proche de l’énorme doline que nous allons décrire plus loin. [Eric Sanson, Jean Bottazzi]
BOTTAZZI, Jean; BARBARY, Jean-Pierre; HUGON, Bruno (2011)
Spelunca Mémoires, n° 35 (2011) : 306 p. 300 photos, 135 topos, 14 cartes (ISBN 978-2-900894-18-7)
Voyages en terre chinoise tome 3 : Expéditions spéléologiques franco-chinoises du P.S.C.J.A. de 2006 à 2010.
Analyse :
Les résultats traités dans cet ouvrage rendent compte des travaux effectués au cours de six expéditions du P.S.C.J.A., toutes agréées par la Fédération Française de Spéléologie, s’étant déroulées de 2006 à 2010, ainsi que d’explorations réalisées sur la même période en marge de ces expéditions. Ce sont en tout plus de 186 km de grottes inédites, principalement situées dans la province du Guizhou. 278 cavités sont citées, dont 253 le sont pour la première fois. Après quelques clefs de lecture et le résumé des expéditions ayant permis toutes ces découvertes, les résultats de ces expéditions sont présentées en 11 chapitres. (JB).
4606 caractères - Lu 780 Fois
BOTTAZZI, Jean; BARBARY, Jean-Pierre; HUGON, Bruno (2011)
Spelunca Mémoires, n° 35 (2011) : 306 p. 300 photos, 135 topos, 14 cartes (ISBN 978-2-900894-18-7)
Voyages en terre chinoise tome 3 : Expéditions spéléologiques franco-chinoises du P.S.C.J.A. de 2006 à 2010.
Les résultats traités dans cet ouvrage rendent compte des travaux effectués au cours de six expéditions du P.S.C.J.A., toutes agréées par la Fédération Française de Spéléologie, s’étant déroulées de 2006 à 2010, ainsi que d’explorations réalisées sur la même période en marge de ces expéditions. Ce sont en tout plus de 186 km de grottes inédites, principalement situées dans la province du Guizhou. 278 cavités sont citées, dont 253 le sont pour la première fois. Après quelques clefs de lecture et le résumé des expéditions ayant permis toutes ces découvertes, les résultats de ces expéditions sont présentées en 11 chapitres. (JB).
Source :
Cette grotte a été identifiée ou explorée au minimum par cette (ces) expédition (s) :