b. Longqiaogedong (2)
Longqiaogedong est la perte donnant l’accès le plus aisé au collecteur.
Quelques dizaines de mètres après être passés sous la majestueuse arche naturelle, nous entrons dans le canyon d’entrée de Longqiaogedong. Alors que nous sommes encore à l’extérieur, nous devons équiper un P5, au bas duquel nous sommes contraints de remplir les bottes dans une petite vasque. Peu après, nous pénétrons dans la pénombre du porche d’entrée accompagnés d’un ruisselet qui circule entre des blocs. Nous déambulons ensuite dans une vaste galerie où alternent plages de galets et quelques chaos. Au bout de 300 m, nous apercevons sur la gauche une large pente terreuse remontante, qui constitue l’arrivée principale de la grotte de Longnudong sur le réseau. Une seconde galerie en hauteur cinquante mètres plus loin constitue un nouveau point de jonction.
La progression est ensuite toujours aisée jusqu’à un grand virage à gauche caractéristique où le réseau prend définitivement une direction approximativement sud. À ce niveau, le ruisselet que l’on suivait depuis l’entrée se perd en direction du nord dans une galerie devenant assez rapidement impénétrable.
Suite à ce changement radical de direction, un grand chaos occasionne quelques désescalades de gros blocs tandis que l’on commence à percevoir le bruit enchanteur du collecteur que l’on ne tarde pas à rejoindre. [Bruno Hugon]
Son débit est estimé a 300 l/s. L’amont débute sur la droite par une cascade de un mètre qui suffit à créer l’ambiance sonore. Malgré la présence d’une vire étroite au raz de l’eau et d’une autre inaccessible en hauteur, le canotage est inévitable. Après une dizaine de mètres à l’ouest, un coude nous oriente plein nord dans un canyon rectiligne aux parois déchiquetées. Des gros blocs effondrés nous permettent de débarquer et de choisir entre les larges vires supérieures ou la poursuite du lac dont la longueur totale est de 250 m et qui finit par s’évaser en de grandes marmites. Nous poursuivons l’exploration par une escalade en opposition dans un diverticule pour rejoindre une salle d’effondrement sans prolongement notable autre que l’amont de la rivière que nous longeons par des berges et traversons par quelques gués rocheux. Après une dernière vire déversante de roche coupante mêlée de boue glissante à souhait, nous prenons pieds sur un sol plat et boueux au milieu duquel serpente la rivière. Nous pouvons poursuivre sur 200 m seulement pour nous arrêter sur un grand lac, peut-être siphonnant car nous ne sentons aucun courant d’air. L’eau est claire mais le plafond est noir et déchiqueté, les lames d’érosion encrassées de déchets divers laissant supposer une alimentation par des pertes concentrées. [Jean Bottazzi]
L’aval de ce collecteur ne présente pas d’obstacle notoires sur plusieurs centaines de mètres. Quelques cascatelles et bassins, le tout ponctué de strates de couleur rosée prononcée, donnent une note des plus agréable à cette portion. C’est un premier lac profond précédé d’une cascade de 1,50m rendant l’embarquement funambulesque qui met un terme à cette progression idyllique.
Ce lac n’est que le premier d’une longue série. Les plans d’eau vont alterner avec des portions de galeries faciles. Nous observerons sur les côtés quelques départs ou arrivées non explorés de dimensions modestes, eu égard au conduit dans lequel nous circulons. Le septième lac dépasse largement une centaine de mètres de long. En son milieu se trouve une chicane caractéristique au niveau de laquelle part sur la gauche une large galerie fossile, nous n’avons hélas pas eu le temps d’y effectuer la moindre reconnaissance. Il semble que le fort courant d’air aspirant que l’on notait plus en amont soit principalement absorbé par cette galerie.
Peu après, d’énormes blocs annoncent un nouveau chaos géant, tandis que la galerie s’élargie notablement. Nous franchissons tant bien que mal cet obstacle par la droite et laissons un nouveau départ prometteur au sol plat sur la droite, qui à l’instar du précédant restera vierge de toutes traces. Au bout du chaos, une galerie fossile perchée, avec des traces de végétaux abandonnés par les crues au plafond nous laisse croire un instant que l’on pourrait cesser toute progression aquatique. Il n’en est rien, car nous arrivons rapidement en balcon au-dessus de la rivière retrouvée. Il faut donc reprendre le canot pour un nouveau lac de plus de 100 m de long. À son extrémité, le collecteur disparaît dans un conduit de taille humaine avec un glouglou angoissant. Est-ce les dimensions relativement réduites de cet aval qui sont à l’origine des importantes traces de mise en charge que nous avons remarqué ? La question reste posée !
L’aval fossile se poursuit toujours vers le sud avec de bonnes dimensions identiques à ce que nous venons de parcourir en amont, mais nous ne tardons pas à retrouver un petit actif de 2 l/s provenant d’un affluent rive gauche.
Nous avançons ensuite rapidement, bien que le sol soit surcreusé en canyon mais toujours tout en étant obligés de canoter dans de courts mais beaux bassins dont l’eau cristalline contraste avec l’eau noire des lacs précédents. Un peu plus de 200 m nous séparent alors de la perte du collecteur lorsque nous apercevons en hauteur un gros vide. Nous avons abandonné ici (cote: -174m), en faisant un gros cairn, notre progression vers l’aval qui ne demande qu’à être poursuivie et sommes montés dans le vide au-dessus, constitué d’une salle sub-circulaire d’une trentaine de mètres de diamètre avec un sol encombré de grosses dunes argileuses. Cette salle possède néanmoins deux départs : un qui prend la direction de l’aval et que nous n’avons reconnu que sur quelques mètres et un amont remontant fortement jusqu’à une grosse trémie impénétrable sise 30m au-dessus de la circulation de l’actif. [Bruno Hugon]
BOTTAZZI, Jean; BARBARY, Jean-Pierre; HUGON, Bruno (2011)
Spelunca Mémoires, n° 35 (2011) : 306 p. 300 photos, 135 topos, 14 cartes (ISBN 978-2-900894-18-7)
Voyages en terre chinoise tome 3 : Expéditions spéléologiques franco-chinoises du P.S.C.J.A. de 2006 à 2010.
Analyse :
Les résultats traités dans cet ouvrage rendent compte des travaux effectués au cours de six expéditions du P.S.C.J.A., toutes agréées par la Fédération Française de Spéléologie, s’étant déroulées de 2006 à 2010, ainsi que d’explorations réalisées sur la même période en marge de ces expéditions. Ce sont en tout plus de 186 km de grottes inédites, principalement situées dans la province du Guizhou. 278 cavités sont citées, dont 253 le sont pour la première fois. Après quelques clefs de lecture et le résumé des expéditions ayant permis toutes ces découvertes, les résultats de ces expéditions sont présentées en 11 chapitres. (JB).
6079 caractères - Lu 572 Fois
BOTTAZZI, Jean; BARBARY, Jean-Pierre; HUGON, Bruno (2011)
Spelunca Mémoires, n° 35 (2011) : 306 p. 300 photos, 135 topos, 14 cartes (ISBN 978-2-900894-18-7)
Voyages en terre chinoise tome 3 : Expéditions spéléologiques franco-chinoises du P.S.C.J.A. de 2006 à 2010.
Les résultats traités dans cet ouvrage rendent compte des travaux effectués au cours de six expéditions du P.S.C.J.A., toutes agréées par la Fédération Française de Spéléologie, s’étant déroulées de 2006 à 2010, ainsi que d’explorations réalisées sur la même période en marge de ces expéditions. Ce sont en tout plus de 186 km de grottes inédites, principalement situées dans la province du Guizhou. 278 cavités sont citées, dont 253 le sont pour la première fois. Après quelques clefs de lecture et le résumé des expéditions ayant permis toutes ces découvertes, les résultats de ces expéditions sont présentées en 11 chapitres. (JB).
Source :
Cette grotte a été identifiée ou explorée au minimum par cette (ces) expédition (s) :