dong Xinjiawandaxiaokeng - 辛家湾大消坑

c. Dàxiāokēng

Grande Perte (Sui 0419)

Après être descendu de 40 m dans la doline, franchir un ressaut de 3 m en amarrant une corde sur un tronc, puis suivre la galerie de 2 m par 2 m au nord pour arriver au puits de 14 m. En bas, une petite salle avec une arrivée d'eau en plafond présente trois départs : une galerie amont au sud, bloquée au bout de 40 m par une trémie non ventilée, une galerie aval de 4x4 m au nord, présentant un ruisseau sur 30 m et un puits de 14 m non descendu, et enfin une galerie aval au sud, non explorée, mais ne présentant pas non plus de courant d'air. [Aymeric Bougnol]

"BOTTAZZI, Jean; LI, Po; FAURE, Nicolas; SANSON, Eric; BOUGNOL, Aymeric; HE, Wei; ZHU, Wenxiao"
Spelunca Mémoires, n° 30 : Voyages en terre chinoise tome 2 : Chapitre 1
Analyse :
Le réseau de Shuanghe se trouve sur le district de Suiyang (Guizhou, Chine). Il se développe dans les dolomies d'un plateau de 78 km2 et de 700 à 1700m d'altitude. 100 entrées y sont inventoriées dont 64 topographiées. La complexe réseau de Shuanghe, 85 km, possède 27 entrées et trois rivières principales. Les paramètres lithologiques, structurels et hydrologiques, et spécialement le niveau de gypse inclu dans la stratification, déterminent le développement de ces grottes dont la formation peut être décomposée en quatre phases. Nous présentons ici la description du massif, l’inventaire des cavités, une approche des facteurs génétiques et les résultats des expéditions 2004 et 2005. (Author, BJ).

618 caractères - Lu 53 Fois


Xinjiawandaxiaokeng (38)
Connue depuis une prospection en 2004, Xinjiawandaxiaokeng a toujours été considérée comme une entrée supérieure naturelle potentielle évidente du réseau de Shuanghedong. Pourtant, les premières explorations, en 2004, puis dix ans plus tard en 2014, ont jeté un gros doute sur ces espoirs. L’aval étant très vite bloqué par une trémie, les explorations étaient canalisées vers des fractures aux continuations peu évidentes. Il a fallu en 2015 miser sur une séance de désobstruction dans la trémie pour changer radicalement la donne. Mais la spéléologie étant ce qu’elle est, rien n’est devenu évident pour autant.
Accès:Depuis le village de Shuanghe, suivre la piste de Longtanzi et poursuivre au-delà jusqu’à passer l’altitude de 1200m. On aboutit alors -sur la gauche - à une très grande doline abritant le petit village nommé Datian. Une courte piste descend à ce village. Si on est venu en véhicule, c’est ici qu’il faut le garer. Prendre alors le sentier qui monte direction sud-ouest au col de Yangjiaodongkou, passer ce col et enchaîner par une descente sur le flanc gauche de la combe. Il ne faut pas trop descendre et choisir dans les sentiers qui tournent en suivant le flanc du coteau sur la gauche. On passe ainsi dans une combe parallèle, moins prononcée, au fond de laquelle se trouve une perte dans une forêt de bambous. C’est la perte de Xinjiawandaxiaokeng.
Premier niveau
La descente dans la doline est aisée en se tenant un peu aux bambous. L’entrée sous terre se fait par un R3 facile sur des gros rochers glissants. Puis après une courte galerie (2x2 m), on atteint le premier P14. Avec un dispositif d’assurance adéquat, on peut traverser le sommet de ce puits et atteindre un affluent. Il a été remonté sur plus de 50 m. Il est caractérisé par une fracture nord-ouest, exploitée par un petit actif courant sur les schistes argileux, s’en écartant pour la recouper à nouveau pour continuer dans un boyau très étroit. Les petits affluents sont impénétrables. Nous sommes dans un niveau drainant les eaux de surface proches qui a pu se creuser rapidement et récemment grâce au drain que constitue le premier P14, la fracturation et le banc de schistes argileux. Il semble que le conduit sur fracture, bien que plus volumineux, n’ait pas été déterminant en termes de drainage. Ce n’est pas la fracture qui a apporté l’actif, c’est l’actif qui, suivant les strates imperméables, a creusé un volume plus important à la faveur de la fracture placée sur son chemin. Ce modèle de creusement, très lisible, est peut-être identique à ce qui a été réalisé antérieurement et à plus grande échelle au deuxième niveau, en bas du premier P14.
Deuxième niveau
En bas du premier P14, une courte galerie revient en arrière, au sud, vers une trémie non ventilée. Elle témoigne surtout de la propension de la strate à se laisser creuser. La galerie se prolonge de l’autre côté, on passe sous la douche provenant de l’actif vu plus haut et on arrive en balcon sur un nouveau puits de 14 m. Le descendre directement consomme moins de corde, mais n’est ni pratique ni sec. Il vaut beaucoup mieux équiper une vire et descendre de 10 m au-delà du P14, on arrive ainsi à un carrefour, à la croisée de deux grandes fractures.
La branche nord-ouest, de 3 à 5 m de large pour 3à 10m de haut, présente un surprenant réseau de chemins, probablement de rats, surélevés par rapport au sol plat constitué de sédiments. On passe sous un pont rocheux et il y a quelques concrétions. Après 120 m de galerie confortable et après l’arrivée d’un petit actif en plafond, on aboutit à un carrefour. Un P28 interdit la branche de gauche, il a été descendu, le passage en bas est impénétrable. La branche de droite, par un système de fractures, revient de l’autre côté du P28. Il n’y a pas de prolongement notable, si ne n’est peut-être un laminoir à mi-puits ou une escalade de 5 m, mais le courant d’air dans ce secteur est faible.
La branche sud-ouest est moins large et présente aussi un sentier à rats. On y franchit un ressaut de 6 m suivi d’une escalade remontant d’autant. On circule à mi-hauteur, au niveau d’un élargissement sur strate. Une nouvelle escalade - de 5 m - a été réalisée, puis une autre - plus haute - lui fait suite. Le courant d’air est important.
Au sud-est, on descend un puits de 4m pour rejoindre le fond du P14. Un peu plus loin, c’est la trémie.
La trémie
Franchir par désobstruction une trémie aval en Chine n’a rien de commun ni d’habituel. Nous avons opté pour la première zone d’absorption des eaux de crue. C’est passé plutôt rapidement dans un environnement relativement stable.
Seule la partie haute du R3 ainsi dégagé est étroite.
Dessous, s’ouvre un petit puits. On ne le descend que sur quelques mètres, pour penduler sur un gros rocher, le passage qui est derrière étant plus commode que celui en bas du puits. On avance dans une fracture qui s’achève un peu en vire, puis on descend dans une salle sur l’axe d’une fracture perpendiculaire. La suite est sous nos pieds, en revenant en arrière dans la fissure. En effet, si on se laisse aller à suivre le plus gros volume, qui sert de dortoir aux chauves-souris, on descend tout droit vers un dangereux piège à spéléologue: une sorte de P8 qui se descend en opposition, mais où tout est instable. Heureusement, ça queute en bas et également en face, le passage semblant impénétrable en haut d’une escalade de 7 m et aussi en lucarne avec un cul-de-sac pierreux et boueux. Une fouille laborieuse et méthodique de l’ensemble de la trémie a permis d’identifier le passage le plus adéquat. Donc, la fissure qui revient en arrière sous nos pieds est un point clef. On avance tout droit sur 10 m, puis on tourne à gauche dans une zone très instable. Il faut vraiment choisir ce qu’on touche, mais heureusement, ce n’est pas trop étroit. Le rétrécissement est à peine plus loin, une fissure descendante avec un bon courant d’air qui sert de guide. Une corde a été placée pour la descente de la fracture de 15 m qui suit. Elle est appréciée à la remontée. On arrive en bas d’un éboulis instable qu’il faut éviter de toucher et qui n’a donc jamais été remonté. Une désobstruction au sol permet de passer sous cet empilement sans le chatouiller et d’atteindre par une étroiture la fin de la trémie, au sommet d’un P45.
La rivière des bondes
Ce que nous avons nommé la rivière des bondes est une succession de puits et de méandres descendant de 150m de dénivelé. En bas du P45, on est dans une sorte de salle au sol constitué d’un pierrier de grosses roches en forte pente. On arrive à un petit actif, son amont a été suivit -moyennant quelques escalades- jusqu’à la base d’un puits remontant de 36m. À l’aval, un premier bassin bas de plafond a été vidé en retirant une bonde, petite obstruction de cailloux obturant un conduit d’évacuation. Ce scénario a été reproduit plusieurs fois. Marmites, petits puits, ressauts plus ou moins étroits s’enchaînent. Cet escalier compte aussi un P44. L’actif omniprésent impose moult fractionnements pour se tenir hors des douches. On arrive ainsi à un ultime P11 où un siphon est venu siffler l’arrêt de jeux. La suite du réseau a été cherchée et trouvée en haut du puits précédent - un P6 - en équipant une traversée.
Le méandre
De l’autre côté du P6, une lucarne à peine soupçonnable avant de l’atteindre, présente un peu de courant d’air. C’est étroit, il faut même descendre une sorte de P8 avec une étroiture en haut, puis on déambule dans un méandre fossile de dimensions raisonnables. Les premiers 100 m sont encore un peu désagréables à cause de concrétions en choux-fleurs. La progression se fait principalement en opposition dans le haut ou le milieu du méandre. C’est long. On voit parfois des colmatages avec des gros galets et - avec les marmites - ce sont les principaux témoins de la circulation d’une ancienne rivière souterraine. On ne note qu’un R8, un P6 et un P9, mais étant donné que l’on descend de 140m sur un développement de 640m, on comprend que les obstacles s’enchaînent sans cesse. On arrive ainsi à un ultime P11 où l’on recoupe manifestement un autre conduit. En haut du P11, le courant d’air, aspirant par temps froid, est toujours présent. En bas du P11, l’amont lors de la première exploration n’a été suivi que sur une vingtaine de mètres. L’aval est une galerie sur strate surcreusée d’un méandre et prolongée d’un méandre vers le haut également. Cette configuration particulière se maintient sur une centaine de mètres. Puis tout se passe comme si le méandre avait décidé d’aller tout droit, mais il se termine 40m plus loin, alors que la galerie repart sur la droite, pour revenir parallèlement au méandre fossile. C’est la galerie du fond. Son départ présente un rétrécissement où on perçoit un courant d’air soufflant par temps chaud.
La galerie du fond
Un réseau assez inattendu débute ici. La largeur de la galerie varie autour de 10m et elle accuse une pente moyenne descendante de 24 % dans une direction exactement contraire au pendage qui serait ici de 15 %. Ceci est bien entendu rendu possible par une fracturation importante. Il n’en reste pas moins
que la direction prise dans ce secteur est celle de l’amont, ce qui a fait supposer qu’il pouvait s’agir d’une galerie creusée en remontant. Les petits puits que l’on traverse au début -dans la partie haute- auraient alors pu être des anciens déversoirs. Nous les avons donc tous explorés : ils sont bouchés au fond et fermés par la fracture sur les côtés, ce qui infirme cette idée. Les concrétions de type choux-fleurs sont abondantes. On franchit une zone boueuse aux abords d’un puits remontant, il pourrait s’agir d’un dépôt du aux embruns d’une cascade temporaire. Mais au-dessous de la cote 890 m, tout est couvert de boue, donc intégralement noyé en temps de forte crue. On atteint une salle un peu complexe à traverser. En bas d’une descente raide, on remonte sur le remplissage pour redescendre en toboggan en direction du lobe amont de la salle alimenté par les « pisses-coulis » de deux puits remontants de 15 m et 35 m. Il faut suivre la trace aval de cet écoulement imperceptible à l’étiage pour trouver un itinéraire vers l’aval par un R5.
La suite est une galerie bien boueuse où ramper quelques mètres sous les blocs reste moins salissant que tenter de les escalader. Fort heureusement, cette partie du parcours est horizontale et les obstacles peu nombreux. Au bout de 50m, on rencontre une petite rivière. Elle vient d’un puits remontant de 30 m situé un peu plus loin et s’insinue dans un laminoir sur la droite. En face du puits remontant, un grand couloir sur fracture de plus de 30 m de haut se prolonge nord-est-est ce qui est la bonne direction pour se rapprocher du réseaux de Shuanghedong. Il est surcreusé d’un étroit méandre. Il faut grimper dans la boue et franchir des suçoirs en opposition. Ces efforts sont bien mal récompensés puisqu’on arrive à la base d’un puits remontant de 50m légèrement arrosé. Ces puits remontants semblent tous deux avoir un prolongement distinct de l’arrivée d’eau.
Le laminoir fort heureusement n’est pas boueux, mais ensablé. Il présente un courant d’air aspirant par temps chaud, ce qui est remarquable dans cette partie de la cavité qui est très mal dotée de ce point de vue-là. On passe un rétrécissement bien près de l’eau. Il doit se noyer facilement. La rivière coule ensuite en petites cascades dans un méandre. On descend un P15. En bas, la rivière suit une fracture direction sud-ouest-ouest, ce qui est dans ce secteur le strict opposé de ce à quoi on s’attendrait pour un aval. Elle se perd de façon diffuse et réapparaît par un petit boyau. On arrive alors dans une salle avec une petite rivière, toutefois plus conséquente que la précédente, provenant de la droite et s’écoulant vers la gauche.
L’aval est assez bref, on traverse une salle avec une belle stalactite qui contraste dans l’environnement boueux, puis l’eau se perd dans un laminoir étroit. Il aurait fallu ramper dans une flaque pour en voir réellement le bout, mais l’absence totale de courant d’air a été retenue comme présomption d’un siphon annoncé. C’est le nouveau point bas de la cavité, à la cote -418m par rapport à l’entrée et à l’altitude 853 m. De part sa situation au sud-ouest, c’est - dans la série stratigraphique- l’un des points les plus profonds que l’on ait atteint sur le massif.
L’amont de la petite rivière traverse une salle sur fracture de 60m de long, 25m de large et plus de 50 m de haut. Il y a un prolongement fossile au nord, mais il est défendu par une escalade de 9m. La rivière provient d’un puits remontant bien arrosé d’une quinzaine de mètres, situé un peu plus loin au bout d’une fracture. Il n’y a donc -dans la galerie du fond- aucune suite possible à moins d’entamer des escalades.
La jonction avec Xinjiawanliangfengdong
À ce point des explorations, il ne restait qu’une option de continuation : le méandre amont lorsqu’on descend le P11 au terme du long méandre fossile. Cet amont - également fossile - a été prolongé d’une autre vingtaine de mètres. Pour continuer, il faudrait grimper, il y a sans doute du courant d’air, mais l’escalade ne passera pas en libre. C’est un objectif pour une future exploration.
Quitte à grimper, c’est en revenant en direction du P11 et en allant jusqu’au plafond qu’a été trouvée la suite : une autre galerie surcreusée en trou de serrure d’environ 5m de haut et 2m de large. Elle vient topographiquement s’aligner avec le long méandre fossile amont et -sur le plan- semble en constituer l’aval. Il n’y a toutefois aucune connexion directe, le fond du méandre aval étant situé 6 m plus haut que le plafond du méandre amont. Il faut plutôt imaginer que ces deux écoulements ont été distincts. Le courant d’air n’est pas très fort et aspirant par temps chaud. Il passe en partie dans un boyau sur la gauche avec des bassins d’eau calcités qui devient impénétrable sans casser les choux-fleurs de calcite au marteau.
Le méandre en aval est plus étroit. Il se divise verticalement, avec un autre méandre fossile qui repart en amont un niveau plus bas. Plus loin, on rejoint un actif dont l’amont, de petit gabarit, n’a pas été exploré. L’aval prend une tournure désagréable. On descend un ressaut étroit, puis on enchaîne dans des étroitures un peu boueuses jusqu’à un puits. La corde dont nous disposions était trop courte pour le descendre plus qu’à moitié, mais c’est à ce niveau qu’a été trouvé un goujon dans la paroi : la jonction se fait au sommet du P14 de Xinjiawanliangfengdong dans le méandre gratiné aux choux-fleurs (cf.: Voyages en terre chinoise tome 2 - chapitre 1, page 44). [Jean Bottazzi]

AUT. VAR (2019)
Jean BOTTAZZI, Éric SANSON, Bruno HUGON, Olivier TESTA, Alain MAURICE, Marc GUICHOT, Florence GUILLOT, Cécile PACAUT, Marc FAVERJON, Marc TREMBLAY, Amandine LABORDE, Nicolas FAURE, Emmanuel VITTE, Jessica MORIN-BUOTE, Éric DAVID, Éric LECUYER, Éric MADELAINE, Gilles CONNES.
Topographes
Jean BOTTAZZI, Éric SANSON, Bruno HUGON, Nicolas FAURE, Olivier TESTA, Barnabé FOURGOUS, Pascal ORCHAMPT, Emmanuel VITTE, Éric DAVID, Marc TREMBLAY, Florence GUILLOT, Fabien MULLET, Marc FAVERJON, Charles BUTIN, Cécile PACAUT, Alain MAURICE, Gilles CONNES, Jes- sica MORIN-BUOTE, Michel ISNARD, Jean-Pierre BARBARY, Patrick LETOURNEL, Marc SÉCLIER, Marc GUICHOT, Vivien MOINAT, Éric MADELAINE, Silvia ARRICA, Silvère PASTUREAU, LIZIXIN, Éric LECUYER, Thierry MONGÈS, Amandine LABORDE, Daniel BETZ, Olivier JÄRMANN, Christian DELAIRE.
Coordination, rédaction, synthèse topographique et composition :
Jean BOTTAZZI
Spelunca Mémoires n° 39 (2019)
Voyages en terre chinoise tome 5. Expéditions spéléologiques franco-chinoises 2011-2019 dans les grottes de Suiyang Shuanghedong

Analyse : gkc-JPB

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