dong Chuandongwanshenxiandong - 穿洞湾神仙洞

Chuandongwanshenxiandong (17)
Cette nouvelle entrée n’a été découverte qu’en 2018. Nous recherchions un accès par le plateau aux galeries fossiles de Pixiaodong, mais cette perte de montagne passe presque sans transition toutes les couches qui la séparent des réseaux profonds de Mahuangdong.
Accès : On peut s’approcher assez près en voiture. Depuis Wenquan, avant d’arriver au célèbre pont de Gongguanqiao, la rivière Shuanghe présente un affluent en rive droite. Prendre la petite route qui remonte cette vallée par sa rive gauche. Étroite, elle monte jusqu’à un col. Avant de redescendre du côté du poljé de Rangshui, il y a une bifurcation revenant vers le village de Hejiawan. Traverser ce village et suivre la piste principale qui commence par descendre, puis remonte en lacets très serrés. Après une grande ligne droite, prendre à droite. La piste n’est bétonnée que jusqu’au hameau de 烂泥垭 Laniya, mais elle continue au-delà. Il faut prendre la piste de gauche au niveau du col. Juste avant le hameau de 湾里 Wanli, elle monte sur la gauche puis redescend un peu pour traverser une combe. Une centaine de mètres avant de traverser la combe, quitter la piste pour monter dans une combe secondaire par un bon sentier. Après le premier col, le sentier s’enfonce dans les taillis. On devine une dépression sur la gauche, c’est l’entrée de Chuandongwanshenxiandong.
De l’entrée au P70
Il s’agit d’une cavité majeure. Son nom en chinois évoque une traversée et une arche. De fait, on observe une arche naturelle au-dessus du porche et il y a une traversée, la sortie située au bord du sentier d’accès étant masquée par une forêt de bambous. Le cône d’éboulis de l’entrée, à mi-hauteur sur la droite, présente un départ en laminoir avec un petit actif amont qui reste à explorer. [Jean Bottazzi]
L’entrée est une large galerie ébouleuse et déclive fréquentée par les rats (leopoldamys). Elle semble se terminer au bout de 100m, mais il est possible de s’échapper par le bas par un puits faille de 18m dont le début se descend en désescalade. On trouve ainsi un méandre légèrement actif qui se divise rapidement en deux, avec une branche fossile débutant en hauteur. Le méandre actif, long d’un peu moins de 200m, mène à un P70 équipé hors crue, mais que l’on peut enjamber pour aller équiper un puits parallèle fossile. [Éric Sanson]
La branche jumelle
Le ressaut qui y monte se trouve de façon évidente dans l’alignement de la fracture, peu après le P18. On avance sur un remplissage dans une fracture de 1,5m de large et moins de 10m de haut. Il y a de nombreux petits ossements, dont un squelette de serpent. Progressivement, le plafond s’abaisse, on quitte la fracture. La galerie devient concrétionnée, avec des choux-fleurs, petites colonnes, draperies et stalagmites façonnées par le courant d’air. Un surcreusement impose quelques passages en opposition. On arrive ainsi au P60, sur coulée de calcite déposée par un petit affluent. Il présente un départ de méandre en lucarne. Il n’est pas du tout évident que ce puits en escalier puisse être équipé hors crue, d’autant qu’un affluent important arrive d’un puits remontant très haut et très circulaire. Heureusement, il s’agit dans l’ensemble de débits assez faibles en étiage. En bas du puits, l’amont venant de la droite, est encombré d’un effondrement de gros blocs couverts d’argile derrière lequel on arrive à la base d’un puits tout droit de probablement 60 m.
On poursuit à l’aval dans une galerie sur fracture. On devine un léger décalage des strates de moins d’1 m. La progression varie de la simple marche à des passages sur quelques blocs effondrés ou bien encore dans un méandre de surcreusement. On rencontre un coude très prononcé avec un petit laminoir supérieur qui fait une petite boucle. La rivière continue sa lente descente presque à contre pendage, puis la galerie s’élargit en une salle percée de plusieurs puits. La ressemblance avec le haut du P350 de la seconde branche (ci-dessous) est frappante, de même que la position topographique en vis-à-vis. Les blocs lancés sont cependant stoppés sur un fond, ou un grand palier. D’autre part, on n’a pas vraiment identifié d’affluent dans l’autre branche. Il n’y a donc pas de certitude: il se peut que ces puits la rejoignent en quelques verticales ou bien que l’on découvre un aval indépendant. [Jean Bottazzi]
Le P350
En bas du P70, une petite rivière coule sur les schistes argileux, mais elle devient étroite au bout de 45 m en amont. En aval elle coule dans une galerie plus grande, toujours au contact des schistes argileux, qui mène jusqu’au sommet du très grand puits qui a lui aussi deux accès. Un chemin sur la vire a été creusé dans les schistes pour accéder au deuxième accès, un bloc jeté tombe pendant 24 secondes avant d’arriver au fond du puits. Le puits a été équipé à partir du premier accès pour pouvoir fractionner plus facilement. La roche est particulièrement pourrie et le nettoyage est délicat. Le puits est équipé en rive gauche, puis droite, puis gauche, en cherchant à chaque fois à se décaler pour éviter l’exposition aux chutes de pierres. La descente est très fractionnée dans la première partie et offre 2 jets de 50 m dans la seconde. La boue sur les cordes est particulièrement abrasive pour les poulies de descendeur en aluminium. [Éric Sanson]
En bas du puits, pendant 150 m, on suit une fracture de 1,5m de large dont la hauteur -insondable aux abords du puits - s’abaisse progressivement jusqu’à avoisiner 5 m. On quitte cette fracture peu avant son extrémité pour suivre la rivière - d’un débit inférieur à 1l/s- dans un méandre plus petit. Le méandre se décale vers le nord et prend un peu de dénivelée en retrouvant un jeu de fractures parallèle. On arrive ainsi à un P7.
La jonction avec Mahuangdong
Ce qui suit est décrit en partant de l’entrée de Chuandongwanshenxiandong, mais a été exploré en remontant depuis Mahuangdong (une entrée basse près de Guihua, voir Ch. 3 Maogaiding), ce qui s’est avéré être la bonne stratégie puisqu’il semble très peu probable que l’itinéraire aurait été découvert en arrivant depuis le haut.
En bas du P7 - au fond de Chuandongwanshenxiandong - le méandre est si étroit qu’on peut presque parler de fissure. Il dépasse rarement 3m de haut. Il y a parfois un évasement à la base où l’on peut avancer à quatre pattes sur un lit de petits galets où coule une rivière de quelques litres par seconde. On a pour passages notables une chicane en esse et un affluent étroit et boueux. On arrive ainsi à un élargissement soudain du à la rencontre d’un amont plus gros provenant de la gauche, où passe le courant d’air, mais sans écoulement pérenne. L’aval s’achève 50 m plus loin sur un siphon.
Cet amont est boueux. Au début, c’est une galerie et on peut avancer assez vite sur les berges d’un chenal. Ensuite, c’est un méandre boueux à tous les étages et parfois trop étroit en bas. Autant dire que la progression est fortement ralentie. Après une marmite, la seule en fait, il faut être attentif pour repérer une petite arrivée d’eau provenant d’un discret méandre qui débouche perpendiculairement de la droite à 9 m en hauteur. Le méandre continue en amont, boueux en bas, mais il présente des passages supérieurs secs : c’est un objectif pour de futures explorations. L’escalade de 9m est peut-être faisable depuis le bas par un bon grimpeur qui n’a pas froid aux yeux, c’est pourquoi il est heureux que ce passage ait été découvert depuis le haut. Personne n’aurait eu l’idée saugrenue de prendre ce risque pour remonter un filet d’eau. En haut, on grimpe encore un ressaut de 4 m et on aboutit à la perpendiculaire dans une grande fracture. À gauche, on avance dans un couloir dont la hauteur devient insondable jusqu’à un cul-de-sac. Il serait possible, facile même, de grimper en opposition, mais ça semble monter de plus de 50 m. À droite, c’est plus petit. On grimpe immédiatement de 3 m, puis de 8 m. C'est à ce niveau qu’on attrape l’étage fossile qui passe de l’autre côté du siphon.
On suit la fracture sur 200 m, presqu'en ligne droite. La galerie fossile, quitte alors la fracture. Elle prend un profil de type méandre. Deux départs en hauteur restent à explorer ainsi qu’une fissure étroite qui descend verticalement au point bas, soutirant les remplissages bien que tout le secteur soit fossile. Le conduit suit la fracturation et la largeur s’en ressent. On passe à proximité de la base d’un puits remontant de 30 m, puis on arrive à une bifurcation. À gauche, le petit méandre sec qui, par soutirage, a abaissé le niveau du sol, devient impénétrable. À droite, on grimpe un R2, on traverse une petite salle et on arrive en balcon dans un puits où tombe une petite cascade venant d’un méandre que l’on ne peut pas atteindre. Sur la gauche, on peut monter sur une trémie, il y a un passage qui permet de descendre vers l’aval: il faut passer la trémie par une étroiture, descendre derrière en serrant à droite, laisser deux puits à gauche puis une fracture à droite, traverser en vire un petit puits à main droite et descendre toujours à main droite une désescalade très boueuse s’achevant par une pente de boue presque liquide. On arrive ainsi à une rivière. Passer par cette trémie n’est ni plus pratique ni moins dangereux que d’emprunter le premier itinéraire d’exploration, mais le cheminement est plus aisé à deviner si on ne connaît pas. En effet, il faut descendre le puits en désescalade, passer à côté du puits suivant et dans un réseau de fractures choisir celles qui permettent de descendre sans danger jusqu’au niveau inférieur où, selon où on arrive, une petite galerie ou un boyau glaiseux permettent de rejoindre la rivière.
On est dans Mahuangdong, dans L’amont improbable. Le siphon situé quelques dizaines de mètres en amont est cité à la fin du paragraphe précédent. Il n’est éloigné que de 30m et on remarque que le débit est au moins quatre fois plus important en aval de ce siphon qu’en amont. [Jean Bottazzi]




AUT. VAR (2019)
Jean BOTTAZZI, Éric SANSON, Bruno HUGON, Olivier TESTA, Alain MAURICE, Marc GUICHOT, Florence GUILLOT, Cécile PACAUT, Marc FAVERJON, Marc TREMBLAY, Amandine LABORDE, Nicolas FAURE, Emmanuel VITTE, Jessica MORIN-BUOTE, Éric DAVID, Éric LECUYER, Éric MADELAINE, Gilles CONNES.
Topographes
Jean BOTTAZZI, Éric SANSON, Bruno HUGON, Nicolas FAURE, Olivier TESTA, Barnabé FOURGOUS, Pascal ORCHAMPT, Emmanuel VITTE, Éric DAVID, Marc TREMBLAY, Florence GUILLOT, Fabien MULLET, Marc FAVERJON, Charles BUTIN, Cécile PACAUT, Alain MAURICE, Gilles CONNES, Jes- sica MORIN-BUOTE, Michel ISNARD, Jean-Pierre BARBARY, Patrick LETOURNEL, Marc SÉCLIER, Marc GUICHOT, Vivien MOINAT, Éric MADELAINE, Silvia ARRICA, Silvère PASTUREAU, LIZIXIN, Éric LECUYER, Thierry MONGÈS, Amandine LABORDE, Daniel BETZ, Olivier JÄRMANN, Christian DELAIRE.
Coordination, rédaction, synthèse topographique et composition :
Jean BOTTAZZI
Spelunca Mémoires n° 39 (2019)
Voyages en terre chinoise tome 5. Expéditions spéléologiques franco-chinoises 2011-2019 dans les grottes de Suiyang Shuanghedong

Analyse : gkc-JPB

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