dong Hongshepan/Luoshuidong - 红石板/落水洞

B. HONGSHEPAN / LUOSHUIDONG
"Grotte de la strate rouge, Grotte de la perte" (Xi92/2), village de Baiyantou
Dév. 1 998 m   Dén. 258 m (- 66, + 192)   Alt. 950 m
La perte de Luoshuidong et le gouffre d'effondrement de Hongshepan sont deux trous magnifiques et de grandes dimensions qui ont été jonctionnés au niveau d'une étroiture minuscule située à la base de la doline de Hongshepan.
Hongshepan s'ouvre à 950 m d'altitude et à 200 m au nord de la route qui va vers l'ouest depuis Xianfeng. Un petit chemin à travers champs mène aux lèvres de la doline large de plus de 200 m. Pour descendre, il faut emprunter un sentier minuscule ouvert dans la forêt ; rapidement, la pente devient très forte et il faut suivre la paroi de droite. Il s'agit en fait d'un vaste puits incliné qui s'enfonce obliquement à 45° dans la montagne sur une profondeur de 200 m environ. On parvient ainsi dans une vaste salle en partie éclairée par la lumière du jour. Il y a là d'anciens fours à nitrates, phénomène classique, mais surtout d'anciennes maisons actuellement abandonnées. Après renseignements, il s'agit d'habitations vieilles de plus de 400 ans et remontant à l'empire des Ming ! C'est dire à quel point les grottes et les gouffres cachés servaient de refuges pendant les périodes troublées. Après la salle et des blocs, on parvient dans une petite galerie de quelques mètres de large au maximum où coule un ruisseau de 5 l/s environ.
Pendant ce temps, deux autres équipes vont à Luoshuidong. Le karst a ici moins fière allure qu'autour de Hefeng ! Mais c'est en se rapprochant de l'objectif que la motivation reprend le dessus ; le sentier descend progressivement dans une vallée fermée et dévoile d'un seul coup une perte béante avec son porche majestueux de 50 m de large sur 60 m de haut. Nous fourbissons prestement nos armes habituelle de topo-marathon et filons dans une galerie parfaite : haute et large, sol nivelé par les alluvions, petite rivière serpentant au milieu. Courte illusion : deux visées plus loin, hauteur et largeur se trouvent engorgées de limons et la rivière se faufile dans un minuscule laminoir rempli de galets. Une escalade dans une petite conduite forcée nous amène dans une petite salle ébouleuse. Nous apprécions au moins l'atmosphère sèche et chaude des lieux qui, si elle nous rend pessimiste quant aux espoirs de continuation, contraste agréablement par son confort avec les maudits hôtels où nous devons chaque soir manger et dormir.
Dans un coin, nous retrouvons une petite rivière. L'amont provient d'un bon vieux méandre que nous remontons jusqu'à un puits où pleut un affluent, l'actif principal provenant d'un siphon. Coté aval, siphon également ; un petit laminoir de galets permet de retrouver le passage principal qui s'arrête rapidement dans une petite salle. Tout est colmaté. Tout ? Non, car un minuscule laminoir laisse malicieusement passer un petit courant d'air. Heureux de pouvoir se sacrifier à des coutumes bien de chez nous, nous creusons, et passons. Et derrière, oh joie, une trémie! juste assez stable pour nous laisser grimper entre ses blocs jusqu'au terminus. Mais là encore, il y a terminus et terminus : courant d'air, bruit de cascade résonnant sous de hautes voûtes… il n'en faut pas tant pour nous exciter. C'est là que le rêve tourne au cauchemar ! non, rassurez-vous, la trémie ne s'est pas écroulée. Tout d'abord, la première se transforme subitement en seconde : des voies se font entendre derrière la trémie. Mais nous avons beau nous égosiller, elles s'éloignent progressivement : nous devons quand même franchir l'obstacle, au moins pour la jonction topo. Petit à petit, nous distinguons de la lumière derrière nos blocs. C'est là qu'intervient le diable aux cheveux roux qui nous suivait à distance avec Richard depuis le début de l'exploration, avec son carnet topo et son sale caractère :
"Il faut qu'on passe le laminoir ?" demande La Rouille, alias Li Rouli, d'une voix atone.
"Si vous voulez, on est en train de désobstruer une trémie"
"C'est comment derrière ?"
"C'est grand, y'a de la lumière, ça va bientôt passer, on a entendu des voix, on aurait dit Sylvain"
"Vous avez fait la topo da la trémie ?"
"Non"
"Vous faites quoi ?", demande Li Rouli d'un ton provoquant.
"On finit de creuser, ça passe"
"Vous voulez faire quoi ?" , redemande Li Rouli , alias El Oxido, d'un ton méchant.
"Ben, si vous passez le laminoir, on peut aller jonctionner avec les autres"
A ces mots le démon entre dans une fureur fantastique et il devient impossible de rétablir un semblant de communication. Heureusement, la trémie franchie, nous n'entendons plus les bougonnements haineux et la beauté du site console nos âmes. Nous débouchons au plancher d'une vaste salle. Nous partons en direction de la lumière et arrivons au bas d'un gouffre incliné à 45° où nous retrouvons un point topo marqué par nos collègues : nous sommes en bas de la doline d'effondrement de Hongshepan, la jonction est faite ! Nous prenons au retour les mesures du tour de la salle, oubliant de laisser un message au point topo, ce qui aurait évité à Sylvain et Bernard de refaire ce travail. Et comme il avait été décidé de tout mal faire, nous refaisons derrière Richard et Monsieur Jacques Orsola la liaison trémie-étroiture.
Moralité : "joie et bonne humeur sont les mamelles du plaisir et du travail bien fait". Nous proposons donc de baptiser la salle du fond de Hongshepan : "salle des mauvais mots" ou "le diable n'avait qu'une dent". (Jean)
NDLR : pour être juste signalons que La Rouille et Richard se sont "tartinés" la topo pendant que Cyriaque et le Bozzo continental couraient devant. Ceci explique sans doute cela, à savoir la fureur du diable roux dont le tempérament provocateur est devenu légendaire !
- Hydrogéologie : Les deux cavités sont creusées dans les calcaires à silex du Permien. Ce sont des calcaires sombres qui se présentent souvent en minces bancs entrecoupés de lits de cherts noirs. Dans Hongshepan, ces calcaires comportent aussi un banc de schistes charbonneux de 30 cm d'épaisseur. Le gouffre d'effondrement est situé sur le flanc méridional d'un synclinal de direction N50°E. Les couches plongent de 40 à 45° vers le NW. L'eau peut circuler sous terre en suivant la direction des couches, vers les points bas de l'affleurement du Permien, 6 km au SW. La doline n'est pas une perte, mais un simple regard sur la rivière souterraine. Celle-ci a un débit de basses eaux limité (5 à 10 l/s) et une section relativement modeste (5 à 20 m2) qui semblent bien faibles par rapport au bassin-versant estimé à 10 km2. Il ne s'agit peut-être que d'un affluent de la rivière principale. (Bernard)
Luoshuidong est une perte alimentée par un petit bassin-versant de quelques km2 se développant dans les terrains imperméables du Silurien et du Dévonien. Le ruisseau souterrain disparaît à l'extrémité de la grande galerie d'entrée et réapparaît dans le fond du gouffre de Hongshepan. Le petit réseau boueux de Luoshuidong qui permet d'établir la jonction avec le fond de la doline a été creusée essentiellement en condition noyée comme en témoignent les formes typiques de corrosion (parois coupolées) et les abondants dépôts argileux (varves). En hautes eaux, une partie de ce réseau s'ennoie (branches, argile humide). (Richard) - ^ -

BARBARY, Jean-Pierre; MAIRE, Richard; ZHANG, Shouyue; POMEL, Simon; COLLIGNON, Bernard; GEBAUER, Daniel; BENAVENTES, Jean; BOTTAZZI, Jean; CHEN, Shicai; FULCRAND, Serge; JIN, Yushang; MATRICON, Sylvain; ORSOLA, Jacques; REMY, Cyriaque; QI, Zhonglin; ZHANG, Dachang; SHI, Mengxiong (1995): Les cavités du comté de Xianfeng (Hubei).-
Donghe 92, karsts de Chine Centrale, Karstologia Mémoires n°6, 1995: p.72-84 (11 figures, 1 tableau, 3 photos, résumés français, anglais, allemand, chinois).
Analyse : BBS
Description et topos de 10 cavités des secteurs de Dajichang et Xianfeng dans le comté de Xianfeng dont Changdong (2560 m, -29/ +92 m); Dishuidong (2239 m, -232/ +1 m); Hongshepan/ Luoshuidong (1998 m, -66/ +192 m). (FB).

7530 caractères - Lu 154 Fois




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