dong Hongmingdong - 轰鸣洞

Hongmingdong (80)
Hongmingdong a été découverte un jour de grand froid. Le courant d’air expulsé à travers la fissure d’entrée était si puissant qu’on l’entendait ronfler depuis la piste. Les autochtones n’ayant aucun nom pour cet endroit, nous l’avons nommé Hongmingdong, la grotte du grondement.
La probabilité que Hongmingdong présente des connexions pénétrables avec le réseau de Shuanghe est importante. C’est, parmi toutes celle que nous avons exploré en Chine, la cavité qui s’est avérée la plus vorace en termes de rapport effort/découverte à cause d’une trémie et de la boue dans les puits.
Hongmingdong est actuellement la troisième cavité la plus profonde du massif - 424 m -, derrière le réseau de Shuanghedong -665m- et le réseau Bojiyan-Huoyanping-Lantianbadong-424m- en cours d’exploration dans la zone de Zhaizishan.
Accès : prendre la piste en direction de Dawan. Après l’école, prendre à gauche et aux deux carrefours suivant, continuer sur la piste de gauche. On longe ainsi par les hauteurs l’un des canyons arrivant dans le tiankeng de Longtanzi. Près de 3 km après l’école, la piste se met à redescendre à un point bas. On est à un petit col entre deux dolines. On peut se garer un peu plus loin, au carrefour suivant, ou bien continuer sur la piste de droite pour encore 150m environ, mais il faut un bon 4x4 car c’est glissant. Hongmingdong se trouve à 15 m de la piste, au pied d’une petite barre rocheuse sur la gauche.
La zone d’entrée
L’entrée a été désobstruée -on ne passait pas la main par la fissure d’origine - et le sommet du P3 suivant également. Après un R2, on descend un P11. À la base de ce dernier, on voit remarque l’arrivée d’un petit boyau. Il mène au sommet d’une salle. On ne passe pas par là. Le P11 est immédiatement suivit d’un P5 et on arrive sur le bord d’une galerie de 6 m de haut par 2 m de large. À gauche, on remonte vers des trémies. Un boyau permet de retrouver le sommet de la salle précédemment citée, on ne passe pas par là non plus. À droite, On descend vers une coulée de calcite perforée d’un petit puits avec un actif au fond. On peut soit descendre en opposition et prendre à droite les réseaux qui remontent, soit descendre un R5 sur la gauche pour les réseaux qui s’enfoncent.
Les réseaux qui remontent
Après une courte galerie concrétionnée, on débouche par sa base à la salle au plafond de laquelle arrivent les boyaux précédemment cités. Cette salle est aussi l’arrivée de deux petits actifs amonts s’écoulant sur une strate 15 m plus haut. Sur la droite, on a un petit aval. C’est un méandre étroit. L’eau va se perdre dans une fissure, le méandre rejoint par un delta la galerie principale plus loin, il présente un affluent venant également d’un trou au milieu du début la galerie. En haut de la salle, le chaos de strates effondrées se prolonge vers l’est. On peut avancer ainsi de 50 m par des montées et descentes dans cet étage supérieur. À droite, au-dessus de l’actif, la galerie offre aussi une montée vers l’étage supérieur, mais le plus important est un conduit qui rompt un court instant avec cette ambiance de trémie généralisée. On retrouve l’arrivée du méandre. Une dizaine de mètres plus loin, alors qu’on a perdu de la largeur, on trouve un soupirail au sol et à gauche. Si on continue tout droit sur 40m, on arrive à un terminus colmaté. Par le soupirail, on descend, on contourne un ressaut en vire et on descend encore. On suit encore 30-40m de galerie avec les parois portant des marques d’érosion, puis on arrive à la trémie terminale.
Les réseaux qui s’enfoncent
La descente du R5 sur la coulée de calcite côté gauche demanderait une corde, la désescalade est facile, mais exposée. Après une petite salle, un méandre débute par un R3. L’actif arrive au pied de ce ressaut. Une fracture perpendiculaire n’a pas été explorée. On a encore un R2, puis la rivière quitte le conduit principal pour des laminoirs arrêtés sur un P25 non descendu. Si on continue le conduit principal, on passe au-dessus d’un suçoir par une vire qui s’écroule un peu plus à chaque passage. Juste après se trouvent les morceaux d’un squelette de panda. La galerie marque un coude avec, dans son prolongement, au-dessus d’une escalade, un boyau qui va en se rétrécissant. Si on évite d’y monter, on descend vers un P13 dont le fond est entièrement occupé par un lac profond. Il faut donc descendre en pendulant. On prend pied dans une fracture orientée 60° nord. Elle bute sur une trémie que l’on franchit en cherchant à rester le plus bas possible. On découvre ainsi une petite salle et un peu plus loin, un puits sur fracture, estimé tout d’abord à 40 m. [Jean Bottazzi]
Ce P40 est légèrement incliné et l’équipement a nécessité la pose de plusieurs fractionnements. On progresse ensuite facilement dans une petite galerie confortable où commence à circuler un petit actif. On arrive rapidement à un P20 arrosé. L’équipement en rive gauche, permet de descendre les 10 premiers mètres au sec jusqu’à un fractionnement pendulaire, grâce auquel, en plus de se décaler de la cascatelle, nous arrivons directement au sommet d’un P50. À partir de ce point, le volume augmente notablement. Le P50 est équipé en rive droite et la descente se réalise totalement au sec. Un grand méandre entrecoupé de cascatelles qui se descend en varappe peut ensuite être suivi sur une trentaine de mètres, jusqu’à surplomber une nouvelle verticale importante et arrosée, c’est le P220. Quelques petites arrivées supplémentaires d’eau dans le P50 ont quelque peu augmenté le débit qui reste malgré tout encore peu important. Au bas du P50, dans la direction de la fracture, un gros vide suspendu était visible en hauteur. Une escalade facile de 10 m a été réalisée pour arriver sur un gros palier surplombant un puits énorme en hauteur comme en diamètre. Les pierres que l’on y jette tombent plusieurs secondes avant de renvoyer le bruit sourd de leur impact. La longueur de la fracture réunissant le P50 et ce puits sous-jacent a été mesurée à 60 m. Depuis ce palier, on entend cascader l’actif auquel s’additionne de nouvelles petites arrivées issues des plafonds insondables. C’est le puits badaboum, nom inspiré par le vacarme du plus gros des rochers qu’on y a fait tomber. [Bruno Hugon]
Le P220
Équipé en étiage, le P220 a été descendu sans se mouiller. Ce n’est qu’après une trentaine de mètres et quelques premiers fractionnements que l’on se rend compte dans quoi on est suspendu. C’est une grande fracture qui se prolonge à perte de vue à l’est, mais est fermée à l’ouest. La largeur excède rarement 10 m et l’inclinaison moyenne - environ 80° - font que l’on n’a jamais de difficulté à fractionner, encore que la roche ne soit pas toujours excellente. Il y a à 180 m du départ un fort élargissement suivit d’un rétrécissement conséquent, ce qui a permis de se décaler de 25m vers l’est, après quoi il n’est plus possible d’avancer et il faut poursuivre la descente. En bas de ce puits, on patauge dans une maigre rivière coulant sur des cailloutis et formant quelques biefs, jamais très profonds et toujours franchissables sans se mouiller.
Ce filet d’eau vient de l’est, mais une trémie de gros blocs aux angles arrondis rend toute progression impossible à cette hauteur. L’argile rendrait dangereuses d’éventuelles tentatives d’escalade. La suite espérée n’est raisonnablement pas accessible à ce niveau. D’après nos reports topographiques, il semble que nous soyons sous le puits badaboum. Reprendre son exploration depuis le haut serait donc une bonne option. Le courant d’air en été provient de l’ouest. Par un petit enchaînement de verticales alternant descentes et montées, on passe une chicane qui nous fait accéder à une galerie. À ce niveau, on remarque en face du ressaut par lequel on est arrivé une galerie perchée en haut d’un ressaut de 8 m et dont le plafond, bien propre, bien blanc et présentant des vagues d’érosions évoque un actif temporaire important. Malheureusement, un siphon limite l’exploration. Lors d’une exploration en petite crue, une cascade d’environ 10 l/s tombait de ce ressaut. La galerie continue vers l’ouest, ce qui, en raison du pendage, n’est pas une direction habituelle pour un aval important sur ce massif. Une bifurcation vient restaurer cette logique : ce drain tourne vers le sud. Hélas, encore une fois, un siphon empêche de l’explorer. Le courant d’air d’amont provient toujours de l’ouest. On se hisse dans un surcreusement abondamment couvert de boue semi-liquide. En haut, la galerie continue, encore un peu. Il a fallu équiper des main-courantes sur près de 50m pour franchir des suçoirs et ressauts boueux. On arrive finalement au pied d’une escalade propre haute de quelques mètres. Il semble qu’au-dessus il y ait d’autres crans de montée. Il est possible qu’une branche de Shuanghedong arrive par ici, en effet, la topographie indique un aval fossile qui n’est qu’à 125 m de distance et plus haut de 28 m. C’est un des points les plus inaccessibles du réseau, cependant, on y parvient sans se couvrir de boue.
Le puits badaboum
Le puits badaboum a été exploré après l’écriture des lignes précédentes, mais en reprenant l’équipement depuis le P40 vers la base duquel une lucarne mène par un confortable méandre à une grande fracture qui permet d’équiper sans la contrainte des crues éventuelles. On arrive directement sur le gros palier qui n’est qu’un fractionnement de plus dans la descente qui, au total, représente une descente de 305 m ! Heureusement, Les strates permettent de fréquents fractionnements et le gros palier- à -65 - ainsi que le palier pas sec - à -140 - offrent de confortables aires de repos. Le palier pas sec est le seul endroit où l’on reçoit quelques gouttes puisqu’on doit traverser sous une cascade pour atteindre la suite. Mais à la montée, cet actif est une bénédiction parce qu’il permet de nettoyer un peu le matériel et rendre sa fonctionnalité au bloqueur de pied. En effet, la suite est moins réjouissante puisque de pendule en pendule on passe à -180 derrière un petit palier à partir duquel les parois sont recouvertes d’argile semi-liquide. La volonté de se décaler le plus possible a poussé à une logique d’équipement peu commode, avec le franchissement d’une sorte d’arche en paroi. Mais ces efforts étaient nécessaires, car à 20m du fond, on arrive à accrocher une continuation à tendance horizontale. Il faut tout d’abord passer une vire, remonter une pente argileuse, redescendre de l’autre côté sans se laisser glisser jusque vers un puits, mais remonter encore pour, au plus loin, prendre enfin pied en bas d’un petit P5. On suit alors la grande fracture en marchant. L’argile recouvre tout, ce qui est sans doute dû aux embruns de crue des cascades. Après un point haut, on descend sur la droite et - par un R4, sur un énorme bloc- on touche enfin le niveau de l’actif. On est bien derrière la trémie qui nous avait bloqué en bas du P220.
Hélas, il ne s’agit pas de courir dans les galeries en direction de Shuanghedong. La direction, certes, est la bonne et en remontant le chaos des gros blocs occupant le fond de fracture, on sent un franc courant d’air, ce qui est de bon augure dans un tel volume. Mais on arrive encore à un P10 suivi d’un P5, qui ne sont que des ressauts provoqués par l’accumulation de gros rochers en fond de fracture. On avance encore un peu et nos ardeurs sont définitivement refroidies par une cascade tombant d’une hauteur inconnue, faute de recul pour voir ce qui se passe. [Jean Bottazzi]

AUT. VAR (2019)
Jean BOTTAZZI, Éric SANSON, Bruno HUGON, Olivier TESTA, Alain MAURICE, Marc GUICHOT, Florence GUILLOT, Cécile PACAUT, Marc FAVERJON, Marc TREMBLAY, Amandine LABORDE, Nicolas FAURE, Emmanuel VITTE, Jessica MORIN-BUOTE, Éric DAVID, Éric LECUYER, Éric MADELAINE, Gilles CONNES.
Topographes
Jean BOTTAZZI, Éric SANSON, Bruno HUGON, Nicolas FAURE, Olivier TESTA, Barnabé FOURGOUS, Pascal ORCHAMPT, Emmanuel VITTE, Éric DAVID, Marc TREMBLAY, Florence GUILLOT, Fabien MULLET, Marc FAVERJON, Charles BUTIN, Cécile PACAUT, Alain MAURICE, Gilles CONNES, Jes- sica MORIN-BUOTE, Michel ISNARD, Jean-Pierre BARBARY, Patrick LETOURNEL, Marc SÉCLIER, Marc GUICHOT, Vivien MOINAT, Éric MADELAINE, Silvia ARRICA, Silvère PASTUREAU, LIZIXIN, Éric LECUYER, Thierry MONGÈS, Amandine LABORDE, Daniel BETZ, Olivier JÄRMANN, Christian DELAIRE.
Coordination, rédaction, synthèse topographique et composition :
Jean BOTTAZZI
Spelunca Mémoires n° 39 (2019)
Voyages en terre chinoise tome 5. Expéditions spéléologiques franco-chinoises 2011-2019 dans les grottes de Suiyang Shuanghedong

Analyse : gkc-JPB

11994 caractères - Lu 8 Fois


A l’issue des explorations de 2018, de guerre lasse Hongmingdong était en attente de déséquipement. Début 2020, muni de sacs bien vides mais tout de même d’un petit perfo et quelques pulses, une dernière carte a été jouée : les lucarnes du P50. Ce dernier est d’ailleurs requalifié P60 puisqu’on y accède désormais par un méandre fossile depuis une lucarne du P40 qui permet de déboucher bien au sommet du puits. Il ne mesure que 25 m de long et 2 à 3 m de large à ce niveau. Une courte traversée permet de retrouver un bout de méandre perché, qui a permit d’en inspecter toute la longueur. La descente du P60 est fractionnée sur une douzaine de mètres, puis, 25 m plus bas, on peut atteindre par un sérieux pendule pas laquelle arrive la rivière de l’ancien itinéraire. Cette manoeuvre a permit d’explorer un ensemble de galeries basses. Elles rejoignent une trémie par laquelle arrive un petit actif. L’aval a été suivit. de ressauts en ressauts il rejoint la base du P60 par un puits. Toutes les lucarnes amont on ainsi été inspectées. Coté aval, à la même hauteur que précédemment, un boyau terreux part du côté aval. Il s’achève sur un colmatage. Une courte désobstruction pourrait permettre de continuer, mais il n’y a pas de courant d’air. Toujours à la même hauteur, donc à 37 m du sommet du P60, en avançant en vire, on peut se décaler au-dessus du puits badaboum et par une verticale de 16 m prendre pied dans la plus importante des lucarnes. On traverse une salle, puis on trouve un méandre fossile de dont la section varie de 1x15 m à 2x25 m. Le courant d’air est sensible et à déformé les impacts de gouttes dans les sédiments. On peut voir un squelette de la taille d’un caniche. Le sol est très argileux. On descend ainsi jusqu’à une succession de deux puits de 8 m, puis un P21 avec à sa base une salle percée d'un P42.
On peux avancer horizontalement sur un sol calcite. On rencontre un ressaut au-dessus duquel il faut avancer en opposition large pour poursuivre dans une fracture glissante jusqu'à un P10. On quitte alors la fracture. Par une galerie présentant deux ressauts évoquant d'anciennes marmites, on retrouve une fracture inconfortable qui descend finalement dans un gros puits sondé à 90 m par jet de pierre. Nous sommes à l'aplomb d'une partie connue de la cavité, mais 150 m plus haut.
Le sommet du P42 présente une lucarne qui a été atteinte par pendules successifs. La galerie ainsi découverte rejoint une fracture qui arrive en lucarne dans le puits badaboum. Une escalade dans des concrétions a permit d'identifier un zone remontante, arrêtée sur une escalade de 17 m et dont le courant d'air suggère une connexion avec une entrée haute.
Le P42 s'enchaîne immédiatement avec un P24, puis avec un P21 sur fracture. A sa base, la meilleure option est d'équiper le P12 qui fait suite et de suivre les petites galeries jusqu'au P25 final. Une alternative, si on a pas de corde pour le P12, ce qui était le cas lors de l'exploration, consiste à grimper au-dessus du P12 et retrouver les mêmes galeries par des passages moins directs incluant un R4 et un R7. Le R8 que l'on trouve à coté du P12 ne donne que sur une étroiture.
Le P25 final est proche du terminus aval de la cavité situé 50 m plus bas. Il présente une lucarne vers un puits plus volumineux qui pourrait être en connexion direct avec ce terminus et l'eau qu'on entend tomber pourrait être la cascade terminale qui n'est plus très loin. Il existe une petite chance pour que le petit actif que l'on devine à la base du P25 s'écoule dans une fracture parallèle. Ou encore que par la lucarne on puisse avancer jusqu'à la cascade et franchir ainsi le terminus de la cavité sans avoir à faire trop d'escalade artificielle.
Hongmingdong continue donc à nous tenir en haleine. Cependant, le déséquipement total a été décidé.
Une ultime escalade au-dessus du panda a donné un court étage supérieur qui n’a pas permis d’élucider l’énigme de la présence de l’animal. [Jean Bottazzi]



Analyse :

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