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Donghe 92 Sommaire

Chapitre 2 : Les cavités du comté de Hefeng (Hubei)

L'équipe

Résumé - Abstract - Zusammenfassung :Le comté montagneux de Hefeng est situé dans l'angle SW du Hubei, à côté de celui de Wufeng. Il culmine à 2 326 m. Il s'agit d'une région plissée, SW-NE, armée par les calcaires du Permien et du Trias. Le paysage karstique est de type qiufeng-ouvala, avec poljés et canyons. Le climat subtropical humide (P = 1 737 mm/an et T = 15,5°C à Hefeng, alt. 520 m) présente une amplitude pluviométrique marquée entre l'hiver et l'été (janvier / 27 mm, juillet / 314 mm). Durant l'expédition de 1989, nous avions topographié sept cavités totalisant 3,3 km. En 1992, nous en avons exploré 30 autres et le développement cumulé de ces cavités représente 30 km. Ces grottes sont réparties sur trois systèmes hydrogéologiques. Les deux premiers (Yanziping et Taiping) sont alignés sur le synclinal de Hefeng et sont situés de part et d'autre de la rivière Loushuihe. Le système de Yanziping, au NE, est alimenté par des pertes dont les eaux résurgent probablement à la grotte-émergence de Wanrendong. Au SW, le système de Taiping draine un grand poljé (grotte-ponor de Cedong). Située au fond de la vallée de la Loushuihe, la grotte-émergence de Yinquandong (1,3 km), exutoire du système, est un bon exemple de delta souterrain à niveaux étagés. Le dernier système (Shuishanping) est situé dans un monoclinal de calcaires du Trias, entouré de terrains imperméables.

Mots-clés : calcaire, Permien, Trias, qiufeng, ouvala, poljé, ponor, delta souterrain, grottes étagées, résurgence, canyon, climat, système hydrogéologique, Hefeng, Hubei.



Introduction

Cette région de montagne du Sud du Hubei présente un potentiel exceptionnel en grottes et en pertes karstiques, combinant la grandeur des paysages souterrains des grottes-tunnels du Guizhou et l'esthétique sauvage des gouffres-pertes d'altitude où l'ambiance alpine est rehaussée par des rivières souterraines parfois difficiles et des escalades délicates au-dessus de marmites géantes. En somme, il y en a pour tous les goûts ! Ainsi, en 20 jours, nous avons exploré 21 cavités qui représentent 26,5 km de galeries topographiées. Les marches d'approche, qui dépassent rarement une heure, se font dans des paysages superbes à cônes, vallées sèches, ouvalas et poljés. La population est toujours aussi curieuse à notre égard et très attentionnée. Un pays de rêve où paysages karstiques et aménagement rural ne font qu'un et dans lequel nous nous sentons en harmonie. Plusieurs fois des enfants et de jeunes adultes nous accompagnent, parfois fort loin sous terre comme à Donghe : c'est là, une fois de plus, que nous constatons la grande aisance de ces montagnards chinois qui sont des spéléologues nés (et leur capacité de se déplacer dans l'obscurité) : une leçon pour les spéléos occidentaux que nous sommes ! - ^ -
LE COMTE DE HEFENG EN QUELQUES CHIFFRES
Capitale = Hefeng (alt. 520 m)
Superficie = 2 892 km2
Culmen = 2 326 m
Précipitations = 1 600 à 2 000 mm/an (1 687 mm à Hefeng)
Température = 16°C (Moyenne annuelle à Hefeng)
Population = 205 800 hab.
Nationalités dominantes = Tujia et Miao (53 %)
Densité = 71 hab/km2
Forêt = 69,5 % de la superficie du comté
Agriculture = Tabac, thé, bois, maïs, blé, patate,riz, plantes médicinales

- Présentation géographique : Le comté de Hefeng (2 892 km2) est une région calcaire très montagneuse faisant partie des chaînes occidentales de la province du Hubei, qui forment la limite entre le bassin moyen et le bassin inférieur du Yangtse. Situé largement à l'intérieur des terres et à 29° de latitude nord, ce pays est soumis à un climat subtropical de montagne à saisons contrastées. Les précipitations atteignent 1 600 à 2 000 mm/an dont 77 % sont concentrés entre avril et septembre. L'humidité relative est élevée (71 à 89 %), même durant la "saison sèche" hivernale. Les températures moyennes ne sont pas élevées à cause de l'altitude et de l'influence continentale, et les jours de gel sont nombreux en hiver. La température moyenne annuelle est seulement de 16°C dans la ville de Hefeng qui est le point le plus bas de la région (520 m).
En raison de ses qualités de zone refuge, la région montagneuse de Hefeng est occupée depuis longtemps par les minorités Tujia et Miao qui représentent aujourd'hui 53 % de la population du comté. Sur un total de 205 800 habitants, moins de 10 % habitent Hefeng (18 000 habitants), l'unique ville du comté. La population rurale occupent les poljés de montagne (villages) et l'ensemble de la montagne sous forme de fermes isolées ou de groupes de fermes. La densité (71 hab./km2) est loin d'atteindre celle que l'on trouve dans certain comté de la province du Guizhou, par exemple le comté de Zhijin avec ses 265 hab./km2. En raison des reliefs escarpés, les terres fertiles se limitant aux fonds des dépressions et aux versants développés dans les couches rouges triasiques. Les plaines alluviales sont très étroites et les terres irriguées pour le riz sont faibles. Les poljés sont totalement utilisés pour la culture du tabac (6 400 tonnes en 1991), du thé (3 200 tonnes en 1991), du riz, du blé et des légumes. Le thé est cultivé également sur les versants raides (jusqu'à 50°) et la culture du maïs s'étend chaque années davantage sur les pentes rocheuses jusqu'au moindre recoin de lapiaz.- ^ -

- Présentation géologique : La région de Hefeng est située sur la paraplate-forme du Yangtse, vaste unité géotectonique qui couvre la plus grande partie de la Chine centrale. Dans cette zone du Hubei occidental, les structures sont caractérisées par de vastes anticlinaux coffrés où affleure le Cambrien et d'étroit synclinaux dont le coeur est constitué par les calcaires et les argilites rouges du Trias. Les axes des plis ont presque toujours une direction comprise entre 40 et 80° E. Nous avons concentré nos efforts sur le vaste synclinal de Taiping-Yanziping qui détient un nombre important de cavités. De direction N50°E, celui-ci mesure 15 km de large et 50 km de long, avec un pendage axial de 10° SW. Ce synclinal, relativement étroit par rapport aux grands anticlinaux coffrés, présente des flancs très redressés. La série calcaire du Trias accuse une puissance de 1 400 m dans le coeur du synclinal et la base de l'aquifère du Trias est située au contact des schistes du Permien supérieur. La totalité de la colonne sédimentaire est très épaisse : 8 000 m du Cambrien au Trias. Les principales roches carbonatées se situent dans le Cambrien supérieur et l'Ordovicien (1 500 m), le Permien inférieur (400 m) et le Trias inférieur (1 400 m). Les cavités étudiées se développent dans le Trias qui est représenté par des calcaires sombres en bancs épais dans la partie inférieure et en bancs fins argileux dans la partie supérieure.- ^ -

- Présentation spéléologique : Les cavités explorées sont situées dans trois zones distinctes du synclinal de Hefeng correspondant à trois systèmes karstiques différents : le système de Yanziping à l'ENE, le système du poljé de Taiping à l'extrémité SW du synclinal et le système de Shuishanping au nord de Hefeng. Nous avons concentré nos efforts sur le système de Yanziping où l'ébauche d'un énorme réseau souterrain commence à se dessiner avec notamment deux cavités majeures : le réseau de Zhaidong (8 400 m, - 552 m) et Donghe Hefeng (6 692 m, ± 366 m. En fin de séjour l'exploration d'une perte d'altitude, Datiankeng (1 464 m, - 333 m) - arrêt sur rien et déséquipement à la montre - nous a laissé entrevoir, tous près de la ville, une autre partie du synclinal aux nombreuses possibilités. - ^ -

I. Le système de Yanziping

Ce système se développe dans la partie NE du synclinal et comprend une série de petits poljés qui s'étage en altitude et collecte les écoulements de crue au travers de vastes grottes-tunnels comme Donghe. En saison sèche, l'eau circule dans des réseaux de diaclases beaucoup plus profonds et d'origine plus récente ; l'un de ces réseaux, Zhaidong, constitue la plus profonde cavité connue en Chine. L'évolution des réseaux a été déterminée par la surrection de toute la région au Néogène et l'enfoncement rapide du niveau de base régional qui s'en est suivi. Ce niveau est constitué par une vallée transversale au synclinal. Les cavités sont décrites ci-dessous de l'extrême amont vers l'aval symbolisé par la principale résurgence connue du système (Wanrendong) qui s'ouvre dans un profond canyon, lequel rejoint rapidement en rive gauche la Loushuihe tout près de Hefeng.- ^ -

A. SHENSHUIDONG
"La Résurgence du poljé de Zhongmi" (He92/22)
Alt. 1 200 m Dév. 143 m Dén. + 3 m
La résurgence s'ouvre à l'extrémité nord du poljé de Zhongmi, au bout d'une petite reculée. Le porche d'entrée, de 9 m de large et 3 m de haut, donne dans un lac de 40 m de long qu'il faut passer en canot. En amont du lac, le réseau se compose de plusieurs diaclases verticales de 1 m de large dont le fond est occupé par l'eau. Au milieu du lac, un petit affluent arrive de l'est en cascadant par une fissure. Un courant d'air aspirant est sensible dans tout le réseau. D'après les paysans, cette grotte serait reliée à la rivière souterraine de Yantazhixiandong située de l'autre côté du poljé. Nous sommes rapidement arrêtés dans trois branches sur des laisses d'eau profondes. La suite n'est pas difficile, mais nous sommes littéralement congelés par l'argile glacée et nous jurons de ne pas y retourner avant l'été ! A l'est du porche, se trouvent deux grottes sèches sans aucun intérêt (Wushuixiandong). (Bernard et Sylvain). - ^ -

B. YANTAZHIXIANDONG
"La rivière de Zhongmi" (He92/21)
Alt. 1 200 m Dév. 602 m Dén. 23 m
Les deux entrées, distantes de 100 m, se situent au pied du flanc SE du poljé de Zhongmi, à une heure et quart de marche de Yanziping par un bon sentier. La première est située à quelques mètres du chemin, à droite des ponors. La seconde est un peu plus loin, avant les maisons. Les deux conduits d'accès sont des diaclases verticales descendant sur quelques mètres et donnant accès rapidement à la rivière. Celle-ci coule sur des galets plats, dans une galerie confortable (8 m x 5 m) et bien ventilée (vers l'amont). La galerie de la rivière est parfois doublée par un passage semi-actif, situé plus haut en rive droite, qui constitue probablement l'ancien cours de la rivière. Nous butons à l'amont et à l'aval sur des plans d'eau où les pontonnières ne suffisent plus. Du côté aval, ce bassin est peut être évitable par la galerie supérieure qui conduit à une grande trémie où se perd à la fois l'eau de la rivière souterraine et celle du poljé. A l'ouest de la trémie un puits de 10 m joliment sculpté par l'eau ramène à la rivière qui coule dans une galerie de 3 m de large. Nous sommes arrêtés dans ce tronçon par la violence du courant (crue).
- Hydrogéologie : Cette rivière souterraine draine le poljé de Zhongmi. Située sur le flanc méridional du synclinal de Yanziping, la grotte est creusée dans les calcaires en plaquettes du Trias inférieur qui ont plus de 500 m d'épaisseur. Ces calcaires sont légèrement argileux. Le poljé de Zhongmi fait partie du chapelet de poljés qui jalonnent ce synclinal. Il est situé près de 100 m en contrebas de celui de Qinghu qui n'est pourtant distant que de 1 km. En tant normal le poljé de Qinghu est drainé vers le nord, en haute eaux il déborde au sud vers le chapelet de poljé de Yanziping
En basses eaux, le principal écoulement passe par la rivière souterraine de Yantazhixiandong. La résurgence située en amont du poljé ne débite que 2 l/s en décembre 92, eau qui se perd au fond du lit de la rivière traversant le poljé. En petite crue, le débit de la résurgence augmente fortement et rapidement : de 2 à 1 000 l/s quelques heures après une pluie de 16 mm le 26/12/92. L'eau s'engouffre alors dans une perte située au pied de l'entrée méridionale de Yantazhixiandong. En forte crue, le niveau doit monter encore de 2 m pour que l'eau se jette dans la perte de Chushuidong, située dans la partie SW du poljé. Par contre, le débit de la rivière souterraine augmente relativement peu - il est passé de 30 à 60 l/s lors de la crue du 26/12/92 et les mises en charge ne semblent pas dépasser 2 m - ce qui signifie que cette galerie reste en grande partie exondée, même quand le poljé est partiellement inondé.
Ce poljé a donc un fonctionnement hydrologique très particulier : un drain superficiel qui réagit très rapidement aux crues ; il est probablement alimenté par le poljé supérieur du système et une rivière souterraine qui draine un aquifère de fissures réagissant lentement aux précipitations. Comme à Chushuidong et à Mishuidong, le drain pérenne est situé plus bas et au SE du drain temporaire (ou fossile). L'ensemble des réseaux a donc tendance à se déplacer progressivement vers le SE du synclinal. C'est d'autant plus curieux que le fond du synclinal se situe au NW de toutes ces cavités et que les strates auraient pu guider le creusement dans ce sens. (Bernard et Sylvain).- ^ -

C. CHUSHUIDONG
"La grotte-résurgence" (He92/11)
Long. 110° 14,6' E Lat. 29° 58,2' Alt. 1 180 m
Dév. 2 940 m Dén. 57 m (- 3, + 54)
Il s'agit d'une grotte-tunnel semi-active faisant la jonction entre le poljé amont de Zhongmi et le poljé aval de Datangmi. Le porche amont abrite de vieilles habitations aujourd'hui désaffectées et qui ne servent plus que d'enclos à buffles et de zones de séchage pour les fanes de maïs. La galerie d'entrée, d'abord de modestes dimensions (15 m x 5 m), va en s'agrandissant pour atteindre 55 m à son endroit le plus large. Là, un premier départ sur la droite, la galerie des Hongboahua, est topographiée sur 220 m et continue : elle semble se diriger vers un petit bassin fermé situé à l'ouest du poljé de Zhongmi. 50 m plus loin nous explorons deux galeries sur la gauche ; si la première ne présente que peu d'intérêt, la seconde pourrait conduire à la rivière souterraine. La galerie principale se dirige vers le SW sur 250 m pour arriver a un nouveau croisement : à droite le réseau de l'Ouragan, à gauche la galerie principale.
Le réseau de l'Ouragan débute par une galerie de 20 m de large et autant de haut, qui se dirige droit vers l'ouest. Elle est ornée de grosses stalactites aux formes étranges. Au bout de 80 m, une grosse coulée stalagmitique semble être le terminus de cette branche, mais un fort ronflement attire notre attention : le courant d'air s'engouffre dans un rétrécissement entre coulée et paroi dans lequel nous nous glissons avec hâte, puis nous redescendons l'autre côté de la coulée pour aboutir dans une galerie spacieuse d'orientation NE-SW. Le sol est occupé par un puissant remplissage d'argile entaillé par des chenaux dont certains atteignent 3 m de profondeur. Plus loin, nous suivons le courant d'air dans une galerie perpendiculaire ; celui-ci remonte à la surface par un puits de 25 m dont le fond est encombré de troncs d'arbres et de branches. En revenant, nous remarquons que les épais remplissages renferme de multiples lits de charbons de bois ainsi que des tessons de poteries, témoignant ainsi de périodes de brûlis anthropiques et d'érosion des sols au cours des derniers siècles et millénaires. Après avoir franchi la zone de décantation, nous remontons une conduite forcée de 2 m de diamètre dont le fond est occupé par de nombreuses marmites. Nous nous arrêtons sur une marmite profonde : en face, la galerie continue et semble se diriger vers le petit poljé situé à l'ouest de celui de Zhongmi.
Revenons au croisement avec la galerie principale ; celle-ci change complètement de direction et de forme au contact avec une grande fracture orientée NW-SE qui est également visible dans la galerie de l'Ouragan. Nous progressons maintenant vers le SE dans une galerie haute de 40 m et large de 2 m. Dans cette portion un puits de surface d'une quarantaine de mètres crève le plafond en distillant quelques rayons de lumière. Ensuite la galerie reprend la même direction que les couches pour se diriger vers le SW jusqu'au magnifique porche aval(25 m x 20 m). Toute la partie d'entrée est doublée en rive gauche par un labyrinthe de diaclases qui mènent toutes à un grand plan d'eau calme que nous n'avons pas exploré. La rivière souterraine, invisible dans la grotte, résurge au niveau du porche d'entrée par un passage noyé. Au-dessus, l'un de nous grimpe jusqu'à un petit porche : il donne accès à la rivière souterraine par un puits d'une quinzaine de mètres non descendu. Cette résurgence est sans doute en relation avec la rivière souterraine de Zhongmi (Yantazhixiandong) qui n'a pas été terminée (supra). (Jean-Pierre) - ^ -

D. HULIDONG
"Grotte du renard" (He92/13)
Dév. 110 m   Dén. 5 m (- 4, + 1)
150 m environ après la résurgence de Chushuidong, en rive droite de la rivière, le petit lit d'un ruisseau à sec mène au porche d'entrée. Il s'agit d'une cavité de petites dimensions servant d'exutoire en période de pluie. Elle est constituée par un réseau de galeries soit sur fracture soit dans les joints de strates presque verticaux dans cette zone. Il y a peu d'espoir de continuation évidente. Une petite circulation d'eau est visible mais disparaît rapidement dans le fond de la "galerie principale". Ce jour la nous étions accompagnés par un paysan, Chen, Miss et un journaliste du West Hubei Dayli qui pensait sans doute que nous allions aller d'abord dans les grandes galeries de Chushuidong et bien non !! Sympa il nous a suivi en mettant minable son costume cravate dans ce petit trou bien boueux. De quoi faire un article vivant ! (Jean Pierre) - ^ -

E. MISHUIDONG
"La perte" (He92/12)
Long. 110° 14',2 E Lat. 29° 58,2' N Alt. 1 175 m
Dév. 1 784 m   Dén. 74 m (- 43, + 31)
La grotte de Mishuidong s'ouvre à l'extrémité méridionale du poljé de Datangmi et constitue la perte principale. On y accède en trois quarts d'heure de marche par un bon sentier qui remonte une vallée sèche à partir de Yanziping. Quelle belle galerie ! L'eau ruisselle avec un bruit cristallin sur des lits de petits galets et les reflets de la lumière du jour se voient jusqu'à 200 m de l'entrée. Malheureusement, la rivière siphonne assez rapidement et il faut alors la shunter par une série de conduits fossiles ou secs en saison hivernale. Plus on s'enfonce dans le réseau, plus il prend des allures "alpines". L'eau cascade et il faut éviter quelques marmites. Cela devient franchement impressionnant avec une cascade de 2 m que l'on passe entre flotte et rocher. Plus bas, l'eau se jette dans un puits de 7 m que l'on peut éviter en suivant un jeu de diaclases (opposition un peu "hard"). La suite est du même "tonneau", et un tonneau serait d'ailleurs fort utile pour franchir le bassin sur lequel nous nous sommes arrêtés.
Au nord de l'entrée active, 30 m au-dessus du fond du poljé, s'ouvre un magnifique porche de 40 m x 20 m : c'est le réseau des Lacs. Il communique avec la galerie active par un large conduit encombré d'argile qui doit être une ancienne perte du poljé. Vers le nord, il donne sur un long conduit fossile (il pourrait s'agir également d'une ancienne perte). La progression est bloquée au bout de 100 m par un lac. A partir de là, on doit progresser à la nage ou en bateau dans de larges bassins d'eau claire, certains embarquements sont assez hasardeux. Cette partie de la cavité est parcourue par un fort courant d'air aspirant, ça continue mais le froid nous arrête... L'équipement individuel idéal est la néoprène pour le réseau nord (lacs) et la pontonnière pour le réseau sud. Dans ce dernier réseau, quelques escalades dans les diaclases méritent un équipement en cordes fixes.
- Hydrogéologie : La grotte est creusée dans les calcaires en plaquettes du Trias inférieur. Elle est située sur le flanc méridional du synclinal de Yanziping. La plupart des galeries les plus larges ont un plafond constitué par une strate un peu plus massive que les autres (pendage de 40 à 50° vers le NW). Mishuidong draine le poljé de Datangmi. Celui-ci fait partie d'un chapelet de poljés étagés entre 1 300 et 1 150 m d'altitude, entre Qinghu et Yanziping. Ils sont alignés parallèlement à l'axe du synclinal, sur sa partie méridionale (pendages vers le NW). Le porche inférieur absorbe aussi bien l'écoulement de basses eaux (de l'ordre de 100 l/s en décembre 92) que les crues. Nous avons assisté à une crue de l'ordre de 1 000 l/s après une pluie de 16 mm en décembre 1992. Après les orages de mousson, en été, les crues doivent atteindre plusieurs dizaines de m3/s. La perte se met alors en charge, ainsi que toutes les galeries principales. Il ne ferait pas bon traîner dans le trou à cette époque. Selon les paysans, certaines crues importantes inondent le poljé sur plus de 20 m de haut, ce qui doit occasionner pas mal de dégâts aux cultures et contribuer à l'érosion des terres. Toutes les fermes sont ainsi situées 25 m au-dessus de l'altitude de la perte.
Le porche supérieur correspond vraisemblablement à une perte ancienne du poljé, quand le fond de celui-ci se situait 30 m plus haut. Elle est actuellement totalement inactive. Dans la galerie rejoignant la rivière, un petit affluent en rive gauche draine un petit aquifère situé dans le remplissage du poljé. Le réseau nord ne semble plus être parcouru par une rivière. Il se remplit simplement d'eau en saison des pluies et ne doit se vidanger que très lentement, car son fond est colmaté par des sédiments argileux décantés. Il est probable que la perte actuelle soit une capture de l'écoulement qui passait auparavant par le porche supérieur. Cela a provoqué une reprise d'érosion généralisée dans les sédiments du fond du poljé. Il est ainsi extrêmement vallonné (alors que les autres poljés de la région ont un fond très plat). Conséquence pour l'agriculture : aucune culture de riz n'est possible, par contre certaines parcelles sont plantées de théiers. (Bernard) - ^ -

F. GROTTE DU CONGLOMÉRAT
(He92/16)
Dév. 110 m Dén. 3 m (- 6, + 7)
Une fois arrivé au pied du col permettant d'accéder au poljé de Datangmi, on remonte vers le sud le lit d'un ruisseau à sec jusqu'au porche d'entrée. La galerie principale est rapidement bouchée par une trémie très consolidée et sans espoir de continuation. A 10 m de l'entrée, sur la droite, un petit passage dans les blocs nous mène à une galerie qui se termine au bout de quelques mètres sur une trémie sans courant d'air. De nombreux remplissages subsistent encore sur le flanc gauche de la galerie ainsi que dans des coupoles au plafond. Sur le flanc droit, le bruit d'un petit ruisseau remonte à travers les blocs. Nous ne pourrons l'atteindre. Cette circulation provient sans doute du sous écoulement du ravin et rejoint probablement la perte de Mishuidong par quelques diverticules. Nous notons la présence d'un nid de rat, conglomé-rat !!! Conglomé-raté : je remplis ma lampe au jus d'orange, le compteur du topofil enrhumé ne démarre pas à la première visée, Jean s'éclate un doigt en chatouillant d'un peu trop près la trémie, je perds une pellicule photo, évidemment avec les plus beaux portraits que j'avais faits la veille ! Jean, très en colère, se venge en visitant toutes les entrées situées sur le chemin du retour alors que je vagabonde sur le sentier. (Jean Pierre) - ^ -

G. LE RÉSEAU DE ZHAIDONG-GANDONG
"Grotte du village fortifié-Grotte sèche"
Dév. 8 403 m Dén. 552 m
Ce réseau est actuellement le deuxième plus profond de Chine avec une dénivellation totale de 552 m. Il est constitué par trois cavités principales (Gandong, Niudong, Zhaidong) reliées au niveau d'une doline d'effondrement allongée correspondant à une ancienne salle. Située sur le bord nord du poljé de Yanziping, cette doline dissymétrique est visible de loin grâce à sa falaise orientée à l'est et à l'entrée béante de Gandong (amont) qui fait face à celle de Zhaidong (aval).
1. Gandong
"Grotte sèche" (He92/15)
Long. 110° 13,4' Lat. 29° 57,5'
Alt. 1 170 m (entrée supérieure de la grotte-tunnel)
Située 500 m au nord du poljé de Yanziping, cette grotte-tunnel forme l'amont logique de l'ensemble du réseau. L'entrée inférieure est un superbe porche de 20 m de haut sur 10 m de large bien visible depuis le poljé. On y accède en descendant dans la doline par un raide sentier, puis en remontant sur une centaine de mètres le lit à sec (en cette période) d'une rivière temporaire. On parvient à un ressaut subvertical d'une douzaine de mètres que l'on peut escalader sur la droite (un peu délicat). L'entrée supérieure est d'un accès plus facile, mais plus éloignée (30 minutes de marche par un bon sentier). La galerie principale est un conduit régulier, pratiquement horizontal, de section confortable (100 à 200 m2) qui joint directement les entrées supérieure et inférieure. Ce tunnel fonctionne donc comme un tube à vent parfait, le fort courant d'air variant selon le vent extérieur et la saison. L'impact des gouttes d'eau tombant sur le sol dessine de belles rayures qui indiquent précisément la direction du courant d'air. On peut s'en servir comme d'une boussole souterraine. Dans les 300 m amont, les galets sont recouverts par une mince pellicule d'argile sèche, car le plancher légèrement à contre pente permet à l'eau de stagner et de décanter après les crues. En aval du point haut du lit, les galets sont propres, nettoyés par les crues. Le lit s'élargit sensiblement et une partie importante de l'eau arrive à cet endroit. La progression est aisée et les paysans empruntent parfois cette galerie pour traverser la colline, mais à l'extrémité aval, il y a cependant le ressaut de 12 m un peu délicat (pour nous) que les enfants qui nous accompagnent franchissent pourtant sans problème !
A 200 m de l'entrée inférieure, une galerie fossile supérieure large de 20 m et encombrée de blocs se dirige à l'ouest. Au bout d'une centaine de mètres, on parvient à une bifurcation peu évidente. Toujours à l'ouest et après un passage bas de plafond (brèche du Trias), on pénètre dans la galerie du Conglomérat qui se développe parallèlement au flanc NW de la doline. Elle est bloquée au bout de 200 m par des trémies ou des concrétions. Peut-être existe-t-il une jonction avec le réseau de Zhaidong "le haut" (Niudong) qui se situe à moins de 100 m, mais nous ne l'avons pas trouvée. En revenant à la bifurcation, les paysans qui nous accompagnent nous invitent (comme le sensible courant d'air d'ailleurs) à nous engager dans un dédale de petits conduits dont les parois et les voûtes sont couvertes de coupoles. Ce réseau des Coupoles est un ancien réseau noyé sans doute creusé à grande profondeur et ramené près de la surface par le jeu de la tectonique. Au début, nous ne comprenons pas pourquoi il nous font parcourir un tel dédale de boyaux avec des passages en opposition au-dessus de petits puits. Surprise, au bout de ce labyrinthe, se trouve une jolie salle inclinée de 80 m de long sur 25 m de large où ils exploitaient les nitrates en profitant d'un petit écoulement d'eau permanent pour lessiver les sédiments et dissoudre les nitrates. Nous la baptisons salle des Nitrates Perdus.
Par deux fois le réseau de Gandong communique avec la surface. Dans la partie aval, une lucarne d'effondrement située en rive gauche, au sommet d'un magnifique plan incliné haut de 30 m, donne un éclairage inattendu à la galerie principale. Au petit lac, une vire permet d'atteindre à l'est la galerie de l'Essentiel. Ce réseau remontant parcouru par un fort courant d'air se divise rapidement en plusieurs galeries allant en se rétrécissant. L'une d'entre elles mène à une autre entrée supérieure. Celle-ci porte des traces évidentes d'aménagements anciens et de passage, elle est maintenant délaissée et camouflée derrière une végétation abondante. (Bernard et Richard)
- Hydrogéologie : La galerie principale de Gandong est parcourue par une rivière temporaire. Le débit doit atteindre plusieurs m3/s pendant les crues d'été, mais il était nul lors de cette exploration (l'argile recouvrant les galets était complètement desséchée par le fort courant d'air qui balaie la grotte). Gandong est l'exutoire de trop-plein du petit poljé situé immédiatement au nord. En saison sèche, toute l'eau se perd dans le talweg avant d'atteindre Gandong. Quand le débit est un peu plus fort, les eaux pénètrent par l'entrée supérieure avant de s'engouffrer dans une petite perte située 100 m plus au sud. Par contre, quand le débit dépasse la capacité d'absorption de cette perte, les eaux s'engouffrent dans Gandong, balaient toute la galerie principale avant de se jeter dans la doline d'entrée de Zhaidong. Lors de la crue du 25 décembre 1992, le débit du poljé (environ 20 l/s) se perdait dans le ponor avant l'entrée de Gandong, mais une résurgence donnait un débit du même ordre de grandeur à l'intérieur de la cavité, au niveau de l'élargissement de la galerie principale.
Lors des fortes crues, il est probable que beaucoup d'eau jaillisse à cet endroit et se mêle à celle qui vient du petit poljé et de Xiniudong (la grotte du Rhinocéros) par l'entrée supérieure. Il est possible, mais non prouvé, que ces écoulements de forte crue correspondent à la perte de Mishuidong. En saison sèche, il subsiste quelques petits écoulements qui étaient précieusement recueillis dans de petits bassins à l'époque glorieuse des fours à nitrates. L'eau servait alors au lessivage de la terre imprégnée de salpêtre. Dans la salle des Nitrates Perdus, il existe même un réseau de petits canaux entre les bassins pour distribuer l'eau précieuse. (Bernard)
2. Niudong
"Grotte du Boeuf" (He92/29)
Cette branche, la plus haute du réseau, se développe dans la butte qui domine la doline d'effondrement. Ce jour là, nous sommes accompagnés par des paysans du village et notre objectif est de faire la jonction avec la doline. L'entrée normale se situe à 15 minutes de marche sur le versant ouest : elle n'est pas grande (4 m x 2 m). Nous topographions d'abord un vieux réseau qui débouche à deux reprises sur le sommet de la colline, puis une galerie orientée vers le NE (complexe O.R.L.) nous conduit à deux porches suspendus. L'un d'eux, appelé porche du Sinus, se présente d'abord par un puits incliné d'une vingtaine de mètres qui débouche dans la paroi. Un fractionnement installé plein vide permet de descendre comme une araignée sur le sommet du talus de la doline (P40). De l'autre côté de la doline, Chen contemple cette fourmi rouge au bout du fil. Au-dessus, Daniel ronge son frein, car la vraie jonction n'est toujours pas faite. Enfin, au retour, nous trouvons un conduit descendant à l'ouest qui débouche rapidement sur un puits d'une quinzaine de mètres que nous équipons en hâte avec des anneaux de sangles. En bas, on retrouve un petit tas de fil topo blanc : la jonction ! Désormais l'ensemble du réseau dépasse 500 m de profondeur. La galerie dite de l'Essentiel est donc là et non dans Gandong, n'est-ce pas La Rouille ! (Richard et Daniel)
3. Zhaidong
Alt. 1 140 m
Le gouffre de Zhaidong constitue la partie aval de l'ensemble du réseau et c'est aussi, et de loin, le plus difficile. Il débute par un porche de 10 m de large sur 7 m de haut dans lequel la rivière provenant de Gandong vient se perdre en période de crue. La galerie de 8 m x 8 m, d'abord rectiligne sur une centaine de mètres, aboutit à un puits de 7 m donnant sur une première marmite : c'est l'arrêt de l'explo 89 lors de notre expédition Gebihe. Nous n'avions alors passé que quelques jours dans le comté de Hefeng. La suite n'est pas du gâteau ! Une série infernale de marmites, tantôt vides, tantôt pleines, nécessite souvent des équipements pénibles : escalades en "artif" et ruses en tous genre car évidemment le plus dur n'est pas de descendre dans ces marmites, mais d'en sortir !
A - 100, la cavité change de style. Un passage horizontal, qui doit siphonner en saison des pluies, mène à une grande remontée couverte de graviers jusqu'à une salle d'effondrement que l'on traverse pour descendre et remonter jusqu'au sommet d'un beau toboggan creusé dans le pendage. En bas, on parcourt une galerie longue de 100 m dont le plancher est jonché d'éboulis, puis on arrive dans une salle inclinée vers l'ouest jusqu'à une zone de décantation. Il faut alors remonter presque en escalade pour atteindre une galerie de 6 m de large agrémentée de quelques coulées stalagmitiques. Après une nouvelle descente, on parvient au sommet d'un puits de 17 m ; revenant sous nos pas, on trouve la salle des Planches à Clous. Plus loin le réseau marque un coude à 90° et l'on arrive dans une grosse salle que l'on doit remonter sur une pente d'argile très raide ; la partie orientale de cette salle n'a pas été explorée. Nous suivons le courant d'air qui part au sud ; le conduit se rétrécit jusqu'à une section de 2 m x 2 m, puis on franchit deux ressauts en désescalade. La galerie s'élargit, puis se resserre, puis s'élargit à nouveau avant d'atteindre une zone de fractures verticales où l'on a un choix cornélien : descendre un méandre étroit ou grimper et franchir une étroiture. Dans les deux cas, on se retrouve dans une zone déchiquetée où l'on remarque un siphon dans un point bas.
Après avoir franchi une marmite en escalade et un petit puits de 8 m, la galerie reprend une taille humaine : 15 m x 15 m ! Dans une salle au sol "planche à clous" démarre sur la droite le réseau vers le futur fond de - 552. Nous descendons dans une galerie en interstrate très inclinée dont le fond est occupé par un lac ; derrière elle remonte en se rétrécissant. Nous trouvons un passage en hauteur, sur la droite, par lequel s'engouffre le courant d'air. La zone, devenue très labyrinthique, débute par une "oppo" très large au-dessus de deux marmites où s'ébattent des niphargus ou peut-être des crevettes blanches. La galerie descend, nous franchissons un passage bas et remontons jusqu'à un carrefour. A droite, la salle du Tesson est dominée par un énorme puits remontant : 100 m, voire plus ! C'est au pied de ce puits que nous avons retrouvé un morceau de poterie dont l'état de conservation (cassures très anguleuses) prouve qu'il est arrivé ici par une voie très directe et qu'il n'a pas été roulé par l'eau. La salle est prolongée par une galerie rectiligne amenant au pied d'un ressaut de 5 m. Au sommet de celui-ci, la galerie redescend jusqu'à un ressaut de 8 m que nous n'avons pas remonté ; le courant d'air aspirant est toujours présent et en haut la galerie continue.
A gauche du précédent carrefour, une galerie argileuse mène vers l'ouest au Bivouac et à nouveau dans la salle du Tesson. Vers l'est, un puits incliné et orientée sur une fracture, conduit à un petit actif de 1 l/s environ. L'aval siphonne rapidement à la côte - 365 et des escalades successives permettent d'atteindre un siphon amont. Une escalade dans un puits incliné, à proximité de ce siphon, donne accès à un complexe de galeries non topographiées avec courant d'air aspirant et arrêt sur rien : nous sommes à l'extrémité sud du réseau ! La suite démarre par un labyrinthe de galeries de 2 m de diamètre qui est suivi par un puits de 10 m. La galerie se rétrécit, puis nous arrivons à un puits de 30 m. 10 m sous la lèvre du puits, un pendule permet de prendre pied dans une belle galerie (15 m x 15 m) que nous n'avons pas eu le temps d'explorer : c'est sans doute une continuation importante du réseau. Le puits de 30 m est descendu ; il donne dans une salle que l'on remonte par une pente très glissante. Nous parvenons à une sorte de balcon donnant dans une nouvelle salle dont le plafond est crevé par un gros puits. En "slalomant" entre les suçoirs de soutirage, on atteint un superbe tube de 5 m de diamètre qui franchit une première fracture et bute sur une seconde par un puits de 12 m. Après une zone toujours fracturée, mais rendue glissante par les sédiments, on prend pied dans une salle inclinée que l'on descend "en luge" dans la boue avec le topofil qui chauffe. La remontée sera moins marrante. Au fond de la salle, derrière des blocs, un petit conduit de 2 m de diamètre descend dans l'interstrate d'abord inclinée à 45°, puis s'infléchissant. Il se divise ensuite : à droite arrêt au bout de 30 m sur un siphon, à gauche une galerie de même style (marmites) descend en interstrate jusqu'à un élargissement de 5 m x 5 m dont le fond est occupé par une grosse marmite que nous n'avons pas franchie. Le courant d'air est toujours présent et la galerie continue : nous sommes au point bas du réseau à la cote - 400 depuis le porche de Zhaidong et - 552 depuis l'entrée supérieure de Niudong. (Jean et Cyriaque) - ^ -

H. XIANGSHUIDONG (ou NOSEDONG)
"Grotte de la voie de l'eau "(He92/10)
Long. 110° 05,6' Lat. 29° 54,7' Alt. 1 040 m
Dév. 453 m   Dén. 159 m (- 158, + 1)
Xiangshuidong s'ouvre à quelques pas au sud de la route qui mène de Hefeng à Yanziping, une dizaine de km à l'est de Hefeng, près du village de Hongyuxi. C'est une perte active à laquelle on accède par un petit sentier à travers champs. La galerie active présente une succession de marmites d'érosion et de puits aux belles parois polies par l'eau chargée de sable. La progression est franchement aquatique et la néoprène est indispensable. Tous les ressauts doivent être équipés hors crue, donc très haut, en gardant bien à l'esprit que les crues sont très rapides dans ce réseau. Quelques branches haut perchées par rapport au cours d'eau indiquent d'ailleurs la violence des crues d'été. Pour nous mettre un peu au sec, nous laissons la rivière qui continue de cascader vers le sud et explorons la diaclase fossile. A la cote - 45 m, une petite galerie sèche part vers la droite. Au bout de 60 m, elle donne dans une diaclase subverticale. On y descend rapidement d'une centaine de mètres, en opposition sur des parois glissantes et pourries (vielles concrétions corrodées). Un bon équipement en cordes fixes est indispensable. Un léger courant d'air est sensible, descendant dans les trente premiers mètres, il remonte ensuite. Où va-t-il ?
- Hydrogéologie : La cavité est creusée dans les calcaires massifs du Trias inférieur et draine une petite dépression et le karst environnant. Existe-t-il une résurgence en amont de cette dépression ? Cela reste à voir. En basses eaux hivernales, le débit est de l'ordre de 5 l/s, mais il peut monter très rapidement à plus de 100 l/s comme lors de la crue du 26/12/92. La violence des cascades rend alors le gouffre très dangereux ! L'eau s'enfonce rapidement dans le réseau actif, sans mises en charge apparentes (galeries sèches à quelques mètres du réseau actif). Elle rejoint probablement Wanrendong, la plus grosse résurgence pérenne de la région située 500 m en contrebas, à 2 km au SW. (Bernard) - ^ -

I. DONGHE
"La grotte rivière" (He92/14)
Long. 110° 05,8' Lat. 29° 49,5' Alt. 710 m
Dév. 6 692 m Dén. 366 m (- 128, + 238)
Donghe, c'est d'abord une formidable traversée, un canyon souterrain qui prolonge directement une vallée aveugle drainant un bassin-versant de 200 km2. Du côté aval, l'accès est possible par une bonne piste qui conduit à 500 m de l'entrée inférieure (village de Tangjiapu) située à 5 km au NE de Hefeng. La progression de type spéléo commence en fait bien avant la grotte, quand il faut escalader ou se glisser sous les énormes blocs arrondis qui encombrent le lit du canyon. Par l'amont, l'accès est plus délicat car la rivière qui alimente la perte a creusé un canyon étroit, entrecoupé de vasques d'eau profonde et de ressauts verticaux. Nous mettons une demi-journée à trouver un itinéraire d'accès direct au porche pour éviter le canyon. Ce chemin longe le flanc sud du canyon aveugle profond de 160 m, à partir d'une petite maison perchée au bord du vide. Le sentier est vertigineux et quelques passages un peu raides méritent une corde, mais les paysans passent en courant sans s'arrêter. Deux échelles de bois et une liane (et oui !)facilitent la progression. Et que font les paysans sur un sentier aussi scabreux ? Ils descendent tout simplement au fond pour fabriquer du charbon de bois. Mais pour atteindre le porche, en partie cachée par un coude, il reste à franchir quelques vasques profondes (tronc en travers et escalades).
- Le canyon souterrain : Il débute par un porche colossal de 100 m de haut et de 30 à 40 m de large qui distille de la lumière jusqu'à 400 m à l'intérieur. La grotte-tunnel proprement dite traverse la montagne sur 2 200 m de développement en rejoignant la vallée de la Loushuihe. Rigoureusement alignée sur une grande faille (N75E), la galerie s'apparente à un canyon : lits de galets, empilements de gros blocs polis ou marmites aux formes douces et arrondies. La similitude n'est pas fortuite : comme un canyon, cette rivière souterraine évacue de très grandes quantités de sédiments détritiques qui polissent les parois (sables et graviers siliceux, galets calcaires ou quartzitiques du Dévonien).
- Les grandes galeries fossiles : Après avoir parcouru 600 m en aval de la perte, on découvre une grosse galerie remontante en rive gauche. Elle est inactive et encombrée de blocs, de quelques gros massifs stalagmitiques en pleine croissance et de vieilles concrétions. Plus loin elle se divise en plusieurs branches, toutes de très grande taille (avec des sections de 200 à 1 000 m2). Il s'agit vraisemblablement d'un ancien lit de la rivière, abandonné à la suite de l'enfoncement du réseau. La branche SW est la plus longue. On y remonte de plusieurs dizaines de mètres, en escaladant un peu péniblement les blocs hérissés de petites pointes de calcite. Les faibles suintements qui tombent du plafond creusent dans le sol rocheux ou sur les blocs des cratères aux parois hérissées de centaines d'épines. Leur fond rouge et leur bord noir donnent une certaine image de l'enfer. Ce sont "les mille bouches du diable" !
Au sommet de la branche SW, le terrain devient plat comme un terrain de tennis, à peine creusé par quelques petits cratères. La galerie a de très belles proportions (50 m de large sur 15 m de haut). Soudain, le sol se dérobe au regard et il reste un grand trou noir béant peu engageant. En fait, une petite rampe à main droite permet de descendre dans ce gouffre noir qui est en réalité une vaste salle (80 x 150 x 50 m) creusée au confluent de deux galeries. On se rend compte que le sol de la galerie précédente n'était qu'un plancher de calcite de quelques décimètres, scellant plusieurs dizaines de mètres de sédiments (limons, sables, graviers). A main gauche, part la galerie qui mène à la rivière permanente (infra). Droit devant, on descend 50 m juste pour le plaisir de les remonter sur des sédiments sablonneux. 200 m plus loin, on bute sur un nouvel effondrement, un peu plus délicat à franchir. Il est possible de passer contre la paroi de gauche en désescalade, parmi des blocs instables et dangereux. La suite est un immense éboulis de blocs anguleux. Nous sommes arrêtés 120 m plus bas sur un fond de trémie apparemment impénétrable, mais la topographie de la cavité suggère qu'il existe bien une suite à cette galerie, droit devant ou à main droite. Reste à explorer systématiquement cette trémie, ce qui n'est guère passionnant, mais nos collègues méridionaux ont décidé que c'était de la vulgaire grottologie ! Ce n'est pas notre avis : de la première comme çà, en France, on en redemande.
Une galerie reste à faire, c'est celle de la Trémie. Elle démarre au début de la branche SW fossile et se développe plein E sur une grande fracture. La progression est rendue pénible pour deux raisons : il faut d'abord monter et descendre des blocs cyclopéens coincés dans une galerie large de 4 à 10 m et haute de plusieurs dizaines de mètres ; ensuite il faut faire des acrobaties avec quelques bouts de sangles ! Finalement, au bout de 400 m de progression, nous nous arrêtons devant un puits magnifique que nous regardons furieux en contemplant notre sac démuni : c'est le puits des Voleurs de Cordes.
- La Rivière Sans Retour : S'il vous reste du courage, prenez la peine de descendre au fond de la salle poussiéreuse. Une galerie descend fortement vers le sud. Son sol est partiellement recouvert par un plancher de calcite déposé par une petite source qui jaillit comme par miracle au milieu des sédiments secs de la salle. Après quelques dizaines de mètres de dénivelé, l'argile devient humide et on entre dans une zone qui doit subir de régulières mises en charge. Elle est d'ailleurs située pratiquement à la même altitude que l'entrée supérieure du réseau actif. Encore 40 m à descendre sur des talus d'argile avant de buter sur un suçoir infâme. Terminus ? Non. En face, un petit départ remontant serait passé inaperçu s'il n'était pas balayé part un fort courant d'air aspirant. Après 15 m à quatre pattes, on débouche dans un conduit aux proportions plus chinoises (5 m x 10 m) qui débouche dans une salle tellement brumeuse que nous n'avons pas vu ses dimensions (sa topo reste à faire). Bientôt le bruissement de la rivière se fait entendre. Et oui, ici, 120 m sous l'entrée inférieure de Donghe, coule une belle rivière permanente (200 l/s en décembre 92). Le sol de la salle porte encore les traces de crues récentes : cupules de corrosion, galets et roche recouverts d'une fine patine noire d'oxyde de fer et de manganèse. Par contre, l'absence totale de feuilles et de branchages suggère que cette rivière ne communique pas directement avec une perte concentrée.
Vers l'aval, on bute rapidement sur un premier siphon. On peut le shunter par le haut, mais c'est pour tomber sur un second que nous n'avons pas pu passer. Vers l'amont, même punition, même motif : siphon. Par contre, en longeant la paroi nord de la salle, on atteint un petit affluent remonté sur 200 m jusqu'à une salle encombrée d'argile. En haut, une galerie remontante est recouverte de vieilles coulées érodées. D'après la topo, nous saurons que le fameux puits des Voleurs de Cordes, non descendu (à cause des cordes séquestrées par La Rouille), débouche ici ! En bas, une autre galerie conduit vers un aval d'où remonte une rumeur intéressante ! Un beau puits de 30 m concrétionné est équipé fiévreusement sur amarrages naturels pendant que Bernard vaque à ses analyses d'eau. En bas, le grondement se fait plus net : encore deux ressauts déchiquetés que l'on passe en désescalade et nous voici dans la boue. 4 m au-dessus une lucarne permet d'accéder à une galerie sur diaclase. Le grondement devient de plus en plus envahissant, encore 10 m et nous rejoignons une galerie très inclinée parcouru par un torrent souterrain, avec de grandes cascades, dans le plus pur style vercorien !
C'est notre dernière sortie dans le trou et il ne faut pas traîner. L'eau n'est pas très froide (14°C), mais nous préférons enfiler les pontonnières. Pour éviter les vasques profondes, nous escaladons les parois en profitant des milles cupules creusées dans la roche par la dissolution. Comme les parois sont en fait des planches à clous verticales, toute chute est interdite tant la roche est coupante. Il nous faut 2 h pour avancer de 200 m. Une belle cascade de 7 m nous barre maintenant le passage et, bien sûr, il est l'heure de rentrer ! On ne peut pas laisser un si bel obstacle : en rive gauche, il y a de magnifiques lunules creusées dans la roche, puis une diaclase. Quelques sangles bien placés nous permettent de remonter de 3 ou 4 m le long de la veine d'eau : quelle ambiance ! Un rétablissement dans la fissure et nous voilà en haut. Devant nous, un grand bassin profond et la rivière qui continue : un coup de topofil et de boussole et nous nous arrêtons faute de temps, la mort dans l'âme, mais avec le secret espoir de revenir un jour dans cette cavité exceptionnelle ! (Bernard et Richard)
- Hydrogéologie : Donghe est creusée dans les calcaires du Trias. Deux faciès se rencontrent : des calcaires gris en gros bancs massifs et des brèches à ciment calcitique jaune mêlant ces mêmes calcaires à des calcaires noirs ou rouges. Ce dernier faciès se rencontre souvent en Chine, mais son interprétation est sujette à débat : certains y voient une formation diagénétique (affaissement des bancs carbonatés lors de la dissolution des bancs de gypse interstratifiés), d'autres une brèche de faille de grande extension, ce qui semble beaucoup moins probable. La cavité est située sur le flanc méridional du synclinal de Yanziping. Les pendages sont forts (40 à 70°) mais ne semblent pas avoir guidé de manière prépondérante le creusement de la grotte. Le conduit actif principal suit plutôt une grande faille (N55°E). Donghe est située au bout d'une vallée aveugle d'une dizaine de km de long et elle draine un bassin-versant de plus de 200 km2. Cela explique la taille énorme des conduits (1 000 m2 de section en moyenne) et la beauté des formes d'érosion, semblables à celles des grands canyons calcaires. La perte ne fonctionne que lors des crues. L'eau traverse alors toute la grotte pour jaillir dans un canyon affluent de la Loushuihe. Quand le débit est plus faible, l'eau passe par des conduits inférieurs de plus petites dimensions, pour ressortir à une autre émergence située plus qui est probablement Wanrendong. (Bernard) - ^ -

J. CHUANXINDONG
"La grotte des coeurs percés" (He92/19)
Long. 110° 05,6' E; Lat. 29° 54,7' N Alt. 1 040 m
Dév. 152 m Dén. 21 m (+ 21)
Il faut compter 45 mn de marche d'approche en passant par le chemin qui mène au porche amont de Donghe (lieu-dit Hahulu). Un peu après la ferme en bas du col, on laisse le chemin de Donghe et l'on descend directement dans le lit de la rivière, mais pas trop en aval car le canyon commence à s'enfoncer et deux cascades de 15 à 20 m rendent impossibles la traversée sur l'autre rive où se situe la cavité. Ensuite on remonte dans les broussailles par un petit sentier très pentu et abandonné depuis longtemps : ambiance jungle ! L'aide d'un petit gars du village est très utile pour nous guider dans cette végétation abondante. La cavité s'ouvre par deux porches perchés haut dans la falaise. De vieilles fortifications enfouies sous la végétation, ainsi qu'une vieille cuisine, témoignent d'une occupation humaine ancienne. Dans le porche, on trouve aussi l'inévitable four à nitrate ainsi qu'un réservoir d'eau. Après la salle d'entrée, nous explorons un faisceau de diaclases remontant et de direction nord : nous nous arrêtons au sommet d'un petit puits et la cavité continue. Au passage, signalons la présence de chauves-souris et d'un animal étrange, une sorte de gros rat. (Jean-Pierre) - ^ -

K. WANRENDONG
"Grotte des dix mille personnes" (He89/5)
Long. 110° 04' E Lat. 29° 54' N Alt. 570 m
Dév. 1 329 m Dén. 52 m (- 37, + 15)
La cavité est située quelques km à l'est de Hefeng au fond d'un canyon caractéristique. A partir de la route, près du village de Yunnanzhuang, on descend par un sentier particulièrement dangereux surtout dans les deux tiers inférieurs du parcours ; la remontée est plus aisée. L'entrée porte encore des traces de fortification. La progression se fait dans une galerie fossile : après deux passages en vire au-dessus de deux bassins d'eau, on arrive dans une grande salle brumeuse. A cet endroit, on entend déjà assez nettement la rivière. Après une remontée sur des blocs, à gauche de cette grande salle, une petite désescalade nous permet d'atteindre la rivière. En aval, ça siphonne ; en amont, la progression nécessite l'utilisation des combinaisons néoprènes. La progression se fait généralement le long de la paroi, immergé aux deux tiers dans l'eau. Deux îlots opportunément placés au milieu de la rivière serviront de points topo. Ensuite, on quitte momentanément l'eau pour s'enfiler dans une conduite forcée pour retrouver la rivière un peu plus loin. Nous la suivons sur environ 80 m, avec au milieu un passage sous une voûte basse (80 cm). Plus loin, des conduites forcées mènent presque toutes à des vasques siphonnantes. L'une d'entre elles nous amène légèrement au-dessus du niveau de l'eau et s'arrête sur un puits de 6 m donnant sur une nouvelle vasque.
- Hydrogéologie : Wanrendong est creusée dans les calcaires du Trias inférieur. Cette résurgence pérenne jaillit au point bas de l'affleurement des calcaires, c'est-à-dire à leur extrémité occidentale. La grotte se situe sur la rive droite d'une gorge profonde de 300 m. Il est d'ailleurs probable que ce soit l'incision de cette vallée qui ait provoqué la capture par Wanrendong des écoulements souterrains, en créant un nouveau niveau de base. Auparavant, les écoulements étaient concentrés dans des conduits situés nettement plus hauts, comme Donghe. Wanrendong est la résurgence principale permanente du synclinal de Yanziping. Son débit en décembre était de l'ordre de 1 m3/s, malheureusement aucune étude n'existe, et seule une mesure à 6,5 m3/s a été effectué en août 1977 par une équipe d'hydrogéologues. Elle est située vers 570 m d'altitude, soit au point bas de l'affleurement des calcaires du Trias inférieur qui sont recouverts plus en aval par les terrains détritiques peu perméables du Trias supérieur. En basses eaux, elle collecte donc probablement les eaux de la plupart des rivières souterraines que nous avons visitées : Mishuidong, Nosedong, Donghe, Zhaidong. Par contre, en période de crue, d'autres émergences doivent se mettre en charge. Il est notamment probable que Donghe soit alors la principale émergence de crue du synclinal. (José et Bernard) - ^ -

L. CHUANDONG
"La grotte tunnel" (He92/9)
Long. 110° 04,1' E Lat. 29° 54,5' N Alt.740 m
Dév. 219 m Dén. 33 m
Cette grotte-tunnel fossile s'ouvre au bord de la route Hefeng-Yanziping à 8 km de Hefeng, non loin du village de Yunnanzhuang. Une grosse entrée envahie par la végétation permet d'accéder à une unique galerie de fort belle taille très concrétionnée et pleine de remplissages divers. Elle débouche par un superbe porche de 40 m de haut dans les falaises du canyon de Wanrendong. Sa situation toute proche de la route en fait malheureusement un endroit idéal pour se débarrasser de quelques détritus encombrants. Par exemple des dizaines de cartons de bouteilles contenant un produit chimique destiné au traitement des arbres, jonchaient le sol de la salle au pied du puits qui perce le plafond de la galerie. Comme en témoigne de nombreux indices sur les parois (coups de gouges, coupoles de dissolution), cette cavité à dû servir pour la circulation des eaux du synclinal. Elle est depuis longtemps déconnectée du système actuel et de la résurgence qui se situe environ 200 m plus bas. (Jean-Pierre) - ^ -

II. Le système de Taiping

Ce système karstique draine le poljé de Taiping et ses environs, c'est-à-dire la branche SW du synclinal de Hefeng. Le poljé de Taiping, long de 5 km et large de 1 à 2 km (alt. 930 m), est encadré par des pitons massifs de 150 à 300 m de haut. Le système semble se développer principalement sur sa bordure SE, parallèlement au poljé. En 1989, nous avions exploré le ponor temporaire de Cedong (318 m, - 12 m), le ponor fossile de Qingtiandong (354 m, - 45 m / + 12 m) et la résurgence présumée du poljé de Taiping, Yinquandong (1 267 m, + 135 m), située au fond de la vallée de la Loushuihe. Fin 92, le manque de temps ne nous a pas permis d'explorer plus en détail ce système : une seule journée d'exploration, quelle pitié ! Trois petites cavités ont été visitées à l'ENE du poljé dans un secteur de karst conique et de vallées sèches : Wangjiapingtiankeng, Maozhishandong et Maozhishantiankeng. Une quatrième grotte plus importante, Xiaoshuidong, a été explorée au bord du poljé près du village de Xiaojiaping. Cette zone a l'avantage d'être très proche de la ville et reste un objectif prometteur pour toute nouvelle expédition. - ^ -

A. WANGJIAPINGTIANKENG
"Gouffre de Wangjiaping" (He92/27)
Long. 109° 58' E Lat. 29° 51,01' N Alt. 930m
Dév. 27 m Dén. - 27 m Il s'agit d'un puits de 27 m s'ouvrant dans le fond d'une petite doline en entonnoir envahie par des bambous. Il se développe sur une fracture NE-SW. Au fond l'amorce d'une petite galerie est rapidement bouchée par les éboulis. - ^ -

B. MAOZHISHANDONG
"Grotte du Chat des Montagnes" (He92/25)
Long. 110° 59,36' E Lat. 29° 51,11' N Alt. 940 m
Dév. 101 m Dén. - 20 m
L'entrée de cette cavité, tournée vers l'est, est bien cachée par une jungle récente. Elle se situe dans le petit recoin d'un vallon descendant entre deux cônes vers le poljé. Le porche d'entrée, séparé en son milieu par un gros bloc, mesure 8 m de large pour 2 à 3 m de haut. Le mur qui le défendait devait être une véritable fortification comme en témoigne sa base imposante. Aujourd'hui, il ne reste que l'encadrement d'une petite porte ou d'une fenêtre à demi ensevelie sous les blocs. Dans la spacieuse salle principale, parmi les terrasses artificielles, se trouvent plusieurs ruines de murs de pierres taillées ou de terre. Une exploitation de nitrate, presque toujours présente dans les grottes alentours, est représentée par un four de dessiccation bien préservé. La salle inférieure de dimensions bien plus réduites était séparée de la salle principale par un mur aujourd'hui démoli. Lors de notre exploration hivernale, nous observons une petite arrivée d'eau tombant du plafond. Comparée avec les autres cavités explorées dans le comté de Hefeng, cette grotte paraît bien pauvre au point de vue spéléologique, mais ce site semble très intéressant pour des recherches historiques, culturelles et archéologiques. (Daniel) - ^ -

C. MAOZHISHANTIANKENG
"Puits du Chat des Montagnes" (He92/26)
Long. 110° 59,36' E Lat. 29° 51,11' N; Alt. 930 m
Dév. 14 m   Dén. - 14 m
Cette cavité s'ouvre dans un maquis très dense à moins de 50 m de la grotte de Maozhishandong, 10 m en contrebas. Sa petite entrée, qui paraît-il fume épisodiquement, est suivie d'un unique puits de 14 m en deux paliers. A noter la présence de brèches et de petites concrétions. (Daniel) - ^ -

D. XIAOSHUIDONG
"Grotte perte" (He92/17)
Long. 110° 55,9' E Lat. 29° 49,6' N Alt. 920 m
Dév. 712 m   Dén. - 27 m
Cette cavité est situé dans le poljé de Taiping, tout près du village de Xiaojiaping, au pied de la falaise dénommée Mushan, c'est-à-dire "la Montagne de la Mère". Xiaoshuidong est la perte d'une des rivières qui draine le poljé de Taiping. Lors de l'exploration, le 18 décembre 92, elle était à sec. L'entrée principale, un porche double de 10 m de haut sur 3 m de large, a été agrandie par les habitants pour qu'il absorbe mieux les crues pendant la mousson. La galerie principale (de l'entrée vers le siphon) est longue de 250 m et fait 4 m de large et 10 m de haut en moyenne. C'est un conduit unique excepté au niveau de l'entrée où plusieurs galeries en conduites forcées doublent la galerie principale. A 100 m de l'entrée, après une escalade de 20 m dans un talus d'argile, on accède à un réseau supérieur fossile que l'on suit sur 100 m environ et qui se termine sur un petit siphon. Sur la droite un petit ressaut parcouru par un courant d'air aspirant n'a pas été descendu. On note la présence dans les plafonds de plusieurs grands rhinolophes. Le ruisseau qui coule dans la galerie principale débite quelques l/s. Au niveau du siphon de la galerie principale, arrive une rivière plus importante (environ 10 l/s). C'est un conduit unique que nous remontons sur une centaine de mètres. Arrêt, faute de pontonnière, après avoir franchi le dernier bief sur un pont de bois construit (en sifflotant l'air de "Hello, le soleil brille, brille, brille") avec les débris apportés par les crues estivales. La galerie continue et le courant d'air et les troncs indiquent que cette rivière rentre dans la cavité par un orifice pénétrable. (Serge) - ^ -

III. La zone de shuishanping

Cette zone magnifique, située à 5 km au nord de Hefeng, a été abordée vers la fin de notre séjour. Il s'agit de la bordure septentrionale du synclinal qui présente un flanc redressé à plus de 50°. Derrière se développe un poljé remarquable encastré profondément dans la montagne : c'est celui de Shuishanping. Plusieurs cavités ont été explorées de part et d'autre de la crête principale, dont le superbe ponor de Datiankeng profond de plus de 333 m et qui continue !
- Structure géologique : Le poljé de Shuishanping n'est pas situé au fond d'un synclinal, comme les poljés de Yanziping ou de Taiping. La structure géologique locale est un monoclinal de direction N40°E et de pendage 30° vers le SE. Il constitue le flanc nord du synclinal de Yanziping. Le poljé s'est formé sur les calcaires du Trias, en contrebas des schistes tendres du Permien. La zone karstique la plus intéressante de cette unité géologique est formée par 20 km2 de calcaires du Trias (étages T1 et T2j). L'épaisseur de ces calcaires atteint 1 400 m dans la région. Ce sont des calcaires sombres, en bancs épais dans les niveaux inférieurs, plus minces et argileux dans les niveaux supérieurs.
- Hydrogéologie : L'aquifère principal est constitué par les calcaires du Trias. Le substratum imperméable de l'aquifère (et sa limite NE) est constitué par les schistes du Permien supérieur (P2). Au SE, il est limité par les terrains détritiques du Trias moyen. Au NE, la limite hydrogéologique est probablement assez proche de la limite des bassins-versants (limite marquée sur la carte). Au SW, une vallée profondément entaillée constitue la zone de résurgence probable de la plus grande partie de l'aquifère. Il y a une multitude de griffons. Nous n'avons pas eu le temps de rechercher l'émergence principale. Les calcaires constituent ainsi une bande de 2,5 km de large et de 9 km de long. On voit sur la carte que cet affleurement peut être subdivisé en quatre parties :
1) la zone du poljé de Datiankeng (13 km2, dont 7 km2 de calcaires et 6 km2 de terrains peu perméables) ; le poljé est situé à 900 m d'altitude, soit 400 m au-dessus du niveau de base ; c'est une dépression fermée unique qui est drainée de manière souterraine, probablement vers l'affluent de la Loushuihe qui borde l'affleurement au sud-ouest ;
2) la zone de dépressions fermées multiples située plus au sud est drainée de la même manière, mais les pertes sont plus petites et il n'y a pas de véritable poljé;
3) la zone située le long de la Loushuihe ne contient pas de grandes dépressions fermées ; elle est drainée par de petites vallées sèches qui sont vraisemblablement parsemées de petites pertes ;
4) la zone la plus basse est drainée par deux rivières superficielles ; elle ne contient pas de grande dépression.
La perte principale de la zone (Datiankeng) et le plus grand poljé sont situés sur celui des bassins-versants dont la plus large part n'est pas karstique. Ce n'est pas par hasard. Nous avons constaté le même phénomène ailleurs (Puits Est, Dongwan, Yanziping) : les plus grands poljés et les plus belles pertes sont situés en aval de versants non karstiques. Les éléments détritiques arrachés aux affleurements de roches clastiques (grès et schistes du Silurien, du Dévonien et du Permien) jouent un double rôle : colmater les dépressions, ce qui favorise l'aplanissement des poljés, et éroder mécaniquement la roche, même là où le potentiel d'érosion chimique est faible. C'est donc dans ces bassins-versants que l'on trouvera les gouffres les plus spectaculaires. Le creusement en profondeur des grands collecteurs est favorisé par un troisième facteur : la grande quantité d'eau non saturée par rapport à la calcite qui provient des parties schisteuses des bassins-versants. Le débit moyen annuel de l'ensemble de cet aquifère est évalué à 0,6 m3/s, pour une lame d'eau infiltrée de 1 000 mm/an et 20 km2 d'affleurements calcaires. - ^ -

A. SHUISHANPINGQUAN
"Résurgence de Shuishanping" (He92/24)
Long. 110° 02,03' E Lat. 29° 56,15' N Alt. 915 m
Dév. 107 m Dén. + 10 m
Cette petite résurgence se situe dans de la partie SW du poljé de Shuishanping, 10 m au-dessus du fond. A l'entrée, un petit barrage dévie le ruisseau vers un canal d'irrigation. La grotte est caractérisée par un petit lac peu profond résultant du barrage et par un développement linéaire coupé par des diaclases de direction SE. A 20 m de l'entrée, le ruisseau d'un débit 2 à 3 l/s émerge d'un éboulis situé au pied d'une concrétion massive. Vers le SE, une escalade de 5 m mène à un niveau supérieur formé de concrétions pourries. Cette micro-résurgence, bien sûr, n'est pas à l'origine du gouffre perte de Datiankeng ! (Daniel) - ^ -

B. DATIANKENG
"Le grand gouffre" (He92/23)
Long. 110° 03,5' E   Lat. 29° 56,7' N Alt. 900 m
Dév. 1 464 m   Dén. 333 m (- 247, + 86)
Pendant que nous explorons Donghe, notre ami Zhang Shouyue reconnaît les alentours. Il repère notamment une magnifique perte de montagne localisée vers 900 m d'altitude, près du village de Shuishanping, au fond du poljé du même nom. Le premier jour de l'exploration, nous empruntons un mauvais sentier grimpant directement vers le poljé à partir d'une route montant au NNE de Hefeng : plus trois quarts d'heure de marche à travers champs. Nous franchissons un petit col étroit : en face un talweg nous conduit vers un magnifique poljé. Une vallée venant du nord, parcouru en hiver par un petit ruisseau, échancre la bordure du poljé et alimente le gouffre perte de Datiankeng situé dans un angle dérobé à l'abri des convoitises. Voilà bien une perte d'altitude idéale : les parois sont sculptées et polies par l'érosion, avec de grands empilements de blocs rocheux arrondis. Elle est de la même famille que d'autres cavités explorées en 1992 : Donghe, Dongwan, Zhaidong. Le petit plus qui en fait un gouffre exceptionnel, c'est un magnifique puits de 190 m qui débouche dans la galerie vers - 80 m.
Le porche d'entrée est raisonnable : 25 m de haut sur 7 m de large. Mais les difficultés commencent dès le départ avec un empilement de blocs géants formant une verticale d'une dizaine de mètres. En l'absence de cordes, nous décidons de passer sous les blocs à la faveur d'étroitures que nous ouvrons en remuant des galets coincés. Une nuée de gamins nous entourent et plusieurs nous suivent malgré nos recommandations. En bas, la galerie est couverte de galets secs et donne tout de suite dans une grande salle triangulaire de 100 m de côté, histoire de nous rappeler que nous sommes en Chine et non en Savoie ! Puis, la cavité se dirige vers l'ENE dans une galerie superbe constituée par une succession de marmites, heureusement vides, et de rampes inclinées à 50°. Lors de la deuxième explo, nous franchissons ces ressauts pratiquement sans équipement, Cyriaque jugeant les cordes inutiles et cela au grand dam de Daniel qui croit sa dernière venue lors de la descente et de la remontée d'une mauvaise rampe fort inclinée et dont la partie supérieure se passe en coincement et la partie inférieure en adhérence (nous l'équiperons par la suite).
Au bout de 200 m, le spectacle devient grandiose : la galerie large de 30 m est baignée par une lumière venue du ciel tel un faisceau lumineux éclairant le fond d'une cathédrale obscure. On débouche alors au pied d'un grand puits d'effondrement, aligné sur une faille, et dont nous connaissions bien entendu l'entrée puisqu'il forme un vaste et raide entonnoir de 110 m x 200 m que l'on contourne lors de la marche d'approche. Juste à la verticale du puits, un seuil à sec large de 10 m et parfaitement poli par l'eau donne une idée de la puissance des crues ! Il donne sur une verticale de 12 m qu'il faut équiper. La galerie, de 30 m de large et haute d'au moins 40 à 50 m, se dirige droit au NE sur une faille. Le topofil chauffe et les galets crissent sous les pas. A 200 m de distance, après avoir franchi une zone de grands blocs arrondis de calcaires et de conglomérats, on parvient à un coude de la galerie. D'un côté, on aperçoit encore la lumière blafarde du puits, de l'autre c'est l'inconnu avec un ressaut et... un bruit d'eau qui semble résonner dans un puits. Au bout de 20 m, une marmite presque vide sert de palier à un premier puits, très large, que nous ne pouvons que sonder en l'absence de corde (P40). Nous revenons le lendemain avec force munitions : trois fractionnements sont nécessaires pour atteindre une rampe arrosée et finalement une sorte de palier. Un quatrième fractionnement permet de descendre directement un puits de 8 m qui lui fait suite sur le côté. En bas, la galerie est encombrée de galets : d'un côté, elle est barré par un mur d'argile et de sables de 6 m de haut, de l'autre elle donne malheureusement dans une grosse marmite ! Comme à Zhaidong, il faut à nouveau faire des acrobaties. Aussi, pour l'éviter, nous exploitons d'abord une vire remontante qui se rétrécit vite à sa plus simple expression. Nous revenons le lendemain à quatre : deux descendent le puits de la Lumière. Nous passons dessous au moment où il commence à équiper le sommet de la verticale de 80 m. Après un salut sonore, nous fonçons vers le terminus en sachant que c'est notre dernière sortie dans le trou. Les descendeurs fument.
Au terminus, un lancer de corde sur un becquet situé au-dessus de la marmite permet de penduler et d'économiser des spits, donc du temps ! Derrière, un superbe puits (P65) est incliné à 70° dans le pendage et à 15 m du fond un pendule est à nouveau nécessaire pour éviter un lac. A cet endroit, la paroi est criblée d'impacts de chutes de galets et nous ne pouvons nous empêcher de penser à l'enfer que doit représenter une crue ici. La galerie continue et le courant d'air est très fort. Nous regardons nos montres : il est déjà tard, beaucoup trop tard à notre goût, car il reste tout le déséquipement. Allez, encore un petit quart d'heure ! Nous nous enfilons en trombe dans une galerie taillée dans un magnifique calcaire bleuté. Elle est quasiment horizontale et il faut fréquemment éviter de petits lacs avec la boite topo d'une main et le "baroudeur' de l'autre, histoire de ramener quelques clichés. C'est devant un lac plus profond que les autres que nous décidons de nous arrêter. Devant, dans un conduit large de 5 m et haut de 15 m, le courant d'air aspirant continue son périple vers l'inconnu. Comme à Donghe, dans la rivière Sans Retour, c'est la mort dans l'âme que nous remontons. Il faudra percer le secret de cette si belle perte dans une future expédition ! (Bernard , Jean et Richard)
- Hydrogéologie : La cavité est creusée dans les calcaires du Trias inférieur. Il s'agit soit de calcaires gris en gros bancs compacts, soit de calcaires noirs en plaquettes beaucoup moins résistants. Datiankeng est la perte principale du poljé de Shuishanping. Elle se situe à son point le plus bas, dans le prolongement d'une vallée aveugle. La perte soutire petit à petit les sédiments déposés au fond du poljé et l'érosion grignote petit à petit les terres cultivables. D'après la morphologie du lit, en forte crue, le débit doit atteindre les 20 m3/s, pour un bassin-versant d'une quinzaine de km2 principalement composé des calcaires du Trias. En basses eaux, par contre, le débit est très faible, de l'ordre de 10 l/s en décembre 92, malgré les pluies de la fin du mois. L'eau s'infiltre alors en amont du porche de la grotte et on ne la retrouve pas sous terre. Nous ne connaissons pas la résurgence qui doit se situer quelques km au SW. (Bernard)
- Équipement de la cavité : R3 (corde de 5), R2 et R2 (1 spit à planter, 1 coinceur et corde de 10), R4 (corde de 10), P8 (sangle, 1 spit à planter, corde de 15), rampe de 25 m (corde de 30), P12 (corde de 25 m), P40 (1 sangle, 3 plaquettes et corde de 60), P8 (corde de 12 m), marmite (corde de 30 m), P65 (1 ou 2 fractionnements, corde de 80 m). Pontonnières ou néoprène pour la suite. - ^ -

C. DAZHAIDONG
"Grotte du grand village" (He92/18)
Long. 110° 02,6 E Lat. 29° 56,7 N Alt. 860 m
Dév. 895 m Dén. 81 m (- 36, + 45)

La grotte se situe au-dessus du village de Guanyinpo. C'est par une entrée de 20 m de large et 2 m de haut, bien cachée au pied d'une falaise de 50 m, que l'on accède à la majestueuse salle d'entrée, laquelle mesure 50 m de large pour 100 m de long et 30 m de haut. Malgré ces dimensions imposantes, la lumière du jour parvient à éclairer suffisamment toute la salle pour pouvoir profiter du spectacle. Les parois et le plafond où arrivent de nombreux puits et galeries sont de couleurs très variées, allant du noir au blanc et du jaune-clair au marron en passant par des teintes rouge-orangé très chaudes. Le sol et le bas des parois sont colonisés par une végétation de fougères et de mousses qui donnent à l'ensemble des teintes de vert complétant ainsi cette superbe palette de couleurs. Quelques cascatelles tombant en pluie du plafond rajoutent une agréable petite touche sonore.
Un petit conduit sur la droite de la salle d'entrée permet d'accéder en balcon à la galerie du Conglomérat. Celle-ci, presque totalement comblée par des remplissages, est actuellement en phase de recreusement par un ruisseau provenant d'une petite conduite forcée débouchant en plafond. Par endroit, la hauteur des remplissages atteint plus de 10 m ; quelques ponts et vires précaires permettent d'atteindre la partie supérieure de la galerie en amont de l'arrivée d'eau. A partir de là, c'est sur des coulées stalagmitiques glissantes, recouvrant l'épaisse couche de remplissage, et très pentues que nous poursuivons notre progression jusqu'au point haut de la cavité : une salle bouchée de toutes parts sans espoir de continuation (présence de guano). Dans le coin E de la salle d'entrée, une superbe lucarne de 6 m de diamètre domine une grande galerie plate dont le sol est recouvert d'une épaisse couche d'argile de décantation attestant la présence d'un lac à la saison des pluies. Sur le bord de la galerie, quelques soutirages ne sont pas loin d'ouvrir de nouvelles possibilités d'explorations, mais cette galerie se termine malheureusement sur une très grosse coulée stalagmitique. (Jean-Pierre) - ^ -

D. DAYANWU
"La grande niche" (He 92/20)
Dév. 407 m   Dén. + 33 m   Alt. 990 m
Cette cavité, visible de très loin, se situe également au-dessus du village de Guanyinpo en rive droite de la Loushuihe. Le porche immense, appelé aussi porche de la Banane, mesure 100 m de large sur 25 m de haut. On le voit très bien de l'autre côté du synclinal et nous l'avions déjà repéré lors de notre passage sur la route d'en face en 1989 ! On y accède en 20 minutes par un sentier partant de la route qui longe la rivière à mi-pente. Celui ci devient franchement broussailleux vers le haut. Cette énorme entrée est le vestige d'une ancienne salle dont les trois quarts se sont effondrés à cause de l'érosion du versant. Au sud, une galerie encombrée de blocs rocheux donne accès, par une lucarne, à une petite galerie, puis à une salle dont le sol plat et argileux est percé d'une douzaine de puits de soutirage qui n'ont pas été visités. Aucune autre suite n'a été découverte (Sylvain) - ^ -

E. HAOZHUDONG
"Grotte du porc-épic" (He92/28)
Dév. 225 m Dén. 58 m (- 11, + 47) Alt. 1 000 m
Cette grotte se situe sur le flanc nord du synclinal de Hefeng, sous les crêtes dominant la vallée de la Loushuihe, une centaine de mètres au-dessus de Dazhaidong. On y accède par la route de l'émetteur TV jusqu'aux crêtes. A droite, un chemin conduit au-dessus du poljé de Shuishanping et il suffit de passer le col à main droite pour redescendre une trentaine de mètres sur un mauvais sentier, dans des pentes très raides. Un petit porche de 5 m x 2 m, bien camouflé par la végétation, donne accès à une première galerie descendante où l'on trouve deux fours à nitrate. Au bout, un petit conduit mène à une sévère étroiture remontante qui a probablement été débouchée lors de l'extraction des sédiments servant à alimenter la petite exploitation de nitrate. Elle permet de prendre pied dans une galerie remontante abondamment concrétionnée : disques, méduses, colonnes, excentriques. Elle se termine très rapidement sur plusieurs coulées de calcite. Malheureusement, même avec l'étroiture défendant la cavité, quelques concrétions ont été victimes de leur beauté... (Sylvain, Jean-Pierre) - ^ -

Conclusion

Nous quittons ce comté avec la satisfaction d'avoir pu mener un travail suivi sur le système du synclinal de Yanziping, mais aussi avec des regrets : une seule incursion sur le poljé de Taiping reconnu en 89 et à 8 km seulement de la ville. Il attend donc toujours ses explorateurs ! Pas le temps non plus de visiter la fabuleuse zone montagneuse au NE qui dépend du système de Wantan et descend vers la Province du Hunan, ni les zones W et SW du comté qui, d'après les autorités locales, sont extrêmement riches en cavités ! Et il reste des cavités superbes non terminées, en particulier le fond de Zhaidong, la rivière de Donghe, le fond de Datiankeng... En somme, de quoi motiver une nouvelle expédition dans un comté qui nous a particulièrement bien reçu au niveau de la population et des autorités locales.- ^ -


Karstologia Mémoires N° 6 Année 1995 DONGHE 92 - ISBN : 2-7417-0162-8


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