4. Shigaodong - Grotte du Gypse
Code : K2 - Village : Wenquan
Lat. : 28°14’17,5” - Long. : 107°16’38,5” - Alt : 840 m
Cette cavité a constitué une grotte-mine pour l’exploitation du gypse, d’où son nom. Pour atteindre l’entrée orientale de Shigaodong, il faut passer devant la résurgence de Shuangheshuidong, puis remonter un sentier sur 100 m de dénivelé pendant 15 mn. Le porche d’entrée mesure 10 m de large sur 4 m de haut. Au bout de 300 m, une fortification a été construite sur un rétrécissement de la galerie (6 x 1,5 m). Un orifice de 80 cm permet d’atteindre une galerie horizontale qui aboutit, au bout de 180 m, dans un vaste carrefour.
A gauche, on rejoint la salle du Rideau (50 x 25 x 20 m) qui donne accès au méandre Agressif découvert par des ouvriers chinois. Dans la salle du Rideau, une tranchée a été creusée par ces derniers jusqu’à une autre salle. L’accès au méandre Agressif se situe sur la paroi de gauche, au niveau d’un ressaut étroit avec courant d’air, suivi d’un puits de 12 m. Ce méandre, de 2 m de large, dont les parois sont tapissées de concrétions en choux-fleurs et piles d’assiettes, est entrecoupé de trois ressauts. Au bout de 230 m, il débouche dans la salle des Pas par un puits de 8 m. C’est là que nous avons trouvé des empreintes de pas anciennes apparemment laissées par une personne seule. La salle des Pas débouche sur un puits-faille qui recoupe une galerie de 5 m de large sur 15 m de haut parcouru par un ruisselet de 3 l/s. A l’aval, la galerie est trépanée par un puits de 20 m au fond duquel l’eau se perd dans un laminoir inter-strate infranchissable. De l’autre coté du puits, on devine la suite de la galerie qui n’a pas été explorée. A l’amont de cette galerie, au bout de 100 m, le ruisselet sort d’un siphon qui est court-circuité par la chatière du Velcro Noir. Le réseau se termine à la base d’un puits que nous n’avons pas remonté.
A droite on se dirige vers le carrefour du Bloc par un tunnel de 20 m de large, encombré de blocs concassés. C’est la galerie de l’Exploitation qui se développe sur 300 m. A mi-parcours, on passe devant la galerie des Gours qui est colmatée à ses extrémités par des sédiments et un fort concrétionnement.
Au carrefour du Bloc, deux itinéraires permettent de sortir dans Tuanduiwoshuidong :
- à droite, débute Subway Branch, galerie de 900 m de long sur 10-15 m de large, qui rejoint directement le porche ouest. Le plafond, de morphologie phréatique, mesure 3 à 5 m de haut. Le plancher est creusé de tranchées artificielles. A 30 m de la sortie, la galerie recoupe la Grande Fracture qui débouche, après un toboggan et un puits de 15 m, sur la Grande Carrière et une autre entrée appelée Tonggu-Pixiaodong ;
- Tout droit, on se dirige vers les puits des Japonais, le réseau Enfin de la Première et la grotte de Tonggu-Pixiaodong. Le puits des Japonais, large de 6 x 15 m est suivi par un puits de 15 m. A sa base, on accède au réseau de la Grande Carrière, tandis que le dernier puits des Japonais, profond de 57 m, donne accès au niveau inférieur représenté ici par le réseau intitulé Enfin de la Première. Il s’agit d’une galerie en méandre de 3 m de large recoupant une rivière de 2 l/s provenant d’un puits remontant et se terminant sur le cloaque des Générations Futures, zone boueuse étroite marquée par un léger courant d’air.
Depuis l’entrée de Tonggu-Pixiaodong, porche de 10 m de large sur 4 m de haut, un petit orifice situé à droite donne accès à une galerie descendante qui a été aménagée en escalier pour faciliter le passage des ouvriers. On débouche dans une salle inclinée dans laquelle on aperçoit, à droite, l’arrivée de la Grande Fracture. Au fond de la salle débute le réseau dit de la Grande Carrière qui a été totalement défiguré par l’exploitation de gypse et de nitrate de 1928 à 1960. La galerie mesure 10 m de large et 2 à 3 m de hauteur et rejoint une salle de 30 à 40 m de diamètre transformée également en carrière. La Grande Carrière se termine au niveau du Rideau d’Eau entre le second et le troisième puits des Japonais. [N. Clément]
"BOTTAZZI, Jean; CLÉMENT, Nicolas; FAURE, Nicolas; MAIRE, Richard; MANGEL, Laurent; LI, Po; POUILLY, Marc"
Karstologia Mémoires, n° 9 : Voyages en terre chinoise : Chapitre 4
Analyse :
Le district de Suiyang est au nord du Guizhou (Chine). Il recelle la plus longue grotte de Chine, creusée dans les calcaires et dolomies de l'ordovicien et du cambrien. Ce chapitre décrit l'état des explorations à l'issue des expéditions de 2001 et 2003 qui sont venues poursuivre les explorations débutées en 1988 par une équipe sino-niponne. La topographie de ce réseau géant (54,3 km en incluant les découvertes de l'année 2003) est donnée dans un additif en fin d'ouvrage. Ce chapitre contient également l'étude d'un têtard oreolalax observé sous terre. (BJ).
4249 caractères - Lu 122 Fois
Shigaodong (26)
Shigaodong a été victime d’une exploitation minière et plus récemment d’un aménagement touristique désastreux qui a été plutôt bien récupéré si ce n’est qu’une bonne partie de cette traversée sub-horizontale a été transformée en tunnel routier pour la circulation des touristes en voitures électriques.
L’entrée est, située en face et un peu plus haut de Shanlindong ouest, s’ouvre derrière un rideau de cascades tandis que la sortie ouest se fait dans le tiankeng de Tuanduiwoshuidong, en face de Luojiaodong. La connexion souterraine avec Shalindong a été établie par le méandre agressif.
Le veau de pacotille
L’une des destinations du premier sentier de béton qui s’effritait, probablement à cause d’une incompatibilité entre le sable gypseux et le ciment, était, sur la gauche après la galerie d’entrée, un ensemble de salles concrétionnées et de grande hauteur. À sa base part un laminoir désobstrué menant à une salle basse suivie de trois galeries parallèles qui se rejoignent toutes rapidement. La plus à droite d’entre elles conduit au petit puits qui descend à la galerie des styrènes et une trémie mal fouillée située au-dessus du départ du méandre agressif, celui qui rejoint Shanlindong.
Là où ces trois galeries se rejoignent, sur la droite, une montée raide sur les sédiments aboutit à une seconde haute salle sur fracture. Pratiquement au pied de cette montée, un soutirage concrétionné descend légèrement dans les laminoirs du veau de pacotille (toujours couché). On a immédiatement un carrefour. Bien que le conduit de droite soit plus haut et plus large, il ne permet pas de progresser debout et son sol de gours et de choux-fleur rend préférable le passage de gauche. Là, on enchaîne reptations et étroitures. Les diverticules sont brefs et plus fastidieux que divertissants. On laisse sur la droite un amont avec des gours, en provenance de la galerie laissée précédemment. L’aval devient plus large, mais guère plus haut. On repasse une fissure étroite shuntant un cul-de-sac pourtant espéré et on arrive à un nouveau carrefour. À droite, c’est un laminoir au sol sableux. Après une zone franchement étroite, on recoupe une arrivée de gours secs. Ce nouveau laminoir un peu plus haut ramène en arrière et jonctionne avec le passage où il faudrait se détruire les genoux pour avancer. À gauche, on commence à pouvoir marcher un peu, mais pas toujours, dans un méandre large et sec présentant des petits ressauts et de nombreux coudes. On arrive alors à un ressaut de 1,5m qui présente une salle à sa base. Dans ce qui suit, on observe de belles cloches au plafond délimitées par une couche marneuse. Puis on arrive à un P14 non descendu. Le courant d’air, renforcé à chaque carrefour, a été perdu. Pour le retrouver, après le ressaut de 1,5 m, il faut monter attraper un nouveau laminoir. Le sol, lorsqu’il n’est pas dur, est un sédiment sableux noirci, comme couvert d’une suie non grasse. On aboutit ainsi au-dessus d’un méandre profond, trop large pour descendre en opposition et aux parois intégralement couvertes de concrétions en choux-fleurs. C’est à n’en pas douter le méandre agressif, ce que confirme bien la topographie.
La galerie des styrènes
Ce petit réseau de quelques centaines de mètres doit son nom à l’odeur de polystyrène brûlé qui accompagna l’exploration. Il s’agit à n’en pas douter d’une accumulation des fumées d’un feu de poubelles fait dans la grotte par les ouvriers du chantier d’aménagement de Shigaodong.
On accède à la galerie des styrènes en gardant la paroi de droite après le laminoir désobstrué qui est
maintenant une galerie de 2 m de haut. Dans un coin de galerie concrétionné, se trouve un P5. En fait, en s’immisçant entre les blocs adéquats, on peut le descendre sans corde. Sur la droite, on bute sur un colmatage. À gauche, deux niveaux de galeries s’individualisent puis se rejoignent. L’étage inférieur est concrétionné de choux-fleurs. À cette jonction, sur la gauche, on accède à un petit complexe perché dans la trémie, mais toutes les ramifications y sont invariablement obstruées par des blocs ou de la calcite, souvent les deux. La galerie malheureusement se divise rapidement en un départ colmaté, une cheminée remontante bouchée à son sommet et trois boyaux parallèles qui se rejoignent plus loin. Le sol calcifié recouvert de boue colmate progressivement le volume jusqu’à former un passage impénétrable juste après une flaque d’eau. Ce petit réseau est parsemé de concrétions excentriques.
Le méandre agressif
Ce méandre qui relie Shigaodong à Shanlindong n’avait été vu que lors de son exploration en 2001. En bas du premier puits, un P11, une escalade a permis de passer dans un étage supérieur. Vers l’amont, un nouveau ressaut de 5m a été escaladé, mais le courant d’air vient de fissures impénétrables. Vers l’aval, un boyau bien sec et ventilé descend en se rétrécissant. On a trouvé sa destination plus en aval dans le méandre agressif en haut d’une autre escalade en artif de 9 m. Dans le même mouchoir de poche, une autre escalade de 5m, la plus facile de toutes, est prolongée d’un boyau amont étroit. En aval, on rencontre une bifurcation importante. Hélas, la galerie arrivant par la droite de divise et tout est bloqué par des trémies calcifiées.
Le méandre agressif compte plusieurs petits puits. Un P6 marque une bifurcation majeure où on a vraiment l’impression de rejoindre un grand méandre. En fait, l’amont consiste en une montée régulière sur des coulées de calcite. Le dernier cran a dû être franchit en escalade artificielle, puis on est bloqué, encore une fois par une trémie calcifiée. La seule branche découverte qui n’est pas absolument terminée se trouve entre la base du P11 et l’escalade en artificielle de 9 m. C’est également une trémie calcifiée, mais le courant d’air guide à travers les blocs. On franchit une étroiture ronflante, puis on monte en suivant un filet d’eau pétrifiante. On débouche dans une salle ronde, puis ça continue à monter.
L’arrêt s’est fait à la base d’un puits de 18 m qui n’est qu’un évidement de la trémie consolidée par la calcite. Une escalade est possible. On est déjà plus haut que les trémies observées au-dessus de la galerie des styrènes, mais 80 m plus bas que la salle des cercles explorée dans l’aval de Xionghuatang. Le début de la trémie en revanche n’est pas très loin de celle observée en amont de la salle de bifurcation de Shanlindong. [Jean Bottazzi]
AUT. VAR (2019)
Jean BOTTAZZI, Éric SANSON, Bruno HUGON, Olivier TESTA, Alain MAURICE, Marc GUICHOT, Florence GUILLOT, Cécile PACAUT, Marc FAVERJON, Marc TREMBLAY, Amandine LABORDE, Nicolas FAURE, Emmanuel VITTE, Jessica MORIN-BUOTE, Éric DAVID, Éric LECUYER, Éric MADELAINE, Gilles CONNES.
Topographes
Jean BOTTAZZI, Éric SANSON, Bruno HUGON, Nicolas FAURE, Olivier TESTA, Barnabé FOURGOUS, Pascal ORCHAMPT, Emmanuel VITTE, Éric DAVID, Marc TREMBLAY, Florence GUILLOT, Fabien MULLET, Marc FAVERJON, Charles BUTIN, Cécile PACAUT, Alain MAURICE, Gilles CONNES, Jes- sica MORIN-BUOTE, Michel ISNARD, Jean-Pierre BARBARY, Patrick LETOURNEL, Marc SÉCLIER, Marc GUICHOT, Vivien MOINAT, Éric MADELAINE, Silvia ARRICA, Silvère PASTUREAU, LIZIXIN, Éric LECUYER, Thierry MONGÈS, Amandine LABORDE, Daniel BETZ, Olivier JÄRMANN, Christian DELAIRE.
Coordination, rédaction, synthèse topographique et composition :
Jean BOTTAZZI
Spelunca Mémoires n° 39 (2019)
Voyages en terre chinoise tome 5. Expéditions spéléologiques franco-chinoises 2011-2019 dans les grottes de Suiyang Shuanghedong
Analyse : gkc-JPB
6729 caractères - Lu 244 Fois
Aut. Var.(1992) : Guizhou China '91 Expedition Report (1988-1991).
95 pp., en japonnais, sommaire anglais, 16 cartes et figures., 25 topos plan et coupe, 59 phot n&b, 5 photo couleurs.
Source : gkc_ JPB
"MAIRE, Richard; BARBARY, Jean-Pierre; ZHANG, Shouyue; VANARA, Nathalie; BOTTAZZI, Jean"
Karstologia Mémoires, n° 9 : 562 p.
"Cet ouvrage synthétise les travaux des six expéditions organisées par le P.S.C.J.A. dans les provinces chinoises du Yunan, Guizhou et Liaoning entre 1997 et 2001. Il est organisé en trois livres traitant de : 1) les résultats des explorations, contenant inventaires, descriptions, cartes et topographies des 144 cavités explorées ; 2) l'environnement karstique, études approfondies sur des thèmes scientifiques ciblés ; 3) la spéléologie en Chine, sous l'angle historique et avec le récit des dernières expéditions. Les karsts sont ainsi numérisés depuis l'échelle géographique à microscopique selon des critères d'analyses aussi diversifiés que la géomorphologie, les indicateurs du milieu, le fonctionnement hydrochimique, l'écologie, le développement local et l'histoire de la spéléologie. (BJ)."
Source :
"BOTTAZZI, Jean; LI, Po; FAURE, Nicolas; SANSON, Eric; BOUGNOL, Aymeric; HE, Wei; ZHU, Wenxiao"
Spelunca Mémoires, n° 30 : Voyages en terre chinoise tome 2 : Chapitre 1
Le réseau de Shuanghe se trouve sur le district de Suiyang (Guizhou, Chine). Il se développe dans les dolomies d'un plateau de 78 km2 et de 700 à 1700m d'altitude. 100 entrées y sont inventoriées dont 64 topographiées. La complexe réseau de Shuanghe, 85 km, possède 27 entrées et trois rivières principales. Les paramètres lithologiques, structurels et hydrologiques, et spécialement le niveau de gypse inclu dans la stratification, déterminent le développement de ces grottes dont la formation peut être décomposée en quatre phases. Nous présentons ici la description du massif, l’inventaire des cavités, une approche des facteurs génétiques et les résultats des expéditions 2004 et 2005. (Author, BJ).
Source :
AUT. VAR (2019)
Jean BOTTAZZI, Éric SANSON, Bruno HUGON, Olivier TESTA, Alain MAURICE, Marc GUICHOT, Florence GUILLOT, Cécile PACAUT, Marc FAVERJON, Marc TREMBLAY, Amandine LABORDE, Nicolas FAURE, Emmanuel VITTE, Jessica MORIN-BUOTE, Éric DAVID, Éric LECUYER, Éric MADELAINE, Gilles CONNES.
Topographes
Jean BOTTAZZI, Éric SANSON, Bruno HUGON, Nicolas FAURE, Olivier TESTA, Barnabé FOURGOUS, Pascal ORCHAMPT, Emmanuel VITTE, Éric DAVID, Marc TREMBLAY, Florence GUILLOT, Fabien MULLET, Marc FAVERJON, Charles BUTIN, Cécile PACAUT, Alain MAURICE, Gilles CONNES, Jes- sica MORIN-BUOTE, Michel ISNARD, Jean-Pierre BARBARY, Patrick LETOURNEL, Marc SÉCLIER, Marc GUICHOT, Vivien MOINAT, Éric MADELAINE, Silvia ARRICA, Silvère PASTUREAU, LIZIXIN, Éric LECUYER, Thierry MONGÈS, Amandine LABORDE, Daniel BETZ, Olivier JÄRMANN, Christian DELAIRE.
Coordination, rédaction, synthèse topographique et composition :
Jean BOTTAZZI
Spelunca Mémoires n° 39 (2019)
Voyages en terre chinoise tome 5. Expéditions spéléologiques franco-chinoises 2011-2019 dans les grottes de Suiyang Shuanghedong
Source : gkc-JPB
Cette grotte a été identifiée ou explorée au minimum par cette (ces) expédition (s) :