dong Shanwangdong - 山王洞

Shanwangdong (6)
L’entrée de Shanwangdong est l’une des plus fréquentées du réseau, car elle est très accessible, dans le vallon de gauche au sud de Guihua, après le grand porche de Yinhedong, au pied d’une cascade. Une branche de la grotte ayant été l’objet d’une première exploitation touristique il y a une quinzaine d’année, un mur de protection muni d’une porte fermée à clef barre la route. Heureusement, le passage des spéléos reste possible en escalade au-dessus.
C’est une cavité à demi aménagée pour des visites guidées sans matériel autre que le casque et la lampe frontale. Derrière le mur, en remontant sur des éboulis puis des coulées stalagmitiques sur la gauche, une sortie secrète a été récemment découverte, mais elle ne constitue pas une entrée alternative, car elle est difficilement accessible depuis l’extérieur et est défendue par une étroiture non franchie.
Shanwangdong est une cavité complexe avec un étage de grosses galeries fossiles recoupées par des actifs. Une importante fracture semble vouloir limiter l’extension du réseau vers le sud-est. Il reste des prolongements envisageables accessibles par des escalades. Le courant d’air énorme qui parcourt la galerie principale s’explique par des connexions avec des grosses entrées supérieures (Pixiaodong et Xiadong), une entrée inférieure (Yinhedong), des entrées supérieures éloignées (Suanzaodong, Xiaolongdong, Liexiongxiaokeng, Taozishuwan- xiaokeng) et une convection dans la hauteur de la galerie, de sorte qu’il est bien difficile d’en dresser un bilan quantifié.
La salle du tournage
Dans cette salle explorée en 2010 (cf.:Voyages en terre chinoise tome 3 - chapitre 8, page 184), les départs les plus évidents ont été poursuivis. Tout d’abord, nous avons exploré le puits descendant repéré sur la droite en montant dans la salle. On descend un premier puits de 30 m tournant sur lui-même. On descend ensuite un P10, une galerie fortement déclive, un nouveau P10 et on rejoint dans une petite salle dans l’étage inférieur, en amont du méandre des inspecteurs. À côté du départ du P30, une escalade de 20m a été entreprise pour suivre l’amont. Mais en haut, il n’y a qu’une trémie. Des niphargus ont été observés dans les vasques d’eau.
Un réseau plus important à été exploré en 2011. C’est la galerie des choux-fleurs. Elle débute sur la gauche juste avant la marche de 30 m descendant au fond de la salle du tournage et consiste en deux galeries caractérisées par l’abondance de concrétions en choux-fleur. On a le choix entre deux P10 parallèles. En bas, la branche de droite recueille le petit actif tombant dans le premier des deux puits. Elle conduit à deux lucarnes perchées au-dessus de la galerie de Shanwangdong. La branche de gauche est concrétionnée, on y trouve des humérus de chauve-souris. Elle s’achève également sur un grand puits qui crève le plafond de la galerie de Shanwangdong. En face du départ de la galerie des choux-fleurs, à droite avant la marche de 30 m, une escalade a été franchie. On grimpe de 30m en trois relais. La galerie qui suit remonte jusqu’à une trémie calcifiée.
Le labyrinthe vertical
La page 183 de Voyages en terre chinoise tome 3 fait mention d’un P35 assurant la jonction entre la grande galerie fossile de Shanwangdong et la rivière sous- jacente de Dafengdong. Les explorations récentes ont mis en évidence une configuration beaucoup plus complexe.
D’une part, l’actif arrivant depuis Xiaolongdong, entrée supérieure rejoignant Shanwangdong, peut être suivi vers l’aval : un joli méandre où s’égrènent des ressauts franchissables en escalade permet de rejoindre bas de ce P35. Le début de ce parcours peut être shunté par un P12, sous la trémie, en paroi opposée au P25, le seul que l’on trouve facilement à gauche au point bas de la galerie juste après la salle où arrive Xiaolongdong. D’autre part, ce même P25 est borgne à sa base, mais présente de nombreuses lucarnes qui se rejoignent entre elles. Par une escalade dans l’une d’entre elles, on remonte presque au niveau du haut du P25. On trouve alors un puits sur fracture, également borgne à sa base, mais dont une lucarne rejoint le P35.
Le parcours exhaustif de cet imbroglio de puits, lucarnes et courts méandres généralement agrémentés de choux-fleurs pose question. Quelques soient les accès que l’on emprunte pour aller de Shanwangdong à Dafengdong, le courant d’air est de sens contraire à ce que le simple effet de cheminée devrait produire entre deux entrées d’altitude différentes. De plus, le débit d’air qui s’engouffre en hiver dans toutes les issues connues ce labyrinthe vertical est absolument énorme.
À la recherche de la clef des vents
L’énigme que constitue ce déséquilibre considérable observé dans le bilan des courants d’air, a poussé à reprendre méthodiquement la topographie qui datait des premières explorations chinoises. Ce faisant, avant la salle du tournage, dans les courts conduits de transition entre la grande galerie fossile et le P35 menant à la rivière de Dafengdong, un ensemble complexe de petites conduites forcées fossiles, trémies mi-actives et petits puits mène- entre autres- au niveau du sommet de la cascade amont de la rivière de Dafengdong. Là, une traversée en escalade artificielle a permis de placer un rappel presque au centre du carrefour... et d’observer une petite lucarne. [Jean Bottazzi]
Derrière cette lucarne, un petit boyau oblige à ramper pendant 7m. Au bout, on voit l’actif au fond d’un méandre. On peut y descendre en libre, mais une corde d’environ 10 m sur amarrage naturel sécurise et facilite bien la descente. L’actif se laisse remonter. De temps en temps, il faut grimper pour éviter de trop se mouiller ou pour éviter quelques passages plus étroits. De jolies marmites et des
coulées de calcite embellissent ce parcours. La roche accroche globalement assez bien et les prises sont plutôt bonnes. Après une centaine de mètres, on peut quitter l’actif par une escalade en rive gauche. En haut, se développe sur quelques dizaines de mètres une galerie fossile dont le plafond est constitué d’une roche de mauvaise qualité et qui se mène à une trémie. Le fossile continue. l est en fait constitué de remplissages recreusés. Ensuite sur la rive droite se dresse une énorme coulée de calcite de très mauvaise qualité. Son escalade nécessiterait une corde, au moins pour redescendre, mais les reports topographiques et l’absence de courant d’air incitent à considérer cette branche comme terminée.
En suivant l’actif sur environ cent mètres, les marmites deviennent plus larges et plus profondes. Pour les traverser, il faudrait se mouiller les pieds. Un joli méandre fossile s’ouvre en hauteur sur la rive gauche et permet d’éviter les marmites profondes. Il arrive dans une petite salle d’une dizaine de mètres de diamètre juste au niveau d’une cascade débouchant dix mètres plus haut. Un fossile fait une boucle au fond de cette salle. La cascade constitue la suite amont de cette petite rivière, mais une escalade d’une dizaine de mètres est nécessaire pour continuer. Le courant d’air présent dans tout l’actif semble passer par là. [Marc Guichot]

AUT. VAR (2019)
Jean BOTTAZZI, Éric SANSON, Bruno HUGON, Olivier TESTA, Alain MAURICE, Marc GUICHOT, Florence GUILLOT, Cécile PACAUT, Marc FAVERJON, Marc TREMBLAY, Amandine LABORDE, Nicolas FAURE, Emmanuel VITTE, Jessica MORIN-BUOTE, Éric DAVID, Éric LECUYER, Éric MADELAINE, Gilles CONNES.
Topographes
Jean BOTTAZZI, Éric SANSON, Bruno HUGON, Nicolas FAURE, Olivier TESTA, Barnabé FOURGOUS, Pascal ORCHAMPT, Emmanuel VITTE, Éric DAVID, Marc TREMBLAY, Florence GUILLOT, Fabien MULLET, Marc FAVERJON, Charles BUTIN, Cécile PACAUT, Alain MAURICE, Gilles CONNES, Jes- sica MORIN-BUOTE, Michel ISNARD, Jean-Pierre BARBARY, Patrick LETOURNEL, Marc SÉCLIER, Marc GUICHOT, Vivien MOINAT, Éric MADELAINE, Silvia ARRICA, Silvère PASTUREAU, LIZIXIN, Éric LECUYER, Thierry MONGÈS, Amandine LABORDE, Daniel BETZ, Olivier JÄRMANN, Christian DELAIRE.
Coordination, rédaction, synthèse topographique et composition :
Jean BOTTAZZI
Spelunca Mémoires n° 39 (2019)
Voyages en terre chinoise tome 5. Expéditions spéléologiques franco-chinoises 2011-2019 dans les grottes de Suiyang Shuanghedong

Analyse : gkc-JPB

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