dong Pixiaodong - 皮硝洞

1. Pixiaodong - Grotte du Nitrate
Code : Sui013 - Village : Wenquan
Lat. : 28° 13’ 49,6” - Long. : 107° 17’17,4” - Alt : 862 m
Du village de Guihua, il faut prendre le chemin en direction du sud et monter de 150 m jusqu’à un col. On redescend au niveau de l’extrémité aval d’une grande vallée aveugle qui se termine par la perte temporaire de Xiadong. La grotte de Pixiaodong s’ouvre 400 m en amont, en rive droite, 60 m au-dessus du talweg. Le porche, encombré de gros blocs, mesure 30 à 40 m de large sur 20 m de haut. Il donne accès à une vaste galerie de morphologie phréatique agrémentée de coups de gouge indiquant une circulation vers l’intérieur attestant un ancien fonctionnement de perte.
Le réseau Sud. De l’entrée, on suit le sentier qui parcourt la cavité sur 3 km environ. Quelques bifurcations sont rencontrées. On suit la paroi de droite et l’on prend systématiquement les galeries démarrant à main droite. Au terminus de l’équipe chinoise, on descend un puits de 15 m. En bas, la galerie bute rapidement sur une escalade au sommet de laquelle s’ouvre un large puits de 30 m. A sa base, une galerie concrétionnée se développe à l’aval sur 200 m. A ce niveau, on rencontre un amont actif alimenté par une cheminée de 15 m qui n’a pas été remontée. A l’aval, on descend sur une pente ébouleuse, mais la galerie bute 50 m plus loin sur une escalade. Au point bas, le ruisseau s’infiltre dans une trémie. 10 m au sud-est, une étroiture en sommet de verticale semble donner accès à la suite. Un puissant courant d’air s’y engouffre. Nous avons descendu un puits de 13 m à la base duquel un ruisselet disparaît dans une trémie impénétrable. A la base du puits de 30 m, nous avons remonté l’amont de la galerie sur 110 m dans la fracture. Là, aucune suite ne semble possible.
Le réseau de la Jonction. A 200 m de l’entrée, à main gauche, une galerie secondaire se dirige vers l’est. Elle est parcourue par un fort courant d’air et présente quelques rétrécissements. Une étroiture a été volontairement obstruée par des blocs pour protéger la suite du réseau. Au bout de 100 m, elle débouche dans une galerie orientée sud-nord par un ressaut de 2 m. Cette galerie, de 4 m de large sur 10 m de haut, présente un abondant concrétionnement de gypse : fleurs, poudre, crosses, croûtes, planchers, coulées, stalactites et stalagmites. Une rose de gypse mesure 25 cm de diamètre. En continuant au nord, quelques diverticules sont obstrués par d’épais remplissages.
La jonction avec le réseau Xiadong-Yinhedong s’effectue au bout de 500 m, en plafond, à moins de 200 m du grand porche de Xiadong que l’on aperçoit à l’ouest.

"BOTTAZZI, Jean; CLÉMENT, Nicolas; FAURE, Nicolas; MAIRE, Richard; MANGEL, Laurent; LI, Po; POUILLY, Marc"
Karstologia Mémoires, n° 9 : Voyages en terre chinoise : Chapitre 4
Analyse :
Le district de Suiyang est au nord du Guizhou (Chine). Il recelle la plus longue grotte de Chine, creusée dans les calcaires et dolomies de l'ordovicien et du cambrien. Ce chapitre décrit l'état des explorations à l'issue des expéditions de 2001 et 2003 qui sont venues poursuivre les explorations débutées en 1988 par une équipe sino-niponne. La topographie de ce réseau géant (54,3 km en incluant les découvertes de l'année 2003) est donnée dans un additif en fin d'ouvrage. Ce chapitre contient également l'étude d'un têtard oreolalax observé sous terre. (BJ).

2748 caractères - Lu 296 Fois


Pixiaodong (9)
Pixiaodong est une des premières grottes explorées du réseau de Shuanghedong. La topographie a été reprise dans la zone d’entrée pour disposer de données fiables sur la jonction avec Shanwangdong.
À cette occasion, deux escalades latérales de 50 m de haut alignées sur une même fracture de part et d’autre de la galerie, ont été faites à moins de 100 m de la première bifurcation en direction du fond. En effet, cet endroit correspond à un changement de température perceptible lorsqu’on parcourt la galerie, ce qui laissait imaginer une arrivée importante de courant d’air. Dans les faits, il n’en est rien. C’est un mouvement de convection, alimenté par le mélange des flux entre l’entrée de Pixiaodong, la jonction avec Xiadong et le courant d’air d’origine lointaine de Pixiaodong qui laissait cette impression.
Escalade du super G
En allant vers le fond, dans les rampes du super G (cf.:Voyages en terre chinoise tome 3 - chapitre 8, page 189). Une escalade fortement inclinée d’une quinzaine de mètres arrive dans une large galerie horizontale totalement colmatée au bout de 30 m. Seule subsiste sur la gauche, une haute fissure, remontante, mais qui en l’éclairant bien, n’incite absolument pas à tenter d’en poursuivre l’exploration.
Bivouac
Après le super G, dans les galeries croustillantes, à mi-chemin entre le carrefour des quatre chemins et le carrefour des égarés, une petite branche d’une trentaine de mètres a été ajoutée à la topographie. Elle offre un lieu de bivouac abrité du courant d’air et proche d’un point d’eau.
Le P20 de 80
Ce puits doit son nom au fait qu’il avait été présenté aux explorateurs comme un P20, alors que sa profondeur réelle était proche de 80 m !
Le départ de ce puits se trouve dans la galerie des humérus, sur la droite, au niveau d’une zone repérable par de grosses concrétions et quelques mètres avant une baïonnette caractéristique, bien visible sur la topographie. Pour arriver réellement au sommet du puits, il faut franchir une espèce de «porte» dans la paroi, pour retrouver au bas d’un évasement, une fracture pas très large tapissée de choux-fleurs. On perçoit nettement à ce niveau, un courant d’air soufflant par temps chaud. Deux points de descente sont possibles et dès que l’on a descendu quelques mètres, le puits s’évase notablement, surtout dans le sens de la fracture. On a alors plusieurs options pour gagner le fond, nous avons choisi la solution la plus verticale qui permet d’enchaîner 4 verticales de 5, 24, 32 et 20 m. On se pose alors dans la poussière à la base du puits globalement circulaire.
La seule suite possible se trouve sous la forme d’un P8 latéral dont le sommet est encombré d’un amas de blocs produits par « gypsofraction ». Au point bas, un court méandre sinueux et étroit permet de sonder un nouveau puits d’une vingtaine de mètres que nous n’avons pas descendu, dissuadés par l’absence totale de courant d’air dans le secteur. Nous n’avons pas remarqué lors de l’exploration d’endroits potentiels d’où pourrait provenir le courant d’air. Peut-être une nouvelle inspection visant à utiliser d’autres voies de descente permettrait-elle d’élucider le mystère de son origine ?
La galerie du PNonante
Cette galerie doit son nom au fait qu’elle ait été explorée en grande partie par une division franco-suisse de l’expédition.
Le départ de cette galerie se trouve très près du fond de la galerie des humérus, au point bas d’une salle concrétionnée, encombrée de nombreuses dalles effondrées.
Un court méandre débouche au sommet d’un puits de «septante neuf» mètres axé sur une fracture. À sa base, il est possible de parcourir de part et d’autre plusieurs dizaines de mètres. Quelques arrivées d’eau issues des plafonds produisent à partir de ce niveau, une petite circulation d’eau qui s’engage dans un méandre étroit et boueux, mais heureusement très court. Il aboutit à un second puits de «nonante» mètres lui aussi axé sur une fracture parallèle. Après être passé sous la douche, un nouveau P12 permet de gagner en profondeur dans la faille et bute sur un amoncellement de blocs qui met un terme à toute progression bien que quelques petits vides soient visibles au-dessous. À ce niveau, une arrivée d’eau relativement conséquente provient des plafonds. Elle trouve vraisemblablement son origine dans un puits non descendu, estimé à 50 m et dans lequel on entend nettement un bruit de cascade. La topographie, corrobore cette hypothèse.
La galerie des yeux bouchés
Cette galerie a été nommée ainsi, du fait qu’il était écrit « colmaté » sur la topo, alors qu’il suffisait de se baisser ponctuellement pour en poursuivre l’exploration.
Le départ se situe dans les galeries croustillantes, dans la branche à droite après le carrefour des égarés, dans un grand virage à gauche peu avant l’accès à la galerie du strontium. C’est une galerie très sèche, de peu d’ampleur, constituant par endroits des zones labyrinthiques où il serait possible de poursuivre dans des boyaux latéraux pour qui aurait envie de progresser à quatre pattes, voir à plat ventre. On peut y noter la présence de marmites fossiles et d’un sol souvent formé de blocs anguleux. Au bout d’environ 300 m, après être descendu en pente douce d’une quinzaine de mètres, nous sommes arrêtés par plusieurs laminoirs dont la formation est due à la subdivision du conduit en de multiples branches. Il est cependant possible de poursuivre et il paraît probable que tout puisse se regrouper un peu plus loin pour ne reformer qu’un seul conduit, en revanche, il faut noter l’absence de courant d’air.
Cette galerie à la particularité de traverser sans en tenir aucunement compte, l’importante fracture de la galerie du strontium sus-jacente.
La galerie du strontium
Cette galerie débute dans un virage, à gauche, une centaine de mètres avant le sommet du puits du rêve. Lors des explorations précédentes, l’arrêt s’était effectué sur un puits à traverser, ou à descendre. (cf.:Voyages en terre chinoise tome 3 - chapitre 8, page 189). Nous nous sommes aperçus, qu’il était inutile de le descendre, puisse qu’il retombe dans les parties connues. En revanche en traversant ce puits de plus de 40 m (et non de 20 m comme évalué antérieurement) par des vires faciles, mais à équiper, nous retrouvons une galerie chaotique toujours axée sur la fracture. Au bout d’une centaine de mètres, il devient nécessaire d’équiper une zone verticale. Après avoir descendu un premier puits faille de 22 m de profondeur, pour une largeur inférieure au mètre, le conduit s’évase à nouveau et l’on enchaîne par un P6 en partie creusé dans les alluvions. On passe peu après sous une douche issue des hauteurs indiscernables des plafonds pour arriver en balcon au-dessus d’une nouvelle verticale d’une vingtaine de mètres. Ce nouveau cran vertical, n’est en fait que le sommet du puits du papillon auquel On peut accéder beaucoup plus rapidement en prenant la branche nord au niveau du carrefour des 4 chemins, lui-même pour mieux le situer se trouvant juste au sommet des grandes remontées de Pixiaodong. Notons que le sommet du P22 faille semble être le meilleur endroit pour tenter une escalade traversante et ainsi peut-être arriver à atteindre l’origine de la douche sous-jacente. Cependant, cette opération serait une entreprise laborieuse et il faut se demander si le jeu en vaut la chandelle (cf.:Voyages en terre chinoise tome 3 - chapitre 8, page 191). [Bruno Hugon]
Les balcons
Cette branche a été décrite dans Voyages en terre chinoise tome 3 - chapitre 8, page 188.
La meilleure option pour la visiter est la suivante : Au lieu de descendre vers le lac, il est possible de gagner en remontant sur la gauche par des escalades faciles, des vires où la progression est assez aisée, mais nécessite tout de même quelques bouts de corde de sécurité. Au bout d’une cinquantaine de mètres, une petite descente sur corde permet d’atteindre un pont rocheux à partir duquel on peut changer de rive. On suit alors facilement de nouvelles vires pour atteindre la suite sans avoir eu à passer par les lacs.
Nous sommes retournés dans ce secteur relever la topographie de l’affluent des hélix et explorer le niveau inférieur accessible en bas du P21 et du P15 qui le suit. On bute à ce niveau sur un petit siphon encombré de graviers, mais nous supposons que l’eau poursuit son chemin pour aller alimenter les lacs où nous la voyons réapparaître. [Bruno Hugon]
La galerie du gypse
La galerie du gypse de Pixiaodong est une célébrité. Elle présente des floraisons de gypse uniques et la teinte bleutée que lui confère la célestite dans les débuts du réseau la rende unique en son genre. C’est un réseau qui mériterait une étude plus poussée. En effet, en dehors des hélictites, on trouve aussi des dépôts de gypse massifs et denses sur les parois des coupoles. D’autre part, le dépôt bleuté semble être un phénomène relativement récent, car il est présent sur des cailloutis anguleux au sol.
La topographie a été retouchée et de nouvelles branches ont été explorées. Ainsi, le fond de la branche de gauche a été poursuivie d’une vingtaine de mètres jusqu’à un colmatage. À gauche, avant la grande coupole, un laminoir a été exploré jusqu’à une trémie colmatée. Il est large, mais bas. On rampe tout le long, sauf quand on passe sous les coupoles. Le concrétionnement (aiguilles de gypse, hélictites) est présent, mais pas exceptionnel. Enfin, dans la première branche latérale de la galerie de gauche après le carrefour séparant les deux principales ramifications aval de ce réseau, un boyau et une trémie ont été franchis. Il reste une étroiture ventilée à forcer. Cette branche n’est pas concrétionnée, mais suit une couche marneuse rougeâtre. [Jean Bottazzi]

AUT. VAR (2019)
Jean BOTTAZZI, Éric SANSON, Bruno HUGON, Olivier TESTA, Alain MAURICE, Marc GUICHOT, Florence GUILLOT, Cécile PACAUT, Marc FAVERJON, Marc TREMBLAY, Amandine LABORDE, Nicolas FAURE, Emmanuel VITTE, Jessica MORIN-BUOTE, Éric DAVID, Éric LECUYER, Éric MADELAINE, Gilles CONNES.
Topographes
Jean BOTTAZZI, Éric SANSON, Bruno HUGON, Nicolas FAURE, Olivier TESTA, Barnabé FOURGOUS, Pascal ORCHAMPT, Emmanuel VITTE, Éric DAVID, Marc TREMBLAY, Florence GUILLOT, Fabien MULLET, Marc FAVERJON, Charles BUTIN, Cécile PACAUT, Alain MAURICE, Gilles CONNES, Jes- sica MORIN-BUOTE, Michel ISNARD, Jean-Pierre BARBARY, Patrick LETOURNEL, Marc SÉCLIER, Marc GUICHOT, Vivien MOINAT, Éric MADELAINE, Silvia ARRICA, Silvère PASTUREAU, LIZIXIN, Éric LECUYER, Thierry MONGÈS, Amandine LABORDE, Daniel BETZ, Olivier JÄRMANN, Christian DELAIRE.
Coordination, rédaction, synthèse topographique et composition :
Jean BOTTAZZI
Spelunca Mémoires n° 39 (2019)
Voyages en terre chinoise tome 5. Expéditions spéléologiques franco-chinoises 2011-2019 dans les grottes de Suiyang Shuanghedong

Analyse : gkc-JPB

10126 caractères - Lu 592 Fois




Recherche