dong Bojiyan - 簸箕岩

Bojiyan (10a)
Accès : Bojiyan est accessible par une marche d’approche consistante. Il convient de monter en voiture au hameau de Zhaizishan par une piste de terre. On poursuit à pied sur environ 500 m vers le nord sans prendre de dénivelé, en passant par quelques fermes, pour s’approcher d’un canyon large et profond. Un bon sentier monte alors parallèlement au canyon, sur 1 km en distance et environ 100 m de dénivelée. On arrive ainsi à un point haut, une sorte de petit col. Il faut alors descendre, toujours par un bon sentier, jusqu’à croiser le ruisselet au fond de la gorge qui n’est plus très profonde. Le sentier remonte alors. Au bout de 100 à 150m, on le quitte pour suivre l’axe d’une épaule perpendiculaire au canyon dans lequel il faut maintenant descendre. Il n’y a pas de véritable chemin et la descente présente des petits ressauts. Si on a bien manœuvré, on arrive au fond du canyon au niveau de la confluence de deux cascades. L’entrée de Bojiyan se trouve dans la verdure, presque, sous la deuxième cascade.
La galerie d’entrée et le puits
Le trou débute étroit, à cause de la blocaille d’effondrement produite vraisemblablement par la décompression à l’approche de la surface. Près de l’entrée, on trouve des installations de purification du nitrate qui - d’après le grand-père qui nous a guidé - auraient été utilisées il y a moins de vingt ans, c’est à dire après la prohibition de cette activité. Au fur et à mesure qu’on avance sous la montagne, la galerie montre sa forme d’origine : environ 5 m de diamètre au profil irrégulier du fait des strates. On trouve des premières concrétions truffées de choux-fleurs. Puis un P22 barre la route. Un P34 le suit, puis un P13, ce qui nous a fait un peu espérer puisqu’un net courant d’air aspirant y est sensible. On retrouve le même courant d’air au sommet du P24 qui le suit, mais en bas, c’est bel et bien un cul-de-sac. On peut remonter un peu en face, mais pas assez. La fracture à cet endroit doit afficher une profondeur proche de 100 m et s’il y a une suite, c’est en haut. Le courant d’air semble n’être qu’un vaste mouvement circulaire induit par une petite arrivée d’eau. Dommage, car nous sommes 200m à l’aplomb du puits remontant terminal de Longtanzishuidong.
Le sommet du P22 offre deux autres options que la descente. La première est une vire facile sur la droite qui a été reconnue sur près de 100 m. Elle surplombe la série de puits précédemment cités et pourrait permettre de classer à moindre frais la question d’une éventuelle suite dans le haut de la fracture pour peu qu’on y aille avec suffisamment de matériel pour assurer la sécurité de la progression. La seconde option en haut du P22 est une vire sur la gauche : un sentier de rats, gras à souhait, bien pourvu en myriapodes et équipé de deux vieilles planches pourries sur lesquelles il faut avancer à quatre pattes. Il va sans dire qu’une corde est nécessaire. Elle permet de traverser le puits et de poursuivre dans la belle galerie.
Le petit actif transversal
À peine 30m plus loin, une seconde fracture, parallèle à la première, apporte un petit peu d’eau. Il serait sans doute possible de grimper en ramonage pour l’explorer et descendre dans l’aval ne présentera pas de difficulté. Un coude de galerie plus loin, la galerie présente un petit suçoir latéral qui a été partiellement exploré : un boyau rejoint la fracture précédemment décrite. Il y a des continuations possibles dans ce secteur, elles sont étroites et sans courant d’air flagrant. La logique voudrait tout simplement que l’actif de cette fracture soit celui que l’on retrouve dans le dernier puits. Il sera néanmoins nécessaire de le vérifier, les grottes de Suiyang ayant une propension particulière pour la cachotterie.
Le soutirage
La galerie principale se poursuit. On passe un coude présentant un effondrement de très gros blocs et une petite arche naturelle. Un peu plus loin, on parvient à un ressaut provoqué par un soutirage. Le réseau qui descend ici est très sec. Il s’agit d’abord de boyaux, puis d’une galerie présentant des traces d’érosion torrentielle, puis les fractures imposent la descente de deux ressauts en escalade.
On franchit alors une zone où le conduit se divise et où - sans le bon courant d’air qui a guidé la recherche - on aurait pu conclure à la fin de cette partie de la cavité. Après une petite salle, une galerie basse conduit à une nouvelle fracture. On descend un P12 en escalade. En fait, il faut avancer à mi-puits pour trouver la suite. Il faut ensuite descendre partiellement puis remonter dans la fracture pour atteindre un puits de 5 m suivi d’une escalade inachevée d’une quinzaine de mètres qui marque le terminus actuel. Le courant d’air est soufflant en conditions estivales, ce qui indique que, bien que l’on descende vers l’aval, il provient d’une entrée haute.
Des branches latérales et supérieures à ce petit réseau ont été explorées. On reste sur la même strate avec des rivières souterraines fossiles. L’exploration d’un second aval a été entamée.
La suite de la galerie jusqu’au puits
On arrive ainsi à une bifurcation. À droite, la galerie est large, haute, mais ne se prolonge que sur quelques dizaines de mètres. Il faut donc descendre dans le laminoir de gauche où le courant d’air est accéléré par la réduction de la section. On ne rampe pas bien longtemps. Le sol étant sec et les petits blocs éparpillés dans les sédiments, ce n’est pas trop désagréable. Après un coude à gauche, la galerie fait un nouveau coude à 180°. Les blocs d’effondrements nous confirment l’influence de fractures dans cette péripétie topographique. La suite est presque rectiligne. En bas, sur la gauche, on observe des premières belles excentriques de gypse. Puis le plafond s’abaisse, la galerie se rétrécit jusqu’à former une étroiture où le courant d’air est ronflant. Un peu après, on arrive à une petite bifurcation avec de belles stalagmites. Nous visitons d’abord une branche à gauche. C’est une fracture abondamment concrétionnée qui devient rapidement impénétrable. La galerie principale se prolonge vers l’ouest, avec un nouveau passage en laminoir. Le gypse devient fréquent. Au bout de 100 m, après un coude à gauche, la direction générale devient plein sud. Le gypse forme des concrétions excentriques sur les parois. Après une seconde arche rocheuse, il nous a semblé observer les reflets bleutés caractéristiques de la célestite. Le sol est par endroits boursouflé de grosses bulles de gypse. Les fleurs de gypses se font plus grosses et abondantes sur les parois. Nous abordons bientôt la prochaine caractéristique de la grotte : une galerie en trou de serrure par effondrement. Sans avoir observé précisément la lithologie locale, on remarque que la partie évasée en hauteur et le simili-canyon inférieur ne se sont pas du tout formés selon le mode habituel d’une conduite forcée évoluant en creusement d’écoulement libre. Ici, la galerie était originellement un large laminoir. La faiblesse de cohésion entre strates et sans doute des diaclases coupant les méandres du creusement originel ont provoqué l’effondrement des parois en gros blocs massifs. Une couverture de sédiments donne alors l’illusion d’un parfait trou de serrure. De tels blocs effondrés en milieu de galerie apportent la confirmation de cette hypothèse. On passe sous une vaste coupole, puis on arrive à un carrefour. À gauche, on remarque une petite perte. Elle présente également une coupole dans laquelle il est nécessaire de monter car les concrétions abondantes semblent masquer un départ de galerie supérieure. La suite de la perte se rétrécit et devient boueuse. Le terminus, en bas d’un ressaut de 3m, est une petite salle excavée aux dépends d’un épais remplissage. Il n’y a pas de courant d’air. La galerie principale se poursuit, vaste (6x3m) sèche, concrétionnée et ventilée jusqu’à un cul-de-sac aux parois ornées de bouquets d’excentriques. On descend alors dans un large méandre fossile sur la gauche dont le sol calcité présente quelques laisses d’eau. Le profil redevient pour une centaine de mètres une conduite forcée au remplissage d’argile craquelée et indurée, puis le surcreusement prend progressivement de la hauteur. On descend ainsi jusqu’à un P12 avec une lucarne de l’autre côté. Sur la droite, avant le P12, on peut grimper dans une petite galerie qui arrive au-dessus d’un autre petit puits qui débouche en hauteur dans le puits central. En bas du P12, on observe une autre fracture partant du côté opposé. Elle a été remontée jusqu’à un passage trop étroit. Dans la fracture entre le P12 et le puits, il y a un petit affluent venant d’un boyau étroit et se perdant en fond de fissure. En haut du P12, il est possible d’avancer en vire, il y a une galerie en face, elle s’achève sur un colmatage. Elle est recoupée par un méandre fossile dont l’amont s’achève sur des étroitures et l’aval rejoint la base du P12 par une verticale parallèle.
Le puits central
C’est le plus important du secteur et parmi les plus impressionnants du massif. Il est au carrefour de trois cavités. Le plus logique pour l’atteindre est de descendre le P12 puis de poursuivre en opposition dans une fracture aux banquettes franches, mais recouvertes d’une boue légère et très hydratée de telle sorte qu’une corde est nécessaire. On descend ainsi vers le grand noir. On est se retrouve sur une sorte de balcon très abondamment tapissé de cette boue bien particulière déposée par les embruns de crue d’un cascade que l’on entend dans le lointain et qu’on sait être celle de Lantianbadong. Elle est brun clair, recouverte d’une pellicule noire et sa densité est si faible qu’on s’ y enfonce profondément jusqu’à toucher la roche sous-jacente, une corde est donc indispensable pour avancer. La vire est large et deux gros piliers séparent deux gros ravins bien pentus déversant dans le vide. On avance ainsi de 40m, c’est la longueur du puits dont la largeur dépasse 10 m. Au bout de ces 40 m, on se trouve sur une crête qui sépare à droite un grand abîme masqué par la brume et à gauche, au sud, un puits parallèle avec une cascade secondaire. La hauteur comme la profondeur de ces puits est insondable. Certains jets de pierre ont donné un temps de chute de 7s, mais le fond sonore est brouillé par la cascade. Le point haut de cette crête est le point de jonction avec Huoyanping qui débouche par une lucarne située 30m plus haut, derrière la cascade secondaire. Le puits principal a été descendu, c’est un P150. Il a permis de se raccorder topographiquement en bas du P27 qui suit le P214 de Lantianbadong. Il y a un méandre quasi-fossile aval arrêté sur un P25 et, plus haut, un palier perché séparant le bas du P150 d’un autre puits fort profond, au moins 60m. Une fissure au bas du P27 se dirige vers la cascade, un gros courant d’air vient de là.
Le réseau des traces de quoi
Il débute sur la vire du puits central avant le premier pilier. C’est une galerie de tendance bien boueuse au début. On descend un ressaut dans une petite salle concrétionnée, puis le chenal surcreusant la boue part dans une branche siphonnante et colmatée. Sur la droite débute une galerie plus petite et plus basse. Dans la boue, on observe des traces régulières, mais totalement illisibles. On sait juste qu’un animal de taille moyenne nous a devancé en ces lieux pourtant inaccessibles. La galerie se divise pour quelques dizaines de mètres en deux branches, puis elle rejoint une autre galerie surcreusée d’un méandre actif. L’amont a été suivit sur 150m. Il se divise en ramifications impénétrables, parfois colmatées par la calcite. Il y a des chauves souris. Le petit écoulement arrive quelque part dans le surcreusement. L’aval descend en pente douce. L’actif se perd rapidement dans un puits de 10 m dans le surcreusement. Le puits terminal est concrétionné et parcouru par un courant d’air bien net. On a vue sur 10m, mais les cailloux lancés tombent plus loin. [Jean Bottazzi]
En bas du puits central
Après le P25, un enchaînement de puits (P6, P17, P20) est entrecoupé de portions de méandre au parois souvent enduites d’argile. La roche est généralement de qualité douteuse. On louvoie pour trouver le meilleur passage. Juste avant le dernier puits, un passage a même été désobstrué dans la roche pourrie, pour gagner le fond du méandre devenu beaucoup plus praticable. Au bas du P14 se trouve une galerie agréable de quelques mètres de haut, qui hélas se réduit rapidement pour se transformer en un méandre étroit est couvert de superbes choux fleurs. Une escalade a permis d’atteindre un court étage supérieur avec des puits non descendus. Là aussi, une courte désobstruction a été nécessaire dans la calcite pour gagner le sommet d’un second P14. On retrouve alors un méandre déchiqueté, ni large, ni étroit, pour arriver au sommet d’un dernier puits de 23 m. À sa base, on croise une galerie livrant un amont et un aval. [Bruno Hugon]

AUT. VAR (2019)
Jean BOTTAZZI, Éric SANSON, Bruno HUGON, Olivier TESTA, Alain MAURICE, Marc GUICHOT, Florence GUILLOT, Cécile PACAUT, Marc FAVERJON, Marc TREMBLAY, Amandine LABORDE, Nicolas FAURE, Emmanuel VITTE, Jessica MORIN-BUOTE, Éric DAVID, Éric LECUYER, Éric MADELAINE, Gilles CONNES.
Topographes
Jean BOTTAZZI, Éric SANSON, Bruno HUGON, Nicolas FAURE, Olivier TESTA, Barnabé FOURGOUS, Pascal ORCHAMPT, Emmanuel VITTE, Éric DAVID, Marc TREMBLAY, Florence GUILLOT, Fabien MULLET, Marc FAVERJON, Charles BUTIN, Cécile PACAUT, Alain MAURICE, Gilles CONNES, Jes- sica MORIN-BUOTE, Michel ISNARD, Jean-Pierre BARBARY, Patrick LETOURNEL, Marc SÉCLIER, Marc GUICHOT, Vivien MOINAT, Éric MADELAINE, Silvia ARRICA, Silvère PASTUREAU, LIZIXIN, Éric LECUYER, Thierry MONGÈS, Amandine LABORDE, Daniel BETZ, Olivier JÄRMANN, Christian DELAIRE.
Coordination, rédaction, synthèse topographique et composition :
Jean BOTTAZZI
Spelunca Mémoires n° 39 (2019)
Voyages en terre chinoise tome 5. Expéditions spéléologiques franco-chinoises 2011-2019 dans les grottes de Suiyang Shuanghedong

Analyse : gkc-JPB

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