dong Suanzaodong - 酸枣洞

Suanzaodong (15)
En décembre 2014, a commencé l’exploration d’un nouveau système comportant six entrées : Suanzaodong (trois entrées), Shuidong, Taozishuwanxiaokeng et Liexiongxiaokeng.
La découverte de ce système est une des dernières que nous ayons faites en compagnie de notre regretté ami Hanfeng. Ces galeries portent encore l’empreinte de ses pas.
La jonction a été réalisée en 2017 en reprenant l’exploration des puits de Xiaolongdong.
Accès : Depuis le village de Guihua, la piste montant vers Pixiaodong est désormais bétonnée. Au col, prendre à gauche, jusqu’au hameau de Lantian. Le sentier part à droite, à flanc de coteau. Il passe devant une ferme. À l’orée du bois, on repère une grande combe tombant en pente raide jusqu’à Muzhutanggou. On est au-dessus des entrées de Xiadong et Pixiaodong. Il faut prendre le sentier qui monte sur la gauche vers un petit col dans la forêt. Dans la montée, on devine sur la droite en contrebas la petite doline de Liexiongxiaokeng.
Le sentier, toujours bien marqué, redescend après le col et sort à nouveau de la forêt. Il faut alors poursuivre sur la droite, plus ou moins à niveau, par le sentier le plus confortable parmi ceux qui s’entrecroisent et convergent vers le sud-ouest. Au bout de 500 m, on arrive aux fermes de Shapo. Un sentier moins bien marqué descend alors dans le creux du talweg et en direction de la gorge. On quitte ainsi les terrasses cultivées pour entrer dans la forêt. En surveillant sur la droite, après que le sentier ait traversé le talweg, on peut noter une vire avec un sentier discret. Il faut la suivre sur 200 m, elle mène à Suanzaodong.
La deuxième entrée est 22m plus loin sur la même vire, c’est une petite grotte développant une trentaine de mètres et jonctionnant par un petit puits. Pour trouver la troisième entrée, il faut revenir en arrière sur la vire sur une centaine de mètres et repérer un endroit où on a un sentier qui monte sur la gauche et un autre, plus petit, qui descend d’une vire sur la droite.
La troisième entrée est une petite grotte dissimulée par des pierres à une dizaine de mètres de ce sentier, sur la vire du dessous qui constitue d’ailleurs un très bon itinéraire de retour.
Descente vers la rivière
L’entrée de Suanzaodong mesure 2m de large et 1,5m de haut. Un gros courant d’air en sort en hiver. Il y a un vieux bassin percolateur à l’entrée, ce qui confirme les dires des autochtones, à savoir que la grotte était autrefois un lieu d’extraction de nitrates. Un peu plus loin sur la vire, il y a une autre grotte, plus petite et également ventilée ; elle rejoint la grotte principale par un ressaut de 6 m au niveau d’une coulée de calcite, une autre courte branche s’achevant sur un colmatage.
Le début de Suanzaodong est une galerie fossile
méandriforme de quelques mètres de large et dont la hauteur va en s’accroissant. À 70m de l’entrée, un boyau étroit bien ventilé repart en arrière, c’est une simple boucle rejoignant la galerie par un discret soupirail. Plus loin, on arrive à un puits de 9 m. Une inspection au sommet du puits nous a montré que la strate de plafond est le site originel de développement du réseau, ce qui reste vrai assez loin vers l’aval. Nous avons aussi pu observer un couple de mammifères, sans pouvoir distinguer s’il s’agit de civettes, comme dans Xiaolongdong, d’un écureuil volant comme celui dont nous avons vu la dépouille à Yinhedong, ou d’un autre animal, peut-être un prédateur, car nous avons vu des plumes à plusieurs endroits dans la galerie d’entrée. D’autre part, un large méandre arrive d’un puits de 3m, il provient de la troisième entrée de Suanzaodong.
Le P9 permet de descendre dans un méandre perpendiculaire, plus large, au sol calcité. L’amont se laisse remonter facilement sur une trentaine de mètres, puis il y a une escalade sur une coulée glissante. Derrière, un ressaut de 5m avec de l’eau en bas a ralenti l’exploration. La suite ne valait pas vraiment la peine de se mouiller, le méandre, ainsi que les branches du petit réseau de laminoirs creusés au dépends d’une strate supérieure, se termine par un colmatage.
En bas du P9, l’aval du méandre est large de 4 m et haut de 11 m. Un soupirail sur la gauche apporte du courant d’air, c’est le laminoir qui donne accès à la rivière amont et au cimetière des pandas. La galerie prend de la hauteur par le truchement d’un surcreusement. On arrive sur un méandre perpendiculaire profond dans lequel nous ne sommes pas descendus. L’amont de ce méandre a été topographié en avançant en opposition jusqu’en haut d’un puits de 30 m qui semble être parallèle à celui descendant au cimetière des pandas. Un bon courant d’air vient de là. Vers l’aval, toujours en se déplaçant dans la partie haute et large du méandre, nous avons été stoppé par des évasements trop exposés pour être franchis en oppositions. Nous avons donc été contents de trouver entre ces deux options une galerie fossile perchée. Elle semble retrouver l’aval du méandre, toujours aussi impraticable sauf à descendre au fond avec une corde, ce que nous n’avons pas fait. Au contraire, nous sommes montés, un peu avant, dans un petit méandre aboutissant à un P2, que nous avons shunté en rampant par un bref passage bas, rejoignant ainsi une salle. Au centre et à gauche de la salle, le chaos des énormes blocs effondrés est suspendu au-dessus de verticales que nous n’avons pas pris le temps de descendre. Nous sommes allés vers le nord, la galerie descendant progressivement tout en prenant du volume. Le sol est un chaos de gros blocs parfois tapissés de choux-fleurs et rehaussés de stalagmites. Il faut tout au nord descendre en spirale dans le chaos pour pouvoir rejoindre un niveau inférieur où coule une petite rivière. [Jean Bottazzi]
Les amonts
Une fois rejoint la rivière, l’amont commence par un amoncellement de blocs que l’on peut shunter en cherchant à rejoindre le plafond de la galerie. Nous trouvons ici les traces d’un effondrement des strates. Une immense dalle sur laquelle nous progressons permet de retrouver notre amont dans une galerie méandriforme. Ce secteur complexe, labyrinthique, présente deux connexions avec le cimetière des pandas. Depuis ce point, la rivière se découpe en deux amonts, le plus important étant celui de gauche. Celui de droite est quelque peu caché, mais permet de remonter une galerie sur une centaine de mètres. Au bout de celle-ci, une belle trémie obstrue le passage. Nous avons pu remonter d’une bonne vingtaine de mètres sans trouver de passage évident. Néanmoins un courant d’air est perceptible.
Revenons à présent dans l’affluent de gauche ou après une centaine de mètres, une galerie bifurque pour se jeter dans l’amont de droite par un magnifique P5. Si nous poursuivons, nous arrivons encore une fois sur une trémie majeure identique en tout point de vue à celle de l’affluent de droite. Notons ici la présence d’un crâne de panda proche de la rivière [Barnabé Fourgous]
La rivière et le shunt de la trémie
L’aval débute en toute beauté, la rivière serpente dans une grande galerie de 10x8 m s’élargissant à 20 m. Il y a des fistuleuses et un gros massif stalagmitique à l’intérieur d’un grand virage. Au bout de 300 m, une branche monte sur la gauche, c’est là que la cavité continue. Plus loin, c’est sur la droite qu’un conduit important et ventilé semble de désolidariser de la galerie principale, mais il finit par se diviser et se perdre dans une gigantesque trémie. De son côté, la rivière s’enfonce de trémie en chaos, se resserrant tellement qu’au bout de 200m nous avons renoncé à trouver la suite.
La suite se trouve en fait au-dessus de tout ce chaos. On l’atteint par la branche montant à gauche. Il faut ruser un peu avec les gros blocs, mais il existe un itinéraire facile et sûr pour atteindre le plafond. On avance alors au sommet d’un énorme tas de roches désolidarisées de leurs strates d’origine. On arrive à un carrefour.
Descendre le puits situé à droite ne présente pas d’intérêt puisqu’on est à l’aplomb des trémies explorées au-dessous. Mais deux conduits quasiment superposés et parallèles échappent aux effondrements et entrent dans la roche saine. Ce sont deux petits méandres fossiles. Celui du bas est plus confortable, car il n’y a pas besoin de progresser en opposition. Ils convergent vers un P9. On a alors une sorte de petite salle concrétionnée et un ressaut de 4m. Au fond, gît le squelette d’un grand animal en connexion anatomique, sans doute un panda à en juger une canine de la mâchoire inférieure.
À gauche au carrefour, on descend dans les blocs, puis on remonte un petit ressaut pour avancer quelques dizaines de mètres dans une vraie galerie au sol plat
et peu caillouteux. Ce court répit se paye. La salle suivante offre un spectacle impressionnant, car les énormes soutirages sont séparées par des arêtes. On y remarque un affluent arrivant d’un puits remontant. Nous sommes au-dessus de la trémie terminale où l’exploration de la rivière s’est achevée. Un filet d’eau tombe d’un puits remontant. Un cairn a été placé sur un gros rocher en milieu de galerie, car sur la droite, on voit un départ qui semblait important. Malheureusement, il développe moins de 30 m dans une fracture parallèle à la galerie arrivant à la base de deux petites arrivées d’eau.
Le choix d’itinéraire pour la suite n’est pas aisé. L’option la plus simple à décrire est de poursuivre au milieu de la galerie, on se rapproche alors du plafond et on descend un large R15 qui mériterait bien une corde. On avance alors dans le chaos. Il existe un shunt au R15, mais il n’est ni plus pratique ni plus sûr. On a un nouveau ressaut, de 10m. À sa base, on retrouve l’actif. On a shunté une énorme trémie. L’amont peut se poursuivre sur 100m environ.
L’aval jusqu’au P70
L’aval est concrétionné. Au bout de 60 m, on peut repérer en hauteur l’arrivée d’une galerie supérieure provenant directement du haut du R10. Elle comporte une large branche latérale d’une centaine de mètres s’achevant sur un laminoir faiblement ventilé, mais impénétrable où l’on voit quelques racines et des excréments. La surface semble proche, les pandas trouvés dans la grotte arrivaient peut-être par ici.
Le cours aval de la rivière, après un coude vers l’est, est encombré de blocs. On franchit une trémie près de l’eau, puis on passe une zone tortueuse. Si on suit la paroi de gauche, en remontant vers le sommet d’une salle, on peut observer un crâne de panda. Mais on est bloqué par un puits. En passant par la droite de la galerie, sans monter vers le crâne, on descend en pente douce jusqu’à la base de ce puits. Un petit affluent y arrive, il a été remonté, mais il se termine au bout de 50 m. La suite reste tourmentée entre les blocs jusqu’à une descente vers l’actif. [Jean Bottazzi]
Nous quittons enfin les chaos de blocs pour suivre le lit de la rivière qui forme un grand virage caractéristique sur la gauche. Une nouvelle trémie très courte, nous contraint temporairement à trouver un passage néanmoins évident, avant de déboucher dans une salle chaotique. Nous avançons facilement sur de gros blocs, tandis que le bruit de la rivière qui se perd au-dessous s’atténue. Une petite remontée devient alors nécessaire pour retrouver une galerie quasi horizontale au sol argileux, tandis que le conduit forme un nouveau grand virage à gauche. Un nouvel amoncellement de blocs forme une nouvelle barrière que l’on franchit facilement par un soupirail au sol. Après une courte désescalade, nous arrivons au sommet d’un large P70.
Le P70 et la jonction avec Xiaolongdong
Ce puits légèrement incliné doit être fractionné plusieurs fois pour en atteindre le fond. Nous retrouvons la rivière qui provient de cascades en amont. Une descente entre les blocs dans la galerie avant le P70 nous a offert un regard sur cet actif : il coule de marmite en marmite dans un large canyon.
En bas du P70, la rivière se perd immédiatement entre les blocs, mais un gros fossile part vers le nord-est. Au bout d’une cinquantaine de mètres un petit canyon s’ouvre au sol sur la gauche. Fossile au départ, il est rapidement alimenté par un affluent issu d’un P40 remontant venant de Shuidong. Nous y avons descendu 3 cascades d’une dizaine de mètres de haut, pour nous arrêter au sommet d’une verticale de 20 m, qui en précède une seconde. À ce niveau, nous retrouvons à nouveau la totalité de la rivière. La descente de ces puits ne pourra s’effectuer que sous des trombes d’eau ! Le fossile quant à lui a été suivi sur une cinquantaine de mètres, jusqu’à un P20. Une galerie sympathique est visible en face. Pour l’atteindre, une vire facile sur la gauche suivie d’une descente d’une dizaine de mètres ne devrait pas poser de problème. [Bruno Hugon]
On peut descendre ce P20 directement ou prendre un peu avant sur la gauche un circuit parallèle qui le shunte partiellement, une verticale de 7 m restant incontournable. Il est suivi assez rapidement d’un P8, puis un peu plus loin d’un R3 légèrement arrosé par un petit affluent qui coule sur une coulée de calcite. On commence par temps chaud à entendre le vrombissement provoqué par le courant d’air dans une étroiture. Elle est franchie. L’étroiture suivante demande de l’adresse pour ne pas se coucher dans l’eau. Le terminus provisoire est 50 m plus loin, à un nouveau rétrécissement. La galerie originelle n’était pas de petites dimensions, mais les coulées de calcite produisent d’incessants tournants, rétrécissements et barrages qui ont pour autres désagréables effets de retenir des plans d’eau boueux. On aimerait pouvoir passer au-dessus, mais la galerie sympathique entrevue n’est qu’une boucle supérieure qui rejoint très vite le passage inférieur. Un cairn avec un morceau de ruban réfléchissant a été posé au rétrécissement ultime qui est suivi d’un ressaut de 4m. C’est ainsi que la jonction a été établie avec le réseau de Shuanghedong, en remontant un affluent dans les puits de Xiaolongdong, cavité explorée en 2004 et jonctionnant avec Shanwangdong. [Jean Bottazzi]

AUT. VAR (2019)
Jean BOTTAZZI, Éric SANSON, Bruno HUGON, Olivier TESTA, Alain MAURICE, Marc GUICHOT, Florence GUILLOT, Cécile PACAUT, Marc FAVERJON, Marc TREMBLAY, Amandine LABORDE, Nicolas FAURE, Emmanuel VITTE, Jessica MORIN-BUOTE, Éric DAVID, Éric LECUYER, Éric MADELAINE, Gilles CONNES.
Topographes
Jean BOTTAZZI, Éric SANSON, Bruno HUGON, Nicolas FAURE, Olivier TESTA, Barnabé FOURGOUS, Pascal ORCHAMPT, Emmanuel VITTE, Éric DAVID, Marc TREMBLAY, Florence GUILLOT, Fabien MULLET, Marc FAVERJON, Charles BUTIN, Cécile PACAUT, Alain MAURICE, Gilles CONNES, Jes- sica MORIN-BUOTE, Michel ISNARD, Jean-Pierre BARBARY, Patrick LETOURNEL, Marc SÉCLIER, Marc GUICHOT, Vivien MOINAT, Éric MADELAINE, Silvia ARRICA, Silvère PASTUREAU, LIZIXIN, Éric LECUYER, Thierry MONGÈS, Amandine LABORDE, Daniel BETZ, Olivier JÄRMANN, Christian DELAIRE.
Coordination, rédaction, synthèse topographique et composition :
Jean BOTTAZZI
Spelunca Mémoires n° 39 (2019)
Voyages en terre chinoise tome 5. Expéditions spéléologiques franco-chinoises 2011-2019 dans les grottes de Suiyang Shuanghedong

Analyse : gkc-JPB

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