dong Yangjiagoudaxiaokeng - 杨家沟大消坑

Yangjiagoudaxiaokeng (60)
Cette cavité était connue de Zhao Zhongguo qui ne l’a désigné qu’en 2018. En effet, il l’avait repéré de loin longtemps auparavant par son panache de brume et n’était pas certain de la retrouver. Il n’est pas évident que cette brume soit révélatrice de la puissance du courant d’air. En effet, le puits est compartimenté verticalement avec des volumes en connexion avec des arrivées d’eau, ce qui génère de forts mouvements de convection locaux qui viennent renforcer le courant d’air.
Accès : La marche d’approche représente un cheminement d’1 km et un dénivelé de 70 m négatif suivi de 70 m positif. Il faut utiliser la piste montant au monastère de Jinzhongshan. On prendra comme points de repères l’embranchement menant au village de Dawan avec sa pisciculture, puis le premier col en contrebas duquel se trouvent les entrées de Luoshui- kong. À partir de ce point, la piste est moins fréquentée et plus boueuse. Il y a deux épingles à cheveux situées 600m plus loin. En poursuivant encore sur 600m, on a un virage à 90°, la piste tournant vers l’ouest, avec un excellent endroit pour garer un véhicule. On descend par un sentier bien raide en direction du fond de la doline de Shihuidang. Lorsqu’on rejoint le niveau des écoulements, un sentier part horizontalement sur la droite. On le suit. On laisse un premier sentier descendant à gauche, puis juste après deux petits trous souffleurs à droite on prend à gauche un autre sentier qui descend juste avant un large virage. On se dirige d’abord vers le talweg qui revient en arrière, donc encore à gauche, mais il faut descendre dans son prolongement à droite jusqu’à un large lit de ruisseau. On le traverse pour monter en face, d’abord en pente douce sur la droite puis sur un sentier qui monte droit dans la pente. À l’approche d’un col, 10 m après une dernière marche, on quitte toute trace pour monter à gauche droit dans la pente. On suit une sorte de terrasse qui nous décale de 10 m sur la gauche et on reprend droit dans la pente vers le gouffre qui s’ouvre au pied d’une petite barre rocheuse. Une entrée secondaire se trouve à une vingtaine de mètres sur la gauche, un peu plus bas.
Le premier niveau
On peut descendre par le beau P22 qui présente deux lucarnes qui devront être inspectées ou par le P5 de l’entrée secondaire qui est suivi d’un P9 et aboutit au même endroit. En bas, la salle descend en éboulis vers l’est. On y trouve des ossements d’animaux. Après une courte trémie de gros blocs, la salle suivante que l’on traverse sous une petite douche présente deux continuations : un P11 entièrement creusé dans un remplissage de galets et un ressaut en fracture qui descend au même endroit. On continue la descente en pente raide. On passe une nouvelle et courte fracture qui se descend en opposition et on aboutit dans une galerie parcourue par une rivière.
L’amont a été exploré : la rivière se divise au gré des fractures. Ses ramifications sont stoppées par des trémies. L’une d’elles semble très proche de la surface.
L’aval se perd entre des gros blocs, on le retrouve plus loin dans un soutirage, puis il s’enfonce définitivement sous une trémie. La galerie bute sur le même obstacle. On observe un petit affluent qui se perd également dans les blocs. Il faut monter au plus haut de la trémie, puis escalader pour avancer dans une fracture ventilée jusqu’à un P15 légèrement arrosé.
En bas de ce puits, le courant d’air provient d’un soutirage qui n’a pas été exploré, car il est arrosé et semble instable. Une galerie part à l’horizontale, elle longe une grosse trémie, puis il n’y a pas d’autre solution que de s’enfoncer dedans. L’exploration s’est poursuivie à la recherche d’un aval en suivant deux indices : les légers restes de courant d’air et les traces d’écoulement. Le résultat a été une avancée dans la trémie puis un retour sous la galerie d’accès pour arriver 20 m sous le soutirage non exploré au bas du P15. Dans un coin de cet environnement austère constitué de fractures encombrées de blocs se trouve un puits avec un important bruit d’eau et du courant d’air. C’est la suite active de la cavité, celle par laquelle se fera la jonction avec Duiwodong décrite plus loin.
Une fissure à proximité a été descendue en opposition, mais la continuation est impénétrable. Il y a aussi du courant d’air et un important bruit d’eau. Fort heureusement, il a été possible de remonter dans un dédale vertical de blocs pas toujours stables et souvent glissants pour rejoindre 40m plus haut la salle qui surmonte la trémie. On peut ainsi rejoindre le P15 plus directement. La salle sommitale présente un superbe plafond bien plat. Le sol est composé d’une mosaïque de blocs rocheux colossaux de plusieurs milliers de mètres cube et il n’est pas toujours facile de passer de l’un à l’autre. On monte vers un dôme en encorbellement, puis il faut redescendre brutalement de 40 m pour retrouver un bref espace de sol plat.
Vers l’aval on distingue trois issues :
- une montée facile en longeant la paroi de droite amène devant une suite en fissure qui présente un courant d’air bien sensible, mais il faut poser de la corde pour y descendre ;
- une montée bien plus complexe pour suivre la paroi de gauche et atteindre le niveau du plafond, mais on n’y trouve que des laminoirs qui deviennent impénétrables et un vestige de gros méandre qui préexistait à la trémie et qui finit obstrué ;
- la perte de l’écoulement temporaire dont on peut suivre la trace dans les sédiments. Elle s’enfonce sous une nouvelle et monstrueuse trémie et donne accès à la suite au sud.
La suite au sud
La perte semble étroite, mais il n’y a rien d’extrême. On débouche dans une galerie d’effon- drement, une sorte de vaste trémie si ce n’est qu’en général on circule au-dessus des blocs. L’ambiance est humide. Les volumes sont trop importants pour percevoir un courant d’air, s’il y en a un. Les tentatives pour trouver une suite se sont généralement soldées par des trémies de stabilité douteuse, sauf une: une descente le long de la strate sur le bord droit de la galerie avant une salle qui semble fermée par des blocs cyclopéens. Cette descente bute vers le bas, on avance donc vers l’est en s’enfonçant petit à petit dans les couches jusqu’à un puits. Le courant d’air est faible, mais on est en train de franchir une couche schisteuse et il est donc permis d’espérer un prolongement important. Nous sommes à 115 m de profondeur par rapport à l’entrée. [Jean Bottazzi]
La jonction par l’infranc
Après le franchissement de la trémie, on arrive par le côté d’une galerie, la suite est à droite, on passe devant une faille pour arriver au départ de deux puits qui s’enchaînent, P15, P12, ce réseau est équipé en goujons. Sur le palier intermédiaire partent deux failles parallèles qui rejoignent le conduit principal plus en aval. La rivière qui coule en bas des puits est très belle. Une cascade arrose très copieusement l’amont qui s’achève sur un puits remontant. L’aval se poursuit facilement. La roche est travaillée par l’eau. Le niveau de l’eau ne pose pas de problème de progression. À gauche on découvre un puits remontant arrosé. Plus loin, un P8 s’équipe en hors crue au bout d’une vire de 20 m environ. Le P7 qui suit s’équipe aussi en hors crue avec une corde de 20 m. On quitte un instant la rivière pour se battre avec un obstacle assez sérieux surtout au retour : une étroiture dans une fissure où il faut passer en hauteur et qui -au lieu d’avoir des bonnes prises aux bons endroits- est enduite de ce qu’il faut de matière grasse pour qu’on risque de se coincer pour peu qu’on glisse. Le P28 qui suit débute dans cette fracture glissante et est arrosé par la rivière quand on approche du fond. Il est équipé en rive droite par une main-courante et une succession de pendules. Une vire permet de s’éloigner de l’eau et descendre le dernier jet de 13 m, fractionné à 3m du sol. Le puits suivant -P41- est équipé sur amarrage naturel au départ, puis en rive gauche : équipement délicat avec fractionements et déviations qu’il faut souvent chercher bien loin. La rivière se perd dans un P7 que l’on ne descend pas complètement. Un pendule permet de poursuivre tout droit avec la corde en main-courante pour un R2 en traversée. Il y a plusieurs départs non vus pour le moment. Le puits suivant, P46, semble fossile, mais ça ne dure pas. L’intégralité de la rivière rejoint le puits par la gauche et oblige à poursuivre l’équipe- ment hors crue en rive droite. Le fond du puits se transforme en méandre au plancher creusé de larges marmites. La corde est utilisée en main-courante et on arrive rapidement au puits suivant où les lumières se perdent dans la brume. [Éric Sanson]
Ce puits mesure 63 m, est intégralement parcouru par la rivière et fait un tour complet sur lui-même. Une suite de pendules a permis d’en venir à bout sans se mouiller. En bas, la rivière présente des bassins profonds qu’il faut contourner par un passage supérieur au début, puis, à défaut, par une succession d’enchaînements de type montée en opposition dans le méandre suivie d’une descente sur corde de l’autre côté de la marmite. La corde neuve servant à l’exploration a été - pour la cause - impitoyablement débitée en tronçons de moins de 10m. Ensuite, le passage actif se rétrécit et on arrive à un puits sur fracture. Après une dizaine de mètres de descente, on aboutit devant l’infranc. Un infranc - dans le jargon des kayakistes- désigne sur une rivière ou un obstacle jugé infranchissable, car trop dangereux. Lors de l’exploration, malgré la quasi-certitude qu’il suffisait de planter un goujon et de continuer à descendre pour jonctionner, cette solution n’a même pas été considérée comme envisageable devant les trombes d’eau occupant toute la section du puits. Un tel obstacle nécessiterait, outre une combinaison de plongée, de ressusciter la technique du chapeau chinois pour être certain de pouvoir respirer. La première solution mise en œuvre pour confirmer la jonction a été de jeter une corde dans la cascade pour constater ultérieurement sa présence en aval en passant par Duiwodong, sans garantie qu’elle tienne le coup suffisamment longtemps ni qu’elle ne s’accroche ou ne soit pas assez longue.
La jonction avec Duiwodong
Fort heureusement, en remontant un peu contrariés par cette jonction foireuse, un passage supérieur a été découvert. La corde a donc été récupérée et réinvestie dans cette nouvelle branche qui présente les mêmes caractéristiques que la rivière en amont si ce n’est que les marmites sont à sec. On arrive rapidement à une marmite plus profonde que les autres et on débouche par côté dans une grande fracture. La descente s’enchaîne en un P57 en bas duquel on a les pieds dans la rivière d’Ain, dans Duiwodong. [Jean Bottazzi]

AUT. VAR (2019)
Jean BOTTAZZI, Éric SANSON, Bruno HUGON, Olivier TESTA, Alain MAURICE, Marc GUICHOT, Florence GUILLOT, Cécile PACAUT, Marc FAVERJON, Marc TREMBLAY, Amandine LABORDE, Nicolas FAURE, Emmanuel VITTE, Jessica MORIN-BUOTE, Éric DAVID, Éric LECUYER, Éric MADELAINE, Gilles CONNES.
Topographes
Jean BOTTAZZI, Éric SANSON, Bruno HUGON, Nicolas FAURE, Olivier TESTA, Barnabé FOURGOUS, Pascal ORCHAMPT, Emmanuel VITTE, Éric DAVID, Marc TREMBLAY, Florence GUILLOT, Fabien MULLET, Marc FAVERJON, Charles BUTIN, Cécile PACAUT, Alain MAURICE, Gilles CONNES, Jes- sica MORIN-BUOTE, Michel ISNARD, Jean-Pierre BARBARY, Patrick LETOURNEL, Marc SÉCLIER, Marc GUICHOT, Vivien MOINAT, Éric MADELAINE, Silvia ARRICA, Silvère PASTUREAU, LIZIXIN, Éric LECUYER, Thierry MONGÈS, Amandine LABORDE, Daniel BETZ, Olivier JÄRMANN, Christian DELAIRE.
Coordination, rédaction, synthèse topographique et composition :
Jean BOTTAZZI
Spelunca Mémoires n° 39 (2019)
Voyages en terre chinoise tome 5. Expéditions spéléologiques franco-chinoises 2011-2019 dans les grottes de Suiyang Shuanghedong

Analyse : gkc-JPB

11246 caractères - Lu 78 Fois




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