dong Zhaidong - 寨洞

G. LE RÉSEAU DE ZHAIDONG-GANDONG
«Grotte du village fortifié-Grotte sèche» (He 89/4)
Dév. 8 403 m Dén. 552 m
Ce réseau est actuellement le deuxième plus profond de Chine avec une dénivellation totale de 552 m. Il est constitué par trois cavités principales (Gandong, Niudong, Zhaidong) reliées au niveau d’une doline d’effondrement allongée correspondant à une ancienne salle. Située sur le bord nord du poljé de Yanziping, cette doline dissymétrique est visible de loin grâce à sa falaise orientée à l’est et à l’entrée béante de Gandong (amont) qui fait face à celle de Zhaidong (aval).
1. Gandong
«Grotte sèche» (He92/15)
Long. 110° 13,4’ Lat. 29° 57,5' Alt. 1 170 m (entrée inférieure de la grotte-tunnel)
Située 500 m au nord du poljé de Yanziping, cette grotte-tunnel forme l’amont logique de l’ensemble du réseau. L’entrée inférieure est un superbe porche de 20 m de haut sur 10 m de large bien visible depuis le poljé. On y accède en descendant dans la doline par un raide sentier, puis en remontant sur une centaine de mètres le lit à sec (en cette période) d’une rivière temporaire. On parvient à un ressaut subvertical d’une douzaine de mètres que l’on peut escalader sur la droite (un peu délicat). L’entrée supérieure est d’un accès plus facile, mais plus éloignée (30 minutes de marche par un bon sentier). La galerie principale est un conduit régulier, pratiquement horizontal, de section confortable (100 à 200 m2) qui joint directement les entrées supérieure et inférieure. Ce tunnel fonctionne donc comme un tube à vent parfait, le fort courant d’air variant selon le vent extérieur et la saison. L’impact des gouttes d’eau tombant sur le sol dessine de belles rayures qui indiquent précisément la direction du courant d’air. On peut s’en servir comme d’une boussole souterraine. Dans les 300 m amont, les galets sont recouverts par une mince pellicule d’argile sèche, car le plancher légèrement à contre pente permet à l’eau de stagner et de décanter après les crues. En aval du point haut du lit, les galets sont propres, nettoyés par les crues. Le lit s’élargit sensiblement et une partie importante de l’eau arrive à cet endroit. La progression est aisée et les paysans empruntent parfois cette galerie pour traverser la colline, mais à l’extrémité aval, il y a cependant le ressaut de 12 m un peu délicat (pour nous) que les enfants qui nous accompagnent franchissent pourtant sans problème !
A 200 m de l’entrée inférieure, une galerie fossile supérieure large de 20 m et encombrée de blocs se dirige à l’ouest. Au bout d’une centaine de mètres, on parvient à une bifurcation peu évidente. Toujours à l’ouest et après un passage bas de plafond (brèche du Trias), on pénètre dans la galerie du Conglomérat qui se développe parallèlement au flanc NW de la doline. Elle est bloquée au bout de 200 m par des trémies ou des concrétions. Peut-être existe-t-il une jonction avec le réseau de Zhaidong “le haut” (Niudong) qui se situe à moins de 100 m, mais nous ne l’avons pas trouvée. En revenant à la bifurcation, les paysans qui nous accompagnent nous invitent (comme le sensible courant d’air d’ailleurs) à nous engager dans un dédale de petits conduits dont les parois et les voûtes sont couvertes de coupoles. Ce réseau des Coupoles est un ancien réseau noyé sans doute creusé à grande profondeur et ramené près de la surface par le jeu de la tectonique. Au début, nous ne comprenons pas pourquoi il nous font parcourir un tel dédale de boyaux avec des passages en opposition au-dessus de petits puits. Surprise, au bout de ce labyrinthe, se trouve une jolie salle inclinée de 80 m de long sur 25 m de large où ils exploitaient les nitrates en profitant d’un petit écoulement d’eau permanent pour lessiver les sédiments et dissoudre les nitrates. Nous la baptisons salle des Nitrates Perdus.
Par deux fois le réseau de Gandong communique avec la surface. Dans la partie aval, une lucarne d’effondrement située en rive gauche, au sommet d’un magnifique plan incliné haut de 30 m, donne un éclairage inattendu à la galerie principale. Au petit lac, une vire permet d’atteindre à l’est la galerie de l’Essentiel. Ce réseau remontant parcouru par un fort courant d’air se divise rapidement en plusieurs galeries allant en se rétrécissant. L’une d’entre elles mène à une autre entrée supérieure. Celle-ci porte des traces évidentes d’aménagements anciens et de passage, elle est maintenant délaissée et camouflée derrière une végétation abondante. (Bernard et Richard)
- Hydrogéologie : La galerie principale de Gandong est parcourue par une rivière temporaire. Le débit doit atteindre plusieurs m3/s pendant les crues d’été, mais il était nul lors de cette exploration (l’argile recouvrant les galets était complètement desséchée par le fort courant d’air qui balaie la grotte). Gandong est l’exutoire de trop-plein du petit poljé situé immédiatement au nord. En saison sèche, toute l’eau se perd dans le talweg avant d’atteindre Gandong. Quand le débit est un peu plus fort, les eaux pénètrent par l’entrée supérieure avant de s’engouffrer dans une petite perte située 100 m plus au sud. Par contre, quand le débit dépasse la capacité d’absorption de cette perte, les eaux s’engouffrent dans Gandong, balaient toute la galerie principale avant de se jeter dans la doline d’entrée de Zhaidong. Lors de la crue du 25 décembre 1992, le débit du poljé (environ 20 l/s) se perdait dans le ponor avant l’entrée de Gandong, mais une résurgence donnait un débit du même ordre de grandeur à l’intérieur de la cavité, au niveau de l’élargissement de la galerie principale.
Lors des fortes crues, il est probable que beaucoup d’eau jaillisse à cet endroit et se mêle à celle qui vient du petit poljé et de Xiniudong (la grotte du Rhinocéros) par l’entrée supérieure. Il est possible, mais non prouvé, que ces écoulements de forte crue correspondent à la perte de Mishuidong. En saison sèche, il subsiste quelques petits écoulements qui étaient précieusement recueillis dans de petits bassins à l’époque glorieuse des fours à nitrates. L’eau servait alors au lessivage de la terre imprégnée de salpêtre. Dans la salle des Nitrates Perdus, il existe même un réseau de petits canaux entre les bassins pour distribuer l’eau précieuse. (Bernard)
2. Niudong
«Grotte du Boeuf» (He92/29)
Cette branche, la plus haute du réseau, se développe dans la butte qui domine la doline d’effondrement. Ce jour là, nous sommes accompagnés par des paysans du village et notre objectif est de faire la jonction avec la doline. L’entrée normale se situe à 15 minutes de marche sur le versant ouest : elle n’est pas grande (4 m x 2 m). Nous topographions d’abord un vieux réseau qui débouche à deux reprises sur le sommet de la colline, puis une galerie orientée vers le NE (complexe O.R.L.) nous conduit à deux porches suspendus. L’un d’eux, appelé porche du Sinus, se présente d’abord par un puits incliné d’une vingtaine de mètres qui débouche dans la paroi. Un fractionnement installé plein vide permet de descendre comme une araignée sur le sommet du talus de la doline (P40). De l’autre côté de la doline, Chen contemple cette fourmi rouge au bout du fil. Au-dessus, Daniel ronge son frein, car la vraie jonction n’est toujours pas faite. Enfin, au retour, nous trouvons un conduit descendant à l’ouest qui débouche rapidement sur un puits d’une quinzaine de mètres que nous équipons en hâte avec des anneaux de sangles. En bas, on retrouve un petit tas de fil topo blanc : la jonction ! Désormais l’ensemble du réseau dépasse 500 m de profondeur. La galerie dite de l’Essentiel est donc là et non dans Gandong, n’est-ce pas La Rouille ! (Richard et Daniel)
3. Zhaidong
Alt. 1 140 m
Le gouffre de Zhaidong constitue la partie aval de l’ensemble du réseau et c’est aussi, et de loin, le plus difficile. Il débute par un porche de 10 m de large sur 7 m de haut dans lequel la rivière provenant de Gandong vient se perdre en période de crue. La galerie de 8 m x 8 m, d’abord rectiligne sur une centaine de mètres, aboutit à un puits de 7 m donnant sur une première marmite : c’est l’arrêt de l’explo 89 lors de notre expédition Gebihe. Nous n’avions alors passé que quelques jours dans le comté de Hefeng. La suite n’est pas du gâteau ! Une série infernale de marmites, tantôt vides, tantôt pleines, nécessite souvent des équipements pénibles : escalades en «artif» et ruses en tous genres car évidemment le plus dur n’est pas de descendre dans ces marmites, mais d’en sortir !
A - 100, la cavité change de style. Un passage horizontal, qui doit siphonner en saison des pluies, mène à une grande remontée couverte de graviers jusqu’à une salle d’effondrement que l’on traverse pour descendre et remonter jusqu’au sommet d’un beau toboggan creusé dans le pendage. En bas, on parcourt une galerie longue de 100 m dont le plancher est jonché d’éboulis, puis on arrive dans une salle inclinée vers l’ouest jusqu’à une zone de décantation. Il faut alors remonter presque en escalade pour atteindre une galerie de 6 m de large agrémentée de quelques coulées stalagmitiques. Après une nouvelle descente, on parvient au sommet d’un puits de 17 m ; revenant sous nos pas, on trouve la salle des Planches à Clous. Plus loin le réseau marque un coude à 90° et l’on arrive dans une grosse salle que l’on doit remonter sur une pente d’argile très raide ; la partie orientale de cette salle n’a pas été explorée. Nous suivons le courant d’air qui part au sud ; le conduit se rétrécit jusqu’à une section de 2 m x 2 m, puis on franchit deux ressauts en désescalade. La galerie s’élargit, puis se resserre, puis s’élargit à nouveau avant d’atteindre une zone de fractures verticales où l’on a un choix cornélien : descendre un méandre étroit ou grimper et franchir une étroiture. Dans les deux cas, on se retrouve dans une zone déchiquetée où l’on remarque un siphon dans un point bas.
Après avoir franchi une marmite en escalade et un petit puits de 8 m, la galerie reprend une taille humaine : 15 m x 15 m ! Dans une salle au sol “planche à clous” démarre sur la droite le réseau vers le futur fond de - 552. Nous descendons dans une galerie en interstrate très inclinée dont le fond est occupé par un lac ; derrière elle remonte en se rétrécissant. Nous trouvons un passage en hauteur, sur la droite, par lequel s’engouffre le courant d’air. La zone, devenue très labyrinthique, débute par une «oppo» très large au-dessus de deux marmites où s’ébattent des niphargus ou peut-être des crevettes blanches. La galerie descend, nous franchissons un passage bas et remontons jusqu’à un carrefour. A droite, la salle du Tesson est dominée par un énorme puits remontant : 100 m, voire plus ! C’est au pied de ce puits que nous avons retrouvé un morceau de poterie dont l’état de conservation (cassures très anguleuses) prouve qu’il est arrivé ici par une voie très directe et qu’il n’a pas été roulé par l’eau. La salle est prolongée par une galerie rectiligne amenant au pied d’un ressaut de 5 m. Au sommet de celui-ci, la galerie redescend jusqu’à un ressaut de 8 m que nous n’avons pas remonté ; le courant d’air aspirant est toujours présent et en haut la galerie continue.
A gauche du précédent carrefour, une galerie argileuse mène vers l’ouest au Bivouac et à nouveau dans la salle du Tesson. Vers l’est, un puits incliné et orientée sur une fracture, conduit à un petit actif de 1 l/s environ. L’aval siphonne rapidement à la côte - 365 et des escalades successives permettent d’atteindre un siphon amont. Une escalade dans un puits incliné, à proximité de ce siphon, donne accès à un complexe de galeries non topographiées avec courant d’air aspirant et arrêt sur rien : nous sommes à l’extrémité sud du réseau ! La suite démarre par un labyrinthe de galeries de 2 m de diamètre qui est suivi par un puits de 10 m. La galerie se rétrécit, puis nous arrivons à un puits de 30 m. 10 m sous la lèvre du puits, un pendule permet de prendre pied dans une belle galerie (15 m x 15 m) que nous n’avons pas eu le temps d’explorer : c’est sans doute une continuation importante du réseau. Le puits de 30 m est descendu ; il donne dans une salle que l’on remonte par une pente très glissante. Nous parvenons à une sorte de balcon donnant dans une nouvelle salle dont le plafond est crevé par un gros puits. En «slalomant» entre les suçoirs de soutirage, on atteint un superbe tube de 5 m de diamètre qui franchit une première fracture et bute sur une seconde par un puits de 12 m. Après une zone toujours fracturée, mais rendue glissante par les sédiments, on prend pied dans une salle inclinée que l’on descend «en luge» dans la boue avec le topofil qui chauffe. La remontée sera moins marrante. Au fond de la salle, derrière des blocs, un petit conduit de 2 m de diamètre descend dans l’interstrate d’abord inclinée à 45°, puis s’infléchissant. Il se divise ensuite : à droite arrêt au bout de 30 m sur un siphon, à gauche une galerie de même style (marmites) descend en interstrate jusqu’à un élargissement de 5 m x 5 m dont le fond est occupé par une grosse marmite que nous n’avons pas franchie. Le courant d’air est toujours présent et la galerie continue : nous sommes au point bas du réseau à la cote - 400 depuis le porche de Zhaidong et - 552 depuis l’entrée supérieure de Niudong. (Jean et Cyriaque)

BARBARY, Jean-Pierre; MAIRE, Richard; ZHANG, Shouyue; POMEL, Simon; COLLIGNON, Bernard; GEBAUER, Daniel; BENAVENTES, Jean; BOTTAZZI, Jean; CHEN, Shicai; FULCRAND, Serge; JIN, Yushang; MATRICON, Sylvain; ORSOLA, Jacques; REMY, Cyriaque; QI, Zhonglin; ZHANG, Dachang; SHI, Mengxiong (1995): Les cavités du comté de Hefeng (Hubei, Chine).-
Donghe 92, karsts de Chine Centrale, Karstologia Mémoires n°6, 1995: p.41-71 (28 figures, 1 tableau, 14 photos, résumé français, anglais, allemand, chinois).
Analyse : BBS
Description et topos de 24 cavités: système de Yanziping, Taiping, zone de Shuishanping dans le comté de Hefeng dont: Zhaidong (8403 m, -552 m); Donghe (6692 m, -128 m/ +238 m); Chushuidong (2940 m, -3/ +54 m). (FB).

14040 caractères - Lu 60 Fois


B. ZHAIDONG
Grotte du village fortifié (fig. 81)
Hefeng n° 89/4
Z = 1320 m Dév. = 113 m Dén. = - 7 m

Situation : Cette grotte-perte se situe 17 km au NE de Hefeng, tout près du village de Yanziping (n°2, fig. 78).

Contexte géologique : La cavité s’ouvre sur le flanc sud du synclinal de Hefeng. Elle se développe dans les calcaires du Trias inférieur (étage Jialingjiang T1j) et constitue probablement un affluent important de la rivière souterraine de Yanziping qui résurgerait à Wanrendong 10 km au SW.

Description : L’entrée se présente sous la forme d’un vaste effondrement ovale de 100 m de long sur 50 m de large. C’est à la fois un regard sur un réseau souterrain et la perte d’un ruisseau aérien temporaire qui le rejoint par une cascade de 25 m. La descente se fait à pied par l’est car le côté ouest est une falaise d’environ 100 m de haut dans laquelle on aperçoit un porche fossile.
Délaissant l’amont, ainsi que le porche perché, nous avons reconnu uniquement le début de la galerie aval, qui présente des dimensions moyennes (10 m x 10 m), puis 10 m de haut pour 5 m de large. Elle est parcourue par un courant d’air aspirant sensible. Après avoir franchi une première laisse d’eau en escalade, nous nous sommes arrêtés sur une grosse marmite qui nécessite un équipement et un canot. Il est remarquable que le cours du ruisseau de surface soit pratiquement superposé avec son aval souterrain ! (JB et ZD)

BARBARY, Jean-Pierre; BOTTAZZI, Jean; ZHANG, Dachang; CHEN, Shicai (1991): Karsts et cavités du Comté de Hefeng (Hubei).-
Karsts de Chine, expé Gebihe 89 - Karstologia Mémoires n°4: 101-111 (11 fig., cartes, topos; 3 ph.).
Analyse : BBS
Présentation physique, description cavités. (RL).

1482 caractères - Lu 120 Fois




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