dong Biyundong - 碧云洞

1. Biyundong - Grotte du Nuage Bleu
(fig. 22) - Code : Pa0014 - Village : Chengguang
Lat. : 25°46’32,7” N - Long. : 104°38’14,3” E - Alt. : 1 480 m Dév.:2281m - Dén.:79m(-69;+10) -Vol. ±968800m3
Cette vaste grotte est connue depuis fort longtemps, d’abord par sa situation 2 km au sud-ouest du centre de Panxian (fig. 8, zone II.A, point 15), mais surtout parce qu’ elle a été l’objet d’une première exploration par Xu Xiake durant le printemps 1638. Une statue du célèbre géographe chinois a été élevée en rive gauche de la perte. Cette cavité aurait été explorée également par une équipe chinoise sur 6,5 km [Chen Jian, N.S.S. News, février 1990]. Elle s’ouvre par un porche de 25 m de large dans lequel pénètre la Panxianhe. Cette rivière peut atteindre des débits très élevés, supérieurs à 40-50 m3/s, durant la saison des pluies (photo 64). La perte se situe à la base d’un grand escarpement de faille orienté SW-NE, dans les calcaires permiens de la formation Maokou (P1m). En passant par le chemin aménagé situé au-dessus de la statue de Xu Xiake, on peut pénétrer par une entrée supérieure, au sommet d’une vaste salle. Un sentier en escalier, de plus de 60 m de dénivellation, conduit au bord de la rivière (photo 63).
Malgré l’aspect spectaculaire de la perte de Biyun, cette grotte n’invite pas à l’exploration car la rivière sert d’égout à la ville de Panxian, ce qui est particulièrement dommageable pour un site naturel et historique à la mémoire du plus grand géographe du pays. En outre, on est en présence d’un système karstique majeur puisque la sortie des eaux est localisée 3,5 km au sud-ouest à l’intérieur d’une courte grotte-tunnel débouchant au fond d’un canyon. A l’étiage, il est beaucoup plus rapide d’entrer directement au niveau de la perte, après avoir franchi le pont et de progresser en rive droite. Des gens plus délicats passeraient par l’entrée supérieure, ce qui permet de court-circuiter le “passage bas” de l’entrée inférieure, mais d’ une manière ou d’une autre, on ne peut éviter de traverser la rivière devenue égout. La salle d’entrée est monumentale (160 m de long, 90 m de large et 80 m de haut) et agrémentée de puissantes colonnes stalagmitiques hautes de 30 à 50 m.
La suite de la visite s’effectue en empruntant les murets qui canalisent la rivière, soit des deux côtés, soit principalement en rive droite. Le collecteur s’enfonce ensuite dans une galerie de 20 à 30 m de large sur 10 à 15 m de hauteur en moyenne, avec des plafonds pouvant s’abaisser à 7 m ; il a été dénommé l’autoroute hystérique qui nous conduit chez les mutants, c’est dire l’aspect repoussant des lieux en raison de la pollution et de la boue nauséabonde. A 380 m de l’entrée, on passe en rive gauche en traversant à nouveau la rivière, mais en prenant soin de ne pas se mouiller. On peut alors faire un détour dans le recoin du Can Bei, sorte d’appendice remontant au sud. En revenant dans l’égout, avec ses nuages de moucherons, on progresse encore de 130 m en rive gauche pour atteindre la galerie du Banquet, large conduit fossile et propre que l’on suit sur 600 m vers le sud jusqu’à un colmatage et une fracture impénétrable à la cote + 49 m. Au retour, un crochet par le méandre de la Pi Jiu nous rappelle, par ses modestes dimensions, les boyaux méandreux savoyards.
En revenant dans le collecteur, près des immondices et toujours dans une nébuleuse de moucherons, on continue stoïquement vers l’aval. A 800 m environ de l’entrée, la rivière se perd en rive droite pour réapparaître 100 m plus loin. Finalement, au
bout de 1,3 km, l’équipe décide d’abandonner devant la profondeur de l’eau noire et les risques sanitaires : inutile de se mouiller jusqu’à la taille. La galerie, large de 15 m et haute de 7 m, continue vers l’ouest. Des traces magnifiques de crue, représentées ostensiblement par des chaussures pourries, des débris de polystyrène, des bouteilles plastiques, des jerrycans et consorts, sont visibles à plus de 4 m de hauteur. Cette cavité constitue un des principaux affluents de la Gesohe. Malheureusement elle est devenue l’un des collecteurs d’égouts les plus importants du Guizhou. [L. Mangel et J.-P . Barbary]

"BARBARY, Jean-Pierre; FAURE, Nicolas; MAIRE, Richard; MANGEL, Laurent; MATRICON, Sylvain; VANARA, Nathalie; ZHANG, Shouyue"
Karstologia Mémoires, n° 9 : Voyages en terre chinoise : Chapitre 1
Analyse :
A l'est du Guizhou (Chine), en bordure du Yunnan, le district de Panxian présente de forts dénivelés, le karst occupe 59 % de la surface et les couvertures basaltiques offrent des surfaces de drainage importantes. Un mois d'exploration lors de l'année 2000 a permi de topographier 32 km dans 66 cavités réparties sur quatre zones. La plus impressionante inclut le système perte-résurgence de la Gesohe capable de drainer 1700 m3/s avec de spectaculaires systèmes perte-résurgence sur son cours aval. La perte de Biyundong, 2 km, avait été explorée en 1638 par Xu Xiake. Le petit massif de Dabashan présente des karstifications dans les conglomérats. (BJ).

4368 caractères - Lu 270 Fois




Recherche