Karsts et cavités du comté de Zhijin (Guizhou) Grottes et karsts de Chine... Sur les traces de Xu Xiake
Guizhou Expé 86 Sommaire

COMTÉ DE ZHIJIN



Présentation de la zone de travail.

Sise au nord de la ligne de partage des eaux entre les rivières Sanchahe au sud et Liuchonghe au nord, cette région forme la partie occidentale du plateau du Guizhou et le commencement de celui du Yunnan à plus de 1800 m d'altitude. Dans cette zone, nous sommes à la limite de deux paysages karstiques : au sud, le karst à tourelles (funglin) et à cônes avec ouvalas et poljés, au nord les qiufung avec ouvalas et poljés.
Les rivières principales s'écoulent dans de profonds canyons et sont tantôt aériennes, tantôt souterraines. Le niveau des eaux souterraines est à -10 m dans les zones de poljés et -50 m à - 100 m dans les zones d'ouvalas.
Cette région dépend de l'unité géotectonique de la paraplateforme du Yangtsé. Les cavités explorées se développent principalement dans le Trias inférieur et quelquefois dans le Permien inférieur (figure 16).
Le Permien inférieur
*Etage Qixia (P1q) : Il est constitué de calcaires bioclastiques à cherts gris foncé en bancs moyens à épais et rayés de calcaires pélitiques. Sa puissance varie de 120 à 150 m. Dans sa partie inférieure se trouvent de fins bancs de marnes et de roches argileuses,  dans sa partie supérieure on  rencontre  parfois d'épais bancs de calcaire dolomitique léopard (métasomatique).
*Etage Maokou (P1m)
Inférieur : d'une puissance de 200 m,  de couleur gris clair à gris foncé en bancs épais à massifs,  il s'agit de calcaires bioclastiques avec cherts en petite quantité, et de calcaires dolomitiques léopard (métasomatique).
Supérieur : sa base  est occupée par des lits de silice et des lits de cherts.  Sa partie inférieure est formée de calcaires à cherts, et sa partie supérieure de calcaires bioclastiques micritiques à microcristallins gris clair à gris blanc en bancs épais. Mais le faciès et l'épaisseur changent souvent, 130 m de puissance dans cette zone.
Le Permien moyen ( P2 )
Ce sont des roches clastiques. Le Trias moyen
*Etage Yelang (T1y)

Sa base est formée par des roches argileuses de plus de 10 m d'épaisseur.
Sa partie moyenne constituée de calcaires gris blanc à gris, s'appelle Yulongshan (T1y2). A sa base il s'agit de calcaires varvés, au sommet ce sont des calcaires oolitiques et pisolitiques purs. Les bancs sont progressivement du bas vers le haut, fins, moyens, épais, massifs.
Sa partie supérieure est occupée par des formations argileuses dont l'épaisseur varie de plusieurs dizaines de mètres à plus de cent  mètres.
*Etage Yongningzhen (T1yn)
Il est divisé en 4 parties :
T1yn1 : calcaires
T1yn2 : argiles avec calcaires
T1yn3 : calcaires
T1yn4 : dolomies et brèches de roches carbonatées formées par la dissolution des gypses.

Dans cette zone nous avons exploré quatorze cavités dont le réseau de Santang qui développe plus de six kilomètres (tableau 8).- ^ -

Présentation des cavités.

MACAO JING ( Puits de l'auge )
ZHIJIN  N°34
Z=1270 m P=-50 m Dev=162 m Ext=60 m
Situation
Il se situe à 26 km au nord de Zhijin près du village de Macaogou (figure 16).
Contexte géologique
Ce puits est un regard sur une rivière souterraine. Ses eaux proviennent du poljé de Babou, où l'obstruction partielle des ponors a donné naissance à un lac. Cette cavité se trouve dans la partie ouest du synclinal (NNE) de Babou,  coupé de nombreuses failles qui occasionnent un contexte géologique relativement complexe. Elle se développe  dans les dolomies argileuses et les dolomies sparitiques gris clair  du  T1y2. Le  pendage  y  est  de  34°,  direction 73°.
Description
Cette cavité s'ouvre sur une fracture EW par un puits de 38 mètres au bas duquel s'écoule la rivière. L'amont siphonne immédiatement ; par contre, l'aval débute par un petit ressaut avec plus loin un passage en voûte mouillante. Nous stoppons la progression cent mètres plus loin faute de temps à la cote -50.
Remarques
Ce système parait très intéressant et mérite des explorations ultérieures. Nous avons effectué cette première investigation à la demande du gouvernement local du comté de Zhijin, pour tenter d'apporter des éléments nouveaux concernant les problèmes posés par les variations du niveau du lac.- ^ -

DAJI DONG ( Grotte de la chasse au coq )
ZHIJIN N°35
Z = 1320 m P= - 91 m Dev= 2600 m environExt= 1132 m
Situation
Cette cavité aménagée se trouve 23 km au nord-est de Zhijin près du village de Guanzhaï (figure 17).
Contexte géologique
Sise sur le côté sud-est du brachy-synclinal de Guanzhaï elle s'ouvre au bord d'un poljé (Z 1300 m) qui forme une pénéplaine. Dans cette zone le sommet des quifungs est à l'altitude de 1450 m. La grotte se développe dans les calcaires et les calcaires oolitiques gris clair à gris en bancs épais à massifs duT1y2. La galerie principale de direction NE, NEE se développe le long du plan de strate. Le pendage y est de 21°, direction 325°. Nous pouvons diviser la cavité en deux parties : le niveau inférieur aux altitudes moyennes de 1220 à 1240 m, le niveau supérieur aux altitudes moyennes de 1330 à 1350 m. Celui-ci se termine sur une grande salle formée par l'effondrement de la galerie comme en témoignent les nombreuses concrétions brisées ou effondrées par l'affaissement progressif du plancher. L'absence de traces de corrosion sur les parois semble le confirmer ; la suite du réseau devant se trouver en profondeur sous la galerie. Dans cette cavité se trouvent de nombreuses stalagmites géantes (26 m pour la plus haute), nous avons pu y noter également la présence de moonmilk et de crosses de gypse.
Description (galerie principale)
Cette grotte aménagée  débute par une pente raide jonchée d'énormes blocs qui est suivie d'un premier replat où la galerie se scinde en deux. A cet endroit, sur la gauche, un puits débouchant sur le plateau crève le plafond. Le conduit de gauche continue de descendre jusqu'à un lac à la cote - 91, point bas de la cavité. Il remonte ensuite  à travers de nombreuses concrétions  et jonctionne avec  le conduit de droite pour former une superbe galerie aux formes très pures et aux dimensions impressionnantes (largeur 80 m, hauteur 30 m). Cent vingts mètres plus loin  elle est presque totalement occupée dans sa largeur par un lac de boue artificiel. On peut noter à cet endroit des fractures remontantes qui sont concentrées sur la paroi de gauche. La galerie remonte à travers une forêt de concrétions  et prend ensuite  des dimensions gigantesques (largeur 100 m, hauteur 35 m). Pendant cinq cents mètres nous évoluons dans un magnifique décor où se mêlent stalagmites géantes (26 m pour la plus haute), coulées, colonnes. Nous passons au sommet d'un éboulis (point haut de la cavité + 31 m) au pied  duquel  la galerie se termine brusquement dans un chaos de blocs et de concrétions effondrés. Dommage, car la beauté et le gigantisme de cette cavité aménagée en font l'une des plus belles de la planète et l'on aimerait qu' elle ne s'arrête pas...
Remarques
La topographie  a été réalisé par le comté de Zhijin, nous avons pour notre part uniquement topographié la galerie principale et exploré deux puits qui n'ont rien donné.
Nous avons effectué quelques mesures concernant le pH des eaux, ainsi que le pourcentage de CO2 dans l'atmosphère. Celles-ci sont notées ici uniquement au titre d'une première information : pH  7.82, CO2  0.5 et 1%.- ^ -

DA XIAO CAO KOU ( Le grand et le petit gouffre )
ZHIJIN  N°36 et 37
Z=1240m et 1260 m  P=-230m  Dev=2565m Ext= 2140m
Situation
Ils sont situés  26 km au nord-est de Zhijin, au nord-ouest du village de Guanzhaï. Après Daji Dong, la route traverse le village puis continue jusqu'à former une épingle à cheveux ; on ne peut  manquer ces deux gouffres géants tout près de la route (figure 17).
Contexte géologique
Ils  se trouvent sur le côté sud-est, tout près de l'axe, du brachy-synclinal (NE) de Guanzhaï. Ce sont deux regards sur la  rivière Yijiehe. Celle-ci est aérienne quand elle coupe le sommet des roches argileuses du T1y,  souterraine quand elle passe dans les formations de calcaire et de calcaire dolomitique, gris sombre en bancs moyens du sommet du T1yn1. Le pendage est de 17°, direction 325°.
Description
Il est impossible d'entrer dans Daxiaocaokou sans d'abord savourer le paysage exceptionnel constitué par les deux énormes entrées du système. A l'amont, le "petit gouffre" mesure 300 m de long pour 100 m de large et une profondeur de 200 m. A l'aval, le grand gouffre est encore plus énorme avec un volume avoisinant les 25 millions de mètres cubes ; les pitons ont été taillés à l'emporte-pièce sur une longueur de 900 m et une largeur  atteignant  200 m. Au fond, on peut apercevoir le torrent tumultueux (plus de 6m3/s lors des explorations) qui traverse les abîmes dans toute leur longueur. Nous n'avons malheureusement aucune donnée quant aux variations de débit de cette rivière mais nous pensons pouvoir dire   que celui-ci, en saison des pluies, est de plusieurs dizaines de mètres cubes par seconde.  Le moyen le plus facile pour atteindre la rivière est de descendre dans le "gros gouffre" par un  sentier. Tranquille au début, il devient de plus en plus abrupt et se termine par un escalier taillé à même la falaise.
L'amont
Arrivé aux pieds des premières barres rocheuses, nous descendons côté amont et traversons l'arche monumentale (90 m de large pour 120 m de haut) qui relie le grand et le petit gouffre. De là, une centaine de mètres nous séparent du porche amont (hauteur 70 m, largeur 25 m). Une plage de galets  permet de remonter sans trop de problèmes sur une centaine de mètres ; ensuite, la progression devient aquatique et nous devons poursuivre en canot en remontant la rivière (largeur 25  m). Le plafond est lisse, aucun départ n'est visible et nous apercevons à nouveau la lumière du jour. Une nouvelle plage de galets  conduit sous le porche amont (hauteur120m) où une dernière traversée en canot est nécessaire. Les trois cent trente mètres de ce parcours ne présentent aucune difficulté majeure. Deux départs sans suite ont été vus.
L'aval
Nous empruntons aux pieds des premières barres rocheuses un sentier faiblement marqué qui traverse l'effondrement à mi-hauteur et mène au gigantesque porche  en encorbellement (hauteur 80 à 150 m). Ce sentier, anciennement barré par une porte, permet de descendre en douceur jusqu'au niveau de la rivière à l'intérieur même de la galerie. On peut alors admirer en rive gauche un superbe miroir de faille que l'on longe sur plus de cinquante mètres. La galerie (largeur 20 m, hauteur 30 m) fait un coude et la berge disparait ; nous suivons alors une vire  quelques mètres au dessus de l'eau. Ensuite une berge de plus en plus large, mène  à un deuxième coude où un petit affluent cascade du plafond. Un peu plus loin, il faut de nouvau emprunter une vire pour s'avancer au-dessus du torrent qui occupe maintenant toute la galerie (largeur15m) sur une distance évaluée à soixante mètres. Nous n'avons pas pu continuer plus loin ; malgré une escalade de 30 m qui a permis de progresser de trente mètres vers l'aval par une vire supérieure.
Nous avons du renoncer, faute de temps, à poursuivre l'exploration de ce site remarquable.
Impression
5 Octobre, Bozzo, Benoit. Déséquipement de l'escalade à l'aval de la rivière. Ce qu'il fait beau ce matin ! C'est dingue ce que le beau temps peut me mettre de bonne humeur, après plus d'une semaine de temps maussade, ça ravive le moral des troupes qui commençaient à "choper les boules" avec cette pluie. Bon, ce matin, on est deux, on jouit de ce sentiment de solitude qui nous faisait défaut ces derniers temps, les officiels du comté ayant détaché à notre arrivée un nombre important de géologues, karstologues. C'était donc tous les jours trois à quatre chinois qui nous accompagnaient sur le terrain suivis bien entendu de toute la troupe des villageois, principalement des gamins qui partageaient notre aventure. Bref, ce matin, nous nous dirigeons, le coeur léger, vers la rivière pour déséquiper l'escalade faite la veille par Bozzo et Phil. Elle avait pour but d'accéder à une vire placée environ 35 mètres au- dessus du torrent. Malheureusement, la vire escomptée fut rapidement impraticable pour la bonne raison qu'elle s'achevait trente mètres plus loin. .. Ha Ha ! Bozzo monte le premier, il m'avertit "fait gaffe, le premier frac est sur un piton craignos, le deuxième ça va, et pour le troisième, tu verras en escalade ça passe facile ". Et moi de répondre : "OK , Boz, pas de lézard ". Bozzo s'élève et je reste seul en bas de l'escalade, comme j'ai paumé mon jumard, j'ai pas de pédale et j'ai qu'un shunt "bon, en se faisant des cabestans aux pieds, ça devrait passer". Premier frac, pas de problème, deuxième, pas de problème, plus je monte, plus le vacarme de la rivière s'assourdit dans la pénombre inquiétante. J'attaque la troisième portion,  son escalade facile, pas si facile et tout d'un coup, tout va très vite, la corde saute d'un bombé confortable et je pendule violemment et bing ...! dans le choc, le croll s'est décroché et je reprend la situation en main, pendu seulement à mon shunt et plein d'adrénaline ! J'ai peur que sous le choc la corde ait "morflée ", j'installe vite mon descendeur et me dépèche de rallier le frac précédant. Ouf ! Sauvé maintenant. Je gueule "Bozzo ! Bozzo ! " "Oui, quoi ?" "Regarde la corde", "Hein ? " " Re-gar-de la cor-de !" "Quoi qu'est ce que t'as ?" "Mais il n'entend rien ce con"' me dis-je en moi-même ; et bien sûr il n'entend rien avec cette rivière qui mugit à plus de six mètres cubes par seconde ! Finalement, il se penche et me voit pendu lamentablement à mon frac, j'en déduit fort subtilement que s'il n'a rien remarqué sur la corde, c'est que je peux y aller sans risque. C'est ce que je fis. Arrivé en haut, j'eus la joie de constater que le frottement était sur un bombé et non sur une arête comme je l'avais craint un instant ! Youpie ! Je suis vivant ! Mais avec la vie apparait aussi les aléas dus à cet état, j'ai faim ... BENOIT PERO - ^ -

Fortification XiaoheidongXIAOHEI DONG ( Petite grotte sombre )
ZHIJIN N°38
Z=1300 m P=-54 +24 m Dev=2482 m Ext=1640 m
Situation
Elle est située  26 km au nord-est de Zhijin près du village de Qiaoshong en rive gauche de la rivièreYijiehe (figure 17).
Contexte géologique
Elle se développe dans les calcaires et les calcaires dolomitiques gris en bancs moyens à épais du T1yn2 à T1yn4.
Description
Une marche d'approche de 45 mn en rive gauche de la rivière Yijiehe conduit à la cavité. Du chemin nous  apercevons, trois cents mètres plus bas, la rivière  s'engouffrer dans le gigantesque porche amont de Daxiaocaokou. L'entrée de modestes dimensions (largeur 9m, hauteur 2,5m) est cachée par la végétation et défendue par un petit muret. Ensuite  une énorme galerie (largeur 50 m, hauteur 25 m) ébouleuse et pentue mène à  une impressionnante muraille de fortification qui occupe toute la largeur du conduit. Nous continuons à descendre jusqu'à un petit lac qui se traverse à pied. A noter dans cette galerie un superbe chenal de voûte à la dimension de la cavité. Après le lac nous  remontons à travers des pans de strates tombés du plafond. Quatre cents mètres plus loin, après avoir laissé à droite et à gauche deux galeries sans suite  nous arrivons à une grande salle au sol plat : sa partie gauche est effondrée et mène après cent mètres à une trémie suspendue obstruant toute continuation. La suite se trouve sur la droite dans une grosse galerie où nous rencontrons de nombreuses zones de subsidence de plusieurs centaines de mètres carré. Quatre cents mètres après la grande salle nous débouchons dans le Canyon. La galerie prend des dimensions colossales avec une forme très particulière. Nous évoluons en effet dans un "Canyon" de forme carré,  large de dix mètres pour une hauteur des parois équivalente. Celles-ci sont dominées par deux grosses vires pentues (largeur 5 à 40 m) encombrées d'un chaos de blocs. Le plafond quant à lui reste indiscernable  et d'une hauteur toujours supérieure à trente  mètres. Au bout de six cents mètres, un énorme bloc effondré recouvert de concrétions marque la fin du canyon. La galerie (largeur 50 m) qui suit remonte  pour finir trois cents mètres plus loin sur une obstruction stalagmitique à la cote +11. Une  galerie parallèle  nous  mènera  à  la  cote  + 24, mais ne  permettra pas de trouver une continuation.
Remarque
Nous avons put noter que le tracé de cette cavité est parallèle à celui des falaises à l'extérieur.- ^ -

MALUO DONG ( Gouffre de la maison engloutie )
ZHIJIN  N°39
Z= 1300 m P= -90 m Dev= 96 m
Situation
Il est situé à 34 km au nord-est de Zhijin, près du village de Yingshang (figure 17).
Contexte géologique
Situé au sud-est du brachy-synclinal de Guanzhai, il se développe dans les calcaires et les calcaires dolomitiques gris clair en bancs moyens du sommet du T1yn . Le pendage y est de 21°, direction 332° .
Description
Maluo Dong s'ouvre au coeur d'un petit village à l'emplacement d'une maison qui aurait, selon la légende, été engloutie. Ce puits de quatre vingt dix mètres, aux formes très alpines est bouché à sa base par un éboulis où se perd un  petit filet d'eau.- ^ -

LUCHUAN YAN DONG ( La route à travers la grotte )
ZHIJIN  N°40
Z=1435 m P= + 42 - 68 m Dev=1827 m Ext=330 m
Situation
Elle est située  4 km au nord-ouest de Zhijin près du village de Shuangqiao (figure 16).
Contexte géologique
Cette cavité traverse l'étroit anticlinal (NE 40°) de Chenjiazhai. Dans sa partie est le pendage est de 10° à 20°, direction 40°. Dans la partie ouest coupée par une faille, les pendages sont beaucoup plus accentués. Cette cavité se développe au profit de failles d'extension. La partie est de celle-ci se trouve dans les calcaires micritiques et microcristallins gris foncé du P1m et la partie ouest dans les calcaires à cherts gris foncé et noir du P1q.Les galeries sont hautes et étroites, le niveau inférieur est occupé par la rivière souterraine .
Description
Cette grotte traversant de part en part un petit chainon est constituée de cinq étages distincts parfois reliés entre eux. Le chainon ayant une section grossièrement triangulaire,  les galeries le traversant se développent de plus en plus en s'enfoncant.
Le niveau supérieur, développant une bonne centaine de mètres, est une vaste galerie ébouleuse et concrétionnée.
Un petit niveau intermédiaire ainsi que des galeries de raccord aux mêmes caractéristiques que la précédente conduisent à la galerie principale qui sert de tunnel à une piste sur environ 300 m.
Son porche amont, large de 80 m pour 50 m de haut, recèle quelques anciennes tombes. Creusée aux dépends d'une fracture, cette galerie large de 5 m est interrompue par un puits la reliant aux deux étages supérieurs et à la surface, 40 m plus haut.
Les étages inférieurs sont au nombre de deux; soit une galerie en conduite forcée tapissée de boue, preuve d'ennoiements en hautes eaux, et la rivière.
Son parcours cascadant après la perte contraste avec la seconde partie, beaucoup plus calme, où elle s'écoule dans une belle galerie aux dimensions humaines. Peu avant de s'engouffrer dans un sombre siphon, la rivière reçoit un affluent important qui siphonne immédiatement et dans lequel nous avons repèré des poissons aveugles. Il faut aussi noter que l'eau de l'affluent est limpide et froide alors que la rivière principale est trouble et plus chaude.
En aval, la résurgence peut être remontée sur plus de cent mètres dans une belle galerie jusqu'à un siphon.- ^ -
Impression
31 Octobre, nous partons pour une grotte proche de Zhijin, la pluie interdisant l'accès de la zone de Daji Dong. Seule indication sur ce trou : il possèderait six étages. Pas convaincus, nous nous laissons conduire par le 4x4 bon gré, mal gré, qui nous emmènera jusqu'au trou et même mieux, jusque dedans et de l'autre côté. En effet, sa plus grosse galerie moyennant quelques aménagements, sert de piste. Nous décidons d'attaquer méthodiquement du haut en bas. Cherchant à atteindre un porche, dans une petite niche, je fais une rencontre avec un crâne humain et abandonne assez vite mes projets d'escalade. Liu est en forme, Wang moins, mais la topo file bon train malgré les charettes de cochons et les paysans curieux. A midi, nous avons fini la topo des 3 étages supérieurs. Nous mangeons autour d'un sympathique feu de bois à l'entrée des étages inférieurs, en haut d'un puits où cascade un ruisseau de 50 l/s. Lorsque nous finissons de nous équiper, la foule des badauds se masse dangereusement autour du porche. Wang reste en surface, il a pris un coup de froid hier et préfère être prudent. Liu, par contre, s'enthousiasme avec nous sur la petite rivière. Un siphon nous arrête. Nous reprenons du début une dernière galerie fossile, pas de problème "ça barre !" On retrouve la rivière, tout va bien. Le siphon terminal arrive juste à l'heure idéale pour le demi-tour : le trou est fini. Depuis la piste, nous repèrons en roulant la résurgence du réseau ; le chauffeur nous accorde 1/2 heure. Il nous suffira d'1/4 d'heure pour lever 140 m de topo dans la résurgence. En tout le système nous aura livré 1800 m de topo,  et ce, sans grande difficulté (il nous faudra plus de 10 h pour traiter les résultats mais ça c'est une autre histoire !)... JEAN BOTTAZZI - ^ -

LAOSHU DONG (Grotte des souris )
ZHIJIN N°41
Z=1400 m P=-36 m Dev=40 m
Situation
Elle s'ouvre à 24 km au nord-est de Zhijin, au sud du village de Yingshang, tout près du sommet d'un quifung (figure 17).
Contexte géologique
Sise sur le côté sud-est du brachy-synclinal de Guanzhaï, elle se développe dans les calcaires microcristallins gris clair en bancs moyens du T1y2. Le pendage y est de 21°, direction 325°.
Description
La cavité débute par un puits d'un mètre de diamètre pour treize mètres de profondeur. A sa base,  il faut franchir une étroiture pour accéder à une série de petits ressauts, dont les parois sont recouvertes de mondmilch. Après  une nouvelle étroiture, nous descendons un puits (hauteur17 m, diamètre 2 m) dont le fond entièrement colmaté ne laisse aucun espoir de continuation.- ^ -

LUZI DONG (La grotte du moulin )
ZHIJIN N°42
Z=1360 m; P= -33 m Dev=131 m Ext=90 m
Situation
Elle est située à 24 km au nord-est de Zhijin au sud du village de Yingshang. Depuis Xiaochilong Dong, prendre au nord le chemin revenant sur Daji Dong; au bout de cent mètres environ, remonter  cinquante mètres le long d'une petite fracture perpendiculaire au chemin (figure 17).
Contexte géologique
Sise sur le côté sud-est du brachy-synclinal de Guanzhaï, cette grotte poche se développe dans les calcaires microcristallins gris clair en bancs moyens du T1dy. Le pendage y est de 17°, direction 345°.
Description
Luzi Dong s'ouvre à la faveur d'une fracture par une petite entrée à flanc de piton. Après un premier ressaut entre des gros blocs, nous descendons un puits de 27 m. Ensuite une progression de cinquante mètres sur un sol argileux mène à une barrière stalagmitique qu'il faut escalader (5 m, délicat) pour atteindre le terminus de la grotte à la cote -5 m. Quinze mètres avant l'obstruction terminale, on peut descendre un puits de 10 m sans continuation. Le puits de 27 m peut être courcircuité par une vire de soixante dix mètres suivie par une désescalade.- ^ -

MIAO DONG (Grotte des Miaos)
ZHIJIN  N°43
Z=1200m P=-16m Dev=546m Ext=351m
Situation
Elle est située à 24 km au nord-est de Zhijin, à l'est de Daxiaocaokou (figure 17).
Contexte géologique
Sise sur le côté sud-est du brachy-synclinal de Guanzhaï, elle se développe dans les calcaires gris en bancs épais du T1yn1. Le pendage y est de 18°, direction 315° .
Description
Cette cavité est une traversée de 546 m de développement, constituée par une galerie unique, parallèle au versant. Son agencement perpendiculaire au pendage (18°) confère aux galeries des sections souvent dissymétriques. L'entrée supérieure se trouve dans un effondrement  (longueur 60 m, largeur 30 m, profondeur 10 m), aux parois abruptes. La galerie qui suit a en moyenne dix mètres de large pour une hauteur équivalente. On trouve cependant  quelques rétrécissements dûs au concrétionnement. Un petit lac, ainsi que de grandes surfaces argileuses planes témoignent d'une légère montée des eaux pendant la saison des pluies. Un suçoir dans les remplissages constitue le point bas de la cavité à la cote -16. Petit à petit les blocs éboulés font leur apparition pour encombrer quasiment toute la galerie au niveau de l'entrée inférieure (-9 ). La galerie a subi une évolution en régime noyé comme l'attestent ces sections calibrées, ainsi que de nombreux coups de gouge.- ^ -

XIAOCHILONG DONG et DACHILONG DONG ( Petite et grande grotte de Chilong )
ZHIJIN N°44 et 45
Situation
Elles se situent à 24 km au nord de Zhijin, près du village de Yingshang (figure 17).
Contexte géologique
Ces deux gigantesques dolines d'effondrement sont peut-être en relation avec la partie nord-est du réseau inconnu de Daji Dong. Sises sur le côté sud-est du brachy-synclinal de Guanzhaï, elles se développent dans les calcaires microcristallins gris sombre en bancs moyens, et les calcaires  micrites blancs du T1y2 . Les angles de pendage varient de 17° à  22°, pour une direction de 342°.
Description
La doline de Xiaochilong (diamètre 80  m, profondeur 40 m) s'ouvre à 1300 m d'altitude. Ses parois sont verticales mais nous; pouvons toutefois descendre sans corde grâce à une vire taillée le long d'un joint de strate. Dans le fond sud-est de celle-ci nous trouvons une galerie horizontale : c'est la petite grotte de Chilong Z=1260 m, P=-36 m, Dev=215 m, Ext=140 m. Après le porche d'entrée (hauteur 20 m, largeur 20 m) nous descendons dans un chaos de gros blocs, pour ensuite continuer sur un sol argileux très plat. Nous notons encore dans cette cavité la présence de fours à nitrate. La galerie (hauteur10 m, largeur 20 m) s'achève deux cents mètres plus loin sur une obstruction stalagmitique.
La doline de Dachilong (diamètre 400 m, profondeur 100 m) s'ouvre à l'est de Xiaochilong à une altitude de1400 m. Dans le fond de celle-ci se trouve une petite cavité d'environ quatre vingts mètres de développement : c'est la grotte de Dachilong Dong dont nous avons malheureusement perdu les notes topo... Nous pouvons noter que la direction du pendage et celle du plus grand axe de la doline (400 m)  sont identiques.- ^ -

YINTAO DONG ( grotte des cerises )
ZHIJIN  N°46
Z=1340 m P=-31 m Dev=1836 Ext=433 m
Situation
Elle se situe  1,5 km au nord-est de zhijin  (figure 16).
Contexte géologique
Sise au bord du poljé de Zhijin, sur le côté sud-est du brachy-synclinal de Zhijin, elle se développe le long du plan de strate au sein des calcaires gris à noir en bancs épais avec lits de cherts, du P1m. Le pendage y est de 20°, direction 315°. Dans cette cavité de type labyrinthique,  les fractures contrôlent la direction des galeries.
Description
La grotte des cerises s'ouvre par un porche (hauteur 7 m largeur 3 m) occupé entièrement par un mur récemment construit en vue d'un éventuel aménagement. Après avoir franchi la porte, nous nous retrouvons dans une galerie qui donne accès au bout de deux cents mètres à une salle. Sur sa gauche, un passage bas permet d'accéder à une seconde salle au sol recouvert de gours. Le méandre étroit qu'il faut ensuite emprunter nous ramène à la salle de départ où après  avoir escaladé d'énormes blocs  deux départs sont possibles.
Le réseau sud
Après  les blocs de la grande salle, nous prenons à droite une galerie (largeur 7 m, hauteur 9 m) qui aboutit  quarante mètres plus loin dans une salle où  deux départs sont à nouveau possibles. Le premier au fond et à droite  mène après une étroiture et dix mètres de ramping  à  une grande galerie boueuse où coule une petite rivière. Elle s'achève soixante dix mètres plus loin sur un siphon à la cote -23.
Le second départ commence par une escalade sur une coulée qui nous mène dans une belle galerie  (largeur 9 m, hauteur11 m). Après environ cent mètres de progression un effondrement sur la droite laisse apparaitre deux petits départs qui sont vite colmatés par l'argile à la cote -6. En reprenant la galerie, nous arrivons dans une salle au sol recouvert de gours. Il faut s'enfiler sur la droite dans un passage donnant sur un puits de 7 m. La galerie qui suit est vite colmatée par une coulée à  la  cote +16.
Le réseau est
Après quatre vingt dix mètres de progression depuis la salle centrale, nous explorons un départ sur la gauche  qui se termine quarante mètres plus loin à la cote -28. La galerie principale est de plus en plus accidentée, son plancher effondré laisse apparaitre un cours d'eau. Elle se termine au bout de deux cents mètres à la cote - 15. Cent dix mètres avant, il faut prendre un nouveau départ en méandre sur la droite. Quatre vingts mètres plus loin, après avoir escaladé une coulée, nous atteignons une petite  salle. Quelques mètres après, un petit éboulis suivi d'une coulée de boue et d'un siphon marque la fin de la grotte à la cote -31.- ^ -

SANTANG DONGQUN ( Réseau de Santang )
ZHIJIN N°47
Z= 1590 m (Ponor) P= - 90 m Dev=6137 m Ext=1795 m
Situation
Il se situe à 33 km au sud-ouest de Zhijin, tout près du village de Santang (figure 18).
Historique
Cette cavité a été explorée et mesurée en 1977 sur 3 km par la deuxième équipe du bureau d'ingénieurs géologues et d'hydrogéologues du Guizhou.
Contexte géologique
Il s'ouvre dans un paysage d'ouvalas,  (1630 m d'altitude en moyenne), dominé 50 m plus haut par des quifungs.
Il se situe tout près de l'axe (NE 45°) du large synclinal de Santang qui draine de nombreuses rivières. Sur son côté sud-est,  les pendages varient de 10 à 15°, tandis que sur son côté nord-ouest  beaucoup plus étendu, ils sont de 5 à 10°.
Le réseau se développe dans des calcaires  micritiques gris foncé en bancs moyens à épais de la partie supérieure du T1yn1. Le pendage y est de 12°, direction 345°, et la direction des fractures principales  NW 340°, NE 40°, EW. Cette cavité de type labyrinthique qui totalise 6137 m de galeries, se développe le long du plan de strate et compte actuellement onze entrées. Nous pouvons noter l'absence quasi totale de concrétions sauf dans les parties supérieures du réseau.
Le bassin de drainage s'étend sur plus de 150 km2 et le système hydrographique principalement souterrain est long de 33 km (mesure effectuée en surface à vol d'oiseau). Sept kilomètres séparent le ponor de Guanho (Z 1590 m) à la résurgence de Lochou (Z 1480 m). Le gradient est de 1%, le débit moyen de 6.64 m3/s et de 0.55 m3/s à l'étiage.
En saison des pluies, tout le poljé de Santang s'ennoie sur une hauteur de plus de 80 m.
Descriptif
Pour une meilleure compréhension  nous  diviserons le réseau en trois parties : le ponor, les réseaux amonts et les réseaux avals. L'effondrement central est un point important auquel se rattachent les quatre premières entrées qui donnent accès à la totalité du réseau .- ^ -
LE PONOR DE GUANHO
En extérieur, la rivière cascade dans un étroit canyon (largeur 3 à 4 m) avec un débit supérieur à 1 m3/s lors des explorations. Un petit ressaut est franchi en varappe sur le côté gauche. Nous continuons sur la berge une trentaine de mètres, la rivière fait ensuite un coude sur la gauche et se jette dans un puits (environ trente mètres) dans le bouillonnement impressionnant d'une superbe cascade. Pour continuer la progression deux possibilités s'offrent à nous : traverser en vire ou ressortir du canyon pour descendre à l'aplomb du puits. La première solution semble trop longue car il faut équiper en artif sur plus de vingt mètres. Nous choisissons donc la deuxième solution, partir du haut de la falaise afin d'éviter la cascade. Le départ en pente à travers la broussaille est un peu "flippant" car nous ne pouvons amarrer que sur des arbustes.   Quinze mètres plus bas, une déviation est placée sur une branche d'aspect plus solide, ensuite un jet de quinze mètres plein vide mène sur un énorme pont rocheux. Après avoir décalé notre équipement, une nouvelle descente de trente mètres, fractionnée trois fois,  permet d'atteindre la salle d'entrée (longueur 20 m, largeur 15 m) d'où nous avons une vision fabuleuse de la cascade. Très rapidement nous sommes trempés par les embruns. La rivière part plein ouest dans une galerie   étroite (largeur 2 m, hauteur 8 m) où le courant est très violent.  De l'eau jusqu'au genoux, nous longeons la paroi pour progresser jusqu'à un bief profond que nous équipons d'une main courante. L'ambiance aquatique et la roche noire rendent l'endroit particulièrement sinistre et peu accueillant. Un nouveau bief d'un mètre de profondeur nécessite l'équipement d'une main courante de vingt mètres et l'utilisation de notre canot. Une  escalade de cinq mètres permet de court-circuiter la cascade (hauteur 1 m) qui barre maintenant le passage. La progression continue sur une vire de cinquante centimètres de large. Au bout de dix mètres elle se rétrécit,  c'est notre terminus. Nous apercevons plus loin la rivière faire un coude à droite. Elle semble buter  sur un siphon, mais cela reste à vérifier...
L'AMONT
La grotte de Maomao qui s'ouvre dans l'effondrement central permet d'accéder à la partie amont du réseau. Sa galerie principale (largeur15 m, hauteur 10 m), une des plus volumineuses du réseau, mène au bout de deux cent soixante mètres à un complexe de galeries qui constituent les grottes de Shizi, Daniu et Xiaoniu. Son parcours  agrémenté par quelques énormes concrétions  ne présente aucune difficulté majeure.
A trente mètres de l'entrée nous empruntons un départ qui se divise rapidement. A gauche un cours tronçon de galerie permet d'accéder à un petit porche. A droite, par un conduit parallèle à la galerie principale,  nous arrivons à un nouveau croisement.
Le départ sur la gauche mène à un secteur de la cavité où demeurent   de nombreux points d'interrogation. C'est une zone complexe de galeries basses et très humides, rappelant un peu nos réseaux alpins. Une conduite forcée descendante (diamètre 2 m) suivie d'un méandre étroit mènent au sommet d'une désescalade au bas de laquelle se trouve une rivière (30 l/s). Malheureusement elle siphonne à l'amont comme à l'aval à la cote - 89. Nous pouvons noter qu'elle se situe exactement sous le canyon de surface.
Le départ de droite mène après cent mètres de progression à un nouveau croisement !
Sa branche droite nous ramène après deux puits remontants (8 m et 5 m) à la galerie principale.
Sa branche gauche est un méandre glaiseux coupé de nombreux suçoirs qui nécessitent à chaque fois un équipement en corde fixe. Au bout de deux cents mètres, nous   jonctionnons  à  nouveau  avec la  grotte de  Shizi Dong.
Sous le porche de Mao Mao au pied de la falaise s'ouvre un puits de vingt cinq mètres. Il débute par une pente herbeuse et boueuse, suivie d'un jet de quinze mètres plein vide. Nous prenons  pied dans une salle  où trois départs s'offrent à nous :  deux galeries et un puits qui est colmaté  par l'argile dix mètres plus bas.
Nous suivons la galerie de droite et laissons une lucarne sur la gauche ainsi qu'un départ sur la droite qui débouche sur  un puits de huit mètres non descendu. La progression continue  plein nord et nous rejoignons, à travers un petit éboulis, le porche d'entrée de Dahei Dong.
Le  conduit de gauche quant à lui est peu engageant, dès le début il faut progresser sur plus de trente mètres en rampant dans la boue. Il reprend ensuite des dimensions humaines et mène dans une salle. Sur sa droite, nous apercevons la lucarne laissée auparavant. Sur sa gauche, part une belle galerie (largeur 5 m, hauteur 15 m) où nous pataugeons dans la boue jusqu'aux genoux. Après soixante mètres le plafond s'abaisse et de nouveau le ramping s'impose. Comme nous entendons le bruit de l'eau la motivation persiste ! Pourtant, le passage qui nous attend est délirant : d'abord un siphon qui doit s'amorcer en saison des pluies avec de l'eau jusqu'aux hanches, ensuite le même passage agrémenté de boue liquide. Il faut ramper sur cinq mètres, la moitié du visage dans la boue ! Moment très angoissant ! Heureusement derrière c'est de nouveau très grand, nous croisons un nouvel affluent qui siphonne rapidement en amont, tandis qu'en aval il s'engage dans un boyau trop étroit. Nous laissons sur la gauche un départ repartant vers l'aval et poursuivons dans la galerie large et boueuse où le courant d'air reste nettement sensible. Elle est entrecoupée de passages  bas et de "dunes" de boue qu'il faut descendre très délicatement en se laissant glisser. Au bout de trois cents mètres, nous laissons un nouveau départ et poursuivons encore cent mètres pour atteindre une nouvelle sortie, une de plus !
Dans cette partie du réseau de nombreux  points d'interrogation  demeurent ...
L'AVAL
Dahei Dong  permet par un beau porche (largeur 15 m, hauteur 7 m) d'accéder à la partie avale du réseau. Au bout de cent vingt mètres, le plafond s'abaisse (hauteur 2 m) sur un petit lac peu profond qui donne accès à une salle. Une dune de boue (hauteur 10 m), à l'arrête sommitale très pointue, en occupe la partie gauche. Le côté droit de la salle est occupé par un éboulis situé sous un beau puits de huit mètres de diamètre qui crève le plafond et  débouche sur le plateau. La galerie aux formes très pures se poursuit dans un décor austère où aucune concrétion ne vient agrémenter la progression. Le sol y est constitué d'argile imbibée d'eau, et les parois sont recouvertes d'une gangue d'argile très dure de plus de cinq centimètres d'epaisseur. Deux cents mètres après la salle un puits (puits de la souche) crève le plancher de la galerie qui se poursuit de l'autre côté. Il permet d'accéder à une partie du réseau inférieur. Le puits de la souche, profond de trente six mètres, en forme d'entonnoir débute par un pan incliné glaiseux qui conduit à un méandre de trois mètres de large. La descente en deux jets  mène sur un éboulis  au bas duquel une vasque d'eau boueuse arrête la progression. Juste au-dessus, une galerie fossile permet de progresser de cent cinquante mètres environ. Cette galerie, perpendiculaire aux strates,  est percée de nombreux conduits dont certains mènent à de petits actifs souvent étroits. Elle se termine dans l'un d'entre eux dans une zone siphonnante très fracturée. Seul espoir une escalade, à voir...
Deux  entrées voisines s'ouvrant dans un effondrement (Huazi Dong -8 m, Yunpan Dong -11m)  permettent de retrouver la galerie principale à l'aval du puits de la souche et d'éviter ainsi sa traversée. Trois cents mètres  plus loin après avoir traversé un petit lac (longeur 10 m, profondeur 1 m) nous arrivons au sommet d'un puits. Un peu  avant  un gros départ sur la gauche n'a pas été exploré. Ce puits d'une dizaine de mètres, incliné dans la boue, coupe la galerie  (largeur 4 m, hauteur 8 m).  Trente mètres plus loin elle tourne à gauche, et sa hauteur diminue pour faire place à un passage bas où nous progressons  à quatre pattes. Ensuite le plafond se relève et nous remontons de  vingt cinq mètres dans un éboulis en haut duquel la galerie reprend de belles dimensions (hauteur 10 m, largeur 10 m). Après quatre cents mètres de progression facile mais boueuse, la galerie est coupée par un premier suçoir, nous laissons sur la gauche un petit départ. Cinquante mètres plus loin, nous débouchons sur le plus gros suçoir de cette partie (profondeur 10 m), en haut à gauche deux départs  ne  seront pas explorés faute de temps. Cent mètres plus loin sur la gauche  une arrivée d'eau (2 à 3 l/s) provient  d'une belle galerie non explorée. Un remplissage de boue occupe toute la partie droite du  conduit principal et nous oblige à patauger dans le lit du ruisseau qui s'écoule lentement vers l'aval. Quatre vingts mètres  de progression mène à une épingle à cheveux où le ruisseau disparait sous des blocs. A la sortie du virage, nous débouchons dans une conduite forcée (diamètre 6 m) remontante où la boue a totalement disparue, quelques blocs épars jonchent le sol. Au bout de trente mètres un départ sur la droite est reconnu sur vingt mètres jusqu'à un suçoir ; la suite attend ses explorateurs ! A cet endroit, on peut noter la présence de l'unique concrétion de cette partie du réseau : une méduse formée par une arrivée d'eau tombant en pluie dans le suçoir. La conduite forcée quant à elle continue à monter, nous stoppons notre progression au bout de quarante mètres sur un nouveau croisement !- ^ -

Impression
28 septembre, objectif la perte de Santang. Gros point d'interrogation sur celle-ci, en saison des pluies elle se met en charge et vient noyer la vallée sous quatre vingts mètres d'eau. Christian et Jean luc se chargeront de l'équipement, Benoit et moi de la topo. Nous sommes à pied d'oeuvre, une cinquantaine de chinois assistent  à l'équipement d'une première désescalade dans le canyon qui mène à la perte. Nous commençons à tirer le fil topo alors que devant ils cherchent les passages. Stop, ça ne passera pas par là ; la rivière se jette dans un puits, 1m3/s dans quatre mètres de diamètre, ça craint ; il faudra équiper plus haut. Nous nous retrouvons, au dessus du canyon, décalés par rapport à l'entrée. Cette fois, c'est la bonne ; après débroussaillage dans les ronces, Christian trouve le passage et un point d'amarrage, un petit arbuste, double amarrage sur un petit tronc, déviation sur un arbre et nous nous retrouvons vingt cinq mètres plus bas sur un pont rocheux. A gauche un puits, de l'autre côté le même avec la rivière. Le perfo est en batterie, un frac, deux fracs, 3ème plein vide et nous voilà à la base de la cascade, ça bouillonne !! La rivière s'engouffre dans une galerie de trois mètres de large pour cinq à six mètres de haut. Tout est noir, lugubre enfin il ne pleut pas, c'est déjà pas mal ... Nous partons avec notre boite et notre fil, il va falloir la jouer fine. Première main courante, de l'eau jusqu'aux cuisses, je hurle les visées que Benoit s'active à écrire pas toujours dans de bonnes conditions. Devant,Jean-Luc et Christian se démènent, nous ne percevons aucun son familier de l'équipement, aucun cliquetis de mousquetons, de marteau et de tamponnoir, seul ce vacarme qui envahit la rivière et les cerveaux ... J'avance prudemment, les visées sont de plus en plus illisibles. Après une trentaine de mètres, nous rejoignons nos deux comparses : "alors ? " Rien de bon, la rivière ne cascade plus, le bruit est moins intense, nous allons pouvoir gonfler le bateau, mais, car il y a toujours un mais, la rivière fait un coude. De l'autre côté ? La dure impression d'une sérieuse cascade, on verra ! Jean-Luc embarque délicatement et se laisse conduire par le courant. Il s'arrête dix mètres plus loin et débarque tant bien que mal ; d'où il est, il lui sera possible d'atteindre une petite vire. Christian le rejoint. Nous en faisons autant, non sans mal, le fil topo à surveiller, les mesures à prendre ... "alors ?"
La vire s'arrête bien vite et la cascade est bien là ... Il est déjà tard, nous décidons d'arrêter l'exploration, de laisser équiper pour demain. La remontée se fera sans problème. A la sortie, la foule est encore là, les gens nous regardent en souriant, c'est sympa. Le temps est nuageux et menace. Il a plu une bonne partie de la nuit, l'équipe ne pourra pas pousser l'exploration plus loin et lever le point d'interrogation... Nous reviendrons peut-être ; pour l'instant Santang reste un mystère et un gouffre étonnant. ...FRANCK BARBARY...- ^ -


Spelunca Mémoires N° 16 Année 1988 GUIZHOU EXPE 86 - ISSN : 0249-0544