expeMoisson d’automne


Nom : Moisson d’automne
Année : 2009
Date : 18/11/2009 18/12/2009
Nationalité : Française
Organisateurs : PSCJA/IKG
Members List : [15]
Eric Sanson, Pascal Orchampt, Robert Peyron, Carole Jalibert, Olivier Testa, Carlos Placido, Nicolas Faure, Jean François Fabriol, Mathieu Régis, Christophe Duverneuil, Zhang Yuanhai 张远海, Luo Shuwen 罗书文, Fang Fengbao 房锋保, He Song 何松, Wen Deping 文德平.

Résumé :

Objectif

La demande de l’IKG était de faire une reconnaissance approfondie dans les cavités signalées afin de définir celles qui seraient susceptibles de devenir des grottes touristiques.

Génèse de l’expédition

Cette expédition s’inscrit dans les expéditions organisées par le PSCJA depuis plus de vingt ans. Jean Bottazzi et Zhang Hai de l’IKG ont proposé l’organisation d’une expédition de reconnaissance dans le nord du Guizhou, cette expédition répond au besoin de l’IKG qui propose de prendre en charge l’organisation et les coûts de l’expédition sur le terrain.

Organisation de l’expédition

L’IKG a pris contact avec les autorités locales pour recenser les cavités à explorer. Sur le terrain, l’ensemble de la logistique et de l’organisation est prise en charge par l’IKG, notamment l’hébergement, le transport, et les guides pour nous accompagner, les spéléos n’ont plus qu’à « travailler ». Les moyens mis en œuvre ont été importants et dans de très bonnes conditions compte tenu de l’étendue géographique de la zone étudiée et des difficultés de transport dans cette région reculée en cours de désenclavement.

Nous avons été hébergés successivement à trois endroits différents, en fonction des comtés que nous avons étudiés.

Chaque matin, les équipes de deux ou trois spéléos étaient véhiculées vers les villages qui avaient signalé des cavités. Parfois, une ou deux heures de route, puis piste et une marche d’approche plus ou moins longue. Les informations souvent sommaires sur les cavités nous réservaient des surprises quant aux dimensions ou à la beauté de la grotte.

En principe, nous attaquions systématiquement la topographie en découvrant les galeries et en avançant dans les cavités. Sur le retour, quelques photos complétaient les informations. Parfois limités par le temps ou le contexte, nous avons dû nous contenter d’une description sommaire et quelques photos.

De retour à l’hôtel, le soir, après un dîner rapide, nous avons travaillé au report des données de la journée, au tri des photos, à l’écriture des descriptifs, à des synthèses de résultats, à la préparation du lendemain. Et cela sans relâche pendant toute la durée de l’expédition.

Zhang Hai et son équipe, se sont montrés parfaitement efficaces pour organiser le séjour. Avec les chauffeurs, ils se sont intégrés au groupe en toute simplicité, alors que la barrière de la langue aurait pu créer un fossé d’ignorance mutuelle.

L’équipe

Chacun avec son caractère, ses idées, sa passion, ses compétences, ses convictions a apporté sa contribution au gros travail effectué.

Il y avait les inconditionnels de la topographie, les fous de l’image soignée, les travailleurs infatigables, ceux qui rêvaient d’équiper tous les départs...

Mais il fallait être polyvalent dans les équipes qui se constituaient pour l’explo du jour, susceptible de changer à la dernière minute, au moment de monter dans les véhicules qui quotidiennement nous conduisaient sur les sites au terme d’une heure ou souvent plus de route ou de piste boueuse.

Cela a permis à chacun de découvrir, grâce à la multiplicité des compétences présentes, des facettes de la spéléologie pour parfaire ses connaissances.

Ainsi, on a pu s’entraîner au relevé topographique avec du matériel performant, au report avec des logiciels efficaces, à l’équipement des cavités, à la photographie souterraine, à l’écriture des descriptions de cavités, à la lecture de cartes.

On a bien tourné, et chacun a eu l’occasion de faire de la spéléo avec tous les autres, ce qui montre la cohésion du groupe, et la richesse des rencontres.

L’exploration

La région explorée se situe au nord de la province du Guizhou, dans la préfecture de Tongren, sur les comtés de Dejiang, Yinjiang et Yanhe, elle couvre environ 6000 km2 de région montagneuse difficilement accessible. D’importants travaux routiers sont en cours et permettent aujourd’hui d’accéder à Dejiang en 8 heures de route depuis Guiyang.

La première zone, le comté de Dejiang, présente le plus long séjour fixe de 11 jours de terrain. Un important travail d’inventaire réalisé par les autorités locales nous a permis d’être efficaces. Du 21 novembre au 1er décembre, 39 cavités ont été topographiées, représentant 20,795 km de topographie plus 12 entrées pointées. Notre avance sur le programme nous a permis de retourner voir les endroits de notre choix : Gaoshan en fut la cible. Shipaiqiaodong (1757 m) et Qiaoshangshuidong (1971 m) : deux cavités majeures par leur taille et par leur beauté, ont fait notre admiration et ont justifié ces nouvelles visites. Les autres cavités importantes sont : Midong où 2238 m ont été topographié en 6 heures avec arrêt sur lac, Qidong (1702 m) une grotte tunnel active, Yipingdongtian (1355 m), Pusadong (1335 m) et Dongkondong (1141 m) une grotte à fort potentiel de continuation. La grotte Guidongbo (358 m) est intéressante pour son esthétique et ses possibilités d’aménagement en grotte touristique. La zone explorée est assez riche en cavités, mais seules certaines cavités présentent un potentiel d’extension de type réseau, c’est à confirmer par une exploration plus poussée à venir.

La deuxième escale, le comté autonome Tujia et Miao de Yinjiang, fut un peu plus délicate à gérer. Dès notre arrivée, le manque d’organisation est flagrant (changement d’hôtel, chantier...), nous sommes véhiculés de gauche à droite sans gros résultats, en 7 jours de terrain 6 cavités ont été topographiées, représentant 2,679 km de topographie plus 9 entrées pointées. Nous passons peut-être à côté, en tous les cas, il y a un couac chez les autorités locales qui nous donne l’impression d’une étude incomplète. La grotte la plus importante XiaoDong développe 1168 m sans espoir de continuation. Nous en ressortons tout de même une zone intéressante à Sazipo, dont le large plateau de 2 x 6 km est comparé au Vercors, avec une cavité Xiaoshuikeng (757 m). Ce peut être un objectif d’expédition.

La troisième zone, le comté autonome Tujia de Yanhe, connue des Anglais (expédition automne 2008) a redonné du grain à moudre et de l’eau au moulin. Dans un cadre idyllique, au bord du Wujang, dans un hôtel 3 ou 4 étoiles, on a utilisé au mieux le peu de jours restants, nous réalisons 9,703 km de topo dans 9 cavités sur 13 pointées pour 4 jours de terrain. De nombreuses cavités ont déjà été explorées par les anglais mais le reste nous réserve plutôt de bonnes surprises. Houwozidong (1286 m) est une belle show cave à Houping avec un accès par deux jours de bateau sur le Wujiang, l’accès par la route aurait été très délicat. Une pointe approfondie a été faite dans Bingkoudong (2575 m) à Tudi’ao, cette cavité verticale rejoint un collecteur que l’ingénieur hydrogéologue de la région envisage de capter en vue d’approvisionner des villages en eau. Il prévoit à court terme le percement d’un tunnel d’environ 700 m pour accéder à l’eau par gravité. Par ailleurs, cette cavité est très belle et d’une morphologie très pédagogique. Xiaoshuidong (4720 m) est une grosse perte qui jonctionne et permet de compléter la grotte de Longqiaodong fraîchement topographiée par le team anglais. Les quelques buts n’ont pas gâché le plaisir.

Nous posons également une botte dans le comté de Si’nan depuis les comtés de Yinjiang et Yanhe, 715 m de topo dans 2 cavités sur 3 pointées.

Le bilan

82 cavités ont été répertoriées et reconnues en partie ou dans leur totalité.

Nous avons totalisé 33892 mètres de topographie dans 56 cavités et 673H de TPST au cours de 167 journées de spéléo cumulé. Onze topos dépassent le kilomètre.

Le TPST moyen de 4H par jour de spéléo est relativement faible en raison du temps de transport et des prises de contact pour explorer une zone aussi étendue dans un relief aussi perturbé qu’esthétique. Les deux principaux véhicules de l’expédition affichaient 6000 km au compteur chacun en un mois.

Les photographes ont été productifs, nous disposons d’une grande quantité de photos (plus de 7000) pour compléter les descriptions des grottes, des accès ou l’histoire de l’expé.

Il reste cependant dans notre tête un goût d’inachevé, dans la mesure où il s’agissait d’une évaluation globale et non d’un travail exhaustif. Plusieurs grottes nous intéressent en tant que spéléo et leur exploration n’est pas terminée parce qu’il fallait enchaîner avec la suivante. Cela représente autant d’objectifs pour une prochaine expédition.

Conclusion

Une expédition riche à tous points de vue, humainement et dans ses résultats qui vont donner lieu à une publication, probablement en commun avec le travail de publication en cours sur les précédentes expéditions dans le Guizhou.

L’échange avec les Chinois en charge du projet a été très positif. L’IKG a été enthousiasmé par cette expérience avec une équipe française. Ce qui laisse augurer une démultiplication des possibilités d’expéditions en Chine dans les prochaines années. De fait, un nouveau projet dans le Guizhou est proposé pour l’automne prochain.

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