expeTiankeng 2009


Nom : Tiankeng 2009
Année : 2009
Date : 15/3/09 12/04/09
Nationalité : Française
Organisateurs : PSCJA/GIMR
Members List : [0]
Jean Pierre Barbary, Jean Bottazzi, Robert Peyron, Bruno Hugon, Patricia Hugon, 李坡 Li Po, 贺卫 He Wei, 钱治 Qian Zhi.

Résumé :

Tiankeng 09

Organisation :PSCJA, GKREDRC

Pays : Chine 中国

Province : Guizhou 贵州省

District : Suiyang 绥阳, Luodian 罗甸, Pingtang 平塘.

Participants Français :

Jean Pierre Barbary, Jean Bottazzi, Bruno Hugon, Patricia Hugon, Robert Peyron.

Participants Chinois :

贺卫 He Wei, 李坡 Li Po, 钱治 Qian Zhi, 杨泊 Yang Bo, 张凯琪 Zhang Kai Qi, 韩风 Han Feng.

Date : du 14/03/09 au 12/04/09

Cette année encore les zones de travail se situent dans le Guizhou 贵州省 au nord sur le massif de la Shuanghe (district de Suiyang 绥阳) et au sud de la province dans les districts de Pingtang 平塘 et Luodian 罗甸. L'équipe volontairement réduite avait pour objectif de continuer les reconnaissances dans la zone des grandes dolines de Tangbian et la réalisation du stage de formation technique spéléologie à Wenquan.

I Reconnaissance et Explorations spéléologiques

A. Le bassin versant des résurgences de Dajing et Xiaojing

L'objectif était de poursuivre les reconnaissances sur les phénomènes karstiques du bassin versant moyen des grandes résurgences de Dajing et Xiaojing. Nous les avions explorées en 1986 lors de notre première expédition (Guizhou expé 86) et revisitées en 2008 (Guizhou 2008). Ces deux grands bassins versants (950 et 610 km2) s'étendent sur plusieurs districts du sud de la province du Guizhou notamment Huishui 惠水, Pingtang 平塘 et Luodian 罗甸.

C'est à partir du village de Tangbian 塘边 (Pingtang 平塘) que nous avons mené nos investigations. Les phénomènes reconnus se situent donc aux alentours du grand bassin de Tangbian et au sud jusqu'aux grandes résurgences.

Indiquée par des locaux la grotte de Xiahedong 下河洞 (dev 1 20O m) semble bien être une deuxième entrée à la grotte-perte de Baizhangluoshuidong 摆掌落水洞 (village de Tang Bian 塘边 , district de Pingtang 平塘) qui est la deuxième et dernière perte de la rivière Baizhang avant sa réapparition aux résurgences. La jonction entre ces deux cavités est évidente en terme d'hydrogéologie mais beaucoup moins au niveau spéléologique (grosse rivière et gros blocs), elle reste à effectuer.

Dans la zone des tiankengs nous avons reconnu en coup de vent un site extrêmement intéressant la grotte de Shigaodong 石膏洞 qui semble développer plusieurs kilomètres. L'exploration et la topographie restent à effectuer elle rejoint la doline de Daidaihe par une entrée minuscule s'ouvrant dans les vastes pentes nord de la doline.

Plus loin encore au sud de la dépression géante de Dadaihe un groupe de cavités reste à explorer. Parmi elles nous avons commencé l'exploration de Pipodong 皮坡洞 (dev ; 304 m) grotte extrêmement intéressante notamment avec son violent courant d'air intermittent, de magnifiques perles des cavernes aux formes étranges et ses racines volantes...

En bordure ouest du grand bassin de Tangbian la grotte de Shuidong 水洞 avec ses 2 938 m représente bien les vieilles pertes de contact entre les imperméables du Permien supérieur et les calcaires du Permien inférieur. Le terminus de cette cavité se situe dans une galerie de 100 m de haut mais le cheminement y est compliqué...

Au total en 8 jours nous avons donc identifié et situé 13 nouvelles cavités (15 entrées), 10 ont été visitées ou explorées et 9 topographiées pour un total de 5887,3 m de galeries.

B. Le massif de la Shuanghe 双河 (District de Suiyang 绥阳)

Sur le réseau de Shuanghedongqun 双河洞 nous avons topographié 2 745 m de galeries supplémentaires dans le bloc amont de Longtanzishuidong 龙潭子水洞 ces nouvelles explorations, en dépassant le siphon amont, ouvrent une très importante porte d'accès au nord et à l'ouest du système.

Les nouvelles indications de Zhao Zhongghuo sur l'existence d'une importante grotte à courant d'air située au-dessus de la grotte de Huangyukong 黄鱼孔 et d'une dizaine d'autres entrées pourraient orienter nos futures explorations sur cette zone stratégique du massif. L'exploration de ces nouvelles entrées permettra peut être de réduire les temps de progression permettant d'atteindre les terminus des réseaux qui se font de plus en plus lointain.

La grotte de Shuanghedongqun 双河洞 développe donc à ce jour 119 792 m pour un dénivelé total de 593 m et se situe à la 14 ème place du classement des plus longue cavités de la planète.

Après une visite dans la grotte de Shigaodong 石膏洞 nous avons constaté que même très objectivement l'aménagement récent de cette entrée est un échec plûtot catastrophique et nous pose un sérieux problème d'éthique quant à notre rôle. Le manque total de concertation qui précède les aménagements souterrains est le principal facteur de cet échec.

Nous avons aussi effectué deux séances photos dans le réseau du gypse à la grotte de Pixiaodong ces deux visites confirment bien que cette partie de la cavité est exceptionnelle et que à ce titre elle doit etre immédiatement protégée et que tout aménagement est à proscrire dans l'état actuel des choses.

L'abondance des types de cristallisations des concrétions de gypse (le plus représenté), de calcite et probablement d'autres minéraux (crosses, fleurs, croûtes, cristaux, filaments, poudres, hélectites...) est exceptionnelle. Avec notamment les croûtes combinant gypse et calcite bleue (? en cours d'analyse) qui recouvre les plafonds et parois sur plusieurs centaines de mètres carrés. Cette partie de la cavité mériterait largement d'être le sujet d'une thèse en cristallographie souterraine...

Sur le reste du massif.

Après le stage, avec l'équipe spéléo de Macao et Hongkong nous avons exploré et topographié la grotte de Heitaoping 核桃坪. C'est une petite résurgence perchée qui développe 245 m. Malgré ses petites dimensions cette cavité s'avère extrêmement intéressante grâce à la grande diversité de sa faune souterraine représentée notamment par des crustacés cavernicoles.

II Le stage de formation technique

Cette année le stage de formation technique a réuni 15 stagiaires sur une durée de cinq jours il s'est déroulé dans le village de Wenquan. Même si la formule est un peu courte elle confirme son succès et commence à s'établir doucement en Chine comme la référence en terme de formation spéléologique.

Conclusions et perspectives

Au cours de cette expédition nous avons donc topographié 8 877 m de galerie, c'est peu par rapport aux résultats habituels, mais conforme à la taille de l'équipe. La reconnaissance de nombreux objectifs nous a pris beaucoup de temps. Nous avons pu faire un point précis sur certains aspects du développement du Géopark.

Dans la zone des bassins de Daxiaojing un gigantesque et passionnant puzzle spéléologique se met donc en place avec au coeur ces gigantesques formes karstiques négatives que sont ces dolines et tiankeng du groupe de Dadaihe. C'est semble t'il le vide karstique le plus volumineux de Chine et donc de la planète.. L'échelle géographique du terrain d'investigation promet en tout cas des explorations de très longue haleine

Sur le réseau de Shuanghedong les explorations des zones lointaines marquent logiquement le pas mais il reste de nombreuses reprises de topographies même dans certaines zones d'entrée. Le souhait des autorités de Suiyang est que le réseau de Shuanghedongqun entre dans le top 10 des plus longues grottes de la planète. Mais les 4 places qui le sépare du top 10 représentent quand même plus de 40 km de topographie supplémentaire !! C'est donc un vrai challenge qui nécessitera une réorganisation des explorations camps avancés explorations systématiques des nouvelles entrées et bivouac indispensable dans certaines parties du réseau et le tout sans lasser les équipes d'explorateurs qui rêvent aussi de nouveaux horizons spéléologiques.

Pour l'environnement général il semble bien que nous devions redéfinir notre position et essayer d'influer plus fortement sur le développement du Géopark et notamment sur les aménagements souterrains avant que des dégâts irréparables soit effectués.

En ce qui concerne nos activités de formation outre la poursuite du stage de formation technique il est de plus en plus évident que la nécessité d'un stage de spéléo secours s'impose.

Et dans le cadre de notre collaboration avec le GKREDRC un voyage d'étude en France de nos partenaires chinois semble se dessiner pour l'automne 2009.

Jean Pierre Barbary

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