dong Duiwodong - 堆窝洞

Lóngdònggōu

La gorge du Dragon (Zhen 0302)

La marche d'approche est longue, compliquée et sportive. Il faut remonter la gorge de Yangjiagou jusqu'à la fourche où se trouve Huangyukong, puis prendre entre les deux amonts près de 500 m de dénivelé en 1,5 km. Il reste alors à serpenter un bon kilomètre pour trouver le col permettant de redescendre jusqu'à l'entrée.

Ce gouffre tout d'abord repéré sur carte a été reconnu en 2003 mais jamais descendu. Il s'agit d'un entonnoir dont l'ouverture atteint 150 m de long pour 50 m de large. Sa profondeur avoisine 100 m et il est vraisemblablement connecté à une résurgence située à moins de 300 m. Son entrée se situe dans le même étage cambrien que l'amont de Longtanzishuidong ; bien qu'il en soit encore éloigné de deux kilomètres, on peut espérer qu'il recoupe des cavités permettant de rejoindre le réseau de Shuanghe.



Analyse :

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Duiwodong (62)
Dernier né dans le rang des grandes cavités du massif de Shuanghe, Duiwodong présente aussi l’entrée en tiankeng la plus profonde actuellement explorée, un collecteur et de nombreuses possibilités de prolongement. C’est une grotte de genèse visiblement récente et généralement active.
Accès : Il emprunte une piste praticable en véhicule tout terrain, la seule qui permette de rejoindre le fond de la vallée de Shuanghe sans passer par Guihua. Nous devons ce chemin au monastère de Jinzhongshan, au sommet du massif de Shuanghe et au fait que les dévots de Suiyang et de Zheng’an entendent y avoir accès chacun de son côté. Depuis Shuanghe, suivre cette piste jusqu’à un carrefour à 1500m d’altitude où il faut prendre à droite pour amorcer la descente sur Zheng’an. À 2,5 km de cet embranchement, la piste prend pour la première fois et sur plusieurs dizaines de mètres la direction du nord. On arrive à un virage, à un col, avec un grand champ à gauche et la piste qui remonte au-delà. Il faut se garer ici. On part ensuite à pied dans le champ au nord de la piste. Il y a un bon sentier. Il faut serrer sur la gauche et descendre non pas en fond de combe, mais longer à flanc de coteau, une ligne électrique suit le sentier. Il faut descendre de 130 m en 1 km de cheminement. Le sentier passe sur un col, le tiankeng de Duiwodong est à gauche, dans la forêt.
La descente du tiankeng
Le tiankeng d’entrée est de dimensions imposantes : 250 x 200 m de diamètre pour une profondeur de 200m. Il faut 250 m de corde pour en atteindre le fond. La descente s’effectue la plupart du temps sur des pentes très raides couvertes de végétation luxuriante. Cette végétation très épaisse présente l’inconvénient de nécessiter l’ouverture d’une trace à la machette, mais offre l’avantage de fournir de nombreux arbres permettant de fractionner la descente en une dizaine de tronçons. Il n’y a qu’une portion véritablement plein vide, de 32 m, à mi-pente. Pour les dernières longueurs, les arbres de bonne qualité se raréfiant, des ancrages sur goujons seraient utiles.
Trois petites cascades d’importance inégale ruissellent sur les parois du gouffre et se regroupent au fond pour former une rivière qui disparaît sous terre par un porche d’une quinzaine de mètres de diamètre.
Le canyon aval
Dès l’engagement sous terre, quelques petits ressauts entrecoupés de zones caillouteuses doivent être équipés, mais rapidement on se trouve dans un véritable canyon avec des cascades souvent suivies de vasques profondes. Ces cascades sont la plupart du temps de faible hauteur, ainsi la plus haute atteint 20m. L’évitement des chutes d’eau et des marmites oblige souvent à d’athlétiques manœuvres et ruses diverses pour l’équipement des cordes, ou plus simplement à d’acrobatiques oppositions. Au moins une douzaine de difficultés nécessitent un équipement. En cours de progression, nous traverserons deux salles situées en rive gauche. Elles sont à l’origine d’affluents dont nous reparlerons plus loin. À environ 600 m de l’entrée, la rivière se perd dans une petite galerie sur la droite, encombrée de branches et troncs coincés charriés par les crues. Si l’actif ne circule maintenant plus dans la galerie, l’équipement de petites verticales et marmites reste toujours de mise. Une escalade entreprise au-dessus d’un P8 a mis en évidence l’existence d’un passage supérieur, mais il ne fait que rejoindre le canyon plus en aval. Nous abandonnons temporairement les cordes. Il est alors possible, non sans avoir effectué quelques dernières acrobaties, d’avancer de quelques centaines de mètres, jusqu’à un long plan d’eau profond où flottent de nombreux déchets végétaux : c’est le siphon des bois flottés.
Le Mâconnais
Une remontée en escalade sur la gauche, permet de trouver un resserrement de la galerie où la progression en opposition devient possible. Au bout d’une quarantaine de mètres, la zone profonde du lac des bois flottés a été traversée. Par une descente sur corde, nous retrouvons un long bassin où l’eau atteint la poitrine, avant de sortir enfin sur des plages de graviers. Nous constatons alors que nous sommes dans un amont baptisé le coteau du Mâconnais. En conditions météorologiques plus favorables, ce lac peut se traverser à pied secs, mais un siphon latéral subsiste néanmoins en paroi droite. Nous remontons ensuite une nouvelle rivière, au débit légèrement inférieur à celui de l’entrée de Duiwodong. Le siphon des bois flottés est en fait la perte de deux actifs issus de part et d’autre. Cette nouvelle rivière - où s’intercalent bassins et bancs de graviers - a été remontée sur 200 m jusqu’à un long bief profond, au-delà duquel on perçoit le bruit d’une cascade. C’est le début de la galerie du 500m nage libre.
La galerie du 500 m nage libre
L’affluent du Mâconnais est une petite rivière entrecoupée de bassins généralement peu profonds, jusqu’au premier qui oblige à une nage de 55 m pour arriver au pied d’une grosse marmite. Une escalade facile de 6 m permet d’en sortir pour se retrouver au carrefour de deux galeries de bonne dimension. Sur la gauche, se poursuit l’affluent du Mâconnais qui reste à explorer. Sur la droite se trouve une galerie fossile que l’on pourrait prendre au début pour un aval. Elle devient vite entrecoupée de petits bassins obligeant parfois à de courtes nages alternant avec des plages de gravier. Peu à peu un grondement sourd se fait entendre et après une dernière nage, nous nous retrouvons devant un collecteur dont le débit a été estimé entre 150 et 200 l/s. Cette rivière arrive d’un minuscule méandre ou se trouve une cascade à l’origine du bruit. L’eau ne circule que quelques mètres, pour se perdre presque immédiatement sur la droite dans une fissure pénétrable peu engageante. La galerie originelle toujours de bonne dimension (3m de large pour 20m de haut) se poursuit, tout en se transformant en une succession de marmites coalescentes. La roche très découpée nous oblige alors à effectuer de prudentes, mais parfois athlétiques oppositions. Au bout de 50 m nous retrouvons le collecteur qui circule en fond de galerie dans un méandre déchiqueté. Encore une cinquantaine de mètres et cette zone très travaillée par l’érosion prend subitement fin. Nous retrouvons alors le collecteur qui court entre de gros talus de gravier. Nous le suivons sans difficulté jusqu’à une petite salle sur la droite de laquelle se trouve un diffluent. En effet, le débit de la rivière augmente encore en amont pour atteindre pratiquement 300 litres seconde. Une partie se perd dans ce diffluent qui siphonne 40 m plus loin. Notons aussi dans cette salle le départ d’un affluent remonté sur quelques dizaines de mètres dont l’exploration et la topographie restent à poursuivre. Enfin si l’on poursuit dans le collecteur, le plafond s’abaisse rapidement au profit de la largeur. Une longue nage devient alors nécessaire pour atteindre le terminus de cette galerie du 500m nage libre, constitué d’un beau siphon, où l’on peut entrevoir le conduit qui se prolonge sous l’eau.
Le collecteur du petit Rhône
La lucarne des vautours : lors de la traversée du siphon des bois flottés, une lucarne d’1m2 en pleine paroi droite attire l’attention. Il est facile de l’atteindre depuis la main-courante en traversant le canyon, mais impossible de la détecter si le siphon des bois flottés autorise de passer à pied secs sous la main-courante alors inutile. On se retrouve alors dans une petite salle circulaire au sol tapissé de paille et petites branches abandonnées par les crues. C’est le nid des vautours, prédateurs des galeries qui vont suivre et qui est à l’origine du nom de la lucarne! Il s’en suit une galerie de petite taille, mais déjà on perçoit le sourd grondement de la rivière que l’on va rapidement retrouver.
Le petit Rhône: l’amont provient d’une galerie pénétrable. Un passage supérieur shunte un premier siphon, puis un second barre la route. Mais c’est bien sûr l’aval qui nous intéresse. Nous allons suivre sur près de 600m cette galerie d’une section moyenne d’environ 50m2. Comme dans l’amont, certaines zones surcreusées en canyon obligent à quelques oppositions délicates, mais souvent de larges banquettes permettent une progression facile. Cette rivière va regrouper toutes les arrivées d’eau recoupées dans la cavité lors des explorations, plus d’autres insoupçonnées qui vont finir par produire un débit atteignant au moins 1m3/s en petite crue. Le petit Rhône court sur un lit de galets. Il se perd dans un laminoir trop bas de plafond. On passe alors dans une galerie supérieure pour une centaine de mètres, puis on redescend dans la rivière. À l’aval, on rencontre l’affluent Tavel, qui n’est qu’une toute petite rivière dans une galerie très boueuse qui se rétrécit jusqu’à devenir impénétrable. Le petit Rhône se poursuit, la galerie s’élargit et le remplissage de galets se rapproche du plafond. Nous nous sommes arrêtés avant de devoir nous coucher dans l’eau. Il n’y a pas de courant d’air. On remarque des troncs coincés dans le lit de la rivière jusqu’à ce point qui est l’extrême aval de la cavité. Lorsqu’on retrouve le petit Rhône après le passage supérieur, l’amont peut être remonté presqu’au point de fermer la boucle. Il y a dans une salle un petit trou qui permet de rejoindre le shunt. Le shunt présente également un étage supérieur, mais il devient impénétrable. Mais le plus intéressant est un affluent non actif : le cul sec.
Le cul sec
Il débute un peu en amont de l’arrivée du shunt dans la rivière par une galerie en pente douce au sol couvert de sédiments. On laisse sur la gauche une branche de 150 m de long qui est typiquement une galerie de trop-plein. Après un seuil, elle présente une succession de marmites pleines d’eau et s’achève sur un lac. La galerie principale perd rapidement son côté débonnaire. On aborde une portion d’une centaine de mètres exigeant une vigilance constante. En effet, la belle conduite forcée de 6 m de large est surcreusée d’un canyon et d’un chapelet de grandes marmites, souvent pleines d’eau et toujours profondes. L’eau étant très limpide, on peut admirer au passage les magnifiques formes hélicoïdales, typiques de l’érosion tourbillonnaire. Heureusement, plus on monte, plus les berges pentues sont sèches et de bonne adhérence.
La galerie marque un coude et reprend en travers du pendage. Elle se divise en trois branches. Tout droit, se trouvent une trémie et une fissure descendante -trop étroite- d’où remonte un bruit de rivière. La branche de droite passe par un petit labyrinthe, puis, après une galerie horizontale, on laisse sur la droite une perte qui va en se rétrécissant sur plus de 100 m avant de finir dans la boue et on remonte jusqu’à un carrefour où arrive la branche de gauche. La branche de gauche est de petites dimensions sans pour autant être inconfortable si on ne se croit pas obligé d’aller ramper dans ses diverticules latéraux. Elle passe sous un puits remontant sur fracture de grand volume avant de rejoindre la branche de droite. La galerie résultante de cette jonction débute par le franchissement d’une marmite grande et profonde. Elle se poursuit en une légère descente puis arrive en balcon 8 m au-dessus du canyon principal de Duiwodong, bien en amont du siphon des bois flottés.
Les autres affluents
À 400m de l’entrée, en paroi gauche, une providentielle lucarne de section carrée permet non seulement d’éviter un long bief bouillonnant, mais aussi d’arriver dans une salle au carrefour de deux affluents :
- une grosse galerie au sol sec, permet d’arriver rapidement dans une sorte de rotonde, au pied d’une cascade d’une vingtaine de mètres d’un débit de quelques litres par seconde. Au sommet de la cascade, le départ d’un gros méandre est visible. C’est la rivière du cincle ;
- dans le prolongement de la galerie d’arrivée, un petit affluent au débit insignifiant arrive aussi des hauteurs. La roche est étonnamment colorée en noir aux abords de l’eau. Une première escalade d’une dizaine de mètres a été effectuée. Nous nous sommes arrêtés très rapidement sur une nouvelle escalade. C’est l’accès par le bas à la galerie des gours noirs.
En poursuivant dans la rivière, une centaine de mètres après la salle carrefour, part en rive gauche, une galerie fossile perpendiculaire. Le sol est sec, presque poussiéreux, mais rapidement nous butons sur un puits étroit, où un petit actif se fait entendre. La traversée en opposition aide à gagner quelques mètres, puis un P8 permet de prendre pied dans un minuscule actif au fond de la galerie. À l’aval, l’eau se perd dans un boyau très étroit tandis qu’à l’amont une escalade de 6 m est nécessaire pour prendre pied dans la galerie au profil méandriforme. Au bout d’une trentaine de mètres, les parois se resserrent ; rendant le passage quasiment impénétrable. Cependant en revenant 20m en arrière, un puits remontant d’une quinzaine de mètres, semble pouvoir permettre de retrouver la suite. À noter un très léger courant d’air aspirant (par temps chaud). Entre ces deux affluents, la rivière longe les blocs d’une grande salle chaotique. En remontant au sommet des énormes blocs, nous trouvons une courte galerie fossile qui jonctionne avec le dernier affluent en passant par un lieu de bivouac.
La rivière du cincle
Cette description respecte le sens de l’exploration, à savoir du bas vers le haut.
Une première cascade de 20 m, surplombante sur son premier tiers, a dû être escaladée pour atteindre le départ d’un beau canyon. Peu après, une première marmite profonde se contourne par la gauche et l’on arrive quelques mètres plus loin au pied d’une cascade surplombante de 4m, avec une profonde marmite à la base. Pour l’anecdote, à ce point, une chute malencontreuse du perforateur dans la vasque nous a obligés à tenter une autre solution pour franchir la difficulté. Ce n’est ni plus ni moins qu’une escalade délicate, en surplomb et directement dans la cascade, qui a été tentée. Une première tentative, à cause d’une rupture de prise, se solda par une magnifique chute dans la marmite. La seconde tentative fut la bonne ! Cela donna son nom à la rivière, le cincle ou merle d’eau étant un oiseau qui plonge dans les rivières. Le perforateur a été repêché après une demi-heure de recherche dans le fond boueux. Il était en état de marche le lendemain, après une simple phase d’égouttage au bivouac. Peu après cette escalade, une nouvelle vasque oblige à nager. Ensuite, une cascade en toboggan de 5 m a dû être escaladée. À partir d’ici, en remontant facilement de 8m en rive droite, nous arrivons sur un entrelacs de conduites forcées fossiles supérieures qui rejoignent maintes fois le canyon sous-jacent. Nous avons pu observer depuis ces balcons que le canyon - large de 2 à 3 m en moyenne - se poursuit inlassablement par l’enchaînement de vasques et de petites cascades. On peut suivre ces conduites forcées, obligeant parfois à une marche courbée sur environ 200 m, jusqu’à ce qu’il ne soit plus possible d’avancer sans redescendre dans le surcreusement actif. À noter que seul le cheminement choisi a été topographié, mais de nombreuses variantes sont possibles. Il faut reprendre 100m en aval et repérer un endroit caractéristique en bord de canyon à côté d’un gros bloc où une concrétion conique sert de prise de main à l’un des rares endroits où il est possible de descendre sans matériel. On remonte alors immédiatement en face pour retrouver en rive gauche le même système plus ou moins labyrinthique de conduites forcées fossiles. Nous poursuivons ainsi sur encore sur 130 m jusqu’à buter sur une énorme trémie qui obstrue aussi bien les passages fossiles que le canyon. Cependant, en cheminant en rive droite au niveau du plafond sur une vire facile suivie d’un court boyau contournant un pas difficile, nous retrouvons une galerie perchée fortement ventilée. C’est la galerie Jules Verne qui doit son nom aux multiples rebondissements lors des journées d’exploration. Cette conduite forcée de 2,5 m de diamètre au départ se subdivise en perdant chaque fois un peu de volume et tout en restant relativement confortable si l’on choisit l’option la plus large. Au bout d’une centaine de mètres, nous avons la surprise de déboucher par une petite lucarne dans le porche d’entrée de Duiwodong. La lucarne la plus en amont fut équipée d’une descente de 18m sur corde pour nous permettre de prendre pied juste en amont d’une vasque temporaire. Les boyaux latéraux que nous avions laissés dans la galerie Jules Verne ont eux aussi finit par retomber en lucarne plus en aval dans le grand méandre d’entrée de Duiwodong.
La galerie des gours noirs
Dans le labyrinthe que forment les conduites forcées en rive gauche de la rivière du cincle, une galerie relativement évidente s’échappe du système. C’est une conduite forcée régulière de 2,5à 3m de diamètre qui va descendre en pente douce en suivant le pendage. La progression y est facile, agrémentée par le contournement de quelques gours jamais très profonds. Quelques bouts de cordes en place facilitent néanmoins le passage pour ceux qui ne souhaitent pas se mouiller. Au bout de 330 m, nous débouchons dans une salle basse chaotique, point de départ de plusieurs galeries :
- sur la droite, 30 m de conduite forcée nous amène en balcon au-dessus de la cascade de 20 m située au départ de la rivière du cincle ;
- sur la gauche, une galerie de faibles dimensions non explorée à ce jour, repart en direction de l’amont; - tout droit, en descendant 20 m dans la salle et en prenant à droite, nous arrivons à nouveau en balcon au-dessus de la base de la cascade d’accès à la rivière du cincle. Un P18 fractionné constitue maintenant par cette voie le nouvel accès au réseau de Duiwodong ; - enfin toujours au bas de la salle, sur la gauche, une petite galerie tortueuse souvent basse, d’une centaine de mètres de long vient buter contre un méandre transversal de 3 m de haut par 1,5 m de large. La partie gauche reste à explorer, tandis que sur la droite -au bout de 40m- il y a jonction avec la galerie des croûtes au niveau d’un nouveau carrefour avec un petit actif. [Bruno Hugon]
L’affluent de la galerie des gours noirs
À mi-chemin de la galerie des gours noirs, un affluent arrive avec un bon courant d’air. Il développe environ 400 m en comptant les diverticules.
Ce méandre est plus étroit que la galerie des gours noirs, mais il se parcourt facilement, certains indices indiquent qu’il est alimenté par une perte venant de l’extérieur. La suite la plus évidente vient buter sur un rétrécissement fréquentable uniquement par les rats. Des crottes témoignent de leurs visites fréquentes. Juste avant ce terminus, le courant d’air provient d’une petite galerie sur la droite qui s’abaisse également assez rapidement pour finir par une reptation sur une étonnante trémie de cailloux très propres. Une désobstruction rapide permet de progresser sur 3 m pour constater que la suite demanderait des gros travaux, le courant d’air est très présent.
Cet affluent a lui-même également un affluent, plus étroit et beaucoup moins pratique de progression, l’essentiel se fait à quatre pattes et le fond est arrêté par une étroiture pour personnes maigres avec une continuation au gabarit bien limité. Il est probable que la suite rejoigne également l’extérieur, mais ce ne sera jamais une voie royale avec les sacs. [Éric Sanson]
La rivière d’Ain
C’est l’amont du collecteur de Duiwodong. Son débit est de plus de 20l/s à l’étiage. C’est à partir du bas du P 20 dans le canyon de Duiwodong qui constitue la dernière verticale de la zone d’entrée, en amont des deux salles, que l’on trouve l’arrivée de cet actif permanent. On traverse un vaste plan d’eau circulaire pour remonter facilement la rivière dans un grand méandre d’une douzaine de mètres de haut pour une largeur d’à peine un mètre. On retrouve, arrivant de la droite, l’actif que l’on avait perdu en aval du tiankeng. Il ne présente pas la moitié du débit de la rivière d’Ain. L’amont sort d’un siphon que l’on shunte en poursuivant dans la fracture argileuse. Le sol devient rapidement constitué de petits graviers souvent verdâtre. La pente reste très faible. Au bout de 150m, le plafond s’abaisse subitement jusqu’à former une véritable voûte mouillante. Heureusement, un boyau latéral permet de franchir la difficulté sans se mouiller. Peu après, la galerie prend alors temporairement un profil de conduite forcée où la rivière circule en rive gauche tandis que de gros talus argileux au sol blanchi, bordent la rive droite. Ensuite, débute un nouveau couloir rectiligne. Le courant d’air - descendant de l’amont par temps chaud - est très fort et glacial. On franchit une sorte de salle, puis la fracture reprend, longue et monotone, avec le ruisseau qui coule au fond sans bruit du fait de sa faible pente. Au bout de 700m, un grondement sourd commence à être perceptible.
Un affluent explique ce bruit. Il arrive par une courte galerie. L’eau (1/3 du débit de la rivière) chute de 6 m de haut dans un petit bassin. Par temps froid, un bon courant d’air provient de cet amont. Il a été remonté. C’est étroit. Après une escalade en fracture donnant sur un niveau supérieur étroit également, on passe sous une grosse cascade. La suite est accessible à condition d’escalader sous des trombes d’eau. C’est, vu de l’aval, d’après son apparence et nos relevés topographiques, ce même obstacle qui a stoppé net l’exploration d’une branche de Yangjiagoudaxiaokeng et restera infranchi.
Dans la branche principale, tandis que le bruit de l’affluent s’éloigne peu à peu, un nouveau grondement se fait entendre au-devant. On passe sous des puits remontants avec des petites arrivées d’eau et le gabarit se rétrécit. Cette fois, c’est tout l’actif qui arrive du plafond à un endroit où la galerie - très haute - se pince pour ne faire que 60 cm de large. Si on continue à l’horizontale, on se fait abondamment rincer et on arrive dans un cul-de-sac. Il faut monter de quelques mètres pour passer à la limite des embruns et se faire bloquer à peine plus loin, mais au sec, devant un mur de sédiments de 4 m de haut.
La jonction avec Longtanzi
Bien que la suite soit peu visible depuis le bas et malgré l’ambiance frileuse et glaiseuse des lieux, le mur de sédiment a été escaladé avec quelques points d’ancrages artificiels. En haut, on a un court tronçon de galerie en conduite forcée - où on sent du courant d’air- puis on retrouve une diaclase abondamment tapissée de choux-fleurs, ce qui donne un peu de difficulté à l’escalade de 4m qui vient et surtout au ressaut de 5 m qui lui fait suite. Un peu plus loin, la diaclase se referme. La seule suite possible est en haut. L’escalade, de 20 m, n’est pas vraiment difficile, si ce n’est dans les 10 premiers mètres à cause des choux-fleurs et dans les 10 suivants pour lesquels il est préférable de ne pas tomber. Nous l’avons donc équipée en fixe. La montée suivante, de 6m, s’est faite en escalade artificielle. En haut, le décor change un peu, puisque tout est tapissé d’un dépôt argileux noir en surface. C’est un peu étroit. On retrouve une rivière, qu’on entendait depuis la base de la première escalade. Elle tombe d’une cascade. Il faut passer dessous en grimpant un peu. Fort heureusement, l’escalade ne devient verticale qu’une fois sortis des embruns. Un cran de montée de 7m en libre suivi d’une traversée montante de 6m en escalade artificielle donne accès à un méandre. Une grosse marmite justifie le prolongement de la corde d’équipement. L’ambiance reste noire. L’eau vient d’une fissure apparemment étroite. Il faut monter deux nouveaux ressauts en libre et un nouveau puits en artificielle. On passe entre les lames d’érosion, puis on retrouve une diaclase avec un nouvel actif provenant d’un passage étroit. On arrive ainsi à un carrefour. Sur la droite, deux conduits partent, de tendance remontante. L’un d’eux aspire le courant d’air, par temps froid, que l’on suivait depuis la première escalade. Sur la gauche, une diaclase permet d’avancer, puis de descendre en franchissant deux étroitures suivies de ressauts. Par un P4, elle rejoint une rivière avec un amont et un aval. Le gros du courant d’air vient de l’amont où -à une dizaine de mètres de là- une cascade de plusieurs litres par secondes douche toute la largeur du méandre. L’aval est un enchaînement de désescalades et d’oppositions. Le fond étant généralement infranchissable, il faut progresser en hauteur. L’actif se perd dans une faille impénétrable. La galerie continue dans le même type de configuration, mais sèche. On sent un bon courant d’air. On débouche par un puits de 5 m dans le coude d’une galerie plus importante parcourue par un courant d’air nettement plus fort. La branche de gauche est un amont, inactif durant notre exploration, mais qui débute par un plan d’eau suivi d’une grosse marmite, qui impose une escalade un peu exposée. Cette branche est à explorer, le courant d’air est aspirant par temps chaud. La branche de droite mène à un puits de 36 m sur fracture. En bas suivent un court laminoir et un P11. Malgré l’absence des cairns, balayés par les crues, il a été possible d’identifier ce P11 qui n’est autre que l’escalade effectuée sept ans plus tôt dans le secteur du coin des recoins, dans Longtanzi, dans l’amont ventilé. Cette reconnaissance visuelle a été confirmée par une reprise de la topographie du laminoir : la jonction est validée. L’erreur de bouclage est de l’ordre d’une centaine de mètres en plan et une vingtaine en altitude, ce qui - pour une longueur de boucle de plus de 20 km- est cohérent avec les techniques topographiques utilisées.
Le shunt de la tonche
Le puits de 36 m peut être shunté. Il faut traverser au sommet et continuer dans un méandre fossile au sol encroûté. Après quelques marmites, on débouche dans un conduit plus vaste dont l’origine est une galerie inexplorée provenant de la gauche, en haut d’un ressaut. L’aval prend progressivement de la pente. On s’enfonce dans un surcreusement-soutirage. Il y a une suite en hauteur qui ne prend pas ce dénivelé. Il faudrait faire une petite escalade pour l’atteindre. Au fond, on descend un pierrier, suivit d’un P5, puis on prend pied dans une galerie fossile aux parois délitées. La jonction est quelques dizaines de mètres plus loin, dans une galeries du secteur nommé le coin des recoins.
Perspectives
Il y a du pain sur la planche:
- il ne fait aucun doute que Duiwodong est l’amont de la rivière des galets de Longtanzishuidong. Les indices tels que galets, troncs d’arbres charriés et localisation topographique sont concordants. Pourtant, insister dans l’aval du collecteur, théoriquement franchissable, semble être la dernière des choses à tenter. La direction est bonne, mais il semble impossible que l’on puisse parcourir les 800m qui manquent dans un collecteur en laminoir à voûte rasante. D’autre part, il faut considérer que du côté de Longtanzi, on ne connait tout simplement aucun amont actif de cet acabit, la rivière des galets étant une galerie à écoulement temporaire seulement ;
- en amont du coteau du Mâconnais, une rivière de 300l/s indique un vaste bassin amont qui nous est totalement inconnu ;
- l’affluent cul sec présente deux branches pouvant continuer. Un lac dans une galerie sans courant d’air et un puits remontant sur fracture - qui pourrait offrir un prolongement amont et aval - mais demanderait pour ça deux escalades de plus de 30 m ;
- la galerie des gours noirs présente encore une ou deux possibilités d’exploration ;
- et au niveau du point haut atteint dans l’amont de la rivière d’Ain, il y a aussi des galeries inexplorées. [Bruno Hugon]

AUT. VAR (2019)
Jean BOTTAZZI, Éric SANSON, Bruno HUGON, Olivier TESTA, Alain MAURICE, Marc GUICHOT, Florence GUILLOT, Cécile PACAUT, Marc FAVERJON, Marc TREMBLAY, Amandine LABORDE, Nicolas FAURE, Emmanuel VITTE, Jessica MORIN-BUOTE, Éric DAVID, Éric LECUYER, Éric MADELAINE, Gilles CONNES.
Topographes
Jean BOTTAZZI, Éric SANSON, Bruno HUGON, Nicolas FAURE, Olivier TESTA, Barnabé FOURGOUS, Pascal ORCHAMPT, Emmanuel VITTE, Éric DAVID, Marc TREMBLAY, Florence GUILLOT, Fabien MULLET, Marc FAVERJON, Charles BUTIN, Cécile PACAUT, Alain MAURICE, Gilles CONNES, Jes- sica MORIN-BUOTE, Michel ISNARD, Jean-Pierre BARBARY, Patrick LETOURNEL, Marc SÉCLIER, Marc GUICHOT, Vivien MOINAT, Éric MADELAINE, Silvia ARRICA, Silvère PASTUREAU, LIZIXIN, Éric LECUYER, Thierry MONGÈS, Amandine LABORDE, Daniel BETZ, Olivier JÄRMANN, Christian DELAIRE.
Coordination, rédaction, synthèse topographique et composition :
Jean BOTTAZZI
Spelunca Mémoires n° 39 (2019)
Voyages en terre chinoise tome 5. Expéditions spéléologiques franco-chinoises 2011-2019 dans les grottes de Suiyang Shuanghedong

Analyse : gkc-JPB

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