dong Daxiaocaokou - 大小槽口

C. DAXIAOCAOKOU
Le grand et le petit gouffre (fig. 15)
Zhijin n° 86/36-37
Z = 1240 m et 1260 m Dév. = 2929 m Dén. = - 235 m

Situation : Ils sont situés à 26 km au NE de Zhijin et à 1 km au NW du village de Guanzhai (fig. 12). Cet ensemble de grottes-tunnels avec dolines d’effondrement forme la partie aval de la rivière Yijiehe.

Description : C’est sous un porche de 120 m de haut que disparaît la rivière Yijiehe. Après 300 m d’un parcours fait de lacs et de rapides, elle réapparaît au jour à la base de Xiaocaokou, le "petit gouffre". Comme taillé à l’emporte pièce, ce puits de 200 m de diamètre et de 200 m de haut forme le premier regard sur le réseau. La rivière se fraie un chemin entre de gros blocs d’effondrement, puis passe sous une arche gigantesque de plus de 120 m de haut, 90 m de large et 100 m de long.
Elle réapparaît au jour dans l’un des plus grands vides karstiques de la planète, Dacaokou ou le "grand gouffre" : 900 m de long, 200 m de large et une hauteur de 150 m à plus de 300 m. La rivière chemine à travers les blocs cyclopéens de l’éboulis qui remonte très haut contre les parois. Ce canyon aveugle provient de l’effondrement d’une partie de la grotte-tunnel. Le torrent disparaît une dernière fois sous un porche en encorbellement haut de 150 m, celui-ci s’ouvrant au profit d’une faille dont le remarquable miroir domine la rive gauche pendant plus de 50 m. A partir de ce point la pente s’accentue fortement, les rapides se succèdent et la largeur de la galerie se rétrécit. La rivière s’écoule d’abord vers le NE, puis vers l’E avant de bifurquer définitivement vers le N jusqu’à un siphon qui marque la fin de la cavité à 2700 m de l’entrée amont.
En 1989 nous poursuivons l’exploration au-delà du terminus de 1986 et topographions 364 m supplémentaires. Le débit ayant légèrement baissé (4 m3/s), nous progressons en paroi au ras du torrent jusqu’à une large vire. Ensuite la progression devient très technique car il faut faire une série de petits pendules et d’escalades pour échapper à l’eau. Malheureusement, un siphon turbulent met un terme à l’exploration de cette rivière sauvage. La beauté du site et l’ambiance particulière font de Daxiaocaokou une des plus belles rivières souterraines qu’il nous ait été donnée de voir. (JPB, JB)

BARBARY, Jean-Pierre; COLLIGNON, Bernard; MOUDOUD, Jean-Luc; SONG, Shixiong; ZHANG, Shouyue (1991): Karsts et cavités du Comté de Zhijin (Guizhou).-
Karsts de Chine, expé Gebihe 89 - Karstologia Mémoires n°4: 20-41 (21 fig. cartes ou topos, 6 ph.).

Analyse : BBS
Présentation physique, description de cavités. (RL).

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DA XIAO CAO KOU ( Le grand et le petit gouffre )
ZHIJIN  N°36 et 37
Z=1240m et 1260 m  P=-230m  Dev=2565m Ext= 2140m
Situation
Ils sont situés  26 km au nord-est de Zhijin, au nord-ouest du village de Guanzhaï. Après Daji Dong, la route traverse le village puis continue jusqu'à former une épingle à cheveux ; on ne peut  manquer ces deux gouffres géants tout près de la route (figure 17).
Contexte géologique
Ils  se trouvent sur le côté sud-est, tout près de l'axe, du brachy-synclinal (NE) de Guanzhaï. Ce sont deux regards sur la  rivière Yijiehe. Celle-ci est aérienne quand elle coupe le sommet des roches argileuses du T1y,  souterraine quand elle passe dans les formations de calcaire et de calcaire dolomitique, gris sombre en bancs moyens du sommet du T1yn1. Le pendage est de 17°, direction 325°.
Description
Il est impossible d'entrer dans Daxiaocaokou sans d'abord savourer le paysage exceptionnel constitué par les deux énormes entrées du système. A l'amont, le "petit gouffre" mesure 300 m de long pour 100 m de large et une profondeur de 200 m. A l'aval, le grand gouffre est encore plus énorme avec un volume avoisinant les 25 millions de mètres cubes ; les pitons ont été taillés à l'emporte-pièce sur une longueur de 900 m et une largeur  atteignant  200 m. Au fond, on peut apercevoir le torrent tumultueux (plus de 6m3/s lors des explorations) qui traverse les abîmes dans toute leur longueur. Nous n'avons malheureusement aucune donnée quant aux variations de débit de cette rivière mais nous pensons pouvoir dire   que celui-ci, en saison des pluies, est de plusieurs dizaines de mètres cubes par seconde.  Le moyen le plus facile pour atteindre la rivière est de descendre dans le "gros gouffre" par un  sentier. Tranquille au début, il devient de plus en plus abrupt et se termine par un escalier taillé à même la falaise.
L'amont
Arrivé aux pieds des premières barres rocheuses, nous descendons côté amont et traversons l'arche monumentale (90 m de large pour 120 m de haut) qui relie le grand et le petit gouffre. De là, une centaine de mètres nous séparent du porche amont (hauteur 70 m, largeur 25 m). Une plage de galets  permet de remonter sans trop de problèmes sur une centaine de mètres ; ensuite, la progression devient aquatique et nous devons poursuivre en canot en remontant la rivière (largeur 25  m). Le plafond est lisse, aucun départ n'est visible et nous apercevons à nouveau la lumière du jour. Une nouvelle plage de galets  conduit sous le porche amont (hauteur120m) où une dernière traversée en canot est nécessaire. Les trois cent trente mètres de ce parcours ne présentent aucune difficulté majeure. Deux départs sans suite ont été vus.
L'aval
Nous empruntons aux pieds des premières barres rocheuses un sentier faiblement marqué qui traverse l'effondrement à mi-hauteur et mène au gigantesque porche  en encorbellement (hauteur 80 à 150 m). Ce sentier, anciennement barré par une porte, permet de descendre en douceur jusqu'au niveau de la rivière à l'intérieur même de la galerie. On peut alors admirer en rive gauche un superbe miroir de faille que l'on longe sur plus de cinquante mètres. La galerie (largeur 20 m, hauteur 30 m) fait un coude et la berge disparait ; nous suivons alors une vire  quelques mètres au dessus de l'eau. Ensuite une berge de plus en plus large, mène  à un deuxième coude où un petit affluent cascade du plafond. Un peu plus loin, il faut de nouvau emprunter une vire pour s'avancer au-dessus du torrent qui occupe maintenant toute la galerie (largeur15m) sur une distance évaluée à soixante mètres. Nous n'avons pas pu continuer plus loin ; malgré une escalade de 30 m qui a permis de progresser de trente mètres vers l'aval par une vire supérieure.
Nous avons du renoncer, faute de temps, à poursuivre l'exploration de ce site remarquable.
Impression
5 Octobre, Bozzo, Benoit. Déséquipement de l'escalade à l'aval de la rivière. Ce qu'il fait beau ce matin ! C'est dingue ce que le beau temps peut me mettre de bonne humeur, après plus d'une semaine de temps maussade, ça ravive le moral des troupes qui commençaient à "choper les boules" avec cette pluie. Bon, ce matin, on est deux, on jouit de ce sentiment de solitude qui nous faisait défaut ces derniers temps, les officiels du comté ayant détaché à notre arrivée un nombre important de géologues, karstologues. C'était donc tous les jours trois à quatre chinois qui nous accompagnaient sur le terrain suivis bien entendu de toute la troupe des villageois, principalement des gamins qui partageaient notre aventure. Bref, ce matin, nous nous dirigeons, le coeur léger, vers la rivière pour déséquiper l'escalade faite la veille par Bozzo et Phil. Elle avait pour but d'accéder à une vire placée environ 35 mètres au- dessus du torrent. Malheureusement, la vire escomptée fut rapidement impraticable pour la bonne raison qu'elle s'achevait trente mètres plus loin. .. Ha Ha ! Bozzo monte le premier, il m'avertit "fait gaffe, le premier frac est sur un piton craignos, le deuxième ça va, et pour le troisième, tu verras en escalade ça passe facile ". Et moi de répondre : "OK , Boz, pas de lézard ". Bozzo s'élève et je reste seul en bas de l'escalade, comme j'ai paumé mon jumard, j'ai pas de pédale et j'ai qu'un shunt "bon, en se faisant des cabestans aux pieds, ça devrait passer". Premier frac, pas de problème, deuxième, pas de problème, plus je monte, plus le vacarme de la rivière s'assourdit dans la pénombre inquiétante. J'attaque la troisième portion,  son escalade facile, pas si facile et tout d'un coup, tout va très vite, la corde saute d'un bombé confortable et je pendule violemment et bing ...! dans le choc, le croll s'est décroché et je reprend la situation en main, pendu seulement à mon shunt et plein d'adrénaline ! J'ai peur que sous le choc la corde ait "morflée ", j'installe vite mon descendeur et me dépèche de rallier le frac précédant. Ouf ! Sauvé maintenant. Je gueule "Bozzo ! Bozzo ! " "Oui, quoi ?" "Regarde la corde", "Hein ? " " Re-gar-de la cor-de !" "Quoi qu'est ce que t'as ?" "Mais il n'entend rien ce con"' me dis-je en moi-même ; et bien sûr il n'entend rien avec cette rivière qui mugit à plus de six mètres cubes par seconde ! Finalement, il se penche et me voit pendu lamentablement à mon frac, j'en déduit fort subtilement que s'il n'a rien remarqué sur la corde, c'est que je peux y aller sans risque. C'est ce que je fis. Arrivé en haut, j'eus la joie de constater que le frottement était sur un bombé et non sur une arête comme je l'avais craint un instant ! Youpie ! Je suis vivant ! Mais avec la vie apparait aussi les aléas dus à cet état, j'ai faim ... BENOIT PERO

BARBARY jean Pierre, ZHANG Shouyue(1988) : Guizhou expé 86. Spelunca Mémoires n° 16, 108 pp.,45 topos,cartes,graph., 48 phot.,n&b ou couleurs
co-éd. FFS ; Plongée Spéléo.-club Jeunes années (Vénissieux, Rhône) et l’Inst. Géol. Acad. Sci. chinoise
Analyse : BBS
Rapport de l’expédition et surtout de coopération entre la France et la Chine. Ce numéro de la série des “Spélunca Mémoires” est axé sur le karst et la géologie en Chine. Présentation de la géographie, karstogenèse, géomorphologie et hydrogéologie du karst du Centre et du Sud de la province du Guizhou, présentation des zones et des cavités étudiées. Etudes sur les roches carbonatées, les concrétions (datations), le phytokarst, la biologie. Présentation dans Spelunca nr.31/1988 : p 90 par Ph. Drouin (RL).

6831 caractères - Lu 210 Fois




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